« [*]La nature, qui semblait avoir épuisé ses dons en faveur de Molière, parut en être avare pour les poètes qui vinrent après lui : on négligea la perfection des plans et de l’intrigue ; on dédaigna les caractères, on abandonna la noble simplicité de sa diction ; et soit incapacité, soit indolence dans les auteurs qui suivirent ce grand homme, ses ouvrages occupèrent longtemps seuls le théâtre français, avec la supériorité et la justice qui leur étaient dues ; enfin les spectateurs, lassés d’attendre un génie capable d’imaginer avec l’art de Molière des fables nouvelles, et d’imiter aussi heureusement celles des anciens, refusèrent leurs applaudissements à des comédies qu’on leur présenta, parce qu’elles étaient dénuées d’intrigue, ou qu’elles en étaient trop chargées.
Plaute avait imaginé le premier, de faire en même temps voler la cassette de l’Avare et séduire sa fille ; c’est de lui qu’est toute l’invention de la scène du jeune homme qui vient avouer le rapt, et que l’Avare prend pour le voleur.
Le ridicule outré d’un provincial donne lieu à un intrigant de profession, qui est dans les intérêts d’Eraste, d’imaginer divers moyens pour détourner également, & Oronte de donner sa fille à monsieur de Pourceaugnac, & monsieur de Pourceaugnac de finir le mariage qui l’avoit attiré à Paris.
Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, Théâtre du Marais, Théâtre du Petit-Bourbon, d’assez tristes salles, j’imagine. […] Je n’imagine rien : je ne fais que répéter Molière.