Oui, sans doute, il a souvent renforcé et multiplié les traits dont ses caractères sont formés. […] C’est ici, peut-être, le lieu de repousser une prétention exorbitante formée par une nation étrangère. […] Molière ne se bornait pas à cultiver son talent ; il travaillait aussi à former son esprit et son cœur. […] En conséquence, une troupe fut formée de l’élite de la troupe du Marais et des débris de celle de Molière. […] Il faut excepter les cas où la grande pièce était assez longue pour former à elle seule le spectacle.
Quelques bourgeois de Paris formèrent une troupe dont Molière était ; ils jouèrent plusieurs fois pour se divertir. […] C’en fut assez pour former de la dissension entre ces trois femmes. […] L’amitié qu’ils avaient formée dès le collège, Chapelle et lui, dura jusqu’au dernier moment. […] messieurs, poursuit Molière, que vous ai-je fait pour former un si beau projet sans m’en faire part ? […] Madeleine Béjart revint à Paris, avec ses deux frères, en 1645, et concourut à former l’illustre théâtre.
Ils ne sont là que pour former un cadre. […] La 10e entrée : Réunion du Carnaval et des peuples qui forment cette mascarade, Corrigeons de l’hiver la rigueur naturelle... […] Tout eût été expliqué dans les épisodes qui semblent se présenter sans raison, et la pièce eût surtout gagné par sa fin, qui eût été faite avec la poursuite des apothicaires ; ces apothicaires sont la gaieté ; le rire disparaît quand il sont partis ; ils ne devraient donc point se montrer au premier acte, car ils tuent l’élément comique pour le reste de la soirée, et ils formeraient un finale brillant, croissant en gaieté, tandis que le troisième acte actuel s’éteint dans l’ennui d’un rire forcé et trop prolongé. […] C’était là un professeur peu sévère, et cette récréation assez enfantine formait sans doute une sorte de prologue.
Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit, Dont le bel art réjouissait la France : Ils sont partis, et j’ai peu d’espérance De les revoir.
Voici le titre de deux de ces pieces, par où le lecteur pourra s’en former quelque idée. […] Une troupe d’autres comédiens se forma pour la premiere fois, & prit d’eux à loyer le privilége, & l’hôtel de Bourgogne. […] Charlemagne, par une ordonnance de l’an 789, mit aussi les histrions au nombre des personnes infâmes, & auxquelles il n’étoit pas permis de former aucune accusation en justice. […] Un génie aisé, riche, naturel, lui fournit tout ce dont il a besoin ; des ressorts pour former les noeuds & les dénouer ; des traits, des pensées pour caractériser ses acteurs ; des expressions naïves, fortes, moëlleuses, pour rendre les pensées & les sentimens. […] De retour à Paris, il établit une troupe accomplie de comédiens, formés de sa main, & dont il étoit l’ame : mais il s’agit ici seulement de le considérer du côté de ses ouvrages, & d’en chanter tout le mérite.
Lysidas a formé trois disciples fameux : William Schlegel, Jean-Paul Richter et Hegel. […] Mais peut-il en former ? […] L’idéal que vous avez extrait de mes œuvres, est plus pur et plus parfait que mes œuvres mêmes ; car voici comment vous l’avez formé : vous avez retranché de mon théâtre deux choses, les allusions personnelles et les indécences. […] Elle s’est ainsi formé un sens esthétique (mais ce mot n’est pas de sa langue), un instinct du bon et du mauvais, du beau et du laid, du vrai et du faux, un véritable tact littéraire. […] On vante avec raison les ouvrages des anciens comme des modèles ; les auteurs en sont appelés classiques et forment, parmi les écrivains, comme une noblesse dont les exemples sont des lois pour peuple.
Par conséquent ne perdons jamais de vue le double but de la comédie, qui est d’instruire en divertissant, & tâchons, en imitant Moliere, le meilleur des imitateurs, l’imitateur de la nature, tâchons, dis-je, de nous former un empire sur la scene entre lui & Regnard. […] Indépendamment de tout cela, mille circonstances ont concouru à seconder la nature pour former en lui l’homme extraordinaire, & s’opposent trop bien présentement aux progrès d’un Auteur comique.
S’étant formé en Italie, notamment sous la direction de Carissini, Charpentier s’est forgé une manière très personnelle de faire la synthèse entre l’apport italien et le goût français en musique.
Étudions ces caractères, et quand nous nous serons ainsi formé un idéal, nous chercherons par le monde la femme qui le réalise : nous la trouverons assurément. […] Entre le corps et l’esprit dont il est formé, il est aisé de voir auquel il donne la préférence : Oui, mon corps est moi-même, et j’en veux prendre soin ; Guenille, si l’on veut ; ma guenille m’est chère. […] Ainsi s’est formée la perfection de son caractère. […] Accoutumez-la à l’application, au travail domestique, aux détails du ménage, afin qu’elle soit en état d’élever des enfants avec autorité et prudence dans la crainte de Dieu. » Ailleurs il développe sa pensée dans un passage que je rapporterai tout entier parce qu’il prête une force singulière aux observations que j’ai présentées plus haut : « Si une fille doit vivre à la campagne, de bonne heure tournez son esprit aux occupations qu’elle y doit avoir, et ne lui laissez point goûter les amusements de la ville… Si elle est d’une condition médiocre de la ville, ne lui faites point voir des gens de la cour : ce commerce ne servirait qu’à lui faire prendre un air ridicule et disproportionné… Formez son esprit pour les choses qu’elle doit faire toute sa vie ; apprenez-lui l’économie d’une maison bourgeoise, les soins qu’il faut avoir pour les revenus de la campagne, pour les rentes et pour les maisons qui sont les revenus de la ville… et enfin le détail des autres occupations d’affaires ou de commerce dans lequel vous prévoyez qu’elle devra entrer, quand elle sera mariée. » Ces occupations, c’est le vrai rôle et la dignité de la femme ; car, selon le même Fénelon « il faut un génie bien plus élevé et plus étendu pour s’instruire de tous les arts qui ont rapport à l’économie… que pour jouer, discourir sur des modes, et s’exercer à de petites gentillesses de conversation. » C’est aussi son vrai bonheur, et je ne vois pas sans regret que beaucoup de femmes soient devenues par leur faute, comme des étrangères dans leur famille, ignorantes des affaires du mari, qu’elles ne connaissent souvent que par leur ruine, une sorte d’objet de luxe qu’il entretient à grands frais, et qu’il montre, mais auquel il ne tient que par vanité. […] C’est sa qualité dominante ; elle la tient de Chrysale, car, si, au jugement de sa femme, il a l’esprit formé d’atomes trop bourgeois, Chrysale n’est pourtant point un sot ; il estime les gens pour ce qu’ils valent, non pour ce qu’ils ont.
Quinault fut formé dès l’enfance à la poésie, par Tristan l’Hermite : il n’avoit que dix-huit ans lorsqu’il composa les Rivales. […] Apportez tout ce qu’il faut pour écrire & former une lettre ; une aiguille, de la cire, des tablettes & du lin....
Je l’avoue, Messieurs, ma tâche est douce à remplir ; je moissonne dans un champ de fleurs sans épines, et je puis les prendre au hasard pour en former la couronne que je dépose aujourd’hui sur la tombe du moderne Anacréon. […] Ceux du temps- passé ne ressemblent pas à ceux du siècle présent ; mais cette variété de physionomie, cette bigarrure d’ajustements, n’en forment pas moins une galerie intéressante pour le curieux qui examine et pour l’observateur qui compare.
Lesbino, désespéré, cherche à persuader à Arlequin qu’il doit le tuer, lui Lesbino, parce qu’il a formé le dessein d’assassiner son maître. […] Andreini fit paraître à Venise, en 1607, un recueil des traits les plus comiques de son rôle : Le Bravure del capitano Spavento, divise in molti ragionamenti in forma di dialogo.
Une pièce de lui, jouée par lui-même et par les comédiens qu’il avait formés, devait offrir la perfection de l’art théâtral. […] Quoi qu’il en soit, Molière fut pendant quelque temps incertain s’il donnerait suite à son projet, et ce ne fut que cinq mois après la représentation de L’École des femmes, qu’il fit jouer La Critique, tableau malin et pourtant fidèle, où était représentée chacune des différentes espèces de détracteurs, dont l’assemblage formait la cabale acharnée contre son dernier ouvrage. […] Après la mort de Molière, de Brie fut conservé, mais seulement avec demi-part, dans la nouvelle troupe formée de la réunion de celles du Marais et du Palais-Royal ; il y mourut le 9 mars 1676. […] Racine, frappé du talent qu’elle avait montré en jouant le rôle d’Axiane, dans sa tragédie d’Alexandre, forma le projet de la faire entrer à l’hôtel de Bourgogne, où il avait résolu de donner dorénavant ses ouvrages. […] Cependant, outre le choix de Racine, qui seul formerait un préjugé favorable pour Montfleury, il est certain que de son temps on le regardait comme un très grand acteur, et cela n’empêche pas que la critique de Molière ne soit juste.
Que les domestiques d’Éraste, ayant découvert ce dessein, forment à leur tour celui d’assassiner l’oncle ? […] « Après avoir obtenu le consentement qu’elle souhaite, elle exige de ces mêmes princes qu’ils applaudiront au choix qu’elle va faire : et les deux princes, qui s’étaient expliqués, ne forment aucun obstacle ; elle déclare qu’elle donne la préférence à celui qui a su vaincre le dédain par le dédain ; alors le prince, lui demandant qui il est, elle répond : toi seul, et lui donne en même temps la main. […] Il certain que les préliminaires de la fête, le cérémonial, répété par trois personnages différents, de nommer et reconnaître une couleur, et la danse qui doit succéder, forment des longueurs qui fatiguent l’attention du spectateur et suspendent l’intérêt ; et c’est sans doute par cette raison que Molière, ou ne fit aucun usage de tout le reste du second acte, ou qu’il l’aurait tourné autrement s’il s’en était servi, comme on le verra par les détails que je vais ajouter. […] « [*]Quoique le secret de Raisin fût connu (à la Cour) il ne laissa pas de former le dessein de tirer encore parti de son épinette à la foire suivante de l’année 1662. […] « [*]Les trois enfants de Raisin, et quelques autres dont Raisin avait formé une troupe, représentaient, tant bien que mal, deux petites pièces qu’ils faisaient rouler, Tricassin rival et L’Andouille de Troyes.
A peine eut-il achevé ses Estudes où il reussit parfaitement bien, qu’il se joignit avec plusieurs jeunes gens de son age & de son goust, & prit la resolution de former une Trouppe de Comediens pour aller dans les Provinces jouer la Comedie. Son pere – – – – le fit solliciter par tout ce qu’il avoit d’amis de quitter cette pensée, & n’aiant pu rien gagner par leurs remontrances, ni par les promesses qu’ils lui firent de sa part, il lui envoia le maître chez qui il l’avoit mis en pension pendant les premieres années de ses études – – – – – ; mais bien loin que le maître lui persuadât de quitter la profession de Comedien, le jeune Moliere lui persuadât d’embrasser la même profession. – – – – Sa trouppe étant formée il alla jouer à Rouen & de là Lyon, où aiant plu au Prince de Conti, &c 35. […] Colbert fut chargé de faire choix des plus habiles Acteurs qui restoient dans la troupe du Palais Roial, & des plus habiles de celle du Marais, & d’en former une belle troupe sous le nom de la Troupe du Roi.
Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier.
Non, monsieur, croyez-moi encore une fois, ne vous abandonnez point au dessein que vous avez formé ; faites-vous avocat, je vous réponds du succès ».
La confidence réitérée que fait Horace au jaloux Arnolphe, toujours la duppe, malgré ses précautions, « D’une jeune innocente, & d’un jeune éventé, le caractére inimitable d’Agnès, le jeu des personnages subalternes, tous formés pour elle, le passage promt & naturel de surprise en surprise, sont autant de coups de maître. […] Enfin la troupe formée, en 1673, des débris de celle du marais & de celle du palais royal, représenta à l’hôtel de Guénégaud, en 1677, le festin de Pierre de Moliere, que Thomas Corneille avoit écrit en vers. […] Mais il ne se bornoit pas seulement à former ses acteurs ; il entroit dans toutes leurs affaires, soit générales, soit particuliéres, il étoit leur maître & leur camarade, leur ami & leur68 protecteur ; aussi attentif à composer pour eux69 des rôles qui fissent valoir leurs talens, que soigneux d’attirer dans sa troupe des sujets qui pûssent la rendre plus célébre. […] C’est par des exemples pareils, plus sensibles que de simples discours, qu’il s’appliquoit à former les mœurs de celui qu’il regardoit comme son fils. […] La Raisin, veuve d’un organiste de Troyes, avoit formé une troupe de jeunes enfans, sous le nom de troupe Dauphine ; elle pria Moliere, en 1664, de lui prêter son théatre pour trois représentations : Moliere, informé du succès qu’avoit eu le jeune Baron les deux premiers jours, résolut, quoique malade, de se faire porter au palais royal à la troisiéme représentation, & obtint le lendemain un ordre du Roi, pour faire entrer Baron dans sa troupe.
C’est un style tout formé, plus franc que la pensée, facile dans ces embarras du plan et ce pêle-mêle d’incidents ; quelque chose de sec, mais de spirituel et de vigoureux ; un grand poète qui pointe sous l’imitateur de Hardy. […] Il a voulu la former tout exprès pour lui ; il ne lui souffre aucun goût auquel il aurait à sacrifier les siens ; il lui a interdit les bals, les rubans, et jusqu’à la société de Léonor, sa sœur. Il la tient sous clef, non en jaloux, il est trop vain pour être jaloux, mais par système ; il pense l’avoir formée parce qu’il la voit résignée, et convaincue parce qu’elle cède. […] Esprits très cultivés, formés par le monde, c’est la raison la plus fine qu’ils emploient pour attaquer ou pour se défendre. […] C’est une personne d’esprit qui s’est formée et fortifiée dans son naturel par les travers d’autrui.
Comment, messieurs, poursuit Molière, que vous ai-je fait pour former un si beau projet sans m’en faire part ?
tout ce grand projet, qui m’a mise en courroux, Tu l’as formé pour moi, Mascarille ? […] Tu l’as formé pour moi, Mascarille ?
« Quoi qu’il en soit, de cette portion d’une farce en trois actes, j’en fis la comédie du Fils naturel en cinq ; & mon dessein n’étant pas de donner cet ouvrage au théâtre, j’y joignis quelques idées que j’avois sur la poétique, la musique, la déclamation & la pantomime ; & je formai du tout une espece de Roman que j’intitulai le Fils naturel ou les Epreuves de la vertu, avec l’histoire véritable de la piece. […] Vous avouerai-je les espérances que je conçus alors, les offres que je fis, tous les projets que je formai ?
En effet, si le faux bel esprit ne fut pas anéanti du coup que lui avait porté Molière, du moins il cessa de dominer, de triompher, d’insulter publiquement à la raison et au bon goût, enfin, de former un parti puissant devant lequel celui du véritable esprit osait à peine se montrer. […] Le public applaudissait à ces compositions monstrueuses : les chefs-d’œuvre qui seuls pouvaient former son goût n’existaient pas encore. […] Dans L’École des maris, il se montra imitateur plus judicieux et plus habile encore, en puisant dans divers auteurs les éléments variés qu’il devait combiner de manière à former l’ensemble d’une bonne comédie de caractère, de mœurs et d’intrigue.
Comédie à trois voix, suivie de deux divertissements chantés et dansés ; côté modeste et toutefois charmant, devant lequel le lecteur passe trop souvent sans le voir, mais sur lequel s’arrête volontiers le musicien », surtout, ajouterons-nous à notre tour, quand le musicien est un de ces fins lettrés que la fréquentation des bons auteurs et la pratique du meilleur monde ont formés de longue main aux travaux de ce genre.
Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie, Doit être son étude & sa philosophie.
À peine l’Académie était-elle formée quand Corneille donna Le Cid.
Les sociétés formées des débris de l’hôtel Rambouillet, les femmes de bonne compagnie, voient sans déplaisir Molière ramener au naturel les affectations de pruderie et de bel esprit ; mais elles continuent à mettre en honneur l’honnêteté, la décence des mœurs, la pureté et l’élégance du langage, et elles parviennent à en assurer le triomphe.
et enfin, quel besoin Molière avait-il de Plaute, pour former le projet d’attaquer un travers de mœurs que la cour et la ville offraient incessamment à ses regards ? […] Un sot, formé des mains de Molière, ne pouvait être le sot commun qui court les rues et qu’on voit partout. […] L’aventure de Sostrate est plus brillante, et sa destinée plus véritablement glorieuse ; mais ce qui n’était point contraire aux mœurs des antiques monarchies de la Grèce, eût trop choqué des mœurs modernes, formées de l’orgueil féodal et de la fierté castillane. […] Il fut historiographe des bâtiments, des arts et manufactures, secrétaire de l’Académie d’architecture, et un des huit qui formèrent, dans le principe, l’Académie des inscriptions.
Néanmoins, quand la maîtresse du roi ne fait pas scandale dans la société, la société est plus corrompue que le roi, parce que, en l’imitant, elle n’a pas comme lui l’excuse de mariages formés par la politique, au lieu de l’être par les convenances morales.
On ne saurait affirmer si des roturiers crurent sincèrement qu’ils étaient formés d’un limon plus grossier que celui dont les nobles étaient pétris ; mais on a la preuve que quelques-uns de ceux-ci le pensèrent de bonne foi : c’était un travers dont beaucoup d’esprit ne préservait pas ; et qu’il contribuait quelquefois à faire naître. […] Oh pourrait presque en former une petite comédie à part, qu’on intitulerait, si l’on voulait : Les Leçons en ville, ou les Coureurs de cachets. […] Son théâtre demande une pièce : ces éléments étrangers se reproduisent à son souvenir, se rassemblent dans sa tête ; il les dispose, il les unit par le lien d’une même action, et, sur ce tout, formé de parties empruntées, il répand avec profusion les brillantes saillies nées de sa propre verve.
Molière l’employa vraisemblablement à composer ses premiers ouvrages ; la Béjart, comédienne de campagne, attendait, ainsi que lui, pour exercer son talent, un temps plus favorable ; il lui rendit des soins, et bientôt liés par les mêmes sentiments, leurs intérêts furent communs ; ils formèrent de concert une troupe, et partirent pour Lyon en 1653a. […] C’est par des exemples pareils, plus sensibles que de simples discours, qu’il s’appliquait à former les mœurs de celui qu’il regardait comme son fils. […] L’éditeur des Œuvres de Molière dit dans l’avertissement qui précède le fragment de la Pastorale comique * : « Cette pastorale héroïque (Mélicerte) qui formait la troisième entrée du Ballet des Muses, dansé par Sa Majesté le 2 décembre 1666, fut suivie d’une pastorale comique », etc. […] Alors l’action est conduite à sa fin, par l’éclat que doit faire nécessairement la tromperie de Jupiter ; et ce dieu est obligé de se découvrir aux dépens même de l’honneur d’Alcmène : ainsi, rien n’arrive dans cette pièce de dessein formé, et le hasard en produit seul tous les incidents. […] Ces deux allées des côtés, et celle qui les traverse, ont cinq toises de large ; mais à l’endroit où elles se rencontrent, elles forment un grand espace, qui a plus de treize toises en carré.
Les caracteres du moment sont donc plus difficiles à traiter que les autres, & plus ingrats : ils sont plus difficiles, parcequ’un Auteur n’a pas avec eux tous les avantages dont nous venons de parler, qu’il a besoin de prendre le ridicule sur le fait, de saisir ses traits au moment où ils sont à peine formés, de peindre sa laideur dès qu’elle commence à se faire remarquer, & de rendre cependant le portrait frappant.
[Les femmes dans Molière] Dans le tableau si vrai et si varié que Molière a tracé de la comédie qui se joue en ce monde, les femmes, qui forment la plus belle et, dit-on, la plus capricieuse ou, si l’on veut, la moins raisonnable partie de l’espèce humaine, devaient nécessairement avoir leur part dans les rigueurs de notre grand poète dramatique. […] Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie, Doit être son étude et sa philosophie.
Ils forment un Ballet, & témoignent leur reconnoissance en dansant. […] La niece du correspondant de son pere, chez lequel il étoit logé, le toucha si sensiblement, qu’il forma le dessein de l’épouser.
Il comprend que la simplicité de la parure, comme celle de l’esprit, est un charme qui n’appartient qu’aux âmes élevées par nature ou formées par une éducation supérieure ; il le dit et le montre, sans pouvoir, hélas ! […] J’ai souffert qu’elle ait vu les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies ; Ce sont choses, pour moi, que je tiens, de tout temps, Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre, etc.
La thèse ou plutôt les thèses que l’on y trouvera soutenues forment un ensemble de vues sur Molière, une étude de son génie et de son théâtre assez particulière, assez nouvelle, inattendue même en plus d’un point, et en tout cas très personnelle. […] Est-ce que jamais personne d’entre vous a pu se reconnaître au milieu de ces suppositions de personnes, de ces changements de noms, de ces déguisements, de ces filles perdues et retrouvées, retrouvées et perdues, qui forment toute l’intrigue et le dénouement du Dépit ? […] Armande Béjart, qu’il a épousée, est née sous ses yeux, il l’a vue grandir, elle a été formée par lui ; c’est précisément ainsi qu’Arnolphe forme, pétrit, élève Agnès pour en faire sa femme. […] Après chaque danse, chaque couple de danseurs ira saluer le Seigneur commis et fera une révérence très respectueuse, moyennant quoi le bal sera une école de morale, où l’on ne verra jamais d’intrigue, où ne se formeront jamais que des engagements irréprochables, tant est grande la vertu d’une réforme faite à propos. […] Louer ce qu’il y a d’humain et de tolérant dans la société française, c’est faire l’éloge de l’esprit qui a tant contribué à la former.
En ceci comme dans le reste s’est donc formée une légende qui conduit à un double écueil, l’admiration béate ou le dénigrement par réaction, et qui pèse lourdement sur le sujet, car il faut la subir ou la combattre. […] Il est véritablement formé à l’image de Dieu, suivant le symbole de la Genèse. […] Mais, comme il arrive toujours à ceux que leur originalité naturelle préserve d’être de purs disciples, il se forma surtout par la pratique de la vie ; or, son existence, tant à Paris qu’en province, était-elle de nature à faire de lui un chrétien ou même un stoïcien ? […] Le résultat de ses efforts était une justesse d’ensemble, dont Segrais disait : « On a vu par son moyen ce qui ne s’étoit pas encore vu et ce qui ne se verra jamais : c’est une troupe accomplie de comédiens, formée de sa main, dont il étoit l’âme, et qui ne peut avoir de pareille, »Segrais se trompait en partie ; la tradition de Molière devait rester l’Âme d’une troupe qui, survivant à son chef et toujours renouvelée, n’a cessé de la suivre en la rajeunissant. Former d’excellents comédiens et leur donner des chefs-d’œuvre à interpréter ne suffit pas à la fortune d’un théâtre.
De cette passion la sensible peinture Est pour aller au cœur la route la plus sûre : Peignez donc, j’y consens, les héros amoureux; Mais ne m’en formez pas des bergers doucereux. […] Elle est formée d’un haut talus à plusieurs étages, gazonné, et dominant un grand bassin de forme elliptique, où il était facile d’introduire les eaux de la rivière. […] On peut rire, par exemple, de ces trois compartiments superposés, enfer, terre, paradis, qui forment le lieu de l’action ; et pourtant que d’effets dramatiques résultent de cette correspondance visible entre les scènes de la terre et celles du ciel ou des enfers!
Les offices de tous ces saints, dictés par eux, forment ensemble un monument sacré : le répertoire classique. […] Et ce n’est pas seulement Le Legs et Les Fausses Confidences que je ferais jouer pour mon plaisir, si j’en avais le pouvoir, mais La Surprise de l’amour et La Seconde Surprise, La Double Inconstance, L’École des mères, L’Heureux stratagème, Les Sincères et Les Sermens indiscrets… Il ne coûte rien de former des vœux, ni d’exprimer des regrets : pourquoi n’en accorder qu’à Marivaux ?