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199. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

En un mot, Molière fut-il, à son entrée dans la vie, le jeune amant de Madeleine Béjart ? […] Les jours les plus mauvais pour la fortune ont souvent de bonnes heures pour l’amant, lorsque, s’oubliant lui-même, il transforme, en dévouement pour celle qu’il aime, tous les sentiments qu’il éprouve. […] Les déconvenues d’ambition que vient de subir son amant, lui ont rendu des espérances dont elle veut profiter. […] Par malheur, elle n’est plus guère d’âge à espérer des amants jaloux. […] Celle-ci pouvait plaire à l’humeur un peu guindée et apprêtée de Racine, qui fut plus tard son amant ; mais mademoiselle De Brie, avec ses manières indulgentes, devait paraître bien plus aimable à Molière ; en effet, il l’aima longtemps.

200. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Qu’une comédienne rende à un grand seigneur les devoirs qui lui sont dus, il n’y a point de miséricorde, c’est son amant. […] Le roi s’étant proposé de donner un divertissement à sa cour au mois de février de l’année 1670, Molière eut ordre d’y travailler : il fit les Amants magnifiques, qui firent beaucoup de plaisir au courtisan, qui est toujours touché par ces sortes de spectacles. […] La cour se plaisait aux spectacles, aux beaux sentiments, de la Princesse d’Elide, des Amants magnifiques, de Psyché, et ne dédaignait pas de rire à Scapin, au Mariage forcé, à la Comtesse d’Escarbagnas. […] On dit qu’elle était très laide et un peu coquette ; c’est ce qui lui attira le quatrain suivant : Si n’ayant qu’un amant on peut passer pour sage, Elle est assez femme de bien ; Mais elle en aurait davantage, Si l’on voulait l’aimer pour rien. […] La querelle de ces deux poètes vint donc de ce que Molière s’était ingéré de faire des vers pour le ballet des Amants magnifiques.

201. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Soupirez librement pour un amant fidèle, Et bravez ceux qui voudront vous blâmer ; Un cœur tendre est aimable, et le nom de cruelle N’est pas un nom à se faire estimer. […] C’est le cœur de la question ; Bossuet s’y jette avec sa lumière et sa force terrible : « Apparemment, dit-il, le théologien ne songe pas aux crimes des comédiennes et de leurs amants, ni au précepte du sage, où il est prescrit d’éviter les femmes dont la parure porte à la licence, ornatu meretricio, qui enlèvent les cœurs des jeunes gens, qui les engagent par les douceurs de leurs lèvres, par leurs entretiens, par leurs chants, par leurs récits. […] Molière a oublié deux choses de grande conséquence : la première, que son Misanthrope n’est pas un vieux comédien, professeur émérite de mœurs galantes ; la seconde, que ce misanthrope, tel qu’il l’a dépeint, n’a pas mérité d’être et ne saurait devenir l’un des amants et l’un des jouets de Mlle Molière. […] Quel mari sera ce bourru, déjà si difficile et si impérieux amant ?

202. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Non sans doute : aussi le spectateur la plaint-il de la voir aussi malheureuse en amant qu’en mere.

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