« À l’époque de la lutte intellectuelle que la littérature allemande a été forcée de soutenir contre l’influence écrasante de l’école française, Racine, Corneille et toute la littérature de cette période ont été condamnés sans jugement, et Molière n’a pas été exclu de ce verdict. […] J’aime beaucoup les commentateurs s’acharnant à soutenir que Molière s’inspira, pour cette grande figure d’Alceste, des rudes vertus de M. de Montausier ! […] « Moi, dit MmeSand dans la préface de son drame intitulé Molière, je crois que Molière eût méprisé et oublié une femme dissolue ; je crois qu’il a pu estimer la sienne, qu’il n’a souffert que de son ingratitude, de sa coquetterie, de ses travers, de sa sécheresse, et que c’en était bien assez pour le tuer. » Certes, mais comment soutenir que Molière ne souffrit que de cette humeur ? […] C’est ainsi qu’on le vit s’asseoir, en plein théâtre, parmi les marquis, à une représentation du Portrait du peintre, où Boursault raillait L’École des femmes, et soutenait avec plus ou moins d’esprit que cette comédie était une tragédie, et la preuve c’est que « le petit chat y était mort ».
Le Roi soutint le farceur qui le faisait rire contre le ministre qui le faisait vaincre ; et le chancelier, plus docile aux désirs de son maître que jaloux de la gloire du corps qu’il présidait, repoussa les remontrances de ceux qui n’étaient pas sensibles à l’honneur d’avoir Lulli pour confrère, en termes plus mortifiants que n’avait fait le monarque lui-même.
« Pour moi, disait saint Jérôme, je tiens l’adultère en plus grande estime que ces prétendus moralistes, et je soutiens que, rien qu’à le voir, on apprend à le commettre : Discitur adulterium dum videtur !
Je me suis pris parfois, disait-il en terminant, à croire qu’il y avait autre chose qu’une plaisanterie dans ce que soutenait Sainte-Beuve lorsqu’il nous disait qu’il fallait chercher l’indépendance littéraire, non pas à Paris, mais aux frontières de la France.»