Nous n’avons donc qu’à réfléchir sur ce que nous venons de lire, & nous nous rappellerons aisément que nos Comiques n’ont mérité des éloges que lorsqu’ils ont mis dans leurs ouvrages, à l’imitation de Moliere, une exposition simple & claire, des scenes bien filées & qui se font desirer, des actes bien enchaînés, des situations amenées sans effort, un dialogue aussi vrai que précis ; lorsqu’à l’imitation de Moliere, loin d’ériger le jargon affecté en agrément, ils l’ont ridiculisé ; lorsqu’ils ont dédaigné l’esprit, les pointes, les épigrammes, les madrigaux, les détails plus propres à parer un almanach qu’à figurer dans une comédie ; qu’ils ont tiré tout le comique de la situation ; qu’ils ont rendu leur morale amusante ; qu’ils ont porté sur notre théâtre les beautés de l’étranger, & non ses absurdités ; lorsqu’enfin, à l’imitation de Moliere, ils ont fait un tout rendu parfait par la justesse de toutes ses parties.
Boileau était excusable de prendre la querelle de son ami ; mais Boursault vengea la sienne propre bien noblement. […] Peut-être la crainte de dégrader un philosophe célèbre a-t-elle empêché l’auteur de le rendre propre à la comédie; peut-être à toute force était-il possible d’en venir à bout; mais ce qui est certain, c’est que Regnard y a entièrement échoué.
Son propre cœur lui expliquait celui de Phèdre. » Mais ce n’est pas de Phèdre seulement, c’est de l’ensemble de son cœur que la vie intime de Racine sert à nous rendre compte. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.
Il n’avait qu’à y ajouter sa propre passion… et son génie. […] Dans une attaque du genre que nous savons, le tabouret est très propre à l’escarmouche. […] Comment s’étonner qu’un peintre ait rapproché sur la toile Molière et Biancolelli, alors que l’auguste protecteur de notre grand comique ne dédaignait pas de nommer au baptême la propre fille d’Arlequin ? […] Le répertoire de la Comédie-Italienne se composait anciennement de scènes improvisées où chacun des acteurs italiens parlait l’idiome local qui convenait aux origines de son personnage ou à sa propre fantaisie. […] Le duc de Saxe-Meiningen est en même temps grand-seigneur et surintendant du théâtre de sa propre cour.