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114. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Elle est d’autant plus fâcheuse qu’au lieu d’embellir son objet, elle finirait, si l’on n’y prenait garde, par le rendre ridicule. […] IV Car il était triste, d’une tristesse silencieuse, assez étonnante au premier abord chez un homme dont le métier était de faire rire, et qui frappait d’autant plus ses contemporains.Sauf le souper à la Croix-de-Lorraine, aucune des nombreuses anecdotes dont il est l’objet ne le laissent voir franchement gai ; il recherchait la solitude, et, dès qu’il avait un peu de loisir, il se retirait dans sa maison d’Auteuil. […] En revanche, on ne peut méconnaître que, n’étant dupe d’aucune convention, en un siècle qui en comptait tant et de toutes sortes, ne laissant rien empiéter sur son libre jugement, il a déployé un courage, une vigueur d’attaque, une franchise d’observation, que plus de respect lui eût interdits ; qu’il a touché, par cela même, à quelques-uns de ces grands objets de discussion que l’on n’aborde guère aux époques de paix sociale, et que, sans les pièces où il les aborde, il manquerait quelque chose d’essentiel à son œuvre, comme à celle de son temps.

115. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

J’aime, mais en aimant je n’ai point la bassesse D’aimer jusqu’au mépris de l’objet qui me blesse ; Ma flamme se dissipe à la moindre rigueur : Non qu’enfin mon amour prétende cœur pour cœur. […] Quel supplice d’aimer un objet adorable, Et de tant de rivaux se voir le moins aimable ! […] Clothon sans yeux et sans tendresse, Pour les plus accomplis objets Comme pour les plus imparfaits, Et qui n’aime pas le théâtre, Dont tout le monde est idolâtre, Nous a ravi cette beauté, Dont chacun était enchanté, Alors qu’avec un port de reine Elle paraissait sur la scène ; Et tout ce qu’elle eut de charmant Gît dans le sombre monument. […] Item, plusieurs peintres célèbres Étaient de ces honneurs funèbres, Ayant de leurs savants pinceaux Été l’un des objets plus beaux. […] M. de Montausier, charmé du Misanthrope, se sentit si obligé qu’on l’en eût cru l’objet, qu’au sortir de la Comédie il envoya chercher Molière et lui dit que s’il avait pensé à lui en faisant Le Misanthrope qui était le caractère le plus parfaitement honnête homme qui pût être, il lui avait fait trop d’honneur et un honneur qu’il n’oublierait jamais. » Il paraît qu’il y eut beaucoup d’originaux pour cet admirable portrait du Misanthrope, mais qui donc a mieux posé que Molière devant Molière !

116. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Un jour que je l’accompagnois pour aller chez les gens qui gardent l’objet de ses vœux, nous entendîmes dans une petite maison d’une rue écartée quelques plaintes mêlées de beaucoup de sanglots.

117. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

La colere, disoit-elle, grossit toujours les objets.

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