Indigné de cet abus, de tout ce qu’il y a de plus sacré, Molière osa l’attaquer, et employer contre lui toutes les ressources de son art.
Et c’est Tartuffe, en effet, sous un autre titre, sous un autre habit ; Tartuffe corrigé, déguisé, Tartuffe puni au dénouement, de par le roi, dont l’éloge clôt la pièce, et qui, paraît-il, l’a verbalement permise ; car comment Molière, si bien en cour qu’on le croie, oserait-il jouer une pièce sur laquelle pèserait encore l’interdit royal ? […] oses-tu bien par cette fausseté Vouloir de sa vertu ternir la pureté ?
La conversation de Valere avec Ascagne déguisée en homme, celle des deux vieillards qui se demandent réciproquement pardon, sans oser s’éclaircir du sujet de leur inquiétude, la situation de Lucile accusée en présence de son pere, & le stratagême d’Eraste pour tirer la vérité de son valet, sont des traits également ingénieux & plaisans. […] Il osa, dans cette piéce, abandonner la route connuë des intrigues compliquées, pour nous conduire dans une carriére de comique ignorée jusqu’à lui.
C’est pourtant sur une scene du Misanthrope que j’ose porter un jugement qui aura peut-être le malheur de déplaire ; mais avant que de me condamner, qu’on daigne m’entendre, & lire avec moi la scene suivante.