On verra ses beautés & ses défauts dans la piece de le Sage. […] Ce n’est pas tout : d’Ancourt, si soigneux de défigurer les beautés, conserve les défauts avec le même soin.
* Mais Tarte à la Crême n’est point un défaut, repondit le bon esprit, pour décrier une Piece comme vous le faites. […] Moliere étoit desolé d’avoir un ami si agreable & si honnête homme, attaqué de ce défaut, il lui en faisoit souvent des reproches ; & Chapelle lui promettoit toûjours merveilles, sans rien tenir. […] Si on lui avoit dérangé un livre, c’en étoit assez pour qu’il ne travaillât de quinze jours ; il y avoit peu de domestiques qu’il ne trouvât en défaut ; & la vieille servante la Forest y étoit prise aussi souvent que les autres, quoiqu’elle dût être accoûtumée à cette fatigante regularité que Moliere exigeoit de tout le monde. […] Je sai tout cela, Monsieur, lui répondit Moliere ; mais je suis accoutumé à ses défauts ; & il faudroit que je prisse trop sur moi, pour m’accommoder aux imperfections d’une autre ; je n’en ai ni le temps, ni la patience. […] Il avoit encore le défaut sur-tout dans ses premiers Ouvrages de ne pouvoir quitter une pensée qu’il ne l’eût tournée en quatre ou cinq façons differentes, & enfin on lui a reproché que la plûpart de ses dénoûmens n’étoient pas heureux.
. ― Mais, Tarte à la crème n’est point un défaut, répondit le bon esprit, pour décrier une Pièce comme vous le faites. […] Molière était désolé d’avoir un ami si agréable et si honnête homme, attaqué de ce défaut, il lui en faisait souvent des reproches, et Mr de Chapelle lui promettait toujours merveilles, sans rien tenir. […] Si on lui avait dérangé un livre, c’en était assez pour qu’il ne travaillât de quinze jours ; il y avait peu de domestiques qu’il ne trouvât en défaut ; et la vieille servante la Forest y était prise aussi souvent que les autres, quoiqu’elle dût être accoutumée à cette fatigante régularité que Molière exigeait de tout le monde. […] ― Je sais tout cela, Monsieur, lui répondit Molière ; mais je suis accoutumé à ses défauts ; et il faudrait que je prisse trop sur moi, pour m’accommoder aux imperfections d’une autre ; je n’en ai ni le temps, ni la patience.
D’un autre côté la petite Armande était allée, de treize à seize ans, dans cet intervalle, et Molière heureux de sa charmante élève, de son esprit, de sa grâce, confiant dans l’avenir, écrivit tout d’inspiration ce beau rôle d’Ariste, pour enseigner à tous, naïvement, son secret d’être heureux : Il nous faut, en riant, instruire la jeunesse, Reprendre ses défauts avec grande douceur, Et du nom de vertu ne pas lui faire peur. […] Si quelquefois, dans une causerie intime, il laissait entrevoir son chagrin, si un mouvement lui échappait contre quelque injustice, aussitôt une sage personne, avec un beau discours : Tons ces défauts humains nous donnent dans la vie Des moyens d’exercer notre philosophie ; C’est le plus bel emploi que trouve la vertu. […] Jamais homme, dit Lagrange, n’a si bien entré que lui dans ce qui fait le jeu naïf du théâtre : « Il n’était pas seulement inimitable dans la manière dont il soutenait les caractères de ses comédies, mais il leur donnait encore un agrément tout particulier par la justesse qui accompagnait le jeu des acteurs ; un coup d’œil, un pas, un geste, tout y était observé avec une exactitude qui avait été inconnue jusque-là sur les théâtres de Paris. » Que devait-être une troupe de. comédiens, habiles d’ailleurs, dirigée par un tel chef, qui savait si bien faire valoir leurs moindres qualités, et qui tirait parti de leurs défauts mômes ? […] Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts ; il m’en reste seulement pour ce qu’elle a d’aimable : n’est-ce pas là le dernier point de la folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connaître ma faiblesse, sans en pouvoir triompher ?