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157. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Les confrères de la Passion qui, dépossédés de leurs privilèges, demeuraient propriétaires de la salle et de plusieurs loges, avaient d’ailleurs pour doyen, vers 1639, un nommé Pierre Dubout, qui était, lui aussi, tapissier ordinaire du roi. […] Alceste s’avise de dire ce qu’il pense du sonnet d’Oronte : voilà son travers 44. » Si la comédie veut une fable, c’est donc en vain qu’on la cherche ici ; on y trouvera des incidents de la vie commune, mais pas un de ces procédés qui sont ordinaires au genre ; ni confidents, ni figures de fantaisie45, ni monologues, ni coups de théâtre, ni combinaisons d’intrigue ; car on peut à peine appeler de ce nom le fil ténu qui relie entre elles ces scènes ingénieuses dont chacune semblerait une satire de Boileau, si une fine logique ne les faisait toutes concourir à l’expression de la pensée maîtresse qui les enchaîne, je veux dire à la peinture d’un caractère, celui d’Alceste qui sert de centre à l’action. […] Elle a cette nuance de tristesse et de sérieux ordinaire aux enfants qui n’ont jamais été les Benjamins de la famille.

158. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Un des premiers membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, le père de son historien, « M. d’Argenson, conseiller ordinaire du Roy en son Conseil d’Etat, » écrivant en l’année 1640, « pendant sa prison au château de Milan, » un édifiant traité de la Sagesse, remarque qu’il s’élève parfois « entre les personnes pieuses, une diversité d’opinions » si chaleureuse qu’elle produit entre elles de « mauvaises émulations » et des « jalousies »implacables.

159. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

[...]Vous voyez bien, Monsieur, que je m’écarte fort du chemin qu’on suit d’ordinaire en pareille rencontre... […] Le vendredi 17 février 1673, jour où « l’on devait donner la troisième représentation du Malade imaginaire, dit Grimarest, Molière se trouva tourmenté de sa fluxion beaucoup plus qu’à l’ordinaire, ce qui l’engagea à faire appeler sa femme, à qui il dit, en présence de Baron : « Tant que ma vie a été mêlée également de douleur et de plaisir, je me suis cru heureux; mais, aujourd’hui que je suis accablé de peines sans pouvoir compter sur un moment de satisfaction et de douceur, je vois bien qu’il me faut quitter la partie : Je ne puis plus tenir contre les douleurs et les déplaisirs, qui ne me donnent pas un moment de relâche.

160. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

pour que la comédie de son comédien ordinaire soit représentée en plein théâtre, et pour tout dire, atteindre enfin au comble de l’art qui ne peut ni s’expliquer ni s’apprendre : « Quod tamen unum tradi arte non potest » telle était l’ambition de Molière, son ardente et infatigable ambition ; si bien qu’il est mort sans songer, — ô Dieu !  […] Les voilà donc lancés, le roi, le poète, le musicien ; les chanteurs et les danseurs ordinaires sont à leur poste ; les gentilshommes désignés pour prendre part à cette mascarade sont déjà à leur réplique ; le divertissement est prêt ; la comédie, la musique et le ballet descendent de leur gloire pour chanter le prologue : Unissons-nous tous trois, d’une ardeur sans seconde, Pour donner du plaisir au plus grand roi du monde.

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