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17. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

On aime pour aimer et non pour autre chose ; Ce n’est qu’à l’esprit seul que vont tous les transports, Et l’on ne s’aperçoit jamais qu’on ait un corps. À tout cet indécent Phœbus, Clitandre réplique : Pour moi, par un malheur, je m’aperçois, madame, Que j’ai, ne vous déplaise, un corps tout comme une âme. […] En quels excellents termes, aussi vrais qu’animés, elle fait justice de l’hypocrisie de tous ces critiques zélés et de ces prudes à leur corps défendant, Qui ne sauraient souffrir qu’une autre ait les plaisirs, Dont le penchant de l’âge a sevré leurs désirs.

18. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Les titres de ces essais font deviner sans peine que la Faculté de médecine fut de bonne heure le but des malices de notre auteur ; il lança contre ce respectable corps ses premiers et ses derniers traits. […] Cette satire mordante, et toutes celles que notre auteur a dirigées contre le docte corps, n’ont pas peu contribué à le guérir de ses nombreux ridicules : Molière peut à juste titre s’appeler le médecin des médecins. […] Il fallut un ordre de Louis XIV pour faire obtenir aux restes de Molière un coin de terre ; l’archevêque de Harlay, obligé de fléchir devant la volonté royale, autorisa son inhumation à Saint-Joseph, dans la rue Montmartre ; deux prêtres allèrent chercher son corps, et cent personnes accompagnèrent le convoi avec des flambeaux. […] Il se rompit une veine dans le corps par les efforts qu’il fit en représentant le principal rôle de sa comédie de Timon, et mourut des suites de cet accident vers la fin de février 1685. […] D’abord le petit Raisin l’ainé et sa petite sœur Babet se mettaient chacun à son clavier, et jouaient ensemble une pièce, que le troisième clavier répétait seul d’un bout à l’autre, les deux enfants ayant les bras levés ; ensuite le père les faisait retirer, et prenait une clef, avec laquelle il montait cet instrument par le moyen d’une roue qui faisait un vacarme terrible dans le corps de la machine, comme s’il y avait eu une multiplicité de roues, possible et nécessaire pour exécuter ce qu’il lui fallait faire jouer.

19. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Ils prétendirent que Guichard n’en était pas à son coup d’essai en fait de tentatives de meurtre : qu’il avait empoisonné le sieur Le Vau, son beau-père, et que, décrété de corps pour ce crime, on l’avait mis à la Bastille, faits que rien ne justifia. […] Louis Boyvin, prêtre, docteur en théologie, plus tard membre de l’Académie des inscriptions, écrit ce qui suit : « Le corps, pris rue de Richelieu, devant l’hostel de Crussol, a esté porté au cimetière Saint-Joseph et enterré au pied de la croix. […] Le second est celui de l’acteur La Grange, ami et camarade de Molière : « Son corps a été inhumé à Saint-Joseph, ayde de la paroisse Saint-Eustache ; il y a une tombe eslevée d’un pied hors de terre. » Il n’y a point, M. […] Pourquoi lui prêter confiance en ce qui concerne 4e corps de La Fontaine et le rejeter en ce qui touche la sépulture de Molière, que ce même récit disait être inhumé au même endroit ? […] Le corps de l’écriture, les habitudes de main qu’il décèle, ne sont pas moins différents.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Un Pasteur accourt & dit que Cloris s’est précipité du haut d’un rocher pour ne pas survivre à Mylas : cette nouvelle lui fait verser des larmes : elle va avec Daphné chercher le corps de son amant. […] Son corps fut transporté à Domfront, où il fut condamné à être traîné sur la claie, à avoir les membres rompus, & à être ensuite jetté au feu.

21. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

Il fut fait pas deux prêtres, qui accompagnèrent le corps sans chanter, et on l’enterra dans le cimetière qui est derrière la chapelle Saint-Joseph, rue Montmartre.

22. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [90, p. 134] »

Le respect qu’elle inspire aux gens du monde comme aux gens de lettres n’empêche pas qu’on jette son corps à la voirie.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Nos premiers Dramatiques cachoient dans leurs pieces allégoriques une moralité ; ils s’y érigeoient en médecins spirituels ; quelques-uns bornoient leurs charitables soins à la santé du corps : peu à peu devenus moins pieux, moins zélés pour le bien de leur prochain, ils ont fait servir l’allégorie à couvrir des images ou des propos indécents. […] LA CONDAMNATION DES BANQUETS, A la louange de Diete & de Sobriété, pour le profit du corps humain.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Elle étoit femme d’intrigue, & sa principale profession étoit d’être conciliatrice des volontés, possédant éminemment toutes les conditions requises à celles qui s’en veulent acquitter, comme d’être perruquiere, revendeuse, distillatrice, d’avoir quantité de secrets pour l’embellissement du corps humain ; & sur-tout elle étoit un peu soupçonnée d’être sorciere. […] Moliere n’a-t-il pas bien fait encore d’abandonner à Scarron sa bête brute & dégoûtante, qui croit vaquer aux devoirs du mariage en se promenant dans sa chambre par l’ordre d’un extravagant avec une armure sur le corps & la lance à la main, qui prodigue des faveurs à un inconnu par instinct seulement ? […] Si je savois quelqu’un qui se pût figurer De cajoler ma femme & me déshonorer ; Il seroit hors d’état de faire des caresses, Car je déchirerois son corps en mille pieces. […] Apollon, graces au Destin, Du Parnasse Prince divin, Et les trois fois trois Sœurs pucelles, Grandes d’esprit & de corps belles, A tous qui ces Lettres verront : Ceux qui sauront lire liront.

25. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Ce poème, où la partie narrative fait corps avec le dialogue, paraît bien n’avoir pas été joué, mais seulement récité ; c’est encore de la liturgie, ce n’est pas de l’art théâtral, bien qu’une certaine tendance vers cet art s’y fasse déjà sentir. […] Les saintes femmes, dans le dessein d’embaumer le corps du Sauveur, vont faire emplette de parfums chez l’épicier du coin, qui ne manque point de les surfaire. […] J’ai souvent admiré ce chef-d’œuvre de sculpture, ces saintes femmes soutenant le corps allangui du Christ expiré, et je ne puis m’empêcher d’y retrouver la reproduction de l’une des scènes les plus touchantes du Mystère de Metz. […] Le Sauveur ressuscité se présente à Marie-Madeleine «en forme d’un jardinier; »elle ne le reconnaît point et lui demande si c’est lui qui a enlevé le corps du tombeau.

26. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Le malade vraiment imaginaire, celui qui est justiciable de la muse comique et non de la faculté, est l’homme qu’un amour excessif de la vie, ou une crainte immodérée de la mort, ce qui est la même chose, rend continuellement inquiet sur sa santé ; qui, sain et vigoureux, se croit débile et valétudinaire, prend mille soins pour préserver ou soulager son corps de maux qui n’existent que dans son esprit, et, à force de se médicamenter pour des maladies chimériques, parvient ordinairement à s’en donner de très réelles. […] Celui-ci, tout occupé du salut de son âme, croit attirer sur lui les bénédictions du ciel, en introduisant dans sa famille un misérable qui fait le saint homme ; celui-là, ne songeant qu’à la santé de son corps, espère se procurer des secours contre la maladie, et se trouver à la source des consultations, des ordonnances et des remèdes, en se donnant pour gendre un sot que le bonnet seul a fait docteur ; et chacun d’eux, par là, veut sacrifier sa fille à une passion qui se fonde uniquement sur son intérêt personnel. […] Sans vouloir, par un jeu d’esprit indiscret, placer sur la même ligne la religion et la médecine, deux choses qui sont éloignées l’une de l’autre de toute la distance qui sépare l’âme du corps et le ciel de la terre, on peut, je crois, saisir certains rapports extrinsèques qu’elles laissent apercevoir entre elles. […] Sa manie, heureusement rare, est un travers de l’esprit, et non pas un vice de l’organisation ; elle prête d’autant plus au ridicule, qu’elle contraste plus avec la force de corps qui nous est propre, et avec la vigueur d’âme qui en est la compagne ordinaire. […] Dufresny n’avait pas besoin de s’approcher ainsi de Molière, et de lutter, pour ainsi dire, corps à corps avec lui, pour nous faire apercevoir de combien l’homme de génie surpassait en hauteur et en force l’homme d’esprit, qui s’ignorait assez pour se croire au moins son égal.

27. (1735) Moliere (Supplément au Grand Dictionnaire historique) « MOLIERE, (Jean-Baptiste Poquelin) poëte comique, etc. » p. 82

Il mourut âgé de cinquante-trois ans, et non de cinquante-un seulement : et lorsque le roi eut obtenu de l’archevêque de Paris qu’on l’enterrât en terre sainte, on porta son corps à Saint-Joseph, qui est un aide de la paroisse de Saint-Eustache.

28. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

L’action comique intéresse tout au plus par sa singularité ; le tragique intéresse outre cela par son importance, son atrocité : c’est le corps même du spectacle, la machine qui frappe ; au lieu que l’action comique n’est qu’un canevas, une toile pour recevoir des objets dessinés et des couleurs ».

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Je viens de voir par hasard dans ce voisinage une jeune fille qui pleure sa mere qui vient de mourir ; elle est près du corps, & elle n’a ni parents ni amis, personne enfin qu’une pauvre vieille qui lui aide à faire ses funérailles : cela m’a fait une grande compassion : cette fille est d’une beauté charmante. […] Elle faisoit fondre chacun en larmes en se jettant amoureusement sur le corps de cette mourante, qu’elle appelloit sa chere mere ; & il n’y avoit personne qui n’eût l’ame percée de voir un si bon naturel.

30. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Mon homme a toutes les peines du monde à croire qu’une femme de bien puisse faire de pareils tours ; mais, pour l’en convaincre mieux, cette honnête dame devient amoureuse du petit page, et veut le prendre à force ; mais comme il faut que justice se fasse, et que, dans une pièce de théâtre, le vice soit puni ou la vertu récompensée, il se trouve à la fin du compte que le capitaine se met à la place du page, couche avec son infidèle, fait cocu son traître ami, lui donne un bon coup d’épée au travers du corps, reprend sa cassette, et épouse son page. […]       Apollon, grâces au destin, Du Parnasse, prince divin, Et les trois fois trois sœurs pucelles, Grandes d’esprits, et de corps belles, À tous qui ces lettres verront, Ceux qui sauront lire liront. […] « Un organiste de Troyes, nommé Raisin, imagina et exécuta une épinette à deux claviers, longue à peu près de trois pieds, et large de deux et demi, avec un corps dont la capacité était le double plus grande que celle des épinettes ordinaires. […] Ensuite le père prenait une clef, avec laquelle il semblait monter cet instrument par le moyen d’une roue qui faisait un vacarme terrible dans le corps de la machine, comme s’il y avait eu une multiplicité de roues possible et nécessaire pour exécuter ce qu’il lui allait faire jouer ; il la changeait même souvent de place, pour ôter tout soupçon. […] …………………………………………………………… Certes tous les grands et les grandes, Dont les oreilles sont friandes, De doux et de justes accords, Doivent voir ces trois petits corps, Et leur épinette enchantée, Digne d’être à jamais vantée.

31. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Il prit corps à corps le vice, royal, et sans garder d’autres ménagements que ceux que lui imposait la dignité de la parole apostolique, il en montra toute la laideur, toute la bassesse et toute l’infamie. […] Je sens que mon corps s’affaiblit et tend vers sa fin. […] Il a pris corps à corps un ennemi formidable, caché, le plus dangereux de tous ; il l’a combattu, démasqué, terrassé, et il reste debout sur ce cadavre comme sur un piédestal éternel. […] Les lois qui le régissent sont, en quelque sorte, incrustées jusque dans son corps. […] Nous devons la charité aux hommes, non au diable, non au mal, non à l’erreur, non à l’hérésie qui tuent la raison, la dignité, le corps et l’âme.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

J’ai assisté avec la plus scrupuleuse assiduité au spectacle de la nation ; j’ai étudié l’effet que chaque trait, chaque scene, chaque situation & l’ensemble produisoient sur l’esprit des gens de lettres auprès de qui j’avois soin de me placer, sur le parterre & sur les loges ; je me suis bien gardé sur-tout de négliger les représentations qu’on a données gratis pour la populace ; j’ai joui du plaisir de lui voir saisir les véritables beautés, de lui voir distinguer celles qui sont dans la nature, au travers de celles que l’esprit seul enfante, & que l’esprit seul peut appercevoir ; enfin je me suis fait pour moi seul, d’abord, aux dépens des morts & des vivants, une Poétique qui m’a déja valu des encouragements bien flatteurs de la part du public, mais qui seroit encore dans mon porte-feuille, si l’Académie en Corps n’eût daigné m’encourager, & ne m’eût exhorté, devant l’Assemblée la plus brillante, à la soumettre au jugement du Public. […] En second lieu, mon amour-propre me persuada sans peine que puisque l’Académie avoit jugé l’extrait de ma Poétique digne de servir aux progrès de la bonne comédie, le corps même de l’ouvrage pourroit, à plus forte raison, être de quelque utilité.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Quand une belle voit, comme par supplément, Quatre doigts de papier plié bien proprement Hors du corps de la lettre, & qu’avant sa lecture, Car c’est toujours par-là que l’on fait l’ouverture, On voit du coin de l’œil sur ce petit papier : « Monsieur, par la présente il vous plaira payer Deux mille écus comptant aussi-tôt lettre vue, A Damoiselle, en blanc, d’elle valeur reçue »...... […] Je vous remercie mille fois, Seigneur Neptune, d’avoir bien voulu me permettre de débarquer ; il est vrai qu’il étoit temps, mon ame s’échappoit, je n’avois presque plus de vie dans le corps. […] Une ame qui, depuis soixante ans, s’est séparée de son corps, ne devoit-elle pas, pour venir voir votre fils, prendre le temps qu’il seroit pleinement éveillé ? […] L’usurier chez lequel Clitandre a pris deux mille écus, demande cette somme à Merlin en présence de Géronte : il lui dit qu’il vient d’obtenir sentence par corps, & qu’il fera coffrer son maître incessamment.

34. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Son corps fut porté à saint Joseph, qui est une aide de saint Eustache.

35. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

La Compagnie (c’est ainsi que Mrs les Comédiens appellent leur Corps présentement) n’a point, ce me semble, d’Auteur critique aussi délié que celui qui me reprend. […] Je conviens qu’une voix sonore, et une flexibilité de corps, que nous tenons de la nature, donnent un grand avantage à l’Acteur. […] Voilà parler en Maître : l’Académie en corps ne déciderait pas si fièrement.

36. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

On en eut la preuve, lorsque, deux fois la Comédie française alla en corps donner des représentations à Londres, au mois d’avril 1871 et au mois de juin 1879. […] Moreau et occupée par le sieur Jean Poquelin, maître tapissier, et un autre locataire, consistant en un corps d’hôtel, boutique et court, faisant le coin de la rue des Étuves. » Molière en 1637 avait déjà quinze ans. […] Un linger nommé Dubourg obtient un décret de prise de corps. […] Molière s’y jette à corps perdu. […] Du moins sais-je bien qu’ils avaient un demi-pied de haut, et que j’étais fort en peine de savoir comment des talons si hauts et si délicats pouvaient porter le corps du marquis, ses rubans, ses canons et sa poudre.

37.

Les Cheveux du général Desaix ont été coupés par Denon, personnellement, sur la tête du général, lors de l’inhumation du corps de Desaix, dans son tombeau de la chapelle du couvent du Mont-Saint-Bernard, le 19 juin 1805. […] Il lève les bras avec effroi ; le corps est de face, la tête tournée à droite, de trois quarts. […] Quatre ans plus tôt déjà, et avant d’attaquer les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne un par un et corps à corps, il avait enveloppé dans un même ridicule leurs procédés et leur méthode. […] Il tient que la France est battue en ruine par la plume de cet écrivain, et qu’il ne faut que ce bel esprit pour défaire toutes nos troupes ; et de là s’est jeté à corps perdu dans le raisonnement du ministère, dont il remarque tous les défauts, et dont j’ai cru qu’il ne sortirait point. […] Elle aurait séjourné dans cette ville et peut-être à Narbonne avant de revenir à Lyon, où elle figura en corps le 29 avril au mariage de deux camarades : Martin Foulle et Anne Reynis.

38. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

De ce nombre étoit l’Abbé le Vayer fils unique du Philosophe dont nous avons les Oeuvres imprimées en corps d’Ouvrages. […] Mais Sa Majesté en fut tout d’un coup effrayée ; de sorte que le Roi ordonna sur le champ que l’on ouvrît le corps de l’Epinette, d’où l’on vit sortir un petit enfant de cinq ans, beau comme un Ange. […] Ce n’est pas qu’il eût universellement l’éloquence du corps en partage, comme Baron. […] Tout ce qui n’entre point dans le corps, dit-il, je l’éprouve volontiers ; mais les remedes qu’il faut prendre me font peur ; il ne faut rien pour me faire perdre ce qui me reste de vie. […] Il fut fait par deux Prêtres qui accompagnerent le corps sans chanter & on l’enterra dans le cimetiere, qui est derriere la Chapelle de Saint Joseph dans la rue Montmartre.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Selon moi, les moralités doivent être fondues dans le corps du drame, & non dans une piece à part.

40. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Elles se liguèrent donc avec les mécontents, firent corps avec eux, s’armèrent comme eux, partagèrent leurs entreprises.

41. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Non : l’homme, être perfectible, n’est honnête homme qu’en s’appliquant de toutes ses forces à régler en soi les passions excessives, à se rendre meilleur de toutes façons, par le travail, par la science, par la charité, par les manières même et par la politesse, par l’esprit et par le corps, enfin à s’approcher autant que possible du type idéal de l’humanité ; en sorte qu’il réalise le vœu de Platon, qui demande que la vie du sage soit un effort pour se rendre semblable à Dieu 124, ou plutôt qu’il obéisse au commandement du Christ : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait 125. » Ce n’est pas seulement en gros et dans les circonstances importantes qu’il faut être vertueux : l’honnêteté consiste à se perfectionner en tout genre, à poursuivre le bien en toutes choses, à fuir, après les vices, les défauts, les travers, les ridicules même, et toutes les misères adhérentes à l’humanité, qui rendent quelquefois les petites vertus plus difficiles à pratiquer que les grandes. […] Quel rappel énergique à tout un corps d’hommes instruits, que leurs fonctions sont fonctions de charité, sont devoirs impérieux et sacrés comme ceux du prêtre envers l’humanité souffrante, et non pas seulement matière à lucre, à honneurs206, et même à science207 !

42. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Son idée morale de l’homme est complète : rien n’y manque, depuis la juste proportion des soins dus au corps jusqu’aux intimes et hautes obligations de l’âme intelligente envers Dieu. […] Je ne dis pas que dans les campagnes, où le travailleur exerce jusqu’à l’épuisement ses forces musculaires, la simple inaction ne soit pas une distraction suffisante, et qu’un repos du corps, entremêlé de causerie, de musique simple ou de danse violente, ne fasse pas, avec les heures passées à l’église, une journée de relâche suffisante, quoique la danse ait ses inconvénients, et que le cabaret soit trop souvent en face de la porte du temple.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Les suppôts d’Esculape veulent absolument le rendre sain d’esprit & de corps, ils le régalent en conséquence d’un déluge de lavements.

44. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Et Joubert arrivait les mouchettes à la main, son tablier autour du corps, une larme dans les yeux. […] Long corps, jambes sans fin, longue figure et des bras qui n’en finissaient pas : celui-là faisait rire et pleurer à volonté. […] Madame Sainval aînée, corps si frêle, âme si grande. […] de notre temps, nous appartenions corps et âme à l’art dramatique, c’était là toute notre vie. […] — Molière l’a tué, Molière l’a pris au corps, Molière l’a placé entre deux étaux !

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Si les Auteurs doivent faire parler leurs personnages décemment, il est une décence qu’ils sont obligés d’observer eux-mêmes en critiquant les mœurs, les vices ou les ridicules de quelqu’un qui tient à un Corps respectable. […] Mais qu’elle ne confonde pas avec lui tous ceux de son état ; au contraire, il est de la décence, de l’honnêteté, qu’elle marque sensiblement la différence qu’il y a de lui à ses confreres : qu’elle fasse tomber tous ses traits sur lui ; mais qu’elle prodigue en même temps au reste du Corps les éloges qui lui sont dus.

46. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Le Mercure galant de 1673 disait : « Tous les manteaux de femmes que l’on fait présentement ne sont plus plissés ; ils sont tout unis sur le corps, de manière que la taille paraît plus belle ; ils ont été inventés par Mlle Molière. » Est-il téméraire de conclure de ce renseignement qu’Armande avait la taille bien faite ? […] Elle a fait éclater ensuite une disposition toute divine, et ses pieds amoureux sur l’émail du tendre gazon traçoient d’aimables caractères qui m’enlevoiont hors de moi-même et m’attachoient par des nœuds invincibles aux doux et justes mouvemens dont tout son corps suivoit les mouvemens de l’harmonie. » En paraissant devant la cour avec l’Elmire du Tartuffe, Armande aborde un caractère autrement sérieux que les rôles d’aimable fantaisie et de convention romanesque où nous venons de la voir. […] Elle se dédommage par un luxe assez déplacé chez une jeune fille de moyenne condition : son habit se composait d’une « jupe de satin couleur de feu, avec trois guipures et trois volans et le corps de toile d’argent et soie verte. » Elle n’eut qu’une part secondaire dans les représentations de Mélicerte, du Sicilien et d’Amphitryon : on ne sait même pas si elle joua dans la première et la dernière de ces pièces ; dans la seconde elle tenait le rôle de Zaïde, personnage de simple figuration, et elle dut s’y contenter d’un succès de costume, sous une « riche mante, » présent du roi. […] L’accusation d’empoisonnement qui pesait sur lui fut reconnue fondée et, le 27 février 1676, il s’entendit condamner au blâme, à l’amende honorable, à 4, 000 livres de dommages-intérêts et 200 livres d’amende ; les imprimeurs de son factum devaient être appréhendés au corps et poursuivis.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

fist-il, tant as le corps beau, Et ton chant plein de mélodie ! […] Regarde-moi bien ; remarque ces airs, ce penchement de tête, ce tour de corps.

48. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

C’est que les femmes font cause commune ; c’est qu’elles sont liées par un esprit de corps, par une espèce de confédération tacite, qui, comme les ligues secrètes dans un État, prouve peut-être la faiblesse du parti qui se croit obligé d’y avoir recours. […] On la lui refuse longtemps ; on déclare sa cendre indigne de se mêler à la cendre des Harpagons et des Tartuffes dont il a vengé son Pays ; et il faut qu’un Corps illustre attende cent années pour apprendre à l’Europe que nous ne sommes pas tous des barbares.

49. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il appartient à la classe des esprits providentiels qui ont pour mission de rassembler, à certaines époques, les idées éparses, et de leur donner un corps; ce qu’Homère a fait pour les chants héroïques de la Grèce ; Dante, pour les traditions catholiques du moyen-âge Molière l’a fait pour les préceptes universels de la raison. […] Molière regardait même les gens de cette condition comme formant un corps, une classe dans la société. […] Molière se moque impitoyablement de ces prudes, « plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps » (ce sont ses expressions), qui jettent les hauts cris au moindre mot scabreux, ce qui prouve chez elle une intelligence dépravée, au lieu de donner une haute opinion de leur pudeur. […] Peut-être cette entreprise vous surprendra chez un homme qui n’est point de votre corps, et que quelqu’un de vous dira que je devrais laisser ce soin aux auteurs qui en sont, etc. » Ceci s’adressait à la jalousie de Molière, jalousie qui n’était que trop fondée, ainsi que beaucoup de gens pouvaient l’attester. […] Ce n’est pas que nous blâmions certes l’attachement à l’existence, mais tout ce qui tend à établir la prééminence du corps sur l’âme, des besoins naturels sur les facultés de l’esprit, mérite d’être énergiquement combattu.

50. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Mais les filles peuvent naître coquettes, et même elles naissent toutes coquettes, dans un sens qu’il est à propos de déterminer, « Les filles, dit Fénelon20, naissent avec un désir violent de plaire ; les chemins qui conduisent les hommes à l’autorité et à la gloire leur étant fermés, elles tâchent de se dédommager par les agréments de l’esprit et du corps ; de là vient qu’elles aspirent tant à la beauté et à toutes les grâces extérieures, et qu’elles sont si passionnées pour les ajustements ; une coiffe, un bout de ruban, une boucle de cheveux plus haut ou plus bas, le choix d’une couleur, ce sont pour elles autant d’affaires importantes. […] Entre le corps et l’esprit dont il est formé, il est aisé de voir auquel il donne la préférence : Oui, mon corps est moi-même, et j’en veux prendre soin ; Guenille, si l’on veut ; ma guenille m’est chère.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Scapin arrive ; Léandre met l’épée à la main & veut la passer au travers du corps de son valet, s’il ne lui avoue la perfidie qu’il lui a faite.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Après avoir disposé de tous ses effets pour acquitter ses dettes, il ajoute : « Mais comme il pourroit se trouver quelques créanciers qui ne seroient point payés quand même on auroit réparti le tout ; dans ce cas ma volonté derniere est qu’on vende mon corps aux Chirurgiens le plus avantageusement qu’il sera possible, & que le produit en soit appliqué à la liquidation des dettes dont je suis comptable à la Société ; de sorte que si je n’ai pu me rendre utile pendant ma vie, je le sois au moins après ma mort ».

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