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20. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il en est ainsi dans tous les temps : les médiocrités, pour se venger du talent qui les accable, prennent toujours le masque de la passion dominante ; plus tard elles eussent dénoncé Molière comme janséniste ; aujourd’hui elles le traiteraient de séditieux ou de révolutionnaire. […] On ne se contenta point d’attaquer la religion ou la morale du poète, on nia jusqu’à son talent ; on le ravala au niveau des derniers bateleurs ; enfin on l’abreuva de toutes les humiliations et de tous les dégoûts. […] Les arrêts de Boileau faisaient loi au Parnasse ; et la seule autorité de sa raison suffisait pour mettre au néant cette nuée de méchants rimeurs, véritables insectes qui bourdonnent autour du talent, et qui réussissent trop souvent à le décourager. […] Molière fût bien endommagé de ses longues tribulations ; le succès du Tartuffe fut complet et l’auteur recueillit de toute part le prix du talent et de la persévérance. […] Ce grand poète, avec tout son talent, ne serait jamais venu à bout de mettre en scène un homme pieux, et de le peindre des couleurs qu’il a données à son Tartuffe.

21. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Des hommes de beaucoup d’esprit et de talent ont travaillé après lui, sans pouvoir ni lui ressembler ni l’atteindre. […] C’est pourtant dans cet ouvrage, dont le fond est si vicieux, que Molière fit voir les premiers traits du talent qui lui était propre. […] Les mauvais écrivains ne manquent jamais de se réunir contre le talent, sans songer que cette réunion même prouve sa supériorité. […] La critique, en particulier, n’est utile qu’au talent; en public, elle est utile au goût: hors ces deux cas, à quoi sert-elle? […] Il encourageait les talents naissants.

22. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Il faut convenir que personne n’a reçu de la Nature plus de talents que M. de Molière pour pouvoir jouer tout le genre humain, pour trouver le ridicule des choses les plus sérieuses, et pour l’exposer avec finesse et naïveté aux yeux du public. […] Il ajoute que les beautés des portraits qu’il fait sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossières : et que le talent qu’il avait à plaisanter s’était renforcé de la moitié par celui qu’il avait de contrefaire. […] Bouhours, par le jugement avantageux qu’il semble en avoir fait dans le monument qu’il a dressé à sa mémoire, où après l’avoir appelé2 par rapport à ses talents naturels, Ornement du Théâtre, incomparable Acteur, Charmant poète, illustre Auteur, Il ajoute pour nous précautionner contre ses partisans et ses admirateurs, et pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux gens du monde, C’est Toi dont les plaisanteries Ont guéri des Marquis l’esprit extravagant.

23. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Le père des auteurs, c’est ainsi qu’on le nomme, Du vrai talent toujours le modèle et l’appui : Vous sympathiseriez, j’en suis sûre, avec lui. […] Ce trait (ainsi que quelques autres) ne saurait atteindre les grands talents, ornements de la scène française ; et, pour ne parler que de la comédie, si Molière lui-même y voyait représenter certains ouvrages qu’il n’a pu que lire sur les tristes bords du Léthé, ne ferait-il point grâce à Marivaux et à Lanoue en faveur de leurs interprètes ? […] Picard ; mais ayant à retracer dans un ouvrage que je me propose de publier incessamment les mœurs d’une époque qu’il a si bien peinte dans tous les siens, j’ai dû faire de son théâtre surtout une étude particulière, et c’est en l’approfondissant que j’ai de plus en plus apprécié l’excellence d’un talent fait pour honorer notre siècle.

24. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Son talent comme acteur et comme orateur. […] Son talent a été proclamé par plusieurs des chroniqueurs contemporains et n’a été contesté par aucun. […] Elle joignait encore au talent de la déclamation et du jeu de théâtre celui de la danse. […] Il eut le talent de ne mettre que de l’esprit là où tout autre n’eût mis que de l’amour-propre. […] Le talent de Molière fut de nouveau mis à contribution pour ajouter au charme de cette journée.

25. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Si cette forme de l’art s’est uniquement produite en Italie, c’est que les Italiens ont porté plus loin que tout autre peuple le talent du mime et de l’acteur. […] Mais c’étaient là des modifications une fois faites, qui duraient toute la vie du comédien qui avait le talent de les imposer au public. […] Les jeux de physionomie, les postures, les gestes tenaient une grande place dans leur talent.

26. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Quoiqu’il en soit depuis les anciens Poètes Grecs et Latins qu’il a égalés et peut-être surpassés dans le Comique, aucun autre n’a eu tant de talent ni de réputation. […] Il a ramassé en lui seul tous les talents nécessaires à un Comédien.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Comme de coutume je ne hausse ni ne baisse, chacun a ses petits talents dans ce monde : vous aimez le cotillon ; moi, j’aime la bouteille, &.... […] Damis, par exemple, jeune Conseiller, doit tout son mérite à sa bouquetiere & à son parfumeur : les filles à talent dictent ses arrêts dans leur alcove ou dans leurs boudoirs. […] Il est honteux, ajoute-t-il, que des hommes de génie & de talent s’exposent, par cette petite guerre, à être la risée des sots ». […] On consent à la fin à le prendre pour acteur, s’il a quelque talent. […] Mais votre malheur vous conduit-il chez ces prétendus amateurs, qui desirent de voir des Artistes chez eux seulement pour en parer tous les matins leur antichambre ou leur cabinet à toilette, songez alors que s’ils ont de la naissance, vous avez des talents.

28. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Grace donc à cette heureuse pensée, conçue et menée à bonne fin par la Comédie-Française, nous avons pu voir, enfin, représenter avec tout l’éclat, tout le talent, toute la pompe même de décorations et de costumes qu’un spectacle aussi singulier exige, le pur et vrai Don Juan de Molière, ce drame en prose et pourtant si poétique, où la réalité s’unit au merveilleux, la fantaisie à l’observation, l’ironie sceptique à la crédulité légendaire ; drame sans modèle en France et resté sans, postérité comme le Cid, et dont les beautés irrégulières font clairement prévoir ce qu’aurait produit en ce genre la muse française, s’il avait pu lui convenir de puiser plus fréquemment aux sources romantiques. […] Quelle a donc pu être la cause ou le prétexte de cet arrêt d’expropriation rendu contre un grand génie au profit d’un talent de second ou de troisième ordre ? […] Pour moi, je reconnais bien volontiers la facilité remarquable, et même le talent très réel, qu’a déployé l’habile versificateur dans l’accomplissement de cette tâche ingrate ; mais je ne puis lui pardonner d’avoir dérangé l’économie de cette composition, d’en avoir méconnu les proportions et affaibli la portée philosophique et morale. […] Mme Volnys, chargée du personnage sacrifié d’Elvire, qui ne paraît que deux fois pour faire d’amers reproches ou donner d’austères conseils à son amant, mérite des éloges tout particuliers pour le parti que son talent a su tirer de cette tâche.

29. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En 1645, il en vint une très nombreuse et très remarquable par le talent des artistes qui la composaient. […] Nous nous bornerons à citer ce que ce dernier, homme d’esprit en même temps qu’artiste, dit à la scène septième de l’acte II de Colombine avocat pour et contre, où il essaye de donner une idée des talents mimiques de Scaramouche : « Après avoir raccommodé (mis en ordre) tout ce qu’il y a dans la chambre, Scaramouche prend une guitare, s’assied sur un fauteuil, et joue en attendant que son maître arrive. […] Il faut convenir aussi que cet excellent acteur possédait à un si haut degré de perfection ce merveilleux talent, qu’il touchait plus de cœurs par les seules simplicités d’une pure nature que n’en touchent d’ordinaire les orateurs les plus habiles par les charmes de la rhétorique la plus persuasive. […] Fiurelli, dont le talent consistait principalement dans les jeux d’une physionomie très expressive, ne portait point de masque : il se blanchissait le visage et se noircissait les sourcils et les moustaches.

30. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Il s’associa quelques jeunes gens qui avoient du talent pour la déclamation. […] Les beautés des portraits qu’il a faits sont si naturelles, qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossieres ; & le talent qu’il avoit de plaisanter étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire.

31. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

le fat modeste, le petit seigneur, le faux magnifique, le défiant, l’ami de cour, & tant d’autres, viennent s’offrir en foule à qui aura le talent & le courage de les traiter. […] Par-dessus tout cela, il a cette tournure d’esprit qui fait le comique, qui jette un certain vernis de ridicule sur les choses ; talent qu’Aristophane possédoit dans le plus haut degré. […] Savoir rendre ridicules les hommes, est un talent voisin de celui de les rendre odieux. […] Epris de passion pour le théâtre, il s’associa quelques amis qui avoient le talent de la déclamation, & ils jouerent au fauxbourg S. […] Ce que la nature leur refuse en talent, l’orgueil le leur rend en impiété.

32. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Charmé du mérite de cette pièce, ainsi que du jeu de Molière dans le rôle de Sganarelle, il avait placé, en tête de chaque scène, des arguments destinés à faire valoir le talent du poète et celui du comédien. […] Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux. […] C’est de L’École des maris que date véritablement ce qu’on pourrait appeler la seconde manière de Molière, celle où, cessant de copier avec talent, il invente avec génie, où renonçant à imiter les tableaux fantastiques d’une nature de convention, il prend pour uniques modèles, l’homme de tous les temps et la société du sien. […] Poisson, surtout Le Mercure galant, et les deux Ésope 5, de Boursault, auteur dont le talent naturel et facile, incapable peut-être de s’élever avec succès jusqu’au développement d’une intrigue ou d’un caractère, brilla dans des scènes détachées, d’une invention heureuse et d’une exécution piquante. […] On y verra, sans étonnement, mais non pas sans plaisir peut-être, que La Fontaine avait été des premiers à sentir et à reconnaître le talent de Molière.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Forlise, le héros de la piece, est un de ces prétendus protecteurs qui voudroient avilir les véritables personnes à talent, & s’engouent des originaux qui savent leur en imposer à force d’impudence. […] Vous êtes un homme dé mérite ; vous avez des talents, des connoissances : jé né suis pas un sot, un ignorant. […] Jé possede l’heureux talent D’amuser un Grand qui s’ennuie. […] Seigneur, j’ai appris que vous cherchiez un nombre de gens pour contribuer par leurs talents aux plaisirs de l’Hiver pendant son séjour en France. […] Avec votre permission, & sauf le meilleur avis de votre Divinité, ne seroit-il pas beaucoup plus avantageux, au lieu de multiplier les êtres à l’infini, de trouver un sujet qui rassemblât en lui tous les divers talents ?

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Nous l’avons vu cent fois, cet Esprit indocile, Allumer au Parnasse une guerre civile, Et remplir les écrits de mille faux brillants, Qui faisoient sous leur joug gémir les vrais talents. […] Le Bon-sens leur parle ainsi : Qui faisoient sous leur joug gémir les vrais talents.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Ce Prince, grand, magnifique en tout, jusques dans ses jeux, vouloit voir briller dans les fêtes galantes qu’il donnoit à grands frais, tous les talents que ses largesses avoient fixés à sa Cour : aussi quelques-unes des comédies-ballets de Moliere n’ont-elles été composées que pour faire paroître des décorations magnifiques, des machines surprenantes ; que pour amener des morceaux de musique composés par les plus grands Maîtres, & chantés par des voix enchanteresses ; pour donner lieu à des ballets exécutés par les plus belles Dames de la Cour & les Seigneurs les mieux faits. […] Il est sans contredit bien flatteur de contribuer aux plaisirs de son Roi, de son Maître, sur-tout quand il se déclare le protecteur des talents, qu’il encourage les Artistes en applaudissant à ceux qui se distinguent, & en laissant tomber sur eux de ces regards favorables qui font autant d’honneur au protecteur qu’au protégé.

36. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Dépourvu de talents, de vertus et d’honneur, Et ne sachant que faire, il s’est fait délateur : Métier noble, du reste, et, bien que l’on en glose, Facile, et sûr du moins pour être quelque chose. […] Malin observateur de nos vices bourgeois, Bon et joyeux Picard, peut-être, quelquefois, Dans tes tableaux, brillants de vérité, de grâce, À nos petits travers tu donnas trop de place ; Mais que l’on applaudit le flexible talent Dont la variété nous charma si souvent, Et que de fois Picard, en voulant nous distraire, Dans la cause du rire a trouvé l’art de plaire ! […] De talents si divers on peut s’enorgueillir, Et prédire à la scène un nouvel avenir, Si de l’autorité la sage tolérance Rend au génie, un jour, sa fière indépendance.

37. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Bientôt aussi le talent de converser devînt le but d’une émulation vive et générale : on en vint plus tard à mettre par écrit les conversations des sociétés particulières, on les livra à l’impression : on envoya ses conversations à ses amis et à ses connaissances13. […] Ce fut l’ode de Malherbe sur la mort de Henri IV, qui éveilla le talent de La Fontaine ; et qui n’a entendu citer ces vers sur la mort de mademoiselle du Périer, Elle était de ce monde où les plus belles choses                Ont le pire destin ; Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses,                L’espace d’un matin ? […] Il semble craindre à la suite d’avoir été injuste en bornant le talent du second au genre pastoral.

38. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Scribe, dont le rare talent commençait à se faite connaître. […] Le style, qui distingue surtout le talent de l’auteur, fait le principal mérite de l’ouvrage. […] Ce n’est pas toutefois, il s’en faut bien, à ce seul titre qu’ils se distinguent, et c’est ici le lieu d’examiner, sous le rapport philosophique, le talent et la manière de M. […] Scribe a réussi au théâtre, peut-être autant, peut-être plus par les défauts que par les qualités de son talent. […] Malgré la supériorité de son talent, malgré sa rare intelligence, jamais il ne fut, si l’on peut s’exprimer ainsi, jamais il ne fut extérieurement le Misanthrope.

39. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Racine, celui des quatre amis dont le caractère avait le plus d’élévation, celui à qui les autres étaient le moins nécessaires, celui dont la marche était la plus sûre à la cour, n’aidait de son talent, ni même n’accréditait par une approbation éclatante, ni la satire directe, ni la comédie satirique ; mais s’il n’était pas celui qui se fît le plus craindre de l’ennemi, c’était celui qui flattait le plus noblement le maître, celui dont l’éloge avait le plus de poids, et qui donnait à l’agrégation des quatre amis le plus de sûreté et de stabilité, parce qu’il était celui qui affectionnait le plus les autres et avait au plus haut degré leur confiance. […] Une preuve qu’elle l’exerça justement, c’est que, pendant plus d’un siècle, la pièce fut éliminée du théâtre : et certainement ce ne fut pas faute d’esprit, de gaîté, de talent, car la scène de l’interrogatoire est, indécence à part, une des plus comiques du théâtre de Molière.

40. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

En l’an 1576, au moment où allaient s’ouvrir les États généraux de Blois, quatre ans après la Saint-Barthélemy, Henri III, qui appréhendait la réunion de cette grande assemblée, n’imagina rien de mieux, soit pour l’adoucir, soit pour la distraire, que de mander d’Italie la plus fameuse troupe d’acteurs de la commedia dell’arte qu’il y eût alors : les Gelosi (Jaloux de plaire), à la tête desquels venait de se mettre un homme distingué par sa naissance et par ses talents, Flaminio Scala, dit Flavio au théâtre. […] Née à Padoue en 1562, Isabelle brillait sur le théâtre depuis 1578, se faisait admirer par sa beauté, par ses rares talents, et, ajoutent tous les témoignages contemporains, par sa vertu. […] Elle avait un remarquable talent.

41. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Brécourt n’avait qu’un faible talent pour le genre dramatique. […] Après cet éclat, on fut obligé de les marier, et, quelque peu de talent qu’eût Beauval pour le théâtre, Paphetin le reçut au nombre de ses acteurs. […] Elle joignit au talent de la déclamation et du jeu de théâtre celui de la danse. […] Ses talents supérieurs n’empêchèrent pas de remarquer ses défauts. […] Il joignait au talent le plus parfait un esprit heureux et fécond, un agréable enjouement, l’art de conter et de jouer ses contes.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

On affiche une piece nouvelle, tout Paris y vole : la toile se leve, les acteurs paroissent, les amis de l’Auteur applaudissent, les ennemis de sa personne ou de ses talents crachent, se mouchent. […] Voilà ce qui constitue le grand comédien ; voilà ce qui le distingue de la foule de ces acteurs qui réduisent à un état purement méchanique, un art qui peut être sublime, & qui le rabaissent au talent du singe & du perroquet4. […] Graces à leurs talents, l’occasion se présentera souvent.

43. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Arlequin, après avoir fait deux fagots, veut en charger son âne ; il est surpris de trouver, au lieu de sa souquenille, un habit magnifique, une perruque, un masque, un chapeau bordé : il demande à son âne s’il sait comment tout cela a été changé, et le félicite de ses talents s’il est pour quelque chose dans la métamorphose. […] Ces canevas nous paraissent appartenir, au moins pour le fond, à la période où les rôles des deux zanni acquirent une importance exceptionnelle sur le théâtre italien de Paris, grâce au talent supérieur du Trivelin Locatelli et de l’Arlequin Dominique, qui y régnèrent l’un à côté de l’autre de 1662 à 1671, époque où le premier mourut et Dominique resta seul maître de l’emploi. […] » Fils d’un père et d’une mère qui jouaient la comédie, il avait été élevé pour la profession de comédien et possédait toutes les qualités, tous les talents nécessaires à cette profession, l’adresse, la souplesse, la dextérité.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voiture s’était fait remarquer, dès l’âge de quinze ans, par une longue épitre au roi, ouvrage de jeune homme, mais où, parmi les antithèses et les jeux de mots, on ne peut s’empêcher de reconnaître de l’esprit, du talent et surtout de l’élévation. […] Une lettre que lui adressa Voiture, sous le nom de Callot, fameux graveur du temps, la félicite de son talent pour le dessin.

45. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Son grand talent et sa grande renommée lui donnaient peut-être le droit de ne pas motiver ses décisions. […] Poquelin réunit plusieurs jeunes gens qui avaient ou croyaient avoir du talent pour la déclamation. […] Molière ne se bornait pas à cultiver son talent ; il travaillait aussi à former son esprit et son cœur. […] De Visé caractérisait ainsi ce talent : « Molière était comédien depuis les pieds jusqu’à la tête. […] Leurs trois talents ne formoient qu’un esprit, Dont le bel art réjouissoit la France.

46. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [84, p. 128-129] »

Les libertins, ou plutôt les jeunes gens qui aimaient à rire et à plaisanter, comparaient les talents de Joly avec ceux de Molière ; mais ils disaient que Molière était meilleur prédicateur, et que Joly était plus grand comédien.

47. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [2, p. 34-35] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 326-327 On prétend que le Prince de Conti* voulut prendre le jeune Molière pour son secrétaire, et qu’heureusement pour la gloire du théâtre français, Molière eut le courage de préférer son talent à un poste honorable.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Pour être poëte à présent, Quel est le talent nécessaire ? […] La nature, en formant tous les hommes pour l’imitation, n’a pas donné à tous le même talent pour l’imiter. […] Il faut qu’elle-même choisisse son peintre, qu’elle le doue de tous les talents nécessaires, qu’elle le mene sans cesse par la main, qu’elle l’éclaire sur tout ce qui se présente à lui ; qu’elle lui indique, par le moyen du goût, l’attitude, les traits, les couleurs qui rendront son portrait aussi frappant qu’agréable : sans cela il ouvrira de grands yeux sans voir, & les beautés les plus séduisantes passeront devant lui sans qu’il les saisisse. […] Nous avons vu combien de talents divers doit réunir un imitateur : nous verrons dans le quatrieme volume la distance qu’il y a de l’imitateur au traducteur, au copiste & au plagiaire.

49. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Quant à La Fontaine, que son amour pour la rêverie et son indifférence pour la fortune tinrent toujours loin des faveurs, qui, seul avant Fénelon eut au temps de Louis XIV le goût de la solitude et le talent, de peindre la nature, comme on veut bien convenir qu’il ne doit son génie qu’à lui-même, à ses goûts et à ses auteurs favoris, les vieux écrivains du XVIe siècle, il est inutile d’insister sur ce point. […] Est-ce au spectacle de la cour, est-ce seulement à son organisation nerveuse, tour à tour passionnée et défaillante, que Racine doit ce caractère de son talent pendant sa jeunesse ? […] Je ne sais s’il est vrai, comme l’affirmait un de ses contemporains, qu’avec lui on ne put parler que de vers, et des siens ; mais c’est une nature exclusivement littéraire, et qui ne dut subir que des influences du même genre : les satiriques romains, et chez nous Régnier et Molière, sont peut-être les seules influences qui aient déterminé la direction de son talent. […] La facilité de gagner augmente chez nos contemporains la passion de s’enrichir : l’art d’écrire est trop souvent devenu une industrie où beaucoup de talent se perd, se gaspille chaque jour.

50. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [98, p. 142] »

Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit, Dont le bel art réjouissait la France : Ils sont partis, et j’ai peu d’espérance De les revoir.

51. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Le temps, en effet, ne marche que pour ceux et pour celles qui ont à dépenser beaucoup de talent, beaucoup d’esprit, beaucoup de cœur ; quant aux autres, aux immobiles, aux oisifs, aux inutiles, aux inconnus, aux esprits blasés, aux beautés hors d’âge, ils se figurent qu’ils restent jeunes, parce que nul ne s’amuse à compter leurs cheveux blancs. […] Eh qu’importe, barbares, si mon talent est jeune, et si rien, dans mon art, ne se fait attendre : la voix, le geste, le sens, le sourire, le talent, la gaîté ? […] Non, certes, je ne dirai pas alors que vous êtes un grand talent, un rare esprit, je dirai mieux que cela, je dirai que vous êtes un heureux artiste. […] Vous êtes jeune, que vous importe ce qu’on raconte de votre talent, de votre renommée et de vos succès de chaque jour ? […] , ne laissant après eux que de faibles traces de ce talent qui agitait le monde !

52. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « epigraph »

« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M. 

53. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Le Prince de Conti*, devant lequel on la représenta, admira les talents de l’Auteur, et voulut se l’attacher en qualité de Secrétaire ; mais heureusement pour la gloire du Théâtre Français Molière préféra de suivre l’impulsion de son génie. […] Boursault* n’est pas épargné ; il est nommé avec le dernier mépris ; mais ce mépris ne tombe que sur l’esprit et sur les talents ; il avait attaqué Molière par un endroit plus sensible. […] Quelques Auteurs joignirent aux talents que ce genre exige, celui de semer leurs Pièces de vers heureux. […] Ces fêtes offrirent, pendant sept jours, tout ce que la magnificence et le bon goût du Prince, le génie et les talents de ceux qui le servaient, pouvaient enfanter de plus merveilleux et de plus varié. […] Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit, Dont le bel Air réjouissait la France Ils sont partis ; et j’ai peu d’espérance De les revoir, malgré tous nos efforts.

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