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16. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Quant aux diverses parties de l’œuvre poétique, il vous sera facile de les reconnaître, à savoir : la proposition, le nœud, le dénouement, l’imprévu, la difficulté, le retard, la péripétie au moment où tout est perdu… où tout est sauvé. […] En vain Ménandre, en vain Térence et Molière ont apporté à cette œuvre brutale, les élégances de leur génie et la politesse de leur esprit, l’œuvre en elle-même est restée une œuvre un peu au-dessous de la philosophie et de la morale la plus facile, c’est-à-dire une œuvre ouverte aux plus violentes et aux plus irrésistibles passions. […] Alors, comme en ceci l’imitation est plus agréable et plus facile que la censure, on ouvre assez volontiers son âme à ces corruptions décevantes, et le rire même est une introduction à ces plaisirs corrupteurs, « Tunc etiam per voluptatem facilius vitia surrepunt. » C’est encore du beau et bon Sénèque ; il conclut ainsi qu’il n’y a rien de plus dangereux pour les bonnes mœurs que l’habitude et l’abus des spectacles11. […] Voilà cette histoire ; elle est bien simple, elle est facile à raconter ; et si vous n’étiez pas venu me chagriner par votre sortie contre Molière, je ne m’en serais pas mal tiré.

17. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Il est facile de l’indiquer. » Un prédicateur français et protestant, M. […] La vanité est un de ces démons qui ne tardent pas à amener compagnie. » Racine avait le cœur trop sensible et trop facile à toucher pour être au fond un homme méchant et ingrat. […] L’acte d’accusation a été rédigé de manière à lui faire la partie belle, à rendre la défense facile. […] Il nous eût été facile d’y relever des imperfections.

18. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Doué d’une imagination facile, il excellait dans l’à-propos ; mais il dédaignait ces triomphes que l’esprit obtient aux dépens du cœur. […] Laujon avait donné l’édition complète de ses œuvres ; on y reconnaît un esprit fin, un travail facile, une aimable négligence.

19. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Gaston, né avec de l’esprit et une humeur facile et douce, ne respectait pas toujours les convenances de son rang. […] Les points placés avant le mot Bejard, font voir que ce qui précède était une simple note en marge, et que le manuscrit portait : « Le baron de Modène eut de la nommée Bejard, comédienne de la troupe de Molière, une fille naturelle que celui-ci épousa (Guérin, femme de). » Le texte ainsi rétabli, par une simple transposition facile à comprendre pour, un manuscrit dont l’auteur n’est pas l’éditeur, prouve que la tradition n’a pas varié, qu’elle est universelle, et ne peut être détruite par un acte que toutes les parties ont eu intérêt à falsifier, comme tant d’autres que nous connaissons.

20. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Et cependant l’acteur, placé entre ces deux extrêmes, redoutant également d’être trop brusque, c’est-à-dire de paraître mal élevé, ou de paraître trop facile à vivre, c’est-à-dire de rien retrancher de la rudesse et de l’indignation de son personnage, l’acteur, entre ces deux excès, reste bien empêché. […] Le miracle c’est que la suite du Misanthrope est une œuvre illustre et grande, et c’est pourquoi nous demandons la permission d’en parler à cette place même ; il sera plus facile au lecteur de comparer entre elles ces deux grandes œuvres : Le Misanthrope de Molière et Le Philinte de Fabre d’Églantine.

21. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

De vivre familièrement avec les femmes de théâtre que je savais faciles ? […] de son vivant était-il assez aimable, assez gai ; avait-il le geste animé, le visage souriant, la repartie facile, la jambe alerte comme son esprit ! […] Autant le succès était facile en ces petits théâtres de la Melpomène en jupon court, quand on n’avait qu’à se montrer pour être trouvée belle, et pour être applaudie de ce facile public qui se contente de rien : un mot, un signe, un regard, un bon mouvement, un geste, il est content ! […] Beauté facile et complaisante, et qui ne regarde pas, quand elle rit, si son tour de gorge est dérangé quelque peu. Facile gloire, facile vie, heureuse popularité, succession de Molière dignement recueillie, poète né en effet pour prendre sa part de la bonne humeur qu’il semait autour de lui.

22. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Il est vrai que la royauté était hors d’atteinte et qu’elle se montra très facile sur tout ce qui ne la touchait point. […] Ici encore la réponse est facile. […] Philinte n’est pas davantage, dans la pensée de Molière, un modèle de vertu, comme d’autres l’ont prétendu par une erreur opposée, mais un type de sociabilité et de savoir-vivre dans le monde, où les rapports ne sont faciles que par de perpétuelles transactions.

23. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Mais cette distinction, si belle et si juste en théorie, est-il toujours facile d’en faire une exacte application ? […] Il m’était facile, en cédant à ma partialité pour le grand poète à qui j’ai voué une espèce de culte, de prodiguer contre son illustre adversaire les mots de fanatisme, d’intolérance et d’hypocrisie ; mais j’aurais eu honte de répéter ces imputations banales que ma conviction n’admet pas. […] Ces moyens faciles et vulgaires, dont ici la difficulté dramatique semblait invoquer particulièrement le secours, étaient repoussés par la vraisemblance morale’, et le génie du poète a su s’en passer. […] Il était facile à Molière, mais il n’était pas suffisant pour lui, de faire oublier Rotrou.

24. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Peu à peu, sa science aux allures faciles établit la moyenne de la France et le bilan humain.

25. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Il semble qu’on lise la IXe Provinciale, fortifiée du charme d’une versification nerveuse et facile. […] IX) : « Contenti erimus si cum de talibus et ex talibus disseramus, pingui quadam Minerva, et adumbrata figuratione, verum ostendamus… Non facile definire possumus quomodo, et quibus, et ob quæ, et quatenus irascendum sit… Quousque et quatenus reprehendendus aliquis sit, definiri ratione non facile potest. » Voir d’ailleurs les railleries de Molière contre les aristotéliciens, plus haut, chap.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Arlequin est surpris qu’on prenne tant de précautions pour une chose aussi facile, il fait en se promenant un demi-tour à droite sans y songer, répete ce qu’on lui a dit : cette lettre qui est du côté de Leonora est pour Leonora ; celle-ci qui est du côté de Rosaura est pour Rosaura. […] — Oui, la premiere fois que vous me ferez l’honneur de venir chez moi, il me sera facile de prendre un prétexte pour vous la faire voir. — Oh !

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Pieces intriguées par une ressemblance. » pp. 176-191

Je ne doute pas qu’il n’y fût, en effet, très comique ; mais la premiere personne qui a fait cette belle découverte, n’a pas certainement pris la peine de réfléchir, de voir si l’exécution en seroit facile sur notre Théâtre, & en second lieu, si elle contribueroit à sa gloire, ou à sa chûte. Nous allons opposer les deux Jumeaux Italiens aux deux Jumeaux François ; prouver que l’Auteur Italien, en composant sa piece, a pris soin de tramer l’intrigue, de la dénouer, & d’arranger les incidents de façon que les deux freres ne fussent jamais ensemble sur la scene, & qu’un seul pût remplir les deux rôles ; ensuite il nous sera facile de faire remarquer que ce qui est une beauté sur le théâtre Italien, seroit un défaut sur le nôtre.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

La plus facile est celle d’amener un personnage pour faire une seule scene qui ne tient pas à l’intrigue, & qu’on pourroit retrancher sans nuire à l’action. […] Il est très facile de distinguer le véritable embonpoint d’une piece, d’avec le boursoufflage qui lui est nuisible.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Bientôt rebuté par une maîtresse trop exigeante, il en chercha une plus facile. […] Nous ne nous épuiserons pas en longs raisonnements pour cela, les exemples nous en éviteront la peine, & nous opposerons les deux uniques comédies de la Chaussée, toutes les deux très mauvaises, toutes les deux imitées, au meilleur de ses drames dû pareillement à une imitation, mais plus heureuse, parcequ’elle étoit plus facile.

30. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Comme il y a des critiques, continua-t-il, qui n’approuvent jamais rien et qui entraînent les opinions de quelques gens faciles qui croiraient mal faire et devoir être raillés de ne pas témoigner qu’ils sont de leur sentiment, bien qu’ils n’en soient point, il y en a d’autres qui approuvent tout ce qu’ils voient : je connais un des plus galants Abbés du siècle, et à qui je puis, sans injustice, donner le nom d’obligeant, puisque, par une bonté naturelle, il loue indifféremment tous les ouvrages qu’il voit et tous ceux que l’on lui montre en particulier ; aussi dit-on de lui dans le monde que l’on ne saurait connaître s’il dit la vérité et qu’il ne fait point de Jaloux, puisqu’il met tous les auteurs en même degré et qu’il loue également leurs productions en public et en particulier, sans crainte de hasarder sa gloire. […] — Ces critiques perpétuels et ces trop faciles admirateurs, repartit Ariste, portent les choses dans un excès qui doit être condamné.

31. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Souvent pur, et toujours éloquent et facile, Dans tes scènes jamais le stérile clinquant Ne brillante tes vers de son faux ornement. […] Dépourvu de talents, de vertus et d’honneur, Et ne sachant que faire, il s’est fait délateur : Métier noble, du reste, et, bien que l’on en glose, Facile, et sûr du moins pour être quelque chose.

32. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

. : ainsi on se moque de ceux qui tuent le monde impunément. » Serait-il vrai que Molière, imitant la licence d’Aristophane dans ce qu’elle avait de plus facile et de plus répréhensible, eût fait faire des masques à la ressemblance des médecins qu’il mettait en scène ? […] La fausse et odieuse interprétation donnée par Rousseau au dessein qu’avait eu Molière en composant Le Misanthrope, fit rechercher depuis, quel avait été véritablement ce dessein Rien n’est plus facile à apercevoir. […] On peut croire du moins qu’il s’en fût servi avec un peu plus d’adresse que Guérin fils, qui entasse dans un acte la double reconnaissance de Myrtil et de Mélicerte, l’abdication de l’usurpateur, et le mariage des deux amants, et qui fait venir Amasis des bords du Nil sur ceux du Pénée, quand il lui aurait été si facile de renfermer dans la Grèce tout son sujet avec tous les personnages.

33. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Le quatrumvirat, place sous les créneaux de Louis XIV, obtint une victoire facile sur le ridicule, mais il succomba devant l’honnêteté, parce qu’elle était appuyée sur la haute société, qui joignait le bon goût à la délicatesse des mœurs.

34. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Elle annonça cette triste nouvelle à ses amis, d’une voix calme et résignée, sans emphase et sans éclat, tout simplement, si bien qu’il était facile de comprendre que sa volonté était irrévocable. […] Il sait donner à l’amour un si bel air de galanterie, et de cette façon il fait de la passion quelque chose de si facile à avouer tout haut, que bien peu de femmes pourraient dire, avec cette effronterie naïve, les plus secrets sentiments de leur cœur. […] … La réponse est facile ; c’est qu’en effet cette langue à part a été la langue d’une société à part ; c’est que Marivaux a été le Molière de ce petit monde de soie et d’or qui s’agitait, à l’ombre de l’éventail de la maîtresse royale ; société éphémère mais élégante ; un monde à part mais plein d’esprit, de loyauté et de courage ; corruption si vous voulez, mais corruption de bon goût ; désordres, à la bonne heure ! […] Alors vraiment arriva la fin du monde, et nul depuis ce temps, n’a osé reprendre cette facile, et dangereuse conversation du siècle révolté de Voltaire et de Diderot. […] Ainsi mademoiselle Mars était une de nos forces, ainsi elle qui était un texte inépuisable à toutes sortes de beaux et faciles discours qui donnaient à la critique de ce temps-ci un aspect tout nouveau, une forme inattendue, une grâce inespérée. — Elle a fait, mademoiselle Mars, de la critique une force bienveillante ; elle a appris à la critique le dévouement et la louange ; elle a donné à la critique cet accent nouveau et qui lui va si bien, l’accent même de la sympathie et du respect !

35. (1871) Molière

Heureux, dans la paix, et dans la guerre, et dans tous les beaux-arts, celui qui porte un nom facile à retenir, facile à prononcer ! […] Le roi lui fit l’honneur de le pleurer tout un jour : mais le lendemain il déclarait qu’il serait désormais son premier ministre à lui-même, et rien n’était plus facile, grâce à Richelieu : il avait délivré la couronne des petites tyrannies qui l’entouraient ; grâce à Mazarin : il laissait un roi riche au milieu d’une noblesse appauvrie, et par conséquent dépendante.

36. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Enfin le sorcier, poussé à bout, avoue que son pouvoir commence à tomber depuis qu’il est vieux et qu’il perd ses dents; qu’autrefois il lui aurait été facile de faire ce qu’on lui demandait, quoiqu’il n’eût jamais envoyé son démon plus loin que Stockholm. […] Ce sont des épîtres et des satires remplies d’imitations des anciens, et surtout d’Horace et de Juvénal: la versification en est souvent négligée, prosaïque, incorrecte ; il y a même des fautes de mesure et de fausses rimes, qui font voir que l’auteur, devenu poète par instinct, n’avait guère étudié la théorie de l’art des vers ; mais parmi tous ces défauts il y a des vers heureux et des morceaux faciles et agréables. […] Son théâtre est composé de douze volumes, dont les trois quarts sont comme s’ils n’étaient pas ; car s’il est facile d’accumuler les bagatelles, il n’est pas aisé de leur donner un prix.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Secondement un caractere de ce genre est plus facile à traiter qu’un caractere du moment, parcequ’étant presque toujours un vice du cœur, il est plus frappant ; il a jetté un plus grand nombre de branches & de racines qu’on peut lier au corps pour le rendre plus fort : un plus grand nombre de personnes peuvent en raisonner & vous communiquer leurs lumieres ; on a même un plus grand nombre d’originaux entre lesquels on peut choisir : indépendamment de cela les Auteurs qui nous ont précédés chez l’étranger ou dans notre patrie, n’ont pas manqué de voir un caractere qui a toujours existé, & de le traiter soit en grand, soit en détail.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Ne soutenez plus une opinion flatteuse pour vous, à la vérité, mais qu’il est si facile de pulvériser Dorine va vous dire encore : Je n’en parle, Monsieur, que pour votre intérêt. […] Les pieces que vous protégez avec tant de fureur, parcequ’elles sont plus faciles à jouer, ne sont qu’une affaire de mode qui ne peut durer long-temps : on a bientôt épuisé les situations romanesques, les reconnoissances, les oh, les ah, & tous les cris prétendus pathétiques : on a bientôt peint les hommes comme ils devroient être ; il faudra tôt ou tard revenir à votre pere nourricier, au genre que vous dédaignez, que vous ne jouez plus bien, & dans lequel vous serez bientôt détestables.

39. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

La morale est une règle précise qui s’impose au nom d’une autorité supérieure et s’enseigne par des leçons spéciales, non une théorie variable et facile qu’on puisse insinuer aux hommes sous différentes formes plus ou moins agréables, comme ces médicaments amers que l’on cache dans des gâteaux. […] Cette étude n’est point facile ; car Molière était un habile homme.

40. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Plusieurs des sujets de Molière ont tout l’air d’être empruntés d’ailleurs, et je suis convaincu qu’il serait possible d’en découvrir la source, si l’on parcourait les antiquités littéraires de la farce1 ; d’autres sont si faciles à inventer, on en a tant usé et abusé, que tous les poètes comiques peuvent les considérer comme un bien en communauté. […] Elle offre un exemple sensible de la manière dont, en évitant les indécences et les allusions personnelles, il serait facile d’introduire sur notre scène moderne le genre d’Aristophane (ou pour parler plus exactement celui d’Eupolis, qui avait lui-même mis en drame la fable d’un pays de Cocagne). […] Chez les autres nations, les sujets comiques sont presque tous puisés dans la vie bourgeoise, et cela par des motifs très faciles à saisir ; en France, au contraire, ce sont les classes supérieures de la société qui ont longtemps formé le cercle où s’est renfermée la comédie : on y sentait partout influence de la cour comme point central de toutes les vanités. […] Ce fut à cette époque que l’on vit paraître le caractère de l’homme à bonnes fortunes, du favori des femmes, qui étale d’un ton blasé la foule de ses trop faciles conquêtes.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Pour que les pieces de ce genre soient bonnes, il faut que l’événement sur lequel l’Auteur veut bâtir son intrigue soit premiérement très naturel, très vraisemblable ; qu’il soit ensuite connu par un très petit nombre d’acteurs ; & qu’un mot, en dévoilant tout le mystere, puisse amener un dénouement prompt & facile.

42. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

C’était un moment heureux pour les hypocrites : car rien n’est plus facile que de tromper par de faux dehors de religion. […] Les gens de bien, si faciles à tromper, furent les premières dupes.

43. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Car la passion qui a conduit Tartuffe à jouer son rôle scélérat, est autant cupidité que luxure : chez Harpagon, l’amour de l’argent n’aboutit qu’à la honte ; chez Tartuffe, il atteint au crime ; et la pente est facile, de l’usurier qui prête au denier trois 109, à l’imposteur qui capte le bien des familles110 ; aussi facile que celle qui entraîne don Juan de la débauche à la mort.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Alceste, n’ayant pas un de ces caracteres communs, dont le genre humain présente des modeles à chaque pas, dont les traits marqués rendent la peinture plus facile & diminuent le travail du peintre, Moliere ne pouvoit par conséquent se flatter d’en faire l’unique objet d’une comédie en cinq actes.

45. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Cette opinion est d’autant plus facile à justifier, que les principales scènes de l’ouvrage français se trouvent dans la comédie de Plaute.

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Mais la paix a tout ranimé ; et il n’est pas facile de dire comment elles sont devenues si communes. […] Didamie (madame de Ladurandière) ajouta que c’était même facile et que pour peu que Claristène (monsieur Leclerc) leur voulût aider, elles en viendraient bientôt à bout. […] Ce qui rend la méprise de l’éditeur du Ménagiana très facile à concevoir, c’est qu’il était d’usage dans les impressions du temps de n’écrire qu’en abrégé le mot de madame ou de mademoiselle ; on écrivait Me ou Mlle .

47. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Durant cette période où le colosse romain se débattait dans les convulsions d’une lente agonie, et se divisait lui-même en deux parts, comme pour offrir une proie plus facile aux barbares qui venaient s’en disputer les lambeaux, la comédie disparut avec tous les autres arts. […] De même, notre public actuel exige que toute comédie, sous peine d’être sifflée, se dénoue d’une manière adroite, facile et vraisemblable à la fois. […] On n’a pas craint d’ajouter que, lorsque l’humeur coquette et hautaine de sa femme l’eut forcé à rompre tout commerce avec elle, mademoiselle de Brie, toujours bonne et de composition facile, lui avait encore, en cette occasion, prêté le secours de ses tendres consolations. […] Une bonne dot à la fille, un dédommagement à la mère, et des présents aux autres Béjart, rendirent cet arrangement facile. […] Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, ouvrage dont il est plus facile d’éviter les défauts que d’égaler le mérite et l’agrément, apeut-être eu tort de prononcer trop absolument qu’une telle expression, une telle tournure n’était pas française, au lieu de dire qu’elle l’était du temps de Corneille, et qu’elle avait cessé de l’être depuis.

48. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

De l’Adultère et des Amours faciles. […] Mais il y a quelque chose de plus corrupteur que les grossièretés et même que les peintures indulgentes de l’adultère618 : c’est la théorie sentimentale des amours faciles.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Je dis que nous devons les traiter lestement, & résister nous-mêmes à la mode aussi facile que ridicule de faire de ces pieces remplies de portraits & vuides d’action, dans lesquelles on peint jusqu’à la coeffure de chaque actrice, & jusqu’aux couleurs qui nuancent les fleurs de sa robe. […] Mais ne nous laissons pas corrompre par de grands mots : rions de la peine qu’ils prennent pour cacher leur impuissance, & pour se faire un mérite de cette même foiblesse qui leur a fait prendre la route la plus facile, au hasard de fournir une carriere infructueuse. […] Je ne prendrai point le dernier des Auteurs pour le faire jouter contre Moliere ; je choisirai celui qui, de l’aveu de tout le monde, marche le plus près de lui, & que tant de personnes, un peu trop faciles à la vérité, placent à ses côtés.

50. (1900) Molière pp. -283

Vous le savez, il était issu d’une famille de bonne bourgeoisie parisienne, il avait fait d’excellentes études au collège de Clermont, il semblait n’avoir devant lui qu’une carrière facile et une vie honorable. […] Chaque fois qu’il s’agit pour Molière d’exprimer un état d’âme énergique, vous êtes sûrs qu’il cherchera la circonstance en apparence la plus facile à trouver, si facile, si simple, que peut-être un d’entre vous dira : « Je l’aurais bien trouvée !  […] Je sors du genre humain pour que ma pensée (ou du moins la pensée de Goethe) soit plus claire, plus facile à accepter. […] Elle en sait déjà presque plus long qu’Agnès qui, à seize ans, sait à peine lire, et a été élevée au village ; cependant, il serait infiniment plus facile de jouer au plus fin avec Célimène qu’avec Agnès. […] Mais si Molière procède ainsi pour des souffrances morales que d’ordinaire on n’aime guère à avouer en public, que fera-t-il donc pour des souffrances d’esprit plus faciles à avouer et surtout pour des infirmités physiques où l’honneur propre n’est pas engagé ?

51. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il est moins facile à duper que Pantalon, mais il a aussi plus de bonté réelle.

52. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Il est bien facile, mesdames et messieurs, lorsqu’un homme est entré pour toujours dans la postérité, lorsque deux siècles d’admiration ont passé sur son nom et sur ses ouvrages, il est bien facile, si belles que soient ses œuvres, de leur trouver de nouvelles beautés.

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