Louis Riccoboni dit dans ses Observations sur la comédie, article huitieme de l’Imitation, page 147, que le sujet du Tartufe est pris de deux canevas très anciens. […] Mais sans faire ici le dénombrement de nos aïeux, pour voir qui de nos deux noblesses est la plus ancienne, je prétends être plus noble que vous, parceque j’ai le cœur bien situé.
Mais ayant oui dire que Moliere s’apprêtoit à jouer les Femmes Savantes, elle jugea à propos de ralentir son zele pour les Anciens ; & la crainte de jouer un rôle sur le théâtre moderne, lui fit garder le silence. […] Je le répete, & mes Lecteurs seront certainement de mon avis, Boileau & Madame Dacier ont été entraînés dans leurs jugements par le respect aveugle que l’on avoit jadis pour l’antiquité, & par l’idée où l’on étoit que nos génies ne pouvoient se mesurer avec les anciens, sans se montrer inférieurs : idée presque aussi ridicule, mais bien moins impertinente que notre mépris actuel pour les ouvrages du siecle passé, & la haute estime que nous avons de nos monstrueuses productions.
On rendroit le héros plaisant en lui faisant faire des efforts pour rappeller ses anciennes graces auprès d’une jeune personne qui en riroit, & ne l’avertiroit que trop bien, par son indifférence, de se ménager une retraite honorable.
Cet homme-là est inimitable, disoit le même Duc de *** ; il y a un vis comica dans tout ce qu’il fait, que les anciens n’ont pas aussi heureusement rencontré que lui.