Molière partit avec sa troupe, qui eut bien de l’applaudissement en passant à Lyon, en 1653, où il donna au Public l’Étourdi, la première de ses Pièces, qui eut autant de succès qu’il en pouvait espérer. […] Molière s’acquit beaucoup de réputation dans cette Province, par les trois premières Pièces de sa façon qu’il fit paraître ; l’Étourdi, le Dépit amoureux, et les Précieuses ridicules. […] L’Étourdi, la première de ses Pièces, qu’il fit paraître dans ce même mois, et le Dépit amoureux, qu’il donna au mois de décembre suivant, furent reçues avec applaudissement ; et Molière enleva tout à fait l’estime du Public en 1659, par les Précieuses ridicules ; Ouvrage qui fit alors espérer de cet Auteur les bonnes choses qu’il nous a données depuis. […] Et cette Pièce, de même que l’Étourdi, et le Dépit amoureux, quoique jouée dans les Provinces pendant longtemps, eut cependant à Paris tout le mérite de la nouveauté. […] L’Étourdi : 22, 23, 34 L’Extravagant : 228, 231 F Les Fâcheux : 44 et suiv.
Il faut bien lui pardonner si, dans ses deux premières pièces, l’Étourdi et le Dépit amoureux, il suivit la route vulgaire avant d’en frayer une nouvelle. […] Il y a même une inconséquence marquée dans le plan de l’Étourdi : c’est que, son valet ne lui faisant point part des fourberies qu’il médite, il est tout simple que le maître les traverse sans être taxé d’étourderie. On voit trop que l’auteur voulait à toute force amener des contretemps : aussi a-t-il joint ce titre à celui de l’Étourdi; ce qui ne répare point le vice du sujet. […] Quant au comique de situation, « la beauté du sujet de l’École des Femmes consiste surtout dans les confidences perpétuelles que fait Horace au seigneur Arnolphe ; et ce qui doit paraître le plus plaisant, c’est qu’un homme qui a de l’esprit, et qui est averti de tout par une innocente qui est sa maîtresse, et par un étourdi qui est son rival, ne puisse avec cela éviter ce qui lui arrive. »Cette remarque n’est point de moi ; elle est d’un homme qui devait s’y connaître mieux que personne, de Molière, lui-même, qui s’exprime ainsi mot à mot par la bouche d’un des personnages de la Critique de l’École des Femmes, petite pièce fort jolie, qu’il composa pour répondre à ses censeurs, et qui fut jouée avec beaucoup de succès.
Il a commencé la guerre à bon escient, et non point à l’étourdie ; il la continuera. […] Revenons à l’Etourdi, dont nous ne sommes pas si loin qu’on pourrait le croire, car il est du même temps que cette malice onomastique, et il va nous laisser dans la même ville. […] Ce que je sais des habitudes où l’on s’y complaisait, ne me le dément pas ; L’Etourdi ne vous le démentira pas, non plus. […] Ne lui en voulez pas de celles, qui, dans L’Etourdi, y font leur tapage. […] L’Etourdi et le Dépit furent écrits en grands vers ; mais, ces pièces ayant cinq actes, on ne trouva rien de surprenant à cela.
Sa premiere Comedie fut celle de l’Etourdi : il l’exposa au public dans la ville de Lion l’an 1653.