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166. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Je ne sais si tout le monde sera de mon avis ; mais je crois qu’Harpagon s’indignant aux premieres propositions qu’un homme opulent lui auroit faites d’épouser sa fille, Harpagon faisant des réflexions sur l’avidité des gens riches qui n’épousent que pour le devenir davantage, Harpagon craignant qu’Anselme n’ait découvert son trésor, Harpagon songeant aux dangers qu’on court en s’alliant à plus puissant que soi, ne cédant enfin avec peine, qu’après s’être assuré de la probité d’Anselme, de la promesse qu’il lui fait de prendre Elise sans dot, après avoir calculé les ressources que son avarice pourra se ménager avec un gendre si généreux ; je crois, dis-je, fermement qu’Harpagon auroit dans ce moment déployé son caractere avec autant d’énergie que dans toutes les autres situations où il se trouve, & que l’Auteur auroit pu, dans cette scene, faire briller toute sa philosophie : de cette façon, le rôle d’Anselme, qui est mauvais, seroit devenu bon & nécessaire à la piece. […] Tout le monde sait que les Comédiens Italiens changent sur leurs canevas le nom de leurs acteurs, au gré de ceux qui remplissent les rôles.

167. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

» Enfin, un jour, le 17 février 1675, au moment de paraître sur le théâtre pour la quatrième représentation du Malade imaginaire, où il jouait le rôle d’Argant, Molière fit appeler sa femme, avec qui il était depuis peu de temps réconcilié. […] Molière fait sortir à point nommé, comme d’une trappe, un homme de police, qui ne paraîtrait pas si le scélérat avait l’habileté de son rôle, ou si par aventure on ne vivait point « sous un prince ennemi de la fraude ». […] Ils considèrent d’une manière toute différente et tout opposée l’attitude qu’il doit prendre et le rôle qu’il doit jouer dans le monde. […] Cependant, avant de prononcer la sentence, il faut entendre encore une fois Molière dans ce rôle affectionné, ce rôle de juste où il se réfugiait, avec grand déplaisir du noir et vengeur dégoût qu’il avait de son personnage réel. […] Il fit jouer ce rôle par sa jeune femme pour laquelle, hélas !

168. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Le sieur Duchemin, comédien, qui savoit faire un bon usage des leçons qu’il avoit reçues dans sa jeunesse des compagnons de Moliere, nous a dit que Raisin avoit toujours joué le rôle d’Harpagon tel que nous l’avons imprimé, & que lui-même il seroit fort embarrassé s’il étoit obligé d’écouter tout ce qu’on fait dire à Maître Jacques contre toute vraisemblance.

169. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Citons pour exemple une scene qui soit bien applaudie, qui serve de cheval de bataille à tous les comédiens de l’un & de l’autre sexe qui débutent dans les rôles amoureux ; & prouvons qu’avec tout l’esprit possible, elle n’a pas le sens commun.

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