Mais tant qu’un décret du président de la république ou bien quelque arrêté d’un sous-secrétaire d’état n’aura pas « désaffecté » l’Odéon pour le destiner expressément à ce comique et à ce tragique spéciaux, nous déplorerons que le culte des grands classiques, et de ceux qui viennent tout de suite après les grands, y soit négligé comme au Théâtre-Français ; sur la rive gauche, comme sur la rive droite, alternativement, nous gémirons au souvenir de ces morts illustres, et des hommages qu’ils recevaient naguère : super flumina !
Mais, lorsque je me trouve en ce foyer illustre Où nos grands écrivains brillent de tout leur lustre, Sur leurs hauts piédestaux, au Théâtre-Français : Mon cœur bat et mon sang bouillonne dans mes veines; Ces rois de l’art n’ont pas porté de palmes vaines ; Leur couronne, c’est leur succès. […] Comme le grand Corneille, qui n’arriva au Cid qu’après sept ou huit pièces d’essai, Molière, avant l’Etourdi, sa première comédie régulière, composa plusieurs pièces que sa troupe, dite de l’Illustre Théâtre, joua en province avec les autres pièces du temps. […] Molière, bien qu’il ait embarrassé son sujet de descriptions techniques relatives à la peinture, a su trouver des termes heureux pour caractériser les talents de son illustre ami. […] De chaque côté, on se faisait une guerre de maraudeurs; les bourgeois, s’enrichissaient par le petit commerce, aux dépens de leurs illustres et insouciantes pratiques ; les gentilshommes compensaient le déficit ouvert dans leur fortune par les extorsions des marchands, en plumant sans scrupule les oisons de l’espèce de M.
Il imita l’antiquité, ainsi que l’ont fait nos plus illustres auteurs ; il mit à contribution les théâtres étrangers ; il alla fouiller dans les plus vieilles archives de la malice et de la gaieté française, et il ne se fit pas même scrupule de s’approprier d’heureux traits appartenant à des écrivains de son pays et de son temps. […] Cette société, qui éclipsa bientôt toutes les sociétés rivales, fut appelée l’Illustre Théâtre. […] Armand de Conti, qui aimait la comédie en homme de goût, la protégeait en prince, et devait, à la fin de ses jours, la combattre en casuiste, avait plusieurs fois fait venir, à son hôtel à Paris, son ancien condisciple, chef alors de l’Illustre Théâtre, pour donner des représentations. […] En 1663, Louis XIV fit comprendre Molière, pour la somme de mille francs, dans les gratifications qu’il avait ordonné être faites aux personnes illustres et bien versées dans toutes les sciences, tant en France qu’aux pays étrangers, et qui étaient employées au comptedes bâtiments du Roi. […] Rousseau, enchérissant sur ces dédains, écrivait, quelques années plus tard, à ce même Brossette :« La prétendue Vie de Molière est tombée, dès sa naissance, dans un mépris universel, n’étant qu’un amas indigeste de petitesses, de faussetés et de misérables détails, indignes également du sujet et du lecteur. »Ailleurs il demande hautement qu’on exclue d’une édition de Molière, à laquelle il promettait de donner quelques soins,« cette misérable Vie, où on ne voit ni vérité, ni style, ni sens commun, ouvrage plus propre à rendre méprisable et ridicule cet illustre auteur, qu’à donner la moindre lumière sur ses écrits et sur sa personne. »Enfin, Rousseau, ne pouvant s’en taire, écrit dans le même temps à M.
Supposez que l’harmonique du mot s’accentue, il n’est pas malaisé de prévoir un temps où, quand Junie, dans Britannicus, soupirera ces vers délicieux : Il n’a point détourné ses regards d’une fille, Seul reste des débris d’une illustre famille, tout le public des mardis du vingtième siècle se lèvera effarouché, demandant compte au Perrin de l’époque de l’insulte faite à sa pudeur. […] J’ai sous les yeux les trois articles que Geoffroy, notre aïeul, l’illustre critique des Débats, a écrits sur Amphitryon ; il apprécie la pièce en homme de goût : « C’est, dit-il, un ouvrage à part : c’est celui où l’auteur a mis le plus de grâce, de finesse et d’enjouement.