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22. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Comprise dans le périmètre fortifié, cette naumachie est devenue, je ne sais si c’est une demi-lune ou une lunette, et c’est ce qui l’a protégée. […] On ne comprendrait pas bien l’état ancien et les origines du théâtre en France, comme chez les autres nations chrétiennes, si on ne faisait ces rapprochements. […] Le Mystère du Vieux-Testament, qui fut joué pendant tout le cours du XVe siècle, comprenait la sortie d’Égypte, le passage de la mer rouge, l’histoire de Job, de Tobie, de Daniel, de Suzanne, d’Esther, d’Octave-Auguste et de la Sibylle. […] Elle comprend trente mille vers et forme un gros volume in-quarto, où pour notre part nous la laisserons dormir. […] Le malade redouble ses étranges et impétueux radotages, il menace, il crie, il supplie, il parle picard, normand, gascon, latin, charabias; on n’y comprend plus rien.

23. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est le génie d’où elle émane, c’est le goût qui la comprend et qui la sent. […] Nous ne le comprenons que par un effort d’érudition archéologique. […] Mais vous comprenez l’état d’esprit où est Clitandre. […] Delaunay comprend-il son contresens ? […] Elle l’écoute ; elle force les autres à l’écouter et à le comprendre.

24. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Certes, je comprends, à tout prendre, que l’on fasse une collection de beaux papillons ou de beaux insectes ; je comprends que l’on se forme un herbier. […] Comprenne, qui pourra, tous ces contrastes. […] — Elle n’ose pas oser, on voit qu’elle comprend, ou tout au moins qu’elle devine. […] Comprenne qui pourra. […] À vrai dire, en ceci, nous comprenons mieux La Bruyère et Le Sage que nous ne comprenons Molière.

25. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Quand, arrivé au terme de cette délicate et intéressante étude, on désire.mettre en ordre toutes les idées qui se sont agitées dans l’esprit, la première impression qu’on éprouve est un étonnement profond que Molière ait été, au point de vue moral, si peu compris ou si incomplètement apprécié par des juges illustres à divers titres : l’autorité de leur génie et de leur nom est impuissante à faire accepter leurs étranges conclusions. […] À ce point de vue, il n’a été vraiment compris de son temps que par deux hommes. […] Envers soi, envers sa femme820, envers ses semblables et sa patrie821, même envers Dieu822, Molière comprend et croit qu’il y a une règle formelle et invariable des devoirs, et que chacun est obligé de faire un continuel effort pour observer cette règle de son mieux. […] Le même esprit d’intérêt prudent pour la masse des faibles et des ignorants inspire la congrégation de l’Index dans ses interdictions, souvent mal comprises par ceux qui ne se placent pas à son point de vue.

26. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Gresset le comprit, et le héros de sa pièce s’acquitte on ne peut mieux de ce soin. […] On doit comprendre dans ce qu’on appelle les mœurs ces ridicules, ces travers, ces goûts fugitifs que la circonstance fait naître et qui se renouvellent sans cesse dans une grande capitale. […] C’est ce que Philinte a tout de suite compris, et sans prendre au sérieux la poésie d’Oronte, sans la juger rigoureusement au point de vue de l’art, il l’apprécie pour ce qu’elle vaut, et s’empresse d’en faire l’éloge, moins peut-être pour exprimer sa véritable pensée que pour donner le ton à son ami et lui faire comprendre que la sincérité serait déplacée en pareil cas. […] Ce discours à comprendre est assez difficile, Madame, et vous parliez tantôt d’un autre style. […] Ce ne peut être que de mieux faire comprendre au public le dessein criminel de Tartuffe.

27. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

reprit-il, tu ne me comprends donc pas, malheureux critique ? […] — Mais tu ne comprends donc rien ! […] De celui-là aussi vous nous rebattez singulièrement les oreilles, et je n’ai jamais compris, je vous l’avoue, comment vous pouvez admirer, si fort et en même temps, Molière et Marivaux, l’un si vrai et si net, l’autre si faux et si retors ; celui-ci qui rit franchement, celui-là qui ricane ; Molière qui va droit son chemin, Marivaux qui ne marche que dans les sentiers détournés ; Molière qui dit tout et même plus, Marivaux qui laisse tout entendre et quelque chose encore. […] En trois heures, ni plus ni moins, vous voulez absolument tout le secret de cette âme, de cet esprit, de ce jeune cœur ; et quand enfin la charmante fille a tout dit, quand vous ne lui avez épargné aucune équivoque, quand elle s’est bien fatiguée à comprendre ou plutôt à deviner vos poètes comiques, vous la rappelez du fond du théâtre, vous voulez la revoir pour l’applaudir, vous êtes ivres de joie, et personne ne prend en pitié cette enfant, la voyant la proie et la victime de votre admiration ! […] Pour ma part, je donnerais tout L’Impromptu de Versailles pour cette charmante scène entre Molière et sa femme… une scène qui sera toujours comprise et applaudie.

28. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Ou comprend sur ce point la sévérité d’un évêque comme Bossuet610, voyant le troupeau entier du peuple se corrompre joyeusement à ces immoralités étalées, tandis que si peu d’hommes prudents y savent prendre les leçons excellentes qu’elles cachent. […]   Quand on réfléchit de sens froid au suprême intérêt de la moralité des peuples et des rois, au désastre de leur immoralité, on comprend que Platon eût chassé Molière de sa république656 ; on comprend que Bossuet l’ait anathématisé. […] Il protestait que ce livre n’avait jamais fait sur lui, en l’écrivant, de mauvaises impressions, et il ne comprenait pas qu’il pût être si fort nuisible aux personnes qui le lisaient. » H.

29. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Il l’a dit quelque part en parlant de lui-même : « Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine 4. » Or, il aurait bien pu faire rire aux dépens de tel ou tel avocat, mais jouer le ridicule de la profession elle-même, cela était impossible; il le comprit et n’en parla point. […] Ils l’ont saisi d’abord et avant qu’il ait eu le loisir de les trouver mauvais; il les a loués modestement en ma présence, et il ne les a pas loués depuis devant personne : je l’excuse et je n’en demande pas davantage à un auteur; je le plains même d’avoir écouté de belles choses qu’il n’a point faites ‌ 7 . » Et, de vrai, cela se comprend dans une carrière où l’imagination est continuellement surexcitée, où il faut créer sans cesse et avec le plus d’esprit possible, où il est nécessaire de plaire à un public.

30. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

On comprend bien qu’une heure solennelle approche, l’heure du devoir : l’heure de donner le coup de canif au contrat et le coup d’épaule au divorce : c’est son état, elle le fait en conscience. […] Parce que, enfin, sous la provocante toilette de la forme, derrière le mot qui ose, le trait qui porte, la saillie qui éclate et flambe, il y a le fond : une action forte, comprise largement, étudiée puissamment, conduite selon l’art approfondi du théâtre, selon la science exacte de la vie... […] peut jouer un instant avec cela comme avec autre, chose, et inoculer l’enthousiasme des prosélytes aux badauds qui ne comprennent pas; mais, malgré des efforts généreux, très élevés et auxquels j’applaudis pour ma part de toute mon âme, la tragédie est morte. […] Il n’y a que la France, c’est une chose singulière, pour se donner cette joie difficile à comprendre, cette volupté baroque de se calomnier elle-même en criant à tue-tête dans un porte-voix : « Je suis la plus perdue de toutes les nations !

31. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Molière refusa; il comprenait dès alors la valeur de son génie; il était fait pour commander, et non pour obéir. […] et, lorsque le fâcheux tire des cartes de sa poche pour mieux faire comprendre son explication, peut-on s’empêcher de rire aux éclats ? […] Ils entendent mieux la vie; comprennent-ils mieux la mort ? […] Molière avait en grande estime le vers, il en comprenait si bien la supériorité sur la prose ! […] Il avait compris la difficulté de l’égaler ; il ne s’est pas servi du même procédé que lui, de peur de rester au-dessous du modèle.

32. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

La troupe italienne comprenait la plupart des artistes qui avaient quitté Paris au mois de juillet 1659 : Trivelin, le Pantalon Turi, Costantino Lolli, autrement dit le docteur Baloardo, Aurelia et Scaramouche. […] — Et les perdrix aussi », reprit le roi qui avait compris le trait. […] Le mime et le gymnaste semblent l’emporter sur l’acteur, et cela se comprend aisément, si l’on réfléchit que, devant un auditoire qui n’était pas italien, cette partie de la représentation était de beaucoup la plus intelligible et la plus saisissante.

33. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

S’il ne venait pas de parler ainsi, on ne comprendrait pas, de sa part, un pareil élan de générosité. […] Molière avait compris, avant lui, qu’il fallait en faire justice. […] Molière comprit cette seconde exigence, et il fut convenu que le faux dévot s’appellerait Panulfe. […] Par bonheur, ce fut une chute, qui suffit pour lui faire comprendre que son chemin n’était pas de ce côté-là. […] Le nouveau roi était fait pour en comprendre la vive gaieté et la franchise.

34. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

A-t-on bien compris même de nos jours ce qu’il t’a fallu de courage et de génie pour concevoir le plan de cet ouvrage et l’exécuter dans un temps où le faux zèle était si puissant, et où l’on éloignait Catinat du commandement, parce qu’il était philosophe ? […] J’ai entendu blâmer Le pauvre homme répété si souvent; j’ai vu depuis précisément la même scène et plus forte encore, et j’ai compris qu’on ne pouvait guère charger ni les ridicules ni les passions.

35. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Nos sots y compris les petits littérateurs, bannissent le stile familier de la conversation. […] Je crois qu’ils ne comprennent pas trop la phrase. […] Excellente figure de Géronte qui peu à peu comprend la mystification. […] Vous comprenez bien ? […] Bélise s’attache aux mots en vraie pédante au lieu de comprendre la chose.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Le Religieux comprit d’abord, par le portrait du personnage, que c’étoit son ami dont il s’agissoit. […] Il en profita en effet ; car ayant fort bien compris que c’étoit un avis que la Belle lui faisoit donner, il ne manqua pas, dès la nuit suivante, d’escalader le jardin, & de monter à la fenêtre par l’arbre indiqué. […] Moliere, en saisissant tout le comique que l’idée de l’Auteur Espagnol pouvoit lui fournir, a compris en même temps combien un fils qui se joueroit de son pere seroit révoltant sur notre scene.

37. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Ajoutez enfin que l’auteur est Molière, le peintre le plus habile et le plus sûr, le plus capable de rassembler en une seule image palpitante de vie et de passion26 tous les traits divers ramassés dans mille personnages, le plus puissant à imposer l’approbation, l’admiration, l’enthousiasme : il est inutile d’insister pour faire comprendre la puissance morale de Molière.   Alors, on comprend aussi combien il est intéressant de connaître les idées morales de cet homme. […]   Boileau, peintre élégant de portraits, ne comprenait pas que des grimaces pussent être artistiques, sublimes même.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Diane & Colombine n’y comprennent rien : elles battent Arlequin, & se retirent. […] Aux plantes seulement est la végétative, La sensitive au corps, l’ame a l’intellective, Et donne l’existence aux deux qu’elle comprend, Ainsi qu’un petit nombre est compris au plus grand. […] Au diable les savants, & qui les peut comprendre !

39. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

J’ai toujours aimé mademoiselle de Brie, elle a été bonne, fidèle et dévouée à cet illustre génie, dont elle comprenait toute la portée. […] Ici même vous comprendrez, par un très petit exemple, ce que c’est que le génie. […] Au reste, le public n’avait rien compris aux meilleures plaisanteries de ce nouvel intermède. […] Cet homme est naturellement boursouflé ; il ne comprendra jamais ce qui est simple et naïf. […] Vous lui parlez un langage qu’elle n’entend pas, vous lui faites des menaces qu’elle ne saurait comprendre !

40. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

II a échappé jusqu’ici aux lunettes des bibliographes et à la passion plus clairvoyante des amateurs du théâtre, Pont-de-Vesle, Befara et M. de Soleinne y compris. […] Avec Diafoirus et fils, Argan qu’il nomme Orgon, Purgon qu’il transforme en Turbon (car son oreille néerlandaise n’avait retenu ni compris les noms propres), ce pauvre hère fabriqua la plus plate, la plus fade, la plus triste comédie du monde, preuve éclatante de ce que vaut le style, même au théâtre.

41. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Maître, parlez de manière à être compris… BARRA. […] Elle a besoin de recourir à un notaire qui lui rédige un acte interminable auquel elle ne comprend rien, et, quand elle lui en demande l’explication, il la renvoie à un avocat, son associé.

42. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Mais, faute d’y penser, faute de comprendre assez l’importance de cette remarque, notre critique tombe à chaque instant dans l’injustice ou dans la banalité. […] L’élargissement du goût est facile à comprendre ; à mesure que nos préjugés tombent, beaucoup de nos répugnances doivent céder et disparaître.

43. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [77, p. 118-119] »

Vous êtes plutôt le diable, lui répondit ce pauvre garçon qui fut plus de vingt-quatre heures à comprendre comment ce malheureux bas se trouvait toujours à l’envers.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

Chapitre V Conclusion des quatre chapitres précédents qui comprennent les deux périodes de 1600 à 1610, et de 1610 à 1620.

45. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Je lui fis comprendre qu’il manquait de conduite par ses harangues dans lesquelles il mêlait le roi avec des citations de la Sainte-Écriture et des Pères. […] Son honorable cause n’était pas de nature à être comprise parle vulgaire ; elle n’était pas non plus de celles qu’on divulgue.

46. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

L’amour d’Alceste pour Célimène est facile à comprendre ; il est homme de goût, elle est femme de goût; il est homme d’esprit, elle est femme d’esprit ; mais Alceste a du génie : de là, l’inégalité et le malheur. […] Mais Rousseau élève la voix ; il accuse l’auteur d’avoir fait de Philinte son héros, tandis qu’il ridiculise Alceste : combattre ainsi Molière, c’était presque le comprendre.

47. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Le repentir m’a pris et j’ai craint le courroux céleste. » Par ces paroles, Don Juan ne cherche pas à tromper Elvire ; elle comprend parfaitement qu’il se moque d’elle et qu’il tourne en ridicule ses croyances religieuses. […] Cette remarquable peinture du jeu des passions fait comprendre la facilité avec laquelle elles s’emparent de l’esprit en y étouffant momentanément tous les sentiments moraux, en ravissant ainsi à l’homme le bon sens et la raison. […] Alceste comprend très bien que si sa violence, qu’il peut contenir encore, vient à empirer, il ne se possédera plus, qu’il sera possédé par elle, et qu’il pourra en résulter de sa part des actes qui lui seront préjudiciables. […] Il faut savoir, pour comprendre combien Molière est resté vrai dans cette circonstance, que les hommes faits comme Tartuffe ne doutent de rien, ce qui leur donne une audace inouïe qui va jusqu’à l’imprudence. […] Les erreurs commises par Jacques ne lui font point comprendre que celui-ci l’a trompé.

48. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

» Molière en effet a compris qu’un plaidoyer en faveur de Dieu, exposé en forme par un représentant de la piété, eût été à la fois très froid et très inconvenant : car le raisonnement appelait le raisonnement, et don Juan n’eût pas été homme à rester court. […] mais avec mon petit sens je vois les choses mieux que tous les livres, et je ne comprends fort bien que ce monde que nous voyons n’est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. […] Et si, comme on le dit, il a emprunté pour la peinture de ce caractère quelques traits à sa propre femme, ne sent-on pas qu’il a voulu, au contraire, flétrir la sécheresse d’un cœur glacé, incapable de comprendre le prix d’un cœur comme le sien ? […] Elle saurait comprendre Alceste, mais elle ne manque pas non plus de fierté ; et lorsque celui-ci, avec une gaucherie peu aimable, s’excuse de ne pas lui demander sa main, elle sait bien riposter avec quelque vivacité : Ma main de se donner n’est pas embarrassée. […] Après un accès de misanthropie qui le chasse pour un temps au désert, son âme haute et généreuse lui fera comprendre que c’est encore une sorte d’égoïsme que de ne vouloir jouir que de soi.

49. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Tant de manèges et de ruses ne se comprendraient pas dans une fille ; ils scandaliseraient dans une femme mariée ; le veuvage sauve au moins les apparences. […] Mais cette âpreté même est la marque d’un sentiment profond que Célimène ne comprend pas. […] Une femme honnête cherche une âme qui la comprenne, un mari qu’elle aime et auquel elle s’attache toute. […] Il lui faut cela, sans doute ; mais de plus une femme qui le comprenne, qui réponde à ses sentiments, qui console ses chagrins, qui répande la paix et la sérénité dans le cœur du mari, comme elle met l’ordre dans la maison. […] Esprit droit et sensé qui a compris le cœur du Misanthrope et pour cette raison fait de lui un cas particulier.

50. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Donneau de Visé, Robinet, Montfleury et Boursault ne sont pas simplement poussés par la jalousie littéraire : Molière le comprend bien28. […] L’inimitié des « supérieurs » officiels est trop facile à comprendre : je la rappelle ici sans y insister. […] Dans cette activité, on a vu aussi quelle part tenaient les « œuvres de zèle. » Or, s’il serait souverainement injuste, et nous n’y pensons nullement, de prétendre que le Jansénisme ne comprit pas, lui aussi, l’obligation de ces besognes de miséricorde47, il ne l’est pas d’observer que l’activité bienfaisante n’apparait point aux Jansénistes comme le principal de la vie chrétienne, et ne pouvait pas être, pour eux, l’idéal d’une association de dévots. […] N’est-ce pas cela que le public de Molière peut comprendre, doit sans doute comprendre et est presque forcé de conclure, » si ce n’est pas « ce que Molière a voulu faire entendre, car je n’en sais rien. »— L’histoire des hommes et des actes de la Compagnie du Saint-Sacrement nous permettent, ce me semble, de croire que nous en savons un peu plus.

51. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Je ne puis comprendre que la volonté de Dieu soit que je souffre de madame de Montespan. […] Je me suis mal expliquée si vous avez compris que je songeais à être religieuse.

52. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Doué d’une force prodigieuse de recueillement et de méditation, au milieu des agitations d’une vie nomade et de la direction d’une troupe d’acteurs plus difficile à régir qu’un empire, il sut unir l’activité et la contemplation ; il fit plus encore : il s’oublia lui-même, il se désintéressa de ce qu’il voyait si nettement, de ce qu’il comprenait si bien ; son âme sincère et compréhensive reçut fidèlement l’empreinte de l’humanité, et son puissant génie exprima ce que contenait son âme. […] Lié dès lors et comme enlacé à la vie de théâtre par ses goûts d’acteur, par ses succès d’auteur, et aussi, il faut bien l’avouer, par ses faiblesses d’homme, il comprit enfin que la tâche unique d’amuser ses contemporains était un rôle vulgaire, que la scène où il était monté devait être élevée et épurée, et qu’elle pouvait devenir une école pour réformer les travers de l’esprit et les vices du cœur, ou, tout au moins, pour les déconcerter par le ridicule. […] Et d’abord, quand on a lu Le Misanthrope, Tartuffe et Les Femmes savantes, on a peine à comprendre les critiques que Fénelon et La Bruyère ont faites du style de Molière, et on ne se les explique qu’en les rapportant à ses premiers essais ou, dans les œuvres de son âge mûr, au langage populaire qu’il a dû mettre, pour être vrai, dans la bouche de quelques vauriens de bas étage.

53. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

  Et donc, l’amour est d’abord un mouvement naturel ; mais, par le mot de nature, gardons-nous de comprendre les excitations instinctives du corps ou de l’imagination, faites pour être dominées et non obéies : il veut dire ici cette nature humaine en laquelle Cicéron ajustement affirmé qu’il faut chercher la source de la conduite et du devoir, parce que c’est une nature essentiellement raisonnable 424. […] Célimène n’aime point, parce qu’elle est coquette : ce vice la rend incapable de comprendre la.seule passion vraie qu’elle ait inspirée dans toute la cour.de galants qui l’obsède465. […] IV-VII. — Il y avait alors de la coquetterie jusque dans la dévotion : la préciosité avait envahi le ciel même, et véritablement les quiétistes étaient des précieuses dévotes ; elles parlaient un style incroyable :   Le contemplatif sent et comprend ce qu’il dit ;   Mais la chair n’entend pas la langue de l’esprit.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Baron ajoute plus bas : « Je ne faisois uniquement cette préface que pour y marquer les endroits où je m’écarte de l’original : mais je comprends que cela me meneroit trop loin. […] Dave feint de ne pas comprendre ce qu’il veut dire. […] Hé bien, as-tu compris ce que je t’ai dit ? […] Pamphile ne peut comprendre à quel propos son pere le presseroit d’épouser Philumene, s’il étoit vrai que Chrémès la lui refusât.

55. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

« Je ne comprends pas, disait-il un jour à ses camarades, en Languedoc, comment des personnes d’esprit prennent du plaisir à ce que je leur donne; mais je sais bien qu’à leur place je n’y trouverais aucun goût. » Il sentait combien son art était encore au-dessous de son cœur. […] Molière avait bien, avant le mariage, remarqué un peu ces tendances ; mais il avait cru que, devenue sa femme, elle comprendrait la nécessité d’une vie sérieuse; que, par amitié, par douceur, par raison, par respect d’elle-même et de lui, elle saurait montrer qu’elle n’avait ni méprisé, ni oublié ses leçons. […] Ainsi, le désordre occasionné dans son théâtre par les mousquetaires servit à lui faire mieux comprendre un de ses comédiens; ce fut ce brave Hubert, dont nous venons d’entendre les prouesses. […] Mais à la journée des mousquetaires, sa poltronnerie le frappa, et il vit où était le comique en cet homme ; il comprit dès lors tout le parti qu’il pouvait en tirer. […] Remarquons ici combien Molière aima les femmes; personne, en son temps, ne s’est intéressé à elles autant que lui, ne les a mieux comprises, mieux appréciées.

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