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186. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Enfin, en descendant des vices aux travers, Tous les faux sentiments sont par lui découverts : Le Bourgeois, dédaignant les vertus paternelles, Cherche parmi les grands de dangereux modèles, Le Valet qui naquit probe, sincère et bon, Veut imiter son maître et devient un fripon ; Le Médecin, gonflé d’orgueil et d’ignorance, Assassine les gens au nom de la science ; Dans sa prose ou ses vers un mauvais Écrivain Substitue à la langue un jargon fade et vain ; Et la Femme, suivant de pédantesques traces, Immole aux faux savoir son esprit et ses grâces ! […] Et cependant, malgré l’universel hommage, Dans Paris, de Molière on cherche en vain l’image.

187. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Ces pièces ne laissent pas d’être fort plaisantes et pleines d’esprit, témoin Le Menteur, dont nous parlons, Dom Bertrand de Cigarral, Le Geôlier de soi-même ; mais enfin la plus grande beauté de la comédie était inconnue ; on ne songeait point aux mœurs, aux caractères ; on allait chercher bien loin les sujets de rire dans des événements imaginés avec beaucoup de peine, et on ne s’avisait point de les aller prendre dans le cœur humain qui en fourmille. Molière est le premier parmi nous qui les ait été chercher là, et qui les ait bien mis en œuvre.

188. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Le pauvre Alain ne doit pas être bien fort sur les définitions morales ; cependant la jalousie ne lui est pas inconnue, et, n’en sachant pas assez pour en expliquer le principe, il se jette au moins sur les effets qu’il en a vus; et comme le plus sensible de tous, c’est qu’un jaloux écarte tout le monde autant qu’il peut, ce qui lui vient d’abord à l’esprit après qu’il a bien cherché, c’est cette idée dont on ne peut s’empêcher de rire par réflexion, que la jalousie est une chose qui chasse les gens d’autour d’une maison, ce qui est très-vrai en soi-même, pas mal trouvé pour Alain, et fort bien exprimé à sa manière. […] Ceux même à qui l’apostrophe s’adresse, et qui sont de grands rieurs, ne le sont pourtant pas dans ce moment; ils sentent si bien la vérité du reproche, que l’un d’eux, pour toute excuse, cherche à rejeter la faute sur Célimène, afin d’embarrasser Alceste qui l’aime : Pourquoi s’en prendre à nous? […] On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé, Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fêlé. […] On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé.

189. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ses maximes sont vulgaires ; il a peu, disons mieux, il n’a pas de ces traits pénétrants qui vont comme au fond du cœur humain pour y chercher, pour en faire sortir le secret caché dans ses replis. […] Il existait une sorte de conflit entre les mœurs anciennes et les mœurs nouvelles, entre la rusticité héréditaire et l’élégance acquise, entre l’antique pruderie et la coquetterie moderne, entre le faux savoir qui obscurcissait encore beaucoup d’esprits et les vraies lumières qui de toutes parts cherchaient à y pénétrer, entre la ridicule affectation qui avait déshonoré notre littérature naissante et le bon goût qui venait y établir son empire : de là une foule de contrastes, d’oppositions dramatiques. […] Deux prêtres ayant successivement refusé de venir, son beau-frère alla lui-même en chercher un troisième. […] Ne cherchez, dit-il à ceux qui l’accompagnaient ; je viens de Gignac, je vais à Lavagnac, je vois le clocher de Montagnac : au milieu de tous cesgnac, ma valise est perdue. […] Grimarest (Réponse à la Critique de la Vie de M. de Molière) prétend tenir de gens qui l’ont, entendu, qu’un jour le prince dit à Molière : Je vous fais venir peut-être trop souvent, je crains de vous distraire de votre travail : ainsi je ne vous renverrai plus chercher ; mais je vous prie, à toutes vos heures, de me venir trouver : faites-vous annoncer par un valet-de-chambre, je quitterai tout pour être avec vous.

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