Raynaud, Les Médecins au temps de Molière, chap.
Il en est resté quatre au théâtre : Le Deuil, Le Cocher supposé, Crispin médecin, et L’Esprit follet. […] On peut dire que, dans la vaste galerie où Molière a peint les folies humaines, la scène du Mariage forcé, et celle de L’Amour médecin, sont deux pendants admirables, où se trouve retracée l’histoire entière des demandeurs et des donneurs de conseils.
. — Il a lutté avec les médecins jusqu’à la mort ; s’il était fatigué, il se rejetait avec délices dans l’antiquité, objet de ses études, et dans la vieille farce française qui devait lui rappeler souvent sa vie errante ! […] Mais un bourgeois frileux, que sa femme a grondé le matin, que sa femme grondera ce soir, qui a subi l’indigestion de son petit cadet, qui a fait avaler une médecine à sa fille aînée, que son médecin doit saigner, demain, qui, dans la journée, membre du jury, a assisté aux dissertations médicales de l’accusation, à qui on a montré des entrailles de sept ans qui contenaient dans leurs replis racornis, une parcelle inaperçue d’arsenic que M. […] « La postérité saura la fin de ce poète-comédien qui, en jouant son Malade imaginaire ou son Médecin par force, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez. […] Molière a trouvé Le Mariage forcé à la même source qui lui a fourni Le Bourgeois gentilhomme, George Dandin, L’École des maris, L’École des femmes, Les Femmes savantes, Le Malade imaginaire, en un mot toutes ces excellentes et admirables leçons qu’il n’a jamais cessé de donner à la bourgeoisie, dont il était le précepteur assidu et bienveillant, et qu’il a défendue jusqu’à son dernier jour contre les courtisans et les hypocrites ; contre les médecins et les coquettes titrées ; contre les charlatans de toute espèce, quelle que fût leur origine ou leur crédit. […] Autrefois, l’avocat tenait sa place dans la comédie à côté du notaire, du médecin ou de l’apothicaire ; il va dominer la comédie révolutionnaire.
L’Amour médecin, act.