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89. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Cette place était si bien la propriété exclusive de ce digne homme, que si par hasard un curieux de la province fût venu pour s’asseoir dans cette stalle réservée, Hermione ou Britannicus, oubliant la passion du moment, se seraient écriés : — Arrête ! […] C’est l’heure, en effet, où tous ces pauvres diables, martyrs asthmatiques de la tirade et du couplet, s’en reviennent, du fond de leurs provinces grêlées, chargés de gloire et de misère. […] Et justement c’est dans cette chose intraduisible que, la plupart du temps, se trouve la gaîté comique ; c’est la chose qui tient aux mœurs, au langage, au je ne sais quoi de la vie humaine ; c’est le chic, c’est le truc, c’est le fion, c’est l’accent, c’est le clin d’œil, c’est le génie de la province, la coupe de l’habit, la forme du chapeau ; c’est ce qui fait dire à la grisette qui passe, et qui rencontre dans son plus bel attirail une femme de province : — Voilà une femme de province ! […] Dans le monde, le baron salue à peine Forlis ; son abord l’embarrasse, il rougit d’un ami de province ; enfin on lui prend sa chambre pour la donner à un prestolet d’abbé. […] Molière avait recueilli Baron à l’âge de douze ans ; il lui avait servi de père ; il avait supporté toutes ses ingratitudes ; Molière fut pour lui un père indulgent, et quel plus noble appui pouvait tomber du ciel à un jeune homme sans mœurs, qui avait commencé par être une espèce de bohémien dans une de ces troupes de province dont Scarron ne fut que le très véridique historien ?

90. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

La licence s’étant également glissée dans toutes les autres troupes de comédiens, le parlement refusa pendant long-tems d’enregistrer leurs lettres patentes, & il permit seulement en 1596 aux comédiens de province, de joüer à la foire saint-Germain, à la charge de payer par chacune année qu’ils joüeroient, deux écus aux administrateurs de la confrairie de la passion. […] & les comédiens qui courent les provinces & vont de ville en ville, & qu’on nomme comédiens de campagne.

91. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

A peine eut-il achevé ses Estudes où il reussit parfaitement bien, qu’il se joignit avec plusieurs jeunes gens de son age & de son goust, & prit la resolution de former une Trouppe de Comediens pour aller dans les Provinces jouer la Comedie.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

L’air précieux n’a pas seulement infecté Paris ; il s’est aussi répandu dans les provinces, & nos donzelles ridicules en ont humé une bonne part.

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