Le Héros Anglois auroit encore dû, je crois, ne s’empoisonner qu’après avoir été accusé de l’assassinat.
Le sujet de la pièce, Pourceaugnac, est un sot, voilà tout : or, un sot ne peut être le héros d’une fiction morale, comme est une comédie ou un roman, parce que, de sa nature, la sottise est incorrigible ; il sera tout au plus l’objet de ce qu’on appelle aujourd’hui une mystification ; et une mystification n’est qu’une farce, c’est-à-dire une chose plaisante et non comique, une chose qui fait rire comme risible et non comme ridicule. […] Tandis que la scène offrait en spectacle l’union d’une grande princesse de l’antique Thessalie avec un simple officier de fortune, une grande princesse du sang royal de France, Mademoiselle songeait en secret à réaliser cette fable, en donnant sa main et ses riches apanages à un cadet de Gascogne, à Péguillin, comte de Lauzun, qui comptait moins d’exploits guerriers que Sostrate, mais beaucoup plus de bonnes fortunes, et qui était aussi avantageux, que le héros grec se montre modeste.
Nos Romanciers remplissent ordinairement un premier volume de la vie du pere & de la mere de leurs héros : les Dramatiques Chinois ont le même défaut ; ils mettent en action, dans un prologue, l’histoire du pere & de la mere de leur premier personnage : tel est celui qui précede Tchao-chi cou ell, ou le petit Orphelin de la Maison de Tchao, piece que M. de Voltaire a rendu fameuse en y puisant le sujet de son Orphelin de la Chine.
— Mais, en partant de ce principe, Melpomene pourra nous représenter ses héros dans l’alcove de leur maîtresse une minute avant de livrer bataille, & Thalie nous conduisant jusques dans le boudoir de Laïs, nous la fera voir entre son amant & son canapé.