je ne croyois pas que ma fille fût si habile, que de chanter ainsi à livre ouvert, sans hésiter. […] Toute l’assemblée se livre naturellement & presque machinalement à l’impression que cet air fait sur l’ame toujours sensible à la belle harmonie. […] Ne craignons point que notre ame refuse de se prêter à cette espece d’enchantement ; elle s’y livre au contraire avec transport, elle réalise tout ce qui peut la remuer agréablement.
Le sujet, si intéressant qu’il soit, n’était pourtant point absolument neuf, attendu qu’il existe un gros livre d’une érudition énorme, tout rempli, tout farci d’anecdotes et de dates, intitulé : Molière musicien, auquel les habiles du métier ne se font point scrupule de recourir, quittes à le décrier après l’avoir dévalisé.
. — Vous devez me connoître, me dit-il, j’ai fait des livres. — Soit, je vous en estime davantage. | Je mourois d’envie de me débarrasser du personnage : je marche vîte ; je m’arrête ; je parle tout bas à mon valet : je suois à grosses gouttes. . . . . . . […] Henri IV lui donna une pension de deux mille livres sur l’Abbaye de Vaux dont son oncle étoit revêtu.
Des traits épars qui circulent dans le monde, ou qui sont enfermés dans les livres, sont peu de chose pour l’écrivain, pour le poète : c’est l’art de la composition qui de ces traits fait un ouvrage, et c’est le génie qui de cet ouvrage fait un chef-d’œuvre. […] La partie essentielle de l’ouvrage, les caractères et les mœurs appartiennent à Molière ; il les avait trouvés dans la société qu’il observait sans cesse, et dont il ne détournait sûrement pas ses regards, pour aller chercher dans les livres ce qui se présentait à lui de toute part. […] Il livre l’un de ces coupables à la vengeance du ciel, et l’autre à la vindicte du prince. […] Il est inscrit au livre du ballet sous le nom de il signor Chiacchierone, qui signifie en italien, grand babillard, grand hâbleur, grand diseur de balivernes, et qui convenait parfaitement à celui qui se l’était donné par une impudente vanité de bouffon6.