La question des aliénés qui nous préoccupe si fort à cette heure est tout entière dans cette scène, la satire la plus terrible à coup sûr qu’ait jamais lancée Molière contre la médecine. […] J’aime la vie tranquille et la mienne est agitée par une infinité de détails communs et turbulents, sur lesquels je n’avais pas compté dans les commencements, et auxquels il faut absolument que je me donne tout entier malgré moi. […] » Hélas, ils n’en sont venus à regarder les hommes avec ce regard profond et triste que parce qu’ils ont jeté un œil indulgent et confiant à l’humanité tout entière. […] Pour Molière, la postérité tout entière tient dans ces deux siècles. […] » L’œuvre ne fut pas achevée, et elle est malheureusement perdue, mais l’esprit indépendant, ennemi de toute tyrannie, de Molière, est épars dans le théâtre entier de ce grand homme.
Le Grondeur doit être mis fort au-dessus de l’Avocat Patelin : il est vrai que le troisième acte, qui est tout entier du genre de la farce, ne vaut pas, à beaucoup près, celle de Patelin ; mais les deux premiers sont bien faits, et il y a ici un caractère parfaitement dessiné, soutenu d’un bout à l’autre et toujours en situation, celui de M. […] Il y a si longtemps que le Jaloux désabusé de Campistron n’a été joué, qu’on ignore communément que cette comédie, fort supérieure à toutes les tragédies du même auteur, est en effet son meilleur ouvrage; l’intrigue en est bien conçue, le principal caractère, celui d’un mari jaloux qui ne veut pas le paraître, est comique, et a fourni à La Chaussée le Durval du Préjugé à la mode, et des scènes entières évidemment calquées sur celles de Campistron. […] On doit savoir d’autant plus de gré à Boursault de ce qu’il a eu de talent, qu’il le devait tout entier à la nature. […] Il est vrai que le talent rare de l’acteur qui la jouait à lui seul presque tout entière a pu contribuer à cette grande vogue; mais on ne peut disconvenir qu’il n’y ait beaucoup de scènes d’une exécution parfaite, plaisamment inventées et remplies de vers heureux. […] La prose de Dufrény est en général meilleure que ses vers, quoiqu’il en ait de très-heureux, et même des morceaux entiers pleins de verve et d’originalité : tel est entre autres celui où il fait l’éloge de la haine dans la Réconciliation normande.
Ces ressorts aident le poète à hâter sans invraisemblance la liaison des cœurs qu’il est obligé d’unir en quelques scènes ; et pourtant, ce court espace lui suffit aussi.pour montrer que l’amour vrai est l’amour des âmes, faites par Dieu avec le tendre et noble penchant de se donner tout entières à des âmes dignes d’elles. […] C’est pour eux seuls, pour eux tout entiers qu’ils s’aimeront, ardents à poursuivre une union indissoluble, dans laquelle ils trouveront ce qui manque à leur solitude : la joie d’être deux à vivre, à souffrir434. […] Il la voulait entière, et, comme on vient de le voir, il n’admettait pas qu’on la sacrifiât aux intérêts de l’amour même. […] Là, dans l’être divin tonte déifiée, Vide du monde entier, et désappropriée, Une âme s’enveloppe en son état passif, Et, sans pouvoir produire un acte discursif, Des objets d’ici-bas arrête l’imposture, Et de ses facultés serre la ligature.
Et voilà pourquoi, en un jour de fête, l’Odéon reprend les trois premiers actes de l’Illusion comique, et la Comédie-Française le troisième acte de Psyché ; voilà pourquoi la Comédie-Française nous donne aujourd’hui les Fâcheux, et nous promet, pour l’hiver prochain, Psyché tout entière. […] Psyché tout entière ! […] Aussi, vers la fin de la vie de Molière, le Florentin l’emportera-t-il en faveur sur le Parisien ; et, ayant inventé en France, avec Quinault, la tragédie chantée tout entière, c’est-à-dire l’opéra, il obtiendra que défense soit faite aux comédiens de se servir de plus de six « musiciens » et de plus de douze joueurs d’instrumens, et « d’aucuns des danseurs qui reçoivent pension de Sa Majesté. » Jusque-là, dans ces occasions, Molière, auteur des récits, se tient à peu près sur le même rang que Benserade, auteur des vers, — c’est-à-dire des complimens glissés dans le livre de ballet, ou programme distribué aux spectateurs, en l’honneur des principaux personnages qui assistent au spectacle où se mêlent de danser un pas.
Le duc de Saint-Simon, dans sa juste animadversion pour l’injure que fit aux pairs, aux princes, à la nation entière, à son droit public, à ses mœurs, l’élévation du duc du Maine, fruit d’un double adultère, mais devenu digne d’une haute destinée par les soins de madame de Maintenon ; le duc de Saint-Simon, dis-je, comparant la naissance du duc du Maine avec les honneurs démesurés dont cet enfant fut comblé, se laissa aller au plus cruel et au plus injuste mépris pour madame de Maintenon, à qui le jeune prince devait le mérite précoce et distingué qui avait favorisé son élévation. […] Sans doute il y a plus loin de tirer du non-être par état, et de porter après ces ténébreux enfants au degré de puissance qu’on voit ici par leurs établissements et a l’état et rang entier des princes du sang, avec la même habileté de succéder à la couronne ; sans doute il y plus loin du néant à cette grandeur, que de cette grandeur à la couronne. […] Il ne suffisait pas encore d’y être aimable, il fallait l’être pour la société entière, et ne l’être pour personne en particulier ; il fallait aimer tout le monde, pour être aimée de tout le monde ; ne pas avoir d’amant, pour n’avoir pas d’ennemis ; ne pas faire un heureux, pour ne pas faire vingt jaloux et mille détracteurs.
Qui lui avait donné treize années de sa vie, et qui, pourtant, avait laissé à son choix liberté tout entière ! […] Ici le lieu de l’action n’était plus un salon, une antichambre, l’angle d’une rue, mais le monde entier : le bord de la mer, un palais, une forêt, un tombeau. […] La ville entière le courut voir, et la Raisin, en une seule fois, tant il y vint de monde, fit plus de mille écus. […] C’est bien Molière, mais ce n’est pas lui tout entier... […] La ville entière, durant trois mois, par son empressement, par ses bravos et son enthousiasme, vengea l’auteur de toutes les cabales.
Je réponds que, dans mon étude de ces deux chefs-d’œuvre, je marchais sur le terrain le plus uni, le plus certain, le plus solide : l’œuvre même de Molière, pleine, entière et sortie d’un seul jet. […] Il ne joua la comédie entière que chez la Palatine, incrédule, sur l’ordre de Condé, qui aimait les libertés d’esprit, et qui prononça dans ce temps-là son mot fameux, si spirituel et si profond. […] Quant à la charité, qui est de la religion ce que les comédiens n’oublieront jamais, la leur était inépuisable ; il n’était troupe de campagne, si gueuse qu’elle fût, qui ne jouât sa plus belle pièce pour donner sa recette entière aux hospices des villes où elle était de passage. […] » Tout ce troisième acte est incomparable ; je le considère comme ce qui reste le plus entier de la première version. […] C’est l’Église tout entière à sa proie attachée.
Le Misanthrope, cette puissante création qui marque une date glorieuse dans l’histoire de l’art dramatique, ce tableau si riche et si varié, où le peintre semble avoir transporté la société contemporaine tout entière, ne pouvait échapper à l’inévitable fatalité des ressemblances. […] Vouloir identifier Molière avec Alceste serait aussi absurde que de voir Shakspeare tout entier dans Timon d’Athènes, passant d’un optimisme aveugle à mate misanthropie qui lient de la démence. Sans doute, il y a dans le choix tel sujet un indice grave des dispositions d’esprit où se trouvait l’auteur ; et Molière., comme Shakspeare, lorsqu’il conçut l’idée de mettre sur la scène un misanthrope, devait être plus porté à la mélancolie qu’à la gaieté, et voir surtout le côté triste des choses humaines; mais ses plaintes amères contre l’humanité, qu’il a mises dans la bouche de son héros, ne sont pas pour cela l’expression vraie de :ses sentiments personnels, une diatribe sociale derrière laquelle se cache l’auteur20 Non, Molière n’est pas Alceste tout entier; car, si parfois il semble s’être identifié avec son personnage, souvent ; aussi il l’abandonne : on en voit ,1a preuve dans les avertissements et les leçons qu’il lui fait donner par ceux qui l’entourent ; tel est en particulier le rôle de Philinte. […] Donner la vie en spectacle aux vivants eux-mêmes ; peindre dans les personnages l’homme de tous les âges et de tous les pays ; transporter sur la scène la vie intime de la société tout entière ; embrasser d’un coup d’œil l’unité variée de la nature, « si féconde en bizarres portraits 22; »connaître l’homme, comprendre ce qu’il y a d’un et d’immuable dans ce « sujet divers et ondoyant 23 ; »suivre et saisir, dans le labyrinthe du cœur humain, les passions, ces Protées aux mille métamorphoses ; prendre pour type l’espèce et non l’individu ; attaquer les travers et les ridicules , abstraction faite des personnes ; tracer des caractères et non des portraits ; inventer et non copier ou contrefaire; n’emprunter à l’observation que des traits de caractère et d’effet, en les rendant plus vifs et plus saillants que la réalité, sans toutefois faire violence à la vérité et à la nature ; tenir compte des préférences des contemporains, tout en restant fidèle aux préceptes éternels de l’art ; en un mot, observer et créer, voilà le rôle du poëte comique ; et tel fut le secret de Molière.
Mais quand Molière aurait été innocent jusqu’alors, n’aurait-il pas cessé de l’être dès qu’il eut la présomption de croire que Dieu voulait bien se servir de lui pour corriger un vice répandu par toute l’Église, et dont la réformation n’est peut-être pas même réservée à des conciles entiers ? […] Au reste, quelque capable que fût Molière, on prétend qu’il ne savait pas même son théâtre tout entier, et qu’il n’y a que l’amour du peuple qui ait pu le faire absoudre d’une infinité de fautes.
On y courut en foule, et il fut joué presque une année entière.
Ce fut alors que Poquelin, sentant son génie, se résolut de s’y livrer tout entier, d’être à la fois comédien et auteur, et de tirer de ses talents de l’utilité et de la gloire. […] Ces premiers essais très-informes tenaient plus du mauvais théâtre italien où il les avait pris, que de son génie, qui n’avait pas eu encore l’occasion de se développer tout entier. […] Elles sont en prose et écrites en entier. […] Mais la nation entière a marqué son bon goût, en méprisant cette affectation dans des auteurs que d’ailleurs elle estimait. […] Il n’avait pas fait scrupule d’y insérer deux scènes entières du Pédant joué, mauvaise pièce de Cyrano de Bergerac.
Un os, un fragment d’os suffit, dit-on, à la science et au génie pour reconstruire l’animal entier. […] Cette idée, il la cherche tout entière dans Aristophane, dont il creuse la comédie à une profondeur métaphysique qui effraye. […] Pourquoi donc sont-ils l’un et l’autre si entiers dans leur opinion, si ardents du désir de la communiquer, et si incapables chacun d’être convaincu ou de convaincre ? […] Aujourd’hui elle admire, elle aime les objets de ses colères d’autrefois, et, avec la même prétention absolue, elle entend que l’humanité entière partage son culte pour eux309. […] Lysidas, que la France entière s’abuse et que l’Europe s’abuse avec elle, en appelant Molière un poète comique et un grand poète comique ?
Ces messieurs, indignés, forcèrent la porte de la comédie, tuèrent les portiers, et cherchèrent la troupe entière pour lui faire éprouver le même traitement : mais Béjart, qui était habillé en vieillard pour la pièce qu’on allait jouer, se présenta sur le théâtre : Eh, messieurs, leur dit-il, épargnez un pauvre vieillard de soixante-quinze ans, qui n’a plus que quelques jours à vivre.
Sotte condition que celle d’un esclave, de ne vivre jamais pour soi, & d’être toujours tout entier aux passions d’un maître, de n’être réglé que par ses humeurs, & de se voir réduit à faire ses propres affaires de tous les soucis qu’il peut prendre ! […] Sotte condition que celle d’un esclave, De ne vivre jamais pour soi, Et d’être toujours tout entier Aux passions d’un maître, D’être réglé par ses humeurs, Et de se voir réduit à faire Ses propres affaires De tous les soucis qu’il peut prendre.
L’homme est l’être de l’avenir, la femme est celui du passé; quand aujourd’hui la société entière marche à l’égalité, qui conserve religieusement les traditions de castes, de rang, de cotterie , qui parque la race humaine en mille petites catégories d’après des distinctions d’habits, de coiffures, de rubans ? […] Non. — Eh bien la question est résolue : en rendant Alceste ridicule, et nécessairement ridicule, Molière n’avilit pas la vertu, mais il fait le procès à la société tout entière.
Aussi bien, à l’appel de Sganarelle et d’Ariste, aux chansons de Valère, aux gaietés d’Isabelle, accourut un peuple entier de spectateurs contents. […] De quel force il insultait des corporations tout entières ! […] On ferait volontiers deux parts superbes de l’œuvre entière de Molière. […] Certes, nous comprenons toutes vos gaietés, Sire, dans les enchantements de Versailles, au bruit de vos mille jets d’eau, entouré des plus vaillants capitaines et des plus belles personnes de ce bas monde, vous, dont les jours de médecine étaient réglés comme les jours de concert, et pour qui la France entière chantait sans cesse et sans fin : Domine salvum fac regem !
Delmire lui permet de lire la lettre entière ; nouvelle confusion, nouvelle promesse de rejeter désormais tout soupçon injurieux. […] En donner le précis, c’est prouver que Molière a bien fait de ne pas la prendre en entier. […] La pièce entière parut ensuite au Rinci, chez M. le Prince, le 29 novembre de la même année, et le 9 novembre 1665. […] Le cinquième acte de la pièce de Plaute n’était point parvenu en entier jusqu’à nous. […] S’il dort la nuit entière ?
Descartes est à l’index ; voilà quatre mois que Pascal est mort ; Corneille subsiste, mais non plus entier, et ce n’est pas Cinna qu’on répète à l’Hôtel de Bourgogne, c’est Sophonisbe. […] C’est encore Molière qui rouvre le quatrième acte ; et, tout entier à son rôle, il nous peint Arnolphe rongeant son frein, jaune de bile, tantôt poussant de pitoyables soupirs, tantôt crossant du pied, cherchant où décharger son courroux, et à chacune de ces inflexions plaisantes, et de ces brusques changements d’intonation, où il excelle, et que ses rivaux traitent d’affectation, la gaîté se communique et s’accroît. […] L’Impromptu de Versailles, du moins, nous est resté, cet impromptu, où, mettant brave ment les coulisses sur la scène et se livrant tout entier, poitrine ouverte, il fit si rude guerre à ses ennemis, osa parodier ses sacrosaints confrères et proclama, si haut et si fier, la supériorité de son art. […] Mais cette vengeance parut trop lénitive à Montfleury le père, ce gros homme entripaillé, qui faisait le fier, au dire de Cyrano de Bergerac, parce qu’on ne pouvait pas le bâtonner tout entier en un jour. […] Je l’ai entendu, moi, dans un cours,en chaire, c’est-à-dire sans costume, sans geste,avec la tête seulement : mais cela suffisait et vous : aviez Arnolphe tout entier sous les yeux, et Arnolphe comique, étourdissamment comique.
Il est quelquefois fort agréable de voir un homme qui se livre tout entier, & nous ouvre le fond de son ame ; de l’entendre parler hardiment de ses affaires les plus secretes, & nous faire part de tous ses projets. […] « Il est quelquefois fort agréable de voir un homme se livrer tout entier, & nous ouvrir le fond de son ame »....
Reine du monde entier, divine fourberie, C’est à toi d’éclairer, d’échauffer mon génie ; Et que sur mes hauts faits l’univers m’admirant... […] « Mon pere, j’ai l’honneur de vous donner avis que Chrisale ne cesse de me gronder & de m’injurier depuis que je vous ai rendu le dépôt d’or tout entier ; il voudroit que j’en eusse volé la meilleure partie....
Elle est imitée presque en entier d’une piece italienne très ancienne, dont nous ferons l’extrait quand nous aurons rappellé au Lecteur le sujet du Cocu imaginaire de Moliere. […] Il a senti que le second acte de cette piece étoit le meilleur ; aussi en a-t-il tiré presque en entier ses trois actes.
Dans une boutade il avait dit qu’il faudrait jeter dans la rivière les faiseurs de satires : paroles que Boileau a parodiées dans ces vers que j’ai déjà cités : Et tout n’irait que mieux Si de ces médisants l’engeance tout entière Allait la tête en bas rimer dans la rivière.
Le Roi admira ce sentiment généreux, et accorda la pension de 6,ooo livres à la troupe entière, dont elle a toujours joui, et qui fut augmentée à la jonction des troupes vers 1680, à 12,000 livres3. […] On prétend que c’est à lui qu’est due une grande partie des beautez que nous voyons briller dans les comédies de Moliere, qui le consultoit sur tout ce qu’il faisoit, et qui avoit une déférence entière pour la justesse et la délicatesse de son goût33. […] En faveur de la philosophie, continue-t-il, il traduisit Lucrèce presque tout entier et en vers46 ; et l’on auroit cet ouvrage, si son valet de chambre n’avoit pas pris ces feuilles volantes pour des papiers abandonnés, qu’il mit en papillotes pour mettre en boucles les perruques de son maître47. […] Lors du Règlement fait en 1681, elle avoit une part entière à l’Hôtel de Guenegaud. […] Cyrano Bergerac disait de lui qu’un seul homme ne le saurait battre tout entier en vingt-quatre heures.
ajouta-t-il, je fais grâce entière à ce maraud, en faveur de l’équité avec laquelle vous venez de nous juger.
Le spectacle lui apparaît en son entier, depuis les manifestations instinctives jusqu’aux conceptions abstraites, et il donne la forme théâtrale à cette intelligence du monde qui est en lui.
Le titre ne peut pas être expliqué avec une entière certitude. […] La Comtesse d’Escarbagnas est tout entière en mœurs provinciales. […] Orgon est tout entier ‘ridicule. […] — Mais la pièce tout entière n’est-elle pas contre les médecins ? […] Mais d’abord ses sots honnêtes gens, Molière ne les abandonne pas tout entiers à la risée.
Le lecteur peut la lire en entier dans le cinquième volume des Œuvres de Molière, édition in-12, Paris, 1739. […] La raillerie fine de Dorine, dans la scène avec son maître, nous découvre Orgon tout entier, et nous prépare à reconnaître Tartuffe dans le portrait de l’hypocrite, que Cléante oppose à celui du vrai dévot. […] J’ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat. […] Outre les ouvrages rassemblés dans ses Œuvres, et plusieurs pièces qu’il avait composées pour la province, il avait laissé quelques fragments de comédies qu’il devait achever, et même quelques-unes entières. […] La pièce entière fut jouée à Raincy chez M. le Prince le 29 novembre de la même année ; et au même lieu le 9 novembre 1665. » Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière.
Cette espèce de ridicule ne se trouve point dans des princes, ou dans des hommes élevés à la Cour, qui couvrent toutes leurs sottises du même air et du même langage ; mais ce ridicule se montre tout entier dans un bourgeois élevé grossièrement, et dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l’art dont il veut se parer. […] Pressé par les ordres du roi, qui ne lui donnèrent pas le temps d’écrire sa pièce en entier, il eut recours au grand Corneillea, qui voulut bien s’assujettir au plan de Molière. […] Enfin, quoique les valets, qui, comme des esclaves dans Plaute et dans Térence, font l’âme de la pièce, ne produisent pas un comique aussi élégant que celui dont Molière a le premier donné l’exemple à son siècle, on ne peut s’empêcher d’applaudir à ce comique d’un ordre inférieur. » « [*]Molière n’avait pas fait scrupule d’insérer dans sa comédie des Fourberies de Scapin deux scènes entières du Pédant joué, mauvaise pièce de Cyrano Bergeraca. […] On sentit bientôt avec quel art l’auteur avait su tirer cinq actes entiers d’un sujet aride en lui-même, sans y rien mêler d’étranger ; et on lui sut gré d’avoir présenté sous une face comique ce qui n’en paraissait pas susceptible. […] Comme le discours du directeur est imprimé en entier, on peut assurer qu’il n’y est point parlé de M. l’abbé Cotin : à l’égard de celui de l’abbé Dangeau, il ne se trouve point dans le recueil des harangues de l’Académie.
Il va en Égypte, au bord du Nil, se plonge dans le fleuve, se glisse dans les roseaux, se couche sur le sable au soleil, immobile durant des heures entières, et sent s’éveiller en lui les instincts du crocodile388. […] L’histoire entière de l’art repassait successivement dans mon souvenir, comme l’histoire même de l’humanité racontée en caractères symboliques. […] Ici, c’est une lacune que l’imagination des lecteurs doit remplir ; là c’est un monologue, un dialogue, une scène entière que l’on pourrait supprimer sans nuire, je ne dis pas à la beauté, à la richesse de l’œuvre, mais sans nuire à son unité dramatique, peut-être même avec profit pour cette unité. […] J’aime encore mieux le comparer à un musicien : de même que l’auteur d’un opéra-comique répète sur différents tons avec des instruments divers un motif favori, Molière reproduit ses mélodies en style sérieux, en style bouffon, jusqu’à ce que l’esprit pleinement satisfait les possède tout entières dans leurs plus petits détails. […] Quand il aime Éliante qui préfère Alceste, et qu’Alceste un jour peut épouser, il se propose avec une délicatesse et une dignité entière, sans s’abaisser, sans récriminer, sans faire tort à lui-même ou à son ami.
Lorsque tous les deux l’ont assuré que Virginia est venue ouvrir la porte à Fabio qui est entré et qui est resté trois heures avec elle et en est sorti après, conduit par elle-même, Flaminio leur dit qu’ils en ont menti tous les deux, qu’il a passé la nuit tout entière en conversation avec Virginia, qui est venue lui parlera la fenêtre grillée à côté de la grande porte de la maison ; qu’elle ne l’a pas quitté un moment, toujours déclamant contre Fabio qui la déshonore si indignement. […] La scène durait une heure entière, avec toute sorte de mouvements pathétiques et des redoublements de menaces. […] Molière en a terminé, heureusement, avec ces imitations de pièces entières ; Dom Garcie de Navarre était la dernière expérience de cette sorte qu’il dût faire.
Les péripatéticiens scolastiques croyaient, en effet, expliquer tous les phénomènes par des formes substantielles ou accidentelles, c’est-à-dire par des entités mystérieuses, des qualités, des vertus occultes, qu’au gré de leur imagination ils supposaient dans tel ou tel corps, ainsi, par le ridicule, Molière vient-il en aide non seulement à Gassendi mais à Descartes contre ces fameuses formes substantielles, pour lesquelle l’école tout entière combattait avec une si malheureuse opiniâtreté. […] Ainsi Armande dit à Henriette : Songez à prendre goût des plus nobles plaisirs, Et, traitant de mépris les sens et la matière, A l’esprit, comme nous, donnez-vous tout entière… Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie.
Si, par malheur, un jour son livre étoit perdu, A le chercher bien loin, Passant, ne t’embarrasse, Tu le retrouveras tout entier dans Horace.
Tel est à-peu-près ce que j’ai nommé le prestige de l’imagination du Peintre & du Poëte ; il rapproche l’objet, il le met tout entier & tel qu’il est sous mes yeux : c’est à quoi se termine toute l’industrie de l’Imitateur.