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157. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

. — Cela est vrai; elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. — Elle a la bouche grande. — Oui; mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches; et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs ; elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. — Pour sa taille, elle n’est pas grande. — Non ; mais elle est aisée et bien prise. — Elle affecte une nonchalance dans son parler et dans ses actions... — Il est vrai; mais elle a grâce à tout cela ; et ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. — Pour de l’esprit... — Ah ! […] Il ne donnait pas de leçons ; mais il entretenait le feu sacré; il soutenait les courages, il prolongeait les souvenirs, il nourrissait les enthousiasmes, il renouvelait les sources de la vie. […] La chimère de Bélise est de se croire aimée de tout le monde; elle vit dans cette douce illusion, convaincue que les mots piquants dont la poursuit Dorante sont les emportements d’une jalouse rage; que si Lycidas a pris femme, c’est par le désespoir où elle a réduit ses feux, et ainsi des autres. […] J’aurais pour elle au feu mis la main que voilà.

158. (1910) Rousseau contre Molière

La force du caractère voulait qu’il lui dît brusquement : « Votre sonnet ne vaut rien, jetez-le au feu », mais cela aurait ôté le comique qui naît de l’embarras du misanthrope et de ses je ne dis pas cela répétés qui ne sont au fond que des mensonges. […] Si Molière, comme Rousseau le voudrait, disait d’emblée à Oronte : « Votre sonnet ne vaut rien, jetez-le au feu », le public dirait : « Voilà tout simplement un grossier personnage » et Alceste serait ridicule et antipathique. […] Ils ressemblent à cet Irlandais qui ne voulait pas sortir de son lit, quoique le feu fût à sa maison. « La maison brûle, lui criait-on. Que m’importe, répondait-il, je n’en suis que le locataire. » A la fin, le feu pénétra jusqu’à lui. […] — Restez dans votre maison ; ne faites pas le couvreur. — Cette nuit, en éteignant le feu d’une maison, je me suis brûlé le bras. — Dormez dans votre lit ; pourquoi vous faire pompier ? 

159. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Il n’est pas hors de l’Eglise qu’un homme de livrée court après lui, le joint, lui demande en riant s’il n’a point la pantoufle de Monseigneur : Ménalque lui montre la sienne, & lui dit : voilà toutes les pantoufles que j’ai sur moi : il se fouille néanmoins, & tire celle de l’Evêque de ** qu’il vient de quitter, qu’il a trouvé malade auprès de son feu, & dont, avant que de prendre congé de lui, il a ramassé la pantoufle, comme un de ses gants qui étoit à terre.

160. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Le lendemain les voisins, qui avoient entendu pousser de hauts cris au milieu de la nuit, entrerent dans la maison, remarquerent des traces de sang sur le carreau, virent un feu flamboyant dans le four : ces indices leur firent juger que le mari, après avoir assommé sa femme, avoit brûlé son corps.

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