Organe du démon, il corrompt les mœurs, il tourne en ridicule le paradis et l’enfer, il décrie la dévotion sons le nom d’hypocrisie, il prend Dieu à partie et fait gloire de son impiété à la face de tout un peuple. […] Cette scène ne s’est pas retrouvée ; elle est d’autant plus regrettable qu’elle était une fidèle image des mœurs du temps. […] L’un a peint les mœurs du siècle de Louis XIV, et l’autre les mœurs du siècle de Louis XV. […] C’est surtout comme peintre de mœurs et comme philosophe qu’il faut juger Molière ; les intérêts de la morale doivent passer avant les scrupules de la grammaire. […] Des misérables affectaient l’austérité des mœurs républicaines, et s’abandonnaient, sous le manteau du stoïcisme, aux vices les plus honteux et aux passions les plus criminelles.
et enfin, quel besoin Molière avait-il de Plaute, pour former le projet d’attaquer un travers de mœurs que la cour et la ville offraient incessamment à ses regards ? […] Le sujet, ainsi traité, eût porté jusqu’à la haute comédie de mœurs un ouvrage qui, par sa forme un peu vulgaire, semble n’appartenir qu’à la petite comédie d’intrigue. […] Prenons toujours nos exemples dans le théâtre de Molière, et choisissons les pièces mêmes que Rousseau a condamnées comme contraires aux bonnes mœurs. […] J’ai dit que la pièce de Pourceaugnac ne peignait ni la société ni les mœurs. […] L’aventure de Sostrate est plus brillante, et sa destinée plus véritablement glorieuse ; mais ce qui n’était point contraire aux mœurs des antiques monarchies de la Grèce, eût trop choqué des mœurs modernes, formées de l’orgueil féodal et de la fierté castillane.
Il exila plusieurs des jeunes gens des familles les plus considérables de la cour ; il était indigné de leurs mœurs. […] La sévérité que le roi exerçait alors sur les mœurs de la jeunesse de la cour se reportait aussi sur lui-même. […] La cour était florissante ; la gloire y déguisait le désordre des mœurs, ou le rachetait. […] Elle n’avait rien à changer à ses mœurs pour être d’accord avec les préceptes de la religion. […] Si le triomphe de madame de Maintenon était celui de toutes les femmes de sa société, de leur esprit, de leurs mœurs, de leur a me délicate et pure, sur les habitudes désordonnées du roi, à son tour le changement opéré dans l’esprit et dans les mœurs du roi en opéra un pareil dans cette innombrable multitude de personnes qui ne connaissaient d’autre règle de conduite, d’autre règle du langage que les exemples du monarque.
Tu servais à la fois nos plaisirs et ta gloire Quand des mœurs de ton temps tu nous traçais l’histoire ; Quand tes vers, devenus proverbes en naissant, Marquaient le front des sots d’un stigmate cuisant. […] Peintre habile des mœurs, quel brillant coloris Anime tes tableaux, embellit tes écrits ! […] Tu conserves toujours à chaque personnage Son état et ses mœurs, ses traits et son langage ; Et, par l’illusion complétant notre erreur, Derrière lui jamais l’on n’aperçoit l’auteur. […] Autres temps, autres mœurs ! […] Ne doit-on pas s’étonner que de ces tribunes tutélaires il ne se soit pas élevé une seule voix en faveur de l’indépendance légale de l’art dramatique ; de cet art vraiment national, qui a tant d’influence sur l’opinion et sur les mœurs ; qui plus que tout autre a besoin de liberté, etauquel on n’a pas même daigné accorder le bienfait d’une loi d’exception, qui pût au moins lui laisser entrevoir dans l’avenir un temps plus heureux.
Dira-t-on que cette pièce offre un tableau de mœurs très relâchées ? […] Autre temps, autre mœurs, autres comédies aussi ! […] Nous approuvons d’ailleurs Molière de s’en être tenu aux mœurs, quand même il n’y aurait pas été forcé. […] On doit se rappeler que Plaute fait agir des personnages grecs, mais il y avait entre les mœurs grecques et les mœurs latines une grande ressemblance. […] N’offrant aucune critique de mœurs, ils sont pour nous sans intérêt.
La duchesse de Bouillon, Marie-Anne Mancini, habitait Château-Thierry : c’était une femme douée ou affligée, comme ses sœurs et ses cousines, d’une imagination vive et sans frein, et de mœurs très libres. […] à mes yeux, ils ne sont pas moins remarquables que Louis XIV dans l’histoire des mœurs, et n’ont pas moins ajouté à son influence par leur concours, qu’il n’a ajoute à leur gloire par sa protection. […] Boileau, ce Boileau qui depuis affecta des mœurs si rigides, fit l’apologie de Joconde.
Voilà pour les personnes et les mœurs. […] C’était un grand pas de fait vers la peinture des mœurs et des caractères : il fut donné à ce même génie d’achever l’ouvrage qu’il avait commencé. […] Les Précieuses ridicules furent le premier tableau peint d’après nature, le premier qui représentât des personnages vrais et des mœurs réelles. […] Elle alla sur-le-champ à Versailles se jeter aux pieds du roi, accompagnée du curé d’Auteuil, qui devait rendre témoignage des bonnes mœurs du défunt. […] De nos jours, le Mariage de Figaro, Pinto, les Mœurs du Jour, etc., ont été joués seuls.
La scène est à Barcelone, l’époque de l’action est moderne, les personnages sont des princes, et les mœurs sont tout à fait nationales. […] « La comédie de La Princesse d’Élide, dit Voltaire, quoiqu’elle ne soit pas une des meilleures de Molière, fut un des plus agréables ornements de ces jeux, par une infinité d’allégories fines sur les mœurs du temps, et par des à-propos qui font l’agrément de ces fêtes, mais qui sont perdus pour la postérité. » Il faut croire que Voltaire, lorsqu’il écrivit ces lignes, n’avait conservé de la pièce qu’un souvenir peu fidèle. […] Molière excepté, tous les imitateurs de Tirso de Molina ont, comme lui, fait de don Juan un de ces hommes qui ne sont au fond ni croyants ni incrédules, un de ces libertins de mœurs plutôt que d’opinions, à qui une vie toute de désordres a fait perdre de vue les principes religieux, sans que jamais leur esprit se soit appliqué à les combattre. […] On peut, sans être coupable de cette odieuse imposture, affecter une foi plus ardente et une conduite plus régulière qu’on ne l’a réellement : c’est moins feindre un sentiment qu’en outrer les apparences, et soi-même alors on est dupe le premier de sa propre exagération ; mais celui qui cache une âme perverse et des mœurs infâmes sous les dehors d’une piété profonde, et qui allègue l’intérêt du ciel pour commettre et justifier tous les crimes, celui-là est un véritable hypocrite, et cet hypocrite est nécessairement un athée. […] On avait cherché à prévenir le roi contre Le Festin de Pierre, en lui représentant que les actions et les paroles de dom Juan étaient de la plus dangereuse conséquence pour les mœurs et pour la religion.
Il serait difficile peut-être de concevoir comment les mœurs de la capitale seraient revenues de leur débordement, lorsque le désordre de la cour avait passé toutes les bornes. Mais l’excès de ce désordre même avait concouru à en amener le terme, et la société polie avait marqué le moment d’une réforme, pour les mœurs générales comme pour celles de la cour et du monarque même, dont l’exemple leur était si funeste. […] En 1670, son histoire et celle de la bonne compagnie se confondent avec l’histoire des mœurs de la cour et celle du roi lui-même. Il est, ce me semble, curieux de savoir comment l’autorité de la société polie, la considération qu’elle donnait aux personnes qu’elle distinguait, celle qu’elle en recevait, celle qu’y sut acquérir madame de Maintenon, parvinrent, à l’aide des agréments personnels et par la conversation de cette femme célèbre, à opérer un changement total dans les mœurs de la cour ; changement qui eut été trop heureux si l’ambition des ministres n’eut jeté l’esprit du roi dans une extrémité opposée ; je veux dire dans l’aveugle dévotion. […] Le duc de Saint-Simon, dans sa juste animadversion pour l’injure que fit aux pairs, aux princes, à la nation entière, à son droit public, à ses mœurs, l’élévation du duc du Maine, fruit d’un double adultère, mais devenu digne d’une haute destinée par les soins de madame de Maintenon ; le duc de Saint-Simon, dis-je, comparant la naissance du duc du Maine avec les honneurs démesurés dont cet enfant fut comblé, se laissa aller au plus cruel et au plus injuste mépris pour madame de Maintenon, à qui le jeune prince devait le mérite précoce et distingué qui avait favorisé son élévation.
C’étaient mêmes idées, mêmes principes, mêmes habitudes ; dans toutes une vie régulière et décente, des mœurs chastes, un esprit orné, une raison cultivée, également opposée aux mœurs de la cour, à la pédanterie des précieuses outrées, et à la dévotion feinte ou réelle qui était le refuge de la galanterie repentante ou répudiée. […] Ce fut un témoignage de l’honnêteté de mœurs, de la sagesse d’esprit, de la pureté de principes et de goût qui régnaient dans cette société, de la considération qu’y avait acquise madame Scarron, et du fonds de raison qui caractérisait Louis XIV. Ici se place une observation essentielle : c’est qu’en 1669, quand le roi autorisa de premières démarches pour engager madame Scarron à se charger de ses enfants naturels, aucune apparence de dévotion ne se rencontrait dans la société qu’elle fréquentait ; et j’ajoute qu’aucune apparence de dévotion n’avait atteint ni le roi, ni madame Scarron ; de sorte que la gloire de sa désignation appartient tout entière à l’honnêteté des mœurs et à la bonne compagnie. […] Madame Scarron n’était pas plus hypocrite quand elle invoquait la religion au secours de l’honnêteté de ses mœurs que Bossuet n’était un charlatan et un mondain, quand, plus tard, voulant ramener le roi à la soumission aux lois de l’Église, il invoquait, en faveur de la foi conjugale violée parce prince, les lois de l’honneur elles intérêts de la gloire qu’il s’était acquise.
En 1610, pendant que la société de Rambouillet prenait un heureux essor, la publication du ier volume d’un roman nouveau fit événement dans le monde, et concourut puissamment à déterminer le changement de mœurs qu’amenait le cours des choses, en dirigeant les esprits vers un nouveau genre de la galanterie tout opposé à celui qui régnait en France, depuis François Ier. C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. […] Les gens de lettres doivent bien se persuader que la littérature de tous les temps reçoit des directions inévitables des mœurs régnantes dans la nation, et que c’est une des lois du mouvement en politique et en morale, d’amener à la suite d’une longue période de dissolution, une période de réserve affectée et de pruderie.
À mesure que l’on s’éloignait de Paris et de Saint-Germain, on était de plus en plus frappé de la rusticité des mœurs, du ton et du langage. […] La peinture des mœurs y est moins étendue, moins générale que dans Le Misanthrope ; mais l’action en est plus vive et plus animée. […] Il subira des variations, il changera d’objet et de forme, selon le mouvement des esprits et des mœurs ; mais il subsistera toujours, et la race des Philamintes est impérissable comme celle des Trissotins. […] C’était remonter à deux cents ans ; c’était oublier que les mœurs d’un siècle sont incompatibles avec celles d’un autre, et que, par un certain enchaînement de vertus et de vices, il y a un progrès nécessaire de lumières comme de mœurs, auquel il est impossible de résister. » Qui ne rirait un peu d’entendre un rhéteur de nos jours reprocher à Molière, où de n’avoir pas bien connu les mœurs, les opinions, les préjugés de son siècle, ou d’avoir violé une des premières règles de son art, en introduisant dans une peinture contemporaine un personnage d’une autre époque, c’est-à-dire en manquant au costume, en faisant ce qu’on pourrait appeler un anachronisme dramatique ? […] Bonnefoi, notaire prévaricateur, et méritant un châtiment légal, est un personnage étranger à l’état actuel de la société, ou, pour mieux dire, privé de ce caractère de vérité générale qui convient à la comédie de mœurs.
L’usage de choisir souvent la rue pour le lieu de la scène, usage que nous ont transmis les Latins, me paraît, dans nos mœurs, choquer la vraisemblance. […] C’est le Phormion du Térence, adapté de gré ou de force aux mœurs modernes, et auquel on a ajouté une reconnaissance outre celle qui y est déjà. […] Mais, à cet égard même, la peinture de mœurs qu’offre la pièce, est trop exclusive et prise sous un point de vue trop borné. […] Et d’ailleurs s’il s’agit du vrai comique, le relâchement des mœurs de la haute société n’a rien de divertissant. […] Cette bonhomie dont je parle se rencontre sans cesse dans les classes inférieures de la société, où elle n’a pas encore été étouffée par le raffinement des mœurs.
De la nature humaine immortel interprète, Comédien, penseur, philosophe, poète, Qui, planant de si haut sur l’univers moral, Gai comme Rabelais, profond comme Pascal, Des mœurs que châtiait ta verve satirique, Traças pour tous les temps la peinture historique, Ô Molière ! […] De l’hôtel Rambouillet le héros favori, Cotin, le grand Cotin, Boursault et Montfleuri Lançaient contre tes mœurs d’injurieux libelles, Ou même décriaient tes œuvres les plus belles. […] Grâce à toi le bouffon est presque le sublime, Et l’homme entier respire en ces cadres légers, De ton malin pinceau caprices passagers, Comme en ces grands tableaux pleins d’images si vives, Des mœurs de ton époque admirables archives.
Mais qu’est-il besoin d’aller chercher dans l’œuvre ignoré d’un auteur inconnu le germe d’une pièce dont Molière trou-voit le sujet dans les mœurs de son temps et le comique dans son génie ? […] Le vieillard du parterre avait raison, voilà la bonne comédie , celle qui retrace des caractères et des mœurs véritables, qui fronde des vices et des travers réels. […] Quoique l’ouvrage n’ait pas de but moral, et ne prétende pas même offrir une peinture de mœurs, on ne peut au moins s’empêcher de voir, dans le petit rôle de Gorgibus, une esquisse fidèle des opinions, des manières et du langage des petits bourgeois de ce temps-là. […] Le goût a changé avec les mœurs ou plutôt avec les bienséances. […] Ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans le monde, dont la vraie comédie entreprend de retracer les actions ordinaires, aussi bien que d’en peindre les mœurs habituelles.
Molière, qui n’avait encore mis au théâtre que les mœurs franches et comiques de la bourgeoisie de son temps, y porta, pour la première fois, dans Le Misanthrope, les mœurs plus élégantes, mais moins dramatiques, de la haute société. […] Le misanthrope, tel que l’a peint Molière, est entièrement dans les mœurs modernes. […] Il y a, dans les autres, plus ou moins de véritable comédie ; on y aperçoit de légères esquisses de caractères, de ridicules et de mœurs réelles. […] Des bergers, ayant les inclinations, les mœurs et le langage des gens du grand monde, sont des personnages qui n’ont ni réalité ni vraisemblance, des personnages que la nature n’offre pas et que l’art doit s’abstenir de créer. […] Molière subit cette loi imposée par le goût fastueux du monarque, en transportant sur les bords de l’antique Pénée, les mœurs du moderne Lignon, en substituant aux simples pasteurs de la vallée de Tempé, les bergers de qualité dont l’imagination de d’Urfé avait peuplé les vallons du Forez.
Ajoutez à ce rare mérite de Térence, qu’il abandonne enfin la peinture des mœurs basses de la Grèce pour ne s’occuper que des mœurs élevées de l’Italie. […] Le poète nouveau, Regnard, faisait bien mieux que représenter les mœurs de son époque, il y avait, en son œuvre de démon, un certain pressentiment qui lui faisait deviner les mœurs d’une époque à venir, et cette époque était proche. […] Placez Marivaux entre Molière et Regnard, comme une transition élégante, facile et retenue, des mœurs bourgeoises aux mœurs relâchées de la cour, et vous remettrez ces deux hommes à la place qui leur convient. […] quelles sottes mœurs ! […] Soutenez ensuite que la comédie est l’école des mœurs !
Je voudrais aujourd’hui étudier le genre d’influence et d’action sociale qu’il a exercé sur le développement de nos mœurs et de notre vie sociale. […] De toutes les situations de l’homme, en effet, sa situation dans la famille est celle sur laquelle le législateur a le moins de prise directe ; c’est celle où les lois et les coutumes sont le plus facilement modifiées par le choc des caractères, et où les mœurs individuelles réagissent avec le plus d’étendue contre les mœurs légales et les mœurs officielles. […] Il n’existe plus guère ; on n’en fait plus du moins, maintenant, un usage général, il a disparu, ou à peu près, de nos mœurs. […] Cet intérêt consistera dans l’étrangeté même des mœurs qui sont le fonds de leurs ouvrages. […] Les femmes, au contraire, ont une facilité merveilleuse à changer de costume et à s’approprier les mœurs les plus diverses.
C’était cependant une pensée hardie et profonde de mettre sur la scène le libertinage de la pensée au libertinage des mœurs. […] Dans la pièce espagnole, don Juan n’est pas un athée, mais un débauché : c’est pour ses vices et ses mœurs, et non pour sa foi, qu’il est puni. […] Il est probable que le mot athée est ici synonyme de criminel et que les auteurs n’y ont pas vu autre chose que la licence des mœurs. […] Ce qui fait l’originalité du personnage, n’était-ce pas précisément ce mélange du libertinage de l’esprit et du libertinage des mœurs dans une même âme ? […] Il semblait que Molière l’eût deviné d’avance et eût voulu discréditer son rôle de censeur de mœurs, en le tournant en ridicule.
Messieurs, les badauds, ayez moins de morale Et plus de mœurs. […] Non, sans doute : comme peintre de mœurs (et c’est là le grand mérite de M. […] Picard ; mais ayant à retracer dans un ouvrage que je me propose de publier incessamment les mœurs d’une époque qu’il a si bien peinte dans tous les siens, j’ai dû faire de son théâtre surtout une étude particulière, et c’est en l’approfondissant que j’ai de plus en plus apprécié l’excellence d’un talent fait pour honorer notre siècle.
Le quatrumvirat, place sous les créneaux de Louis XIV, obtint une victoire facile sur le ridicule, mais il succomba devant l’honnêteté, parce qu’elle était appuyée sur la haute société, qui joignait le bon goût à la délicatesse des mœurs. Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite.
La comédie peint les mœurs des hommes pour les corriger. […] « Des bonnes mœurs ? […] Il est le législateur de certaines mœurs qui ne sont pas admirables, mais qui ne sont pas mauvaises, qui sont mœurs bourgeoises, qui sont mœurs mondaines, qui sont mœurs pour n’être pas ridicule. […] Certains philosophes réduisent la morale à la science des mœurs, à bien connaître ce que sont les mœurs du temps et à s’y conformer. […] Connaissez les mœurs des hommes et conformez-vous à la moyenne de ces mœurs-là ; vous serez très heureux et vous serez très estimable.
Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie, Doit être son étude & sa philosophie. […] Les femmes d’à-présent sont bien loin de ces mœurs : Elles veulent écrire & devenir auteurs : Nulle science n’est pour elles trop profonde ; Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir ; Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir.
L’école des mœurs doit être non seulement assez décente pour ne pas corrompre le cœur & l’esprit ; elle doit l’être jusqu’au point de ne blesser ni les yeux ni les oreilles, je ne dis pas d’une jeune personne qu’une mere croit pouvoir mener au spectacle sur la foi de l’honnêteté publique, j’ajoute de tout homme qui pense. […] Nous trouverons encore dans Moliere des indécences plus dangereuses pour les mœurs, témoins ces enlevements auxquels une jeune personne consent très lestement, comme si rien n’étoit plus ordinaire, ou du moins plus permis, plus décent. […] « Cette piece n’est pas, si vous voulez, l’école des bonnes mœurs, mais c’est l’école de l’esprit & du bon comique ». […] Si les Auteurs doivent faire parler leurs personnages décemment, il est une décence qu’ils sont obligés d’observer eux-mêmes en critiquant les mœurs, les vices ou les ridicules de quelqu’un qui tient à un Corps respectable. […] La scene est l’école des mœurs & non une école d’injures.
La Piece des Mœurs du Temps mise à côté de l’Ecole des Bourgeois, & Béverley à côté du Joueur Anglois. [LES MŒURS DU TEMPS] Précis des Mœurs du Temps. […] Passons à la scene des Mœurs du Temps, & l’on verra que, différente par la marche, le style & le dialogue, elle est tout-à-fait ressemblante par le fond.
Mademoiselle de Montpensier s’explique assez clairement sur les mœurs de la reine, à l’occasion de l’arrivée du roi d’Angleterre à la cour, où il venait dans l’intention d’épouser la princesse. […] Ces mœurs étaient antipathiques avec celles des familles de Vivonne et d’Angennes, et leur contraste accroissait la considération qui s’attachait à l’hôtel de Rambouillet.
. — État et mœurs de la cour, vers 1630. — Composition de la société de Rambouillet. — Montausier : son caractère. […] Au spectacle de cette période de terreur, c’est, je pense, une consolation de voir s’élever une autre grandeur que la grandeur de la cour, une autre autorité d’exemple et d’opinion, un autre modèle de société, une autre source de mœurs, d’idées, de principes ; c’est surtout un besoin pour les âmes douces et nobles, au milieu des tourments politiques qui les épuisent, d’entrevoir dans une société nouvelle un asile fermé à l’esprit de faction, et où se retrouvent les principales aménités de la vie civilisée.
Cependant madame de Caylus dit, au sujet de la première espérance de conversion que donna le roi, que madame de Montausier avait aussi contribué à son retour vers la religion et les mœurs. […] Elle devait même monter plus haut que madame de Montausier ; mais c’est une singularité de sa fortune que la première circonstance par où elle fut signalée, fut l’acquisition de la terre de Maintenon qui appartenait à la maison d’Angennes, dont le marquis de Rambouillet était le chef ; et que, quand le roi donna à madame Scarron, comme on le verra en suivant l’ordre des faits, le titre et le nom de marquise de Maintenon, ce titre et ce nom étaient portés par un des fils d’Angennes ; de sorte qu’elle succéda à un domaine, à un titre, à un nom de l’hôtel Rambouillet, en même temps qu’à la réputation d’esprit et de mœurs, et à la considération de la duchesse de Montausier, dernier rejeton de cette maison.
., le goût français, semblable au rat de la fable, sortant pour la première fois de son trou, eut la fantaisie de voyager, de voir la nature, les villes, les mœurs des hommes, le monde enfin. […] S’il en est un qui ait une famille, des mœurs, de la propreté et du bon sens, elle sourit de pitié. […] Mais ce drame étonnant est moins une peinture des mœurs contemporaines, qu’une sorte de prophétie. […] Le dernier trait, l’acte suprême du pouvoir exercé par lui sous l’autorité du roi, fut l’exécution d’une coterie qui, par l’austérité réelle ou affectée de ses mœurs, était importune à la cour. […] « Le poète, dit Hegel, doit avoir égard à la culture intellectuelle, aux mœurs et au langage de son temps.
Si, dans les comédies dont nous avons déja parlé dans ce volume, Moliere a un peu trop copié ses originaux ; s’il nous a présenté des objets tout-à-fait étrangers à nos mœurs, c’est-à-dire des captifs, des vieillards dupes de la magie blanche, des revenants, &c. qu’il s’est bien corrigé dans l’Ecole des Maris ! […] La bourse & la ceinture que Bocace fait envoyer par la femme, ne sont pas des présents convenables selon nos mœurs. […] quelles mœurs ! […] J’ai rapporté ceux-ci pour faire connoître l’art avec lequel notre comique a su les rendre propres à nos mœurs & à son sujet.
Si le véritable art dramatique y fait presque complètement défaut, du moins nous offriront-elles un des côtés les plus curieux des mœurs de nos pères. […] Assurément il n’est pas malaisé de reconnaître dans mainte et mainte scène de nos vieux Mystères les mœurs bourgeoises ou les usages seigneuriaux du temps. […] Je ne prétends donc point chercher ce qu’aurait produit notre génie dramatique si, au lieu de raviver la cendre d’Agamemnon ou la poussière des Sosie et des Dave, il se fut consacré à perpétuer les souvenirs héroïques de l’histoire nationale ou à peindre les mœurs de notre société à ses divers âges. […] Quel plaisant tableau de mœurs! […] C’est la morale de la pièce, et c’est encore un trait de mœurs à relever dans ce chef-d’œuvre qui en présente tant d’autres.
quelle imitation des mœurs ! […] Saint-Evremond dit qu’il s’étoit formé sur les anciens à bien dépeindre les gens et les mœurs de son siècle dans la comédie, ce qu’on n’avoit pas vû encore sur nos théâtres. […] Mais les deux poètes latins, plus uniformes dans le choix des caractères et dans la maniéré de les peindre, n’ont représenté qu’une partie des mœurs générales de Rome. […] De La Bruyère, les Caractères ou les Mœurs de ce siècle. […] quelle imitation des mœurs, quelles images, et quel fléau du ridicule !
Il est impitoyable pour les sophistes, qui, en enseignant que tout est probable, c’est-à-dire que rien n’est vrai, qu’en chaque question le pour et le contre peuvent également se soutenir, sapaient les anciennes mœurs avec les anciennes convictions. […] On pressent seulement que du milieu des décombres entassés joyeusement par sa verve insouciante, doivent sortir de nouvelles mœurs, une nouvelle religion, un nouvel ordre de choses210. […] Les mœurs étaient simples. […] La satire, prosaïque en elle-même, ne peut devenir poétique que lorsqu’elle nous met devant les yeux l’image de la dégradation des mœurs, d’une société corrompue et dépravée qui se détruit par sa propre folie. C’est ainsi qu’Horace nous trace un portrait vivant des mœurs de son temps, et de toutes les sottises qu’il avait sous les yeux.
Cette réunion de quatre grands poètes, leur concert pour favoriser les mœurs de la cour, célébrer les maîtresses, exalter, sous le nom de magnificence royale, des profusions ruineuses, étaient au grand préjudice des mœurs générales.
Cet événement fut au nombre de ceux qui concoururent, dans la période de 1670 à 1680, à opérer de grands changements dans la situation, dans l’esprit et le caractère du roi, et a confirmer l’ascendant qu’avaient pris sur les mœurs de la cour les exemples des personnes en qui s’étaient conservées les traditions morales de l’hôtel de Rambouillet. […] Cette dame (madame Scarron) a parlé de vous avec une tendresse et une estime extraordinaires ; elle dit que personne n’a jamais tant touché son goût, qu’il n’y a rien de si aimable ni de si assorti que votre esprit et votre personne. »Cette lettre est rapportée ici pour montrer l’union et la conformité de mœurs et d’esprit qui existaient entre madame Scarron, madame de Sévigné, sa fille, et leur société.
Ces caractères méritaient sans doute d’être traités suivant les mœurs des Grecs et des Romains. […] Caffaro que saint Thomas lui-même, dans son indulgence pour les spectacles, n’a jamais songé à permettre un outrage public fait aux bonnes mœurs. […] Il était impossible de mieux démontrer que ne l’a fait Bossuet, que la comédie était, non pas l’école des mœurs, mais l’école des passions. […] Ce sont ses mœurs, ses amours, ses amitiés, qu’il a placés là tout exprès pour en tirer la plus admirable comédie du théâtre, la première comédie de mœurs qui eût été entreprise par Molière ! […] Mademoiselle Mars l’avait très bien compris, ce périlleux passage du génie à l’esprit, des mœurs sévères aux mœurs relâchées.
Ces sortes de satires tombent directement sur les mœurs, et ne frappent les personnes que par réflexion. […] ...Que son dessein est de peindre les mœurs, sans vouloir toucher aux personnes.
C’est encore un tableau, une peinture des mœurs du xviie siècle avec des caractères éternellement vrais. […] Il ne s’y trouve ni étude de mœurs ni tableau d’une époque. […] C’était un homme sans goût, sans tact, sans délicatesse, et, en effet, quelle délicatesse pouvait-on attendre d’un homme qui vivait dans ce milieu de théâtre où les mœurs sont si mauvaises ? Et on ajoutait tout de suite que les mœurs de Molière étaient particulièrement épouvantables.
Ce sont deux personnes de qui les mœurs sont tout à fait opposées, et qui n’ont rien de commun que la ressemblance du nom. […] Les mœurs ne regardent point l’époux des demoiselles Béjart. Si je m’occupais des mœurs, ce serait comme si je jouais la tragédie : je ne ferais pas mes frais ! […] Le roi revint à son épouse dédaignée, et ses mœurs, jusqu’à la fin de ses jours, furent celles d’un chrétien. […] A force de ne pas se mettre en peine des mœurs du temps, on finit par leur lâcher bride et elles s’emportent à l’extrême corruption.