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70. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

De Montpellier, nos comédiens retournèrent à Lyon, d’où ils allèrent à Avignon, à Pézénas, à Narbonne ; et partout sur leur passage ils laissèrent des souvenirs charmants de leur aménité, de leur franchise, de leur cordialité joyeuse. […] Qui n’eût voulu le voir avec sa troupe et tout son attirail de théâtre : costumes, décorations, engins de toutes sortes, voyageant par le coche, à pied, à cheval, en bateau, quelquefois en charrette, par les chemins et les campagnes d’alors, faisant remarque de tout sur son passage, et apprenant jusqu’aux patois des pays qu’il traverse ? […] N’en voulant pas tout perdre, cependant, il y puisait de temps en temps quelques vers, pour ses autres pièces ; et des passages entiers s’en retrouvent dans le Misanthrope, dans Tartuffe, dans les Femmes Savantes ; mais il eut pu y puiser encore, entre autres ces beaux vers : Un soupir, un regard, une simple rougeur, Un silence est assez pour expliquer un cœur. […] qu’on en juge; voici un petit passage du discours des avocats de la danse : « Que, s’il fallait parler des qualités nécessaires aux personnes qui dansent et à celles qui jouent du violon, il ne serait pas difficile de faire voir que les danseurs ont tout l’avantage, car ils doivent être bien faits de corps.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Tchao-tun sortit du palais, & vouloit monter sur son chariot à quatre chevaux : j’en avois fait ôter deux, & casser une des roues pour qu’il ne pût s’en servir ; mais il se trouva là un brave, qui de son épaule soutint le chariot, & de sa main frappa les chevaux ; il s’ouvrit un passage entre les montagnes, & sauva la vie à Tchao-tun.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

La réponse du malheureux Turc commença d’un ton assez tranquille : mais lorsqu’après avoir confessé en général qu’il étoit né quelque chose, & que c’étoit un malheur de fortune qui l’avoit fait tomber entre les mains des Chrétiens, il fut pressé d’une maniere tendre de s’expliquer davantage, son cœur s’ouvrit avec violence, & fit passage à une infinité de sanglots.

73. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

« Je me souviens que Molière m’a montré plusieurs fois une vieille servante qu’il avoit chez lui, à qui il lisoit, disoit-il, quelquefois ses comédies ; et il m’assuroit que lorsque des endroits de plaisanterie ne l’avoient point frappée, il les corrigeoit, parce qu’il avoit plusieurs fois éprouvé sur son théâtre que ces endroits n’y réussissoient point. » Boileau, Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin, I.

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