L’habileté, relative, de Fabre d’Eglantine, qui se trouvait d’ailleurs en conformité avec la progression dramatique, a été de présenter d’abord Philinte comme indifférent au malheur général, sur quoi le public s’est dit : « Bon ! […] Molière s’y moque des médecins que Rousseau n’aimait pas ; il s’y moque des malades imaginaires, et Rousseau l’était ; mais il ne savait pas qu’il le fût et il était ici dans la position de la plupart des spectateurs qui, dans les peintures que font les auteurs dramatiques, ne voient que le portrait de leur voisin. […] Molière pourrait répondre ainsi assez pertinemment ; car la prétention des adversaires de la comédie, pour être extrême, lui donne beau jeu ; elle va, puisqu’elle ne veut pas de belles passions, à ne vouloir point de passions du tout, puisque sans doute elle ne veut pas non plus de passions mauvaises ; et elle réduirait l’auteur dramatique et tout auteur à n’être plus qu’un sermonnaire. […] Il définit la comédie « l’ouvrage dramatique qui peint les mœurs des hommes dans une condition privée ». […] Tel est Molière, — C’est précisément ce que je lui reproche, dira Rousseau. — Soit ; mais comme auteur dramatique il a ses excuses et en soi il ne mérite pas le mépris ni même la colère.
Nos jeunes Dramatiques n’ont pas encore avili leurs confreres jusqu’à ce point ; mais, s’ils n’y prennent garde, ils n’ont plus qu’un pas à faire : les rendre le jouet d’un faux Grand, ou de quelques filles petites-maîtresses48, c’est les ranger de bien près à côté de Lelio.
Voir, sur l’Amour ingénu de Psyché, Saint-Marc Girardin, Cours de Littérature dramatique, t.
Caractere dans les personnages Caractere dans les personnages, qu’un poëte dramatique introduit sur la scene, est l’inclination ou la passion dominante qui éclate dans toutes les démarches & les discours de ces personnages, qui est le principe & le premier mobile de toutes leurs actions ; par exemple, l’ambition dans César, la jalousie dans Hermione, la probité dans Burrhus, l’avarice dans Harpagon, l’hypocrisie dans Tartufe, &c. […] Comme presque toutes les regles du poëme dramatique concourent à rapprocher par la vraissemblance la fiction de la réalité, l’action de la comédie nous étant plus familiere que celle de la tragédie, & le défaut de vraissemblance plus facile à remarquer, les regles y doivent être plus rigoureusement observées.