Tiens-toi un peu, enfonce ton chapeau en méchant garçon, campe-toi sur un pied, mets la main au côté, fais les yeux furibonds, marche un peu en roi de théâtre.
Il n’avoit pour toutes les autres connaissances ni loisir, ni curiosité, ni beaucoup d’estime. » Oui vraiment, notre professeur nous recommandait souvent cette phrase de Fontenelle… Autant qu’un poète qui ne fut que poète, et qui le fut sous les rois, peut être populaire, Corneille l’est encore : on l’a bien vu, l’automne dernier, à Rouen, lors du deux-centième anniversaire de sa mort ; ce fut une assez belle fête pour une fête de province. […] Notons à part l’Œdipe roi, de Sophocle, traduit par M.
Sous la tente du désert, le père fut le premier roi au milieu du peuple respectueux de ses enfants. […] Il dit aux demandeurs de pensions qui tournent autour des rois comme des chiens autour d’une cuisine : « Que font-ils pour l’Etat746 ?
« Messire Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Condom, conseiller du Roi en ses Conseils, ci-devant précepteur de Monseigneur le Dauphin, premier aumônier de Madame la Dauphine803, » ne pouvait, d’une si grande hauteur, considérer qu’avec mépris un baladin, journellement exposé à la risée publique, et qui, à la honte de cette profession proscrite, ajoutait le crime d’avoir été, sinon l’instigateur, au moins le complice des désordres et des scandales de la vie du roi804. […] De la série d’anecdotes rapportées entre le grand roi et son valet de chambre-tapissier, comme de tous les vers de Boileau consacrés à l’homme qui honore le plus le siècle, il ressort une estime et un respect réfléchis : ils paraissent tous les deux convaincus par l’évidence du génie, sans qu’il y ait cabale, intérêt ni autorité qui puisse les ébranler dans leur foi818.
Ormin prie Eraste d’appuyer un projet de son invention, qui doit augmenter de quatre cents millions les revenus du Roi, & finit par lui demander deux pistoles à reprendre sur le droit d’avis7. […] Je me suis proposé pour but d’augmenter leur émulation en mesurant devant eux l’intervalle immense qui sépare ces deux Rois de la Scene Françoise, c’est à eux de s’y former un empire s’ils le peuvent.
Cependant de lui-même, Méon quitta la Bibliothèque du roi en 1829, et c’est alors que se posa la candidature de M. de Stendhal. […] BIBLIOTHÈQUE DU ROI Paris, le 28 juin 1829. L ’ administrateur de la Bibliothèque du roi. […] Beyle, qui désire entrer comme auxiliaire au département des Manuscrits de la Bibliothèque du roi. […] Ce qui suit sont des galanteries de dévot (on m’annonce la Ballu que le Vice Roi a tourné casaque et que 60,000 hommes arrivent de la Suisse pour nous couper tous).
Pourvu qu’ils sachent plaire au plus puissant des Rois : Qu’à Chantilli Condé les souffre quelquefois ; Qu’Enguien en soit touché, que Colbert, et Vivone, Que la Rochefoucaut, Marsillac, et Pompone, Et mille autres qu’ici je ne puis faire entrer, À leurs traits délicats se laissent pénétrer.
Fulvio invoque l’appui de son valet Scapin, le roi des fourbes ; ce dernier fait une première démarche auprès de Celia et de Mezzetin, le maître de Celia ; mais Fulvio survient après lui, et dit tout le contraire de ce que le valet vient de dire, de sorte que Mezzetin s’écrie : Signor, ho inteso il tuono della canzone, ma la musica non fa melodia, « j’ai entendu la chanson, mais votre musique n’est point d’accord 24 ».
Tant qu’il vécut, on vit dans sa personne un exemple frappant de la bizarrerie de nos usages : on vit un Citoyen vertueux, réformateur de sa Patrie, désavoué par sa Patrie, et privé des droits de Citoyen ; l’honneur véritable séparé de tous les honneurs de convention ; le génie dans l’avilissement, et l’infamie associée à la gloire : mélange inexplicable, à qui ne connaîtrait point nos contradictions, à qui ne saurait point que le Théâtre respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, ressuscité dans les États du Souverain Pontifea, redevable de la première Tragédie à un Archevêqueb, de la première Comédie à un Cardinalc, protégé en France par deux Cardinauxd, y fut à la fois anathématisé dans les Chaires, autorisé par un Privilège du Roi, et proscrit dans les Tribunaux. […] Né en 1620 d’une famille attachée au service domestique du Roi, l’état de ses parents lui assurait une fortune aisée.
Vivant dans une société et’ parmi des amis illustres, qui discutaient vivement les questions religieuses ; protégé par un roi qui s’occupait de religion, même au milieu des plaisirs, et avait à ce sujet des opinions très arrêtées ; menacé comme comédien par la doctrine, et condamné par la discipline de l’Église ; ayant devant les yeux des exemples tristes de l’abus que les hypocrites et les ambitieux peuvent faire des choses saintes ; porté d’ailleurs par le caractère universel et touche-à-tout de son génie ; forcé enfin par les agressions déloyales de rivaux jaloux qui, le trouvant inattaquable sur tout le reste, croyaient le surprendre sur ce point, — un jour, il voulut dire, et dit franchement, dans deux comédies, ce qu’il pensait de la religion. […] Boileau, Discours au Roi, v. 102 :1665. — Les trois premiers actes du Tartuffe avaient été représentés chez Monsieur en septembre 1664, et aussi aux fêtes de Versailles la même année.
Quelle mine aurait fait une coquette dans ces réunions de guerriers où Agamemnon, le roi des rois, dépeçait de ses mains le bœuf du sacrifice, le mettait à la broche et en distribuait le dos entier aux convives qu’il voulait honorer ? […] Saint-Simon raconte que les courtisans évitaient de passer sous les fenêtres de Mme de Montespan, surtout quand le roi y était avec elle, parce qu’ayant infiniment d’esprit, de tour et de plaisanterie fine, elle donnait les ridicules les plus dangereux du monde.
Qu’il a toujours, malgré ses remontrances, Heurté le fondement de toutes les Sciences, La Grammaire, qui sait régenter jusqu’aux Rois, Et les fait, la main haute, obéir à ses loix49.
De par le Roi, Dites-moi, sans mensonge & sans être interdite, Si vous reconnoissez ce mémoire.
Il y a eu une Mathurine de Sotenville, qui refusa vingt mille écus d’un favori du Roi, qui ne lui demandoit seulement que la faveur de lui parler.
Ce n’étoit plus un pere qui étoit le Roi de sa famille, mais c’étoit un bon-homme qui n’étoit d’aucun usage, qu’on souffroit par commisération, & que bientôt on se lasseroit de supporter si le poison lent, qu’on lui donnoit par un pareil procédé, ne faisoit pas plus de progrès.
Il était sincère dans son amitié pour le roi qui, ne l’oublions pas, autorisait Tartuffe ; et sa reconnaissance pour le roi l’entraînait fort probablement jusqu’à l’admiration de la royauté. […] C’est simple, c’est naïf, c’est naturel ; c’est de la poésie du temps* où les rois épousaient des bergères ; mais que diable !
Dans sa vie de comédien et de valet de chambre du Roi, le poète avait souffert bien des mépris; obligé de sacrifier son indépendance à sa gloire, de se créer de puissans protecteurs pour qu’il lui fût donné de lire des marquis et de stygmatiser les tartufes, il avait eu à subir le contact impur de la cour.
Il étoit fils & petit-fils de valets-de-chambre tapissiers du Roi.
Le Baron de.... homme simple, & rond de toutes les manieres, ayant obtenu aux Etats de sa province l’honneur d’en présenter la feuille au Roi, se trouvoit fort embarrassé, & ne savoit trop comment & en quels termes il parleroit à son Prince.
Quand Orgon a reconnu les coquineries de son imposteur, & qu’il le chasse, celui-ci va dénoncer son bienfaiteur, remet au Roi les papiers qu’Orgon a reçus d’un criminel d’Etat, & se charge d’accompagner l’Exempt qui est censé devoir l’arrêter.
Le premier acte du Démocrite amoureux, de Regnard, se passe dans un bois, & les autres à la Cour ; on dira à cela que le bois où le Roi trouve Démocrite, peut n’être pas éloigné de sa Cour, & que les acteurs peuvent s’y transporter en peu de temps sans blesser la vraisemblance.
On voyoit d’abord un Roi qui, après un entrechat, donnoit un coup de pied dans le derriere à son premier Ministre, celui-ci le rendoit à un second, le second à un troisieme, & enfin celui qui recevoit le dernier coup, représentoit le gros de la nation, qui ne se vengeoit sur personne.
. — “Madame (ou Monsieur) vous qui avez vu, à vos pieds, un parterre de rois !”
Transposez : ceci est le langage protecteur et insolent d’un roi parlant à un petit gentilhomme ou d’un petit gentilhomme parlant à un bourgeois ou à un paysan. […] C’est un roi déshonorant son capitaine des gardes, c’est-à-dire, selon leurs idées, lui donnant une marque incomparablement flatteuse de sa faveur. […] Dans Tartuffe, il fait intervenir le roi ; dans Don Juan, Dieu. […] L’autre sur vos désirs vous fait régner en rois, L’un vous tire aux enfers et l’autre dans la gloire. […] Jourdain, moins sinistre, n’est-il pas l’homme qui veut se décrasser et se faire des relations belles pour que l’on parle de lui dans la Chambre du Roi, et n’y a-t-il nul rapport entre Jourdain et Samuel Bernard ?
Vous vous êtes réglé sur de méchants modèles, Et vos expressions ne sont point naturelles… Et le misanthrope condamne chaque expression tour à tour ; il n’en épargne aucune et, pour protester contre toute affectation, toute recherche, il se met à chanter : Si le roi m’avait donné Paris, sa grand’ville…, etc… Aussitôt le public d’applaudir à cette mâle simplicité, d’approuver Alceste et Molière, qui s’exprime, croit-on, par la bouche d’Alceste ! […] Certes, Molière ne pouvait officiellement, en plein xviie siècle, devant le roi, devant la cour, combattre la religion, que seuls quelques libertins se plaisaient alors à fronder, bien moins par conviction que pour faire du scandale.
Elle se dédommage par un luxe assez déplacé chez une jeune fille de moyenne condition : son habit se composait d’une « jupe de satin couleur de feu, avec trois guipures et trois volans et le corps de toile d’argent et soie verte. » Elle n’eut qu’une part secondaire dans les représentations de Mélicerte, du Sicilien et d’Amphitryon : on ne sait même pas si elle joua dans la première et la dernière de ces pièces ; dans la seconde elle tenait le rôle de Zaïde, personnage de simple figuration, et elle dut s’y contenter d’un succès de costume, sous une « riche mante, » présent du roi. […] Accompagnée du curé d’Auteuil, elle courut à Versailles se jeter aux pieds du roi ; elle supplia, mais avec fierté, avec courage. […] Elle aurait pu se joindre immédiatement à l’hôtel de Bourgogne ; le roi le souhaitait et l’hôtel n’eût pas mieux demandé à, ce moment que d’accueillir le Palais-Royal : une longue rivalité aurait ainsi pris fin.
J’ai mille courtisans rangés autour de moi : Ma retraite est mon Louvre, & j’y commande en roi.
C’est le problème des droits de la collectivité opposés aux prétentions de quelques « Fils de rois » à vivre sans contrainte leur vie aux dépens de leurs semblables.
Hauteroche, comédien du Roi, a fait, en 1672, une piece intitulée le Deuil, qui est très plaisante, mais qui n’est presque que la scene de Moliere étendue.
Il ne faut pas moins qu’un ordre du roi pour écarter Alceste.
Un avocat au parlement de Paris, un sieur de Rochemont, s’oublia jusqu’à remontrer au roi, dans un odieux libelle, « que l’empereur Théodose condamna aux bêtes des farceurs qui tournoient en dérision nos cérémonies, dans des pièces qui n’approchoient point de l’emportement qui paroît au Festin de Pierre 3. » On aimerait à rencontrer, dans les écrits contemporains, des renseignements exacts sur cette lutte du génie contre les mauvaises passions, lutte qui commença par le Festin de Pierre, et dans laquelle jamais Molière ne faiblit, ni, ce qui est plus admirable encore, ne dépassa les justes bornes.
Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi.
Il n’y a pas une de ses pièces où ce défaut ne soit mis en scène : « C’est l’amour propre qui a engendré les précieuses affectant un jargon inintelligible, et les savantes engouées de sciences qu’elles ne comprennent pas ; les pédants si orgueilleux de leur érudition indigeste, et les beaux esprits si vains de leurs fadaises rimées ; le manant qui épouse la fille d’un gentilhomme, et le bourgeois qui aspire à passer pour gentilhomme lui-même ; les prudes qui affichent une sévérité outrée, et les coquettes qui étalent les conquêtes faites par leurs charmes ; les marquis qui se vantent des dons de la nature, des bontés du roi et des faveurs des dames ; et ce misanthrope lui-même dont il faut estimer la vertu, mais dont l’orgueil bourru fronde la vanité de tous les autres154. » Si l’amour propre est le défaut le plus universel, il n’est pas le seul qui règne dans la bonne société : Molière a frappé avec non moins d’autorité sur l’habitude qu’ont les gens riches ou inoccupés, de médire sans cesse du prochain, et de trouver à blâmer partout155.