Elle a embrassé en France toutes les connaissances humaines ; elle a rangé sous ses lois les sciences et les savants ; et dans les occasions où ceux-ci n’ont pu avoir les femmes pour interlocuteurs, ils ont voulu les avoir pour témoins de leurs discussions12.
Signorelli, savant auteur d’une Histoire générale des théâtres, imprimée à Naples il y a une trentaine d’années, prétend que Molière a pris la première idée de son imposteur dans L’Hypocrite de l’Arétin, et dans Le Bernagasse. […] Mais Molière ne doit qu’à lui seul la conception vigoureuse de son ouvrage ; où a-t-il puisé cette exposition si comique et si originale, ces scènes tour à tour si gaies et si pathétiques, cette opposition si savante des caractères ? […] Mais les tartuffes, comme dit Molière dans Les Femmes savantes, ne font pas seulement des solécismes en conduite.
Plusieurs fois, dans ses pièces, comme l’École des maris et l’Avare, Tartuffe et les Femmes savantes, il a laissé voir les mêmes qualités par la façon dont il emploie l’éternel ressort du théâtre et de la vie, l’argent, par la promptitude avec laquelle Valère et Clitandre mettent leur bourse et leur dévoûment à la disposition de leurs amis dans l’embarras. […] De ses annonces il ne nous en a été conservé que deux, et encore par une simple analyse : celle qu’il intercala dans sa première représentation devant Louis XIV et celle où il annonçait les Femmes savantes ; ce sont des modèles. […] Avant d’afficher une pièce nouvelle, il allait la lire dans des cercles choisis, comme Tartuffe chez Ninon de Lenclos, les Femmes savantes chez le cardinal de Retz, et la « location » en profitait.
Item, plusieurs peintres célèbres Étaient de ces honneurs funèbres, Ayant de leurs savants pinceaux Été l’un des objets plus beaux. […] On ne vit jamais jouer plus gaiement Zerbinette des Fourberies de Scapin, Martine des Femmes savantes, Nicole du Bourgeois gentilhomme, Toinette du Malade imaginaire. […] C’est bien simple : Molière lui faisait jouer des rôles — de son emploi — ; ainsi dans la distribution des Femmes savantes, on trouve : Martine, servante de cuisine 20. […] Certes, Molière ne Fallait pas quérir à son fourneau, mais si elle le surprenait improvisant tout haut les vers des Femmes savantes ou du Tartuffe, elle ne se gênait pas pour mettre les poings sur la hanche comme si elle fût au spectacle. […] On nommera ici, avec tous les égards dus à son rang, cette Martine qui, selon le Mercure de France, était servante de Molière et avait joué d’original le rôle de Martine des Femmes savantes.