Quant aux coups de pinceau plus ou moins vigoureux qu’il faut employer en traçant des caracteres plus ou moins odieux, nous en parlerons quand il en sera temps.
Il n’a jamais cessé, même lorsqu’il a parlé le plus haut langage, de réjouir la foule qu’il convoque et qui grossit sans cesse.
On sait que chez les Athéniens, les auteurs jouaient souvent dans leurs pièces, et qu’ils n’étaient point déshonorés pour parler avec grâce en public devant leurs concitoyens. […] Du moins c’est ce que l’on trouve dans le Ménagiana ; et il est assez vraisemblable que Chapelain, homme alors très estimé, et cependant le plus mauvais poète qui ait jamais été, parlait lui-même le jargon des Précieuses ridicules chez madame de Longueville, qui présidait, à ce que dit le cardinal de Retz, à ces combats spirituels dans lesquels on était parvenu à ne se point entendre. […] Il eut un grand succès sur ce théâtre irrégulier ; on ne se révolta point contre le monstrueux assemblage de bouffonnerie et de religion, de plaisanterie et d’horreur, ni contre les prodiges extravagants qui font le sujet de cette pièce : une statue qui marche et qui parle, et les flammes de l’enfer qui engloutissent un débauché sur le théâtre d’Arlequin, ne soulevèrent point les esprits : soit qu’en effet il y ait dans cette pièce quelque intérêt, soit que le jeu des comédiens l’embellit ; soit plutôt que le peuple, à qui Le Festin de Pierre plaît beaucoup plus qu’aux honnêtes gens, aime cette espèce de merveilleux. […] On peut hardiment avancer, que les discours de Cléante, dans lesquels la vertu vraie et éclairée est opposée à la dévotion imbécile d’Orgon, sont, à quelques expressions près, le plus fort et le plus élégant sermon que nous ayons en notre langue ; et c’est peut-être ce qui révolta davantage ceux qui parlaient moins bien dans la chaire, que Molière au théâtre. Voyez surtout cet endroit: Allez, tous vos discours ne me font point de peur ; Je sais comme je parle, et le ciel voit mon cœur : Il est de faux dévots, ainsi que de faux braves, etc.
On en a parlé dans le dictionaire historique éditions de 1725. et de 1732. mais son article mérite les corrections et les additions suivantes.
Une infinité de gens ont dit qu’il expira dans cette partie de la piece ; & que lors qu’il fut question d’achever son rôle, en faisant voir que ce n’étoit qu’une feinte, il ne put ni parler, ni se relever, & qu’on le trouva mort effectivement. […] Vous pourriez aisement l’étendre, Et parler des transports qu’en vous font éclater Les surprenans bienfaits, que sans les meriter Sa liberale main sur vous daigne repandre.
Il est une troisieme façon de donner de l’embonpoint à une piece à caractere, bien supérieure à celle dont nous venons de parler ; il faut pour cela faire une étude particuliere de l’homme ; bien réfléchir sur le vice, le travers ou le ridicule qu’on veut peindre, en connoître toutes les branches, donner pour épisode au caractere principal, les caracteres accessoires qui en dérivent, & les lier à lui-même. […] Un soir, après avoir assigné à chaque Auteur mort sa véritable place sur le Parnasse, & distribué aux vivants les premiers fauteuils vacants à l’Académie, on parla des drames en général, de toutes leurs parties en particulier, & sur-tout du juste embonpoint d’une piece.
Les jeunes gens et les jeunes filles s’expliquent sur tout cela avec une simplicité tout italienne, et nous rappellent ces dames romaines dont parle Stendhal, qui, fermant leur porte à tous les visiteurs, font dire pour excuse que la signora est innamorata. […] Cinthio, entrant dans les vues de son ami, parla du capitaine à sa sœur qui montra des sentiments favorables.
À venger le bon goût tu travaillas sans cesse ; Ta muse à tous les tons se plie avec souplesse ; Dans chacun de tes vers nous donne une leçon, Et, toujours en riant, fait parler la raison. […] Parlez !
Les caracteres dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, sont tels par leur nature, que Destouches ne pouvoit choisir pour son héros qu’un des premiers Seigneurs de la Cour, & Louis Halberg qu’un Artisan : l’ambition du premier seroit devenue une vertu, du moins par rapport à nos mœurs, s’il n’eût ambitionné que la place d’un sujet plus en faveur que lui ; & les raisonnements politiques de maître Herman de Breme pourroient être à leur place dans un homme instruit & en place.
Nous avons assez parlé des parties de la comédie & de ses différents genres, pour savoir apprécier les changements heureux ou malheureux que notre guide fera, & pour nous instruire en même-temps dans l’art de l’imitation, art si difficile, que lui seul l’a connu supérieurement : c’est ce que nous prouverons encore en plaçant quelquefois Moliere imité à côté de Moliere imitateur, & en mettant sous les yeux du public les imitations de tous nos Auteurs, depuis Moliere jusqu’à nous.
En vérité, lui répondit Molière, il faut que vous soyez bien ivre pour parler de la sorte, et vous avez mauvaise grâce de plaisanter sur une affaire aussi sérieuse que celle-ci, où il est question de l’honneur et de l’établissement de monsieur.
Un contemporain pouvait en parler avec cette réserve, mais la postérité a prononcé.
Parceque le public n’est pas instruit de la façon dont un Avocat doit parler ; parcequ’il faut avoir plaidé, ou avoir souvent fréquenté le Barreau pour sentir toute la finesse des critiques renfermées dans les plaidoyers de Petit Jean & de l’Intimé. […] L’on vous fera parler par quelque objet aimable, Dont les charmes naissants, les graces, les appas...
Je ne parle ni de vous, ni de moi, mais du peuple qui, depuis deux cents ans, vient tous les soirs remplir ce théâtre. […] Et s’il faut lui reprocher de nous avoir souvent forcés à applaudir ce que nous devons condamner, d’avoir maintes fois employé la puissance de son génie à flétrir la fleur de notre sens moral par l’entraînement du rire, il faut, sans lui pardonner cette erreur, lui rendre la justice que personne n’a plus fermement parlé le langage du bon sens, qui doit nous conduire dans la pratique de la vie ; personne n’a mieux compris ni montré quel ensemble de vertus supérieures doit se rencontrer en un homme pour qu’il soit honnête homme.
Et quand le fils terrible a parlé, elle dit encore, pour calmer la colère d’Orgon et éviter un scandale inutile : Oui, je tiens que jamais de tous ces vains propos On ne doit d’un mari traverser le repos ; Que ce n’est point de là que l’honneur peut dépendre, Et qu’il suffit pour nous de savoir nous défendre364. […] Si Phèdre nous attache, c’est que son amour insensé est aux prises avec cette douleur vertueuse dont parle Boileau420 ; c’est que cette douleur la tue.
Les acteurs français ne pouvaient lutter avec ces étrangers : « La comédie telle que ceux-ci la jouaient, dit Brantôme, était chose que l’on n’avait encore vue et rare en France, car, par avant, on ne parlait que des farceurs, des conards de Rouen, des joueurs de la Bazoche et autres sortes de badins. » Ce qui devait offrir surtout un vif attrait, c’était la présence d’actrices élégantes jouant les rôles féminins, tandis que les rôles de femmes étaient tenus chez nous par des hommes. […] Il parlait cinq langues outre l’italien : le français, l’espagnol, l’esclavon, le grec et même le turc.
Poësia è una pitlura ch’è loquace, E se pittura è poësia ch’è muta : Merta fede chi parla, e non chi tace. […] C’était, sans doute, le pendant de la pièce des Quatre Arlequins, dont nous avons déjà parlé.
Elle parle, dans son xie entretien, du temps où elle n’était meublée que de meubles d’emprunt , et dans le ive on voit pourtant que les gens de sa société allaient la visiter. […] Lorsqu’elle y vient à parler de la personne du roi, elle remplit trois pages de détails.
Tout ce qui alors écrivait, parlait, chantait ou dansait, devait se subordonner au caprice d’un monarque qui ne daignait lui-même s’amuser qu’à la condition de prélever une énorme somme d’adulations sur le divertissement de ses sujets.
On ne sauroit trop les exhorter à continuer, parceque rien n’est à négliger quand on veut plaire, & qu’il est beau de parler quelquefois aux yeux comme aux oreilles : mais on doit les avertir qu’un tableau n’est frappant & ne produit son effet, que lorsqu’il est naturellement amené par le sujet, & que les scenes qui le précedent en ont préparé l’ordonnance.
Quoiqu’un Seigneur jeune, aimable, Me parle aujourd’hui d’amour, Colin m’eût semblé préférable A tout l’éclat de la Cour.
Quoique j’aie déjà parlé de l’établissement de plusieurs, je vais reproduire leurs noms dans une liste complète.
Tout au plus s’est-elle permis quelques innocentes chuchoteries sur la suppression de la scène du pauvre, dont on parlait encore avec mystère dans ma jeunesse, comme d’un morceau de très haut goût et de grande hardiesse philosophique. […] On voit dans cette comédie la statue du commandeur placée sur le mausolée, mais elle ne parle ni ne marche, deux actions extravagantes et invraisemblables, comme Goldoni l’établit victorieusement dans sa préface.
Il faisait plus que rire… Il parlait toujours de Thomas Diafoirus ; et quand je lui demandais de l’argent, il me disait : Clisterium donare, ensuita purgare … Il y a de quoi se pendre
Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.
Mon ami désolé me serre dans ses bras, Me conjure instamment de parler & de vivre, Me dit que si je meurs, il est prêt de me suivre.
L’ami de Quanto (le roi) en parlait comme de sa première ou seconde amie : il lui avait envoyé un illustre (Le Nôtre) pour rendre sa maison admirablement belle.
Elle agace en effet le Prince, lui demande ce qu’il feroit s’il étoit aimé d’une Princesse comme elle : il lui répond qu’il ne pourroit s’empêcher d’être ingrat : il parle de l’amour avec le dernier mépris. […] Que si cette feinte, Madame, a quelque chose qui vous offense, je suis tout prêt de mourir pour vous en venger ; vous n’avez qu’à parler, & ma main sur-le-champ fera gloire d’exécuter l’arrêt que vous prononcerez.
lui dis-je, vous m’aviez parlé d’une pièce gaie… Quelles nouvelles ? […] Écouter une comédie d’une bonne époque, c’est se mêler presque à l’entretien de personnages bien nés, comme il s’en trouvait jadis pour parler naturellement le français, et cela n’a pas mauvaise façon.
Ce fut la fin de la farce de ces beaux jeux, mais non de ceux que voulurent jouer, après, les conseillers des aides, commissaires et sergents, lesquels, se prétendant injuriés, se joignirent ensemble et envoyèrent en prison MM. les joueurs ; mais ils furent mis dehors le jour même, par exprès commandement du roi, qui appela les autres sots, disant Sa Majesté que, s’il fallait parler d’intérêt, il en avait reçu plus qu’eux tous, mais qu’il leur avait pardonné et pardonnerait de bon cœur, d’autant qu’ils l’avaient fait rire jusqu’aux larmes.
Le roman dont je veux parler ici était L’Astrée du marquis d’Urfé.
Habiles à parler et la prose et les vers, Quoique sœurs, elles ont des visages divers : L’une a l’air plus pensif sans être sérieuse ; Égayant les salons de son humeur rieuse, Sur les amis de cour, le fat et le pédant Elle aime à décocher le sarcasme mordant, Attache un misanthrope au char d’une coquette.
Sans parler de notre vieux fonds français qui lui fut d’une grande ressource, il y a encore le théâtre espagnol qu’il ne négligea point.