Un peintre habile offre aux yeux le beau côté de son modele & les traits qu’il croit le plus propres à frapper les connoisseurs, à parer l’ordonnance de son tableau, à en caractériser chaque partie & l’ensemble : un Auteur ingénieux met en action ce qu’il croit plus digne d’être offert aux yeux du spectateur, de captiver plus agréablement son imagination, de concourir à la beauté de ses scenes, de sa piece, & jette dans les entr’actes les redites qui seroient ennuyeuses à entendre, & les actions qui ne seroient pas agréables à voir ; par conséquent on ne sauroit trop louer la prudence des poëtes qui placent derriere la toile les déclarations amoureuses, quand elles doivent être fades, les collations, les donations, & mille autres ressorts très nécessaires à la comédie, mais très ennuyeux à voir.
La femme de son ami solide (la reine) lui fait des visites, et la famille tour à tour ; elle passe nettement devant toutes les duchesses ; et celle qu’elle a placée (madame de Richelieu) témoigne tous les jours sa reconnaissance par les pas qu’elle fait faire112.
Si toutes les bonnes pieces qui sont dans le Recueil de d’Ancourt étoient de sa composition, nous nous garderions bien de ne le placer qu’après Dufresny, Brueys & Palaprat : mais personne n’ignore que l’Impromptu de la Garnison fut envoyé de Namur aux Comédiens ; que la folle Enchere est d’une Dame14, les Trois Cousines de Barrau, & que Saint-Yon est le véritable auteur du Chevalier à la mode & des Bourgeoises à la mode, deux pieces excellentes en cinq actes, qui valent elles seules toutes les comédies de d’Ancourt. […] Il est placé.
Lorsque Térence fut présenter son Andrienne à l’Edile, ce Magistrat étoit à table : il fit signe à l’Auteur de lire ; mais à peine eut-il entendu quelques vers, qu’il fit placer l’affranchi sur son lit, l’accabla de politesses, & ne voulut achever d’entendre la lecture qu’après le repas.