Ce temps très particulier a beaucoup inspiré Molière et il en a été un des représentants les plus exacts et il s’est infiniment complu à lui plaire. […] Ce personnage était de tradition dans la comédie italienne ; mais celui du Dépit amoureux est original ; il a son trait particulier. […] Pour qu’il fasse de pareilles fautes contre l’art, il faut que Molière ait pour les servantes une dévotion toute particulière qui aurait dû lui faire trouver grâce auprès de Jean-Jacques Rousseau. […] « L’hérétique, disait Bossuet, est celui qui a une opinion particulière », autrement dit l’hérétique est l’homme qui pense. […] II veut goûter un genre particulier de succès, qui est le succès direct, de plein contact et impromptu.
On a cité dans plusieurs vies de Molière, on a répété dans tous les recueils d’ana un mot de ce grand poète qui paraît dénué de toute vraisemblance ; c’est une boutade qui pouvait échapper à son humeur dans un petit cercle d’amis ou dans l’intimité d’une conversation particulière. […] On n’en veut point à sa personne, mais à son athée ; l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation ; ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu qu’il attaque ouvertement, et qu’un chrétien témoigne de la douleur en voyant le théâtre révolté contre l’autel, la farce aux prises avec l’évangile, un comédien qui se joue des mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la religion. […] De même qu’un homme qui se noie se prend à tout, il ne se soucie pas de mettre en compromis l’honneur de l’église pour se sauver, et il semble, à l’entendre, qu’il ait un bref particulier du pape pour jouer des pièces ridicules, et que monsieur le légat ne soit venu en France que pour leur donner « son approbation ».
C’est un petit monde en soi, où tout est régi par une constitution particulière, bien loin d’être abandonné à l’anarchie. […] Ses comédies ont bien chacune un dessein particulier ; sans quoi elles manqueraient de consistance26 et se ressembleraient toutes. […] Au genre prosaïque appartient la comédie vulgaire, celle qui est fondée sur la connaissance particulière des mœurs d’une société et sur la science générale de l’homme.
Le Sieur Angelo, (Docteur de l’ancienne Troupe Italienne) m’a dit, (c’est ce M. de Tralage qui parle) que Moliere qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de Théatre & d’autres, le même sieur Angelo, dit à Moliere, qu’il avoit vu représenter en Italie, (à Naples) une Piece intitulée le Misanthrope : & que l’on devroit traiter ce sujet ; il le lui rapporta tout en entier, & même quelques endroits particuliers qui lui avoient parus remarquables, & entr’autres ce caractere d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds.