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107. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Le moyen qu’il propose consisterait à faire contraster avec Armande et Philaminte, au lieu de Chrysale (qui, soit dit en passant, ne contraste pas avec elles), « une femme jeune et aimable (ici je transcris), qui eût reçu, du côté des connaissances et de l’esprit, la meilleure éducation, et qui eût conservé toutes les grâces de son sexe ; qui sût penser profondément et qui n’affectât rien ; qui couvrît d’un voile doux ses lumières, et eût toujours un esprit facile, de manière que ses connaissances acquises parussent ressembler à la nature ; qui… ». […] Il n’est pas toujours facile de discerner celles qui se font malades par air, ou qui croient l’être quand elles ne le sont pas, de celles qui le sont réellement ; et l’on pourrait courir le risque de prendre pour un objet de raillerie telle femme qui mériterait d’être un objet de pitié.

108. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Molière ne trouva donc point la voie facile, unie et fleurie : il fut dès les premiers pas rudement averti de l’âpreté de la route où il s’engageait. […] À quel point il fouilla dans le théâtre italien et le théâtre espagnol, c’est ce qu’il est facile d’apercevoir en faisant l’anatomie, pour ainsi dire, de ses premières pièces. […] Je trouve que le cœur est ce qu’il faut gagner mot qui résume la pièce et n’était pas alors aussi facile à trouver, aussi inutile à dire que nous pourrions le croire aujourd’hui. […] Cette place était loin d’être sans avantages pour l’auteur comique ; elle l’introduisait dans la chambre royale ; elle lui donnait un facile accès auprès du monarque. […] Les écrivains qui entreprennent de distinguer et de démêler ce que Molière a mis, dans ses ouvrages, de sa vie et de son cœur, font merveille, pourvu qu’ils n’abusent pas de ce point de vue et des effets romanesques qu’il est facile d’y trouver.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Le dernier Guillaume, aussi inabordable que le premier est d’un facile accès, met Patelin dans un embarras qui rend sa situation bien plus comique : nous voyons dès ce moment que l’Avocat doit être un fin matois s’il réussit à tromper le marchand : les obstacles l’animent, & il invente une ruse sublime.

110. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Mais que le poète comique ou le moraliste mette en opposition leurs discours et leur conduite, qu’il fasse voir la différence du masque au visage, il ne compromet ni la probité, ni la bienséance ; il excite la haine contre l’égoïste et le malhonnête homme ; et en cela il rend un service éminent à l’humanité, car ce n’est pas le vice, brutal qui est le plus dangereux, son aspect seul est repoussant et sa nudité dégoûtante : c’est le vice paré des couleurs de la vertu qu’il faut redouter dans une société qu’une extrême civilisation rend confiante et facile ; c’est lui qu’il faut signaler sous les faux dehors dont il se couvre. […] Ces vers du quatrième acte, Selon divers besoins il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de faction Avec la pureté de notre intention, peignent au naturel ces casuistes si terribles pour les autres et si faciles pour eux-mêmes, que Pascal a flétris du sceau d’un immortel ridicule.

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