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54. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Son éloge a passé par l’Académie, et la rhétorique n’a plus de figures pour le célébrer ; d’autre part, les eaux de la mince fontaine que la ville de Paris lui a consacrée ne suffiront jamais à laver toutes les injures qu’on a déposées au pied de sa statue. […] Le premier est l’esprit de la Fontaine ; le second est l’esprit de Voltaire. […] Madame de Sévigné ne parle pas sans quelque dédain de ses visiteurs qui s’étonnaient qu’elle préférât les comptes d’un fermier aux contes de la Fontaine.

55. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Ne cessons de le dire; le naturel est le charme le plus sûr et le plus durable; c’est lui qui fait vivre les ouvrages, parce que c’est lui qui les fait aimer; c’est le naturel qui rend les écrits des anciens si précieux, parce que maniant un idiome plus heureux que le nôtre, ils sentaient moins le besoin de l’esprit; c’est le naturel qui distingue le plus les grands écrivains, parce qu’un des caractères du génie est de produire sans effort; c’est le naturel qui a mis la Fontaine, qui n’inventa rien, à côté des génies inventeurs; enfin c’est le naturel qui fait que les lettres d’une mère à sa fille sont quelque chose et que celles de Balzac, de Voiture, et la déclamation et l’affectation en tout genre sont, comme dit Sosie, rien ou peu de chose.

56. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Depuis lors, nos peintres et nos sculpteurs n’ont guère fait que le reproduire avec de légères variantes : on Io retrouve dans le Molière placé par Ingres dans son Apothéose d’Homère, dans la statue sculptée par Sudre pour la fontaine de la rue de Richelieu, dans le Molière mourant de M. […] Aux « parties » de la Croix de Lorraine, Molière préférait sans doute ces réunions, moins nombreuses et plus calmes, où se trouvaient, avec lui, Boileau, Racine et La Fontaine. […] Depuis qu’une exacte critique a examiné de près les allusions contenues dans le début des Amours de Psyché 4, on regrette de ne pouvoir plus reconnaître Molière parmi les quatre amis qui s’en vont écouter, dans les jardins de Versailles, la lecture du poème nouveau ; mais rien ne s’oppose à ce que l’on applique toujours aux réunions tenues chez Boileau ce que dit La Fontaine de « l’espèce de société » qui unissait les promeneurs de Versailles. […] Louis Moland, édition desŒuvres complètes de La Fontaine, t.

57. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Dans ce prologue la Béjart (Armande), qui représente la nymphe de la fontaine où se passe cette action, commande aux divinités qui lui sont soumises, de sortir des marbres qui les enferment, et de contribuer de tout leur pouvoir au divertissement de Sa Majesté : aussitôt les termes et les statues se meuvent, et il en sort, je ne sais comment, des Faunes et des Bacchantes. […] Jourdain, dont il joua le rôle et auquel il fait dire si plaisamment, lorsque le maître de philosophie lui veut enseigner à modérer ses passions : « Non... je suis bilieux comme tous les diables, et il n’y a pas de morale qui tienne, je me veux mettre en colère. » Malgré cela, aimé de tous ceux qui l’entouraient, jusqu’aux moindres enfants, ses comédiens, Boileau, La Fontaine, Ninon, Mme de la Sablière, le grand Condé, tous se plaisaient avec lui. […] Molière, ne pouvant jouer sa pièce, se remit tranquillement au travail : il reprit l’étude des anciens, et donna au mois de janvier 1668, Amphitryon, sujet antique cette fois, mais forme nouvelle, toute française, naïve et savante, que Molière seul et La Fontaine ont connue. […] C’était la mise en scène du roman de La Fontaine, fort en vogue dans le temps. […] On ne sait plus maintenant où dorment ses malheureux restes : ils ont été perdus, dispersés, avec les cendres de La Fontaine; et ce ne sont point leurs os que renferment les deux tombeaux du Père-Lachaise, sur lesquels on ne lit point pourtant sans quelque émotion, dans un tel lieu, les noms réunis de ces deux hommes qui, de leur vivant, se sont aimés, appréciés et encouragés l’un l’autre.

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