Plaute était excusable de mettre sur la scène une des légendes monstrueuses des divinités à qui l’on croyait de son temps ; cela ne tirait pas à conséquence : le spectateur païen adorait l’honneur fait à Amphitryon et la divine naissance d’Hercule sans que son respect fût diminué pour Junon, protectrice de la foi conjugale.
L’anecdote suivante en fait foi : « Après qu’il fut installé à Paris, dit M. […] Ce qui le prouve, c’est que dans le sein de l’église la foi ne fut pas assez forte pour susciter à Voltaire un seul adversaire digne de lui; il n’y rencontra d’autre résistance sérieuse que la force d’inertie d’un pouvoir qui a duré. […] Us gardent une foi et un culte. […] On sent que le triomphe de Tartuffe est impossible; on sent que le pied lui glisse; et l’on suit les progrès de l’action, parfois avec une curiosité inquiète, mais sans cesser d’avoir foi au poète. […] Plus tard, rompant le silence du repentir, son génie fortifié conçut ce type immortel du grand prêtre Joad, qui, de même que Phèdre et plus encore, s’élève au-dessus de cette région moyenne où s’agitent les questions de convenance, et qui est la plus mâle expression de la foi chrétienne.
Il est nuit, et Sganarelle peut ne pas reconnaître Isabelle, lorsque, couverte d’un voile, elle va chez Valère, sous le nom de Léonore ; mais, un instant après, Valère dit qu’il vient de donner sa foi à Isabelle, qu’Isabelle vient de lui donner la sienne ; il nomme bien distinctement Isabelle, Ariste le fait remarquer à son frère : est-il possible que Sganarelle n’ouvre point les yeux ? Certainement, il ne doit pas croire que Valère ait donné sa foi à une femme, et qu’il ait reçu la sienne sans la regarder ; et d’après cela, comment peut-il dire : Il ne s’est pas encor détrompé d’Isabelle24 ? […] J’ai vu des acteurs la dévorer des minutes entières ; plus les baisers étaient prolongés et fortement appuyés, plus le parterre applaudissait, sans penser qu’en livrant sa main à Valère, Isabelle engage sa foi, témoin ces vers : Qu’il reçoive, en ces lieux, la foi que je lui donne, De n’écouter jamais les vœux d’autre personne. […] Vous voulez donc contraindre Isabelle à se cacher sous un triple voile, lorsqu’elle viendra nous dire au IIIe acte : ………… Allons, sans crainte aucune, À la foi d’un amant commettre ma fortune. […] C’est fort embarrassant : ma foi, laissons les choses telles qu’elles sont, jusqu’à ce qu’un décorateur plus hardi que nous ose se dire : « je mets devant les palais des héros tragiques, un péristyle où ils peuvent décemment parler de leurs affaires, pourquoi ne traiterais-je pas le général thébain avec la même magnificence ?
Cette singularité parut tenir quelque chose du merveilleux, & fournit aux Poëtes une ample matiere de pointes & d’allusions ingenieuses : c’est apparemment ce qui fit que l’on ajoûta beaucoup de foi à ce Conte.