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174. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Ce poème, où la partie narrative fait corps avec le dialogue, paraît bien n’avoir pas été joué, mais seulement récité ; c’est encore de la liturgie, ce n’est pas de l’art théâtral, bien qu’une certaine tendance vers cet art s’y fasse déjà sentir. […] Oui, on sent que, avec la nation elle-même, une littérature populaire est née; une sève nouvelle circule et c’est par là surtout que le théâtre du XVe siècle mérite d’obtenir autre chose qu’une froide mention dans nos annales littéraires.

175. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Molière commença par mettre au théâtre les passions qui avaient déjà été traitées ; mais il les donna en divers temps, et sous des formes différentes, afin que ce même public, comparant ce qu’il avait vu à ce qu’on lui présentait, en distinguât mieux la manière, et sentît la préférence qu’il devait donner au nouveau système sur l’ancien. » Ce ne fut ni sans peines ni sans essuyer un nombre infini de critiques que Molière parvint à faire goûter la bonne comédie. […] « [*]On remarqua, dans Le Cocu imaginaire, que l’auteur, depuis son établissement à Paris, avait perfectionné son style ; cet ouvrage est plus correctement écrit que ses deux premières comédies, mais si l’on y retrouve Molière en quelques endroits, ce n’est pas le Molière des Précieuses ridicules ; le titre de la pièce, le caractère du premier personnage, la nature de l’intrigue, et le genre de comique qui y règne, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; cependant on ne peut s’empêcher d’y découvrir en même temps un but très moral ; c’est de faire sentir combien il est dangereux de juger avec trop de précipitation, surtout dans les circonstances où la passion peut grossir ou diminuer les objets.

176. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Il ajoute que les beautez des portraits qu’il fait sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossières, et que le talent qu’il avoit à plaisanter s’étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire15. […] Moliere, dans l’Impromptu de Versailles 77, osa en faire sentir le ridicule, et y critiquer, entre autres, le ton emphatique et de démoniaque de Montfleury dans la scène de Nicomède où Prusias, représenté par cet acteur, s’entretient tout seul avec son capitaine des gardes78. […] Le tragique étoit son fort : on prétend qu’elle a joué d’original le rôle d’Hermione dans l’Andromaque de Racine, que M1Ie Champmêlé joua ensuite, en concurrence221; sur quoy on fait dire au feu Roy, dont le goût étoit si sûr en toutes choses, que, pour remplir ce rôle parfaitement, il faudroit que la des Œillets joüât les deux premiers actes, et la Champmêlé les deux autres, voulant faire entendre par là que celle-ci avoit plus de feu, pour faire sentir les emporte-mens du personnage représenté dans les derniers actes de cette pièce, et l’autre, plus de délicatesse et de finesse.

177. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Celles de ses comédies qui avaient obtenu du succès étaient imprimées séparément et à mesure, probablement d’après son manuscrit et sous ses yeux ; et ces éditions de pièces détachées se répétaient autant de fois que le besoin s’en faisait sentir. […] L’usage d’adopter un nom étranger a duré longtemps au théâtre ; il est presque entièrement tombé en désuétude, depuis qu’on est assez raisonnable pour sentir qu’il ne peut y avoir de honte à présenter, sous les costumes de divers personnages, d’utiles leçons, de sages conseils, un noble divertissement. […] Le Noir, sieur de La Thorillière, était gentilhomme et capitaine de cavalerie, mais il se sentit un goût si décidé pour jouer la comédie, qu’il se détermina à demander à Louis XIV la permission d’entrer dans la troupe de Molière.

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