De Montpellier, nos comédiens retournèrent à Lyon, d’où ils allèrent à Avignon, à Pézénas, à Narbonne ; et partout sur leur passage ils laissèrent des souvenirs charmants de leur aménité, de leur franchise, de leur cordialité joyeuse. […] Qui n’eût voulu le voir avec sa troupe et tout son attirail de théâtre : costumes, décorations, engins de toutes sortes, voyageant par le coche, à pied, à cheval, en bateau, quelquefois en charrette, par les chemins et les campagnes d’alors, faisant remarque de tout sur son passage, et apprenant jusqu’aux patois des pays qu’il traverse ? […] N’en voulant pas tout perdre, cependant, il y puisait de temps en temps quelques vers, pour ses autres pièces ; et des passages entiers s’en retrouvent dans le Misanthrope, dans Tartuffe, dans les Femmes Savantes ; mais il eut pu y puiser encore, entre autres ces beaux vers : Un soupir, un regard, une simple rougeur, Un silence est assez pour expliquer un cœur. […] qu’on en juge; voici un petit passage du discours des avocats de la danse : « Que, s’il fallait parler des qualités nécessaires aux personnes qui dansent et à celles qui jouent du violon, il ne serait pas difficile de faire voir que les danseurs ont tout l’avantage, car ils doivent être bien faits de corps.
Tchao-tun sortit du palais, & vouloit monter sur son chariot à quatre chevaux : j’en avois fait ôter deux, & casser une des roues pour qu’il ne pût s’en servir ; mais il se trouva là un brave, qui de son épaule soutint le chariot, & de sa main frappa les chevaux ; il s’ouvrit un passage entre les montagnes, & sauva la vie à Tchao-tun.
La réponse du malheureux Turc commença d’un ton assez tranquille : mais lorsqu’après avoir confessé en général qu’il étoit né quelque chose, & que c’étoit un malheur de fortune qui l’avoit fait tomber entre les mains des Chrétiens, il fut pressé d’une maniere tendre de s’expliquer davantage, son cœur s’ouvrit avec violence, & fit passage à une infinité de sanglots.
« Je me souviens que Molière m’a montré plusieurs fois une vieille servante qu’il avoit chez lui, à qui il lisoit, disoit-il, quelquefois ses comédies ; et il m’assuroit que lorsque des endroits de plaisanterie ne l’avoient point frappée, il les corrigeoit, parce qu’il avoit plusieurs fois éprouvé sur son théâtre que ces endroits n’y réussissoient point. » Boileau, Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin, I.