On quitta les petites maisons des nourrices : on se mit au large. […] On cause, on rit fort bien avec elle. » Madame Scarron, pour donner le change aux curieux que sa retraite aurait pu mettre en campagne, prit avec elle la petite d’Heudicourt, et parut se charger de son éducation. Ce sera encore madame de Sévigné qui nous fera connaître, par sa lettre du 26 décembre 1672 à madame de Grignan, le mystère que l’on mettait à ce nouvel établissement. […] Combien ne fera-t-on pas mettre de sangsues quand on saura ce qu’a fait mon esprit !
C’est contre mon humeur que j’ai fait tout ceci ; Mais on m’a mise au point de vous traiter ainsi. […] vont s’écrier les personnes qui, ne jugeant que sur parole, croient le Misanthrope sans défaut, & le mettent au-dessus de toutes les pieces de Moliere, parceque Boileau a dit : Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnois plus l’Auteur du Misanthrope. […] Il prend soin d’y servir des mets fort délicats. […] Enfin, s’il faut qu’à vous s’en rapportent les cœurs, On doit, pour bien aimer, renoncer aux douceurs, Et du parfait amour mettre l’honneur suprême A bien injurier les personnes qu’on aime. […] Moliere a mis seulement en note, M.
Avant que de se mettre en route, il veut lui envoyer son portrait ; il charge son valet de ce soin : celui-ci emballe le sien au lieu de celui de son patron, & il lui avoue sa méprise lorsqu’ils sont arrivés dans la ville où la future fait son séjour. […] Arlequin demande à Argentine si elle aime la peinture ; elle lui répond qu’oui : Arlequin lui fait voir son portrait ; Argentine met à la place celui de Celio qu’elle a encore, & le rend à Arlequin qui le met dans sa poche, fort piqué qu’on n’ait pas voulu le garder.
Il l’obtint enfin : on le mit dans une pension, & il étudia comme externe chez les Jésuites. […] Il lui en couta la vie ; car s’étant mis au lit en sortant du théâtre, sa toux redoubla, il se rompit une veine, & mourut le même jour dans sa 53 année. […] On a mis dans le dernier volume l’Ombre de Moliere, comédie par Brécourt ; des extraits de divers auteurs, contenant plusieurs particularités de la vie de Molieren des jugemens sur quelques-unes de ses piéces, & un recueil de diverses piéces sur la mort de Moliere.
C’est bien assez d’avoir mis au monde Tartuffe ton frère, l’an passé ! […] Mais cependant le poète se met à l’œuvre. […] Cette mise en scène ne fut pas heureuse ; — M. […] » À quoi la jeune demoiselle d’honneur : — « Je vais me mettre au lit », répond-elle. […] Avant de mettre une pareille phrase dans la bouche du grand roi, M.
Pour varier ses inflexions, il mit le premier en usage certains tons inusités qui le firent d’abord accuser d’un peu d’affectation, mais auxquels on s’accoutuma. […] Les deux scènes ne produisent pas le même effet, par la différence que l’auteur a mise entre la conduite de Jupiter avec Alcmène, et celle de Mercure avec Cléanthis. […] Ils me regardent tous, et se mettent à rire. […] Il se met une vessie à la bouche pendant la nuit, de peur de perdre son souffle. […] S’il n’a pas mis la dernière main à son ouvrage, ce n’est pas à lui qu’il s’en faut prendre.
Il se mit à les frotter, pour les rendre propres, sur la manche de son habit. […] J’ai vu mettre de la bière et de l’eau-de-vie sur la table dans la tragédie d’Hamlet, et j’ai vu les acteurs en boire ! […] Dimanche, comme a fait don Juan, mais qui n’y met pas autant de finesse. […] Le roi et son ministre, alors aux Pyrénées, voulurent voir la pièce qui mettait Paris en émoi. […] Mais j’ai cru qu’il fallait en user de la sorte avec vous, et que c’est consoler un philosophe que de lui justifier ses larmes, et de mettre sa douleur en liberté.
Nous avons à la fois mis à profit les recherches des érudits de ce temps et les documents fournis par les contemporains de Molière. […] Régnier, s’y missent corps et âme pour que Molière eût son monument8. […] Je conçois la fureur des bigoteries mises à nu. […] Il prend le masque de Tartuffe, ce don Juan, et le met sur son visage comme pour en montrer la laideur. […] s’écrie Granger, tu mets bien ma bourse aux galères !
Si je suis découvert dans mes plaisirs secrets, Tout le corps en chaleur prendra mes intérêts ; Et, sans me remuer, je verrai la cabale Me mettre hautement à couvert du scandale. […] Cette tirade fut certainement applaudie dans sa nouveauté comme elle l’est encore, & je ne doute point que Moliere n’ait senti dès-lors qu’après avoir mis sur la scene la fausse dévotion en récit, il pouvoit l’y mettre en action.
Fevrierb 1673, jour de la quatriéme representation du Malade Imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à joüer son rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, & le public connut aisément qu’il n’étoit rien moins que ce qu’il avoit voulu joüer : en effet, la Comedie étant faite il se retira promptement chez lui ; & à peine eut-il le tems de se mettre au lit, que la toux continuelle dont il étoit tourmenté, redoubla sa violence. […] On lui conseilla pour lors de ne point achever, & de s’aller mettre au lit : il ne laissa pas pour cela de vouloir finir ; & comme la piece étoit fort avancée, il crut pouvoir aller jusqu’au bout sans se faire beaucoup de tort ; mais le zêle qu’il avoit pour le public, eut une suite bien cruelle pour lui ; car dans le temps qu’il disoit de la ruë-barbe, & du scené dans la ceremonie des Medecins, il lui tomba du sang de la bouche ; ce qui ayant extremement effrayé les spectateurs & ses camarades, on l’emporta chez lui fort promptement, où sa femme le suivit dans sa chambre. […] La Moliere outragée de ses reproches, pleura, s’évanouït, & obligea son mari qui avoit un grand foible pour elle, à se repentir de l’avoir mise en cet état. […] Pour moi, lui dit-il, je vous avouë que si j’estois assez malheureux pour me trouver en pareil état, & que je fusse fortement persuadé que la personne que j’aimerois accordât des faveurs à d’autres, j’aurois tant de mepris pour elle, qu’il me gueriroit infailliblement de ma passion : encore avez vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’étoit une maitresse, & la vengeance qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause vôtre épouse, puis que vous n’avez qu’à la faire enfermer ; ce sera même un moyen assûré de vous mettre l’esprit en repos. […] ] J’en pourrois marquer cent exemples ; mais je me bornerai à deux, que je tire d’une piece que l’on a mise à la tête de ses Oeuvres dans quelques éditions.
Allons, mets l’épée à la main : ces Messieurs sont trop honnêtes gens pour empêcher que nous terminions ici notre différend. | Le jeune Comte en même temps, les yeux pleins de rage, s’avançoit contre le Marquis, prêt à le percer, lorsque celui-ci, voyant l’extrémité à laquelle il étoit réduit, mit la main sur la garde de son épée. — Songez-vous bien, lui dit-il, à quoi vous voulez m’obliger ? […] Monsieur, mettez-vous à ma place : Supposez un moment que je sois votre fils, Que feriez-vous ? […] Il en est ainsi de tous les Poëtes qui se bornent à mettre en action des romans, & sur-tout des romans françois. […] Cet exemple nous manquoit pour mettre le Lecteur à portée d’apprécier ce dernier genre d’imitation : il est sans contredit le moins estimable.
Comme il y a des critiques, continua-t-il, qui n’approuvent jamais rien et qui entraînent les opinions de quelques gens faciles qui croiraient mal faire et devoir être raillés de ne pas témoigner qu’ils sont de leur sentiment, bien qu’ils n’en soient point, il y en a d’autres qui approuvent tout ce qu’ils voient : je connais un des plus galants Abbés du siècle, et à qui je puis, sans injustice, donner le nom d’obligeant, puisque, par une bonté naturelle, il loue indifféremment tous les ouvrages qu’il voit et tous ceux que l’on lui montre en particulier ; aussi dit-on de lui dans le monde que l’on ne saurait connaître s’il dit la vérité et qu’il ne fait point de Jaloux, puisqu’il met tous les auteurs en même degré et qu’il loue également leurs productions en public et en particulier, sans crainte de hasarder sa gloire. […] Ces Messieurs lui donnent souvent à dîner, pour avoir le temps de l’instruire, en dînant, de tout ce qu’ils veulent lui faire mettre dans ses Pièces. […] Notre Auteur, après avoir fait ces deux Pièces, reçut des mémoires en telle confusion que, de ceux qui lui restaient et de ceux qu’il recevait tous les jours, il en aurait eu de quoi travailler toute sa vie, s’il ne se fût avisé, pour satisfaire les gens de qualité et pour les railler ainsi qu’ils le souhaitaient, de faire une Pièce où il pût mettre quantité de leurs Portraits. […] Après le succès de cette Pièce, on peut dire que son Auteur mérite beaucoup de louanges pour avoir choisi, entre tous les sujets que Straparole lui fournissait, celui qui venait le mieux au temps, pour s’être servi à propos des mémoires que l’on lui donne tous les jours, pour n’en avoir tiré que ce qu’il fallait et l’avoir si bien mis en Vers et si bien cousu à son sujet, pour avoir si bien joué son Rôle, pour avoir si judicieusement distribué tous les autres et pour avoir enfin pris le soin de faire si bien jouer ses compagnons que l’on peut dire que tous les Acteurs qui jouent dans sa Pièce sont des originaux que les plus habiles Maîtres de ce bel Art pourront difficilement imiter. […] Je pourrais encore dire qu’il connaît les Ennemis qu’il a à combattre, qu’il sait l’ordre de la bataille, qu’il ne les attaquera que par des endroits dont il sera sûr de sortir à son honneur, et qu’il se mettra en état de ne recevoir aucun coup qu’il ne puisse parer.
Il brise ses chaînes, & trouvant par hasard une mâchoire d’âne à ses pieds, il met en fuite les Philistins avec ce vil instrument. […] Le héros lui secoue si fort le bras, qu’il les cede bien vîte ; mais il enferme Samson à triple tour : celui-ci force les portes, & les met sur ses épaules avec son pere. […] Il se jette sur le prétendu griffon, il le met sur ses épaules pour le porter chez un rôtisseur, & répete le vers que Samson a dit en portant son pere : Agréable fardeau, servez-moi de trophée. […] Prince illustre, c’est votre épée ; C’est le soutien de votre Etat, Et le foudre vengeur qu’en votre main terrible Les Immortels ont mis Pour vous rendre un Prince invincible Et pour punir vos ennemis. […] Arlequin, qu’on avoit enfermé dans la tour, met la tête à une lucarne pour prendre l’air ; on lui demande s’il est le Prince Sigismond : il répond, comme le Sganarelle du Médecin malgré lui : oui & non, selon ce que vous lui voulez.
Le Notaire paroît : Mowbrai lui dit d’effacer le nom d’Arabelle, de mettre celui de Belti à la place : il lui donne cinquante mille écus de dot. […] Afin donc de se mettre en état de réparer ses pertes & de pouvoir rendre bon compte de son voyage à ses parents & à ses amis, il résolut de se défaire d’Yarico à son arrivée au port, où un vaisseau n’a pas plutôt mouillé qu’il se tient un marché public sur le bord de la mer pour la vente des esclaves Indiens ou autres qu’il y amene, à-peu-près comme on vend ici les chevaux & les bœufs. […] Dorat a composé sa Lettre de Zéila, jeune Sauvage, esclave à Constantinople, à Valcourt, Officier François : il n’a pas mis sous les yeux du lecteur l’ingratitude horrible d’Inkle qui vend sa bienfaitrice & sa maîtresse. […] C’est donc à vous-même que le ciel me met en état d’offrir mes biens, ma vie, & tout ce que j’ai de plus précieux ! […] Nous n’avons pas ici de Financiers à mettre à contribution.
Entre tant de métiers mis dans votre apanage, Qui pourroient fatiguer quatre Dieux comme vous, C’est celui de porter, je crois, les billets doux, Qui vous occupe davantage. […] Quant à se mettre bien, je crois, sans me flatter, Qu’on seroit mal venu de me le disputer. […] C’est pure médisance : Je sais ce qu’entre nous le sort mis de distance. […] Non, non, je sais ce que je vous dois ; & je ne veux point qu’on mette de différence entre nous deux. […] Mettez-vous là, vous dis-je.
Le Docteur survient, qui prie Magnifico de mettre fin à ce débat, en mariant Béatrix avec Flaminio. […] Ils se mettent sous les armes. […] Et cette agate à vous, qu’on fit mettre en cachet. […] Il faut choisir pourtant les mots mis en usage Par les meilleurs Auteurs. […] Son maître met l’épée à la main pour le tuer.
Je me mets pour un instant à la place de Madame Dacier, & j’expose ainsi le plan de la piece latine. […] Jupiter prie les convives d’aller se mettre à table. […] que l’heure de manger, Pour être mis dehors, est une maudite heure ! […] Après avoir mis en parallele Moliere & Plaute, il faut leur comparer Rotrou. […] Si vous vous mettez en courroux, Plus de conférence entre nous, Vous savez que d’abord tout cesse.
(Crispin met son chapeau sur son coude, & puis l’embrasse si adroitement, qu’il semble que ce soit une autre personne.) […] A-t-on plus ou moins de mérite à le traiter, à le mettre en action sur notre scene, à l’assujettir aux regles, aux bienséances du théâtre, à l’accommoder aux usages, aux mœurs de son pays, à faire ressortir du fond même une morale qui soit propre aux hommes de sa nation ? […] Il est à parier que Moliere, plein de son idée, laissa couler sur son papier les quatre vers que nous avons rapportés, & qui sont ceux de Boileau mis en action & en dialogue. […] « La chose n’est pas possible, me dira-t-on, puisque le connoisseur est instruit de tous les prestiges mis en usage par l’artiste ». […] Cette anecdote paroît avoir donné naissance au conte que la Fontaine a mis en vers.
Pour mettre plus d’agrément dans cette traduction, il avait rendu en prose tous les raisonnements philosophiques, et avait mis en vers les belles descriptions qui se trouvent dans le poème de Lucrèce.
[54232, p. 88] 1742, Bolaeana, p. 150 Despréaux* n’approuvait pas le jargon que Molière mettait dans la bouche de ses paysans et de quelques autres de ses personnages. « Vous ne voyez pas, disait-il, que Plaute*, ni ses confrères, aient estropié la langue en faisant parler des villageois ; ils leur font tenir des discours proportionnés à leur état, sans qu’il en coûte rien à la pureté du langage. Ôtez cela à Molière, continuait-il, je ne lui connais point de supérieur pour l’esprit et le naturel ; ce grand homme l’emporte de beaucoup sur Corneille, sur Racine et sur moi ; car, ajoutait-il en riant, il faut bien que je me mette de la partie ».
La réponse de Préville est une leçon aussi bonne pour les auteurs que pour les acteurs : ils doivent d’ailleurs savoir que Zeuxis, voulant peindre une Helene, ne se contenta pas de prendre une seule belle femme pour modele, qu’il mit pour ainsi dire toutes les beautés d’Agrigente à contribution, qu’il copia ce que chacune d’elles avoit de plus parfait, & qu’il en composa son chef-d’œuvre. […] Mais, encore une fois, apprenez que ma tête Peut seule dans vos mains mettre votre conquête. […] Il n’a pas le courage d’exécuter sa résolution, & il dit à Lélie : Suffit, vous savez bien ou le bât me fait mal : Mais votre conscience & le soin de votre ame Vous devroient mettre aux yeux que ma femme est ma femme ; Et vouloir à ma barbe en faire votre bien, Que ce n’est pas du tout agir en bon chrétien. […] Corneille, à l’imitation des Espagnols, qu’on accuse de n’avoir jamais mis des caracteres sur le théâtre ; Corneille, dis-je, après nous avoir présenté le portrait d’un jeune homme qui se fait un plaisir d’accumuler mensonge sur mensonge, ne nous l’a-t-il pas fait voir, dans une seconde piece, luttant contre son malheureux caractere, & ne pouvant le vaincre, n’employer désormais ses mensonges que pour faire de bonnes actions.
Cette Comédie qui ne contenait qu’un Acte, et quelques autres de cette nature, n’ont point été imprimées : Il les avait faites sur quelques idées plaisantes sans y avoir mis la dernière main ; et il trouva à propos de les supprimer, lorsqu’il se fut proposé pour but dans toutes ses pièces d’obliger les hommes à se corriger de leurs défauts. […] Monsieur de Molière faisait le Docteur, et la manière dont il s’acquitta de ce personnage le mit dans une si grande estime, que sa Majesté donna ses Ordres pour établir sa Troupe à Paris. […] Le 17 Février, jour de la quatrième représentation du Malade imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à jouer son Rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, et le public connut aisément qu’il n’était rien moins que ce qu’il avait voulu jouer : en effet, la Comédie étant faite, il se retira promptement chez lui, et à peine eut-il le temps de se mettre au lit, que la toux continuelle dont il était tourmenté, redoubla sa violence. […] Cette réunion des deux troupes qui a mis les Comédiens Italiens en possession du Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, a été d’autant plus agréable à sa Majesté qu’elle avait eu dessein de la faire, comme on l’a déjà expliqué, incontinent après la mort de Monsieur de Molière.
« Le 17 Fevrier 16731, jour de la quatriéme représentation du Malade Imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à joüer son rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, & le public connut aisément qu’il n’étoit rien moins que ce qu’il avoit voulu joüer : en effet, la Comedie étant faite il se retira promptement chez lui ; & à peine eut-il le tems de se mettre au lit, que la toux continuelle, dont il étoit tourmenté, redoubla sa violence. […] On lui conseilla pour lors de ne point achever, & de s’aller mettre au lit : il ne laissa pas pour cela de vouloir finir ; & comme la piece étoit fort avancée, il crut pouvoir aller jusqu’au bout sans se faire beaucoup de tort ; mais le zêle qu’il avoit pour le public eut une suite bien cruelle pour lui ; car dans le temps qu’il disoit de la ruë-barbe, & du scené dans la ceremonie des Medecins, il lui tomba du sang de la bouche ; ce qui ayant extremement effrayé les spectateurs & ses camarades, on l’emporta chez lui fort promptement, où sa femme le suivit dans sa chambre. […] La Moliere, outragée de ses reproches, pleura, s’évanouït, & obligea son mari, qui avoit un grand foible pour elle, à se repentir de l’avoir mise en cet état. […] ] J’en pourrois marquer cent exemples ; mais je me bornerai à deux, que je tire d’une Piece que l’on a mise à la tête de ses Oeuvres dans quelques Editions. […] Non, vous répons-je : je croi que s’il avoit fait l’Art Poëtique pendant la vie de Moliere, il y auroit mis la Censure que l’on verra ci-dessous.
M. de La Harpe raconte avec éloge, ce trait de Voltaire, refusant d’annoter Racine et disant : « Il suffit de mettre au bas de chaque page : admirable! […] Molière, qui devait mourir d’un « cœur brisé, » comme disent les Anglais, se met toujours et partout du côté de la femme de Sganarelle. […] Je propose Thèse; qu’on mette franchement sur les affiches, par exemple (je prends un titre au hasard) : la Tranquillité des Ménages, thèse en quatre ou cinq actes, par M — Ils sont plusieurs ! […] ce n’est pas la place qui manque; dans tous ces théâtres en chambre qui font foule à Paris, il y aurait où mettre des montagnes de morale. […] Au contraire je connais de petites coquines de choses très rusées et très effrontées qui se font mettre au violon tout exprès, par protection du gouvernement, pour que vous ayez l’espoir d’y trouver des horreurs.
Si Jean-Jacques avait pu deviner ce mystère, il ne se serait pas mis en si grands frais de sophismes, pour nous prouver que Molière n’avait eu d’autre but, dans son Misanthrope, que de « rendre la vertu ridicule. » Et voilà comme on avilit le génie ! […] Sans doute, il y a dans le choix tel sujet un indice grave des dispositions d’esprit où se trouvait l’auteur ; et Molière., comme Shakspeare, lorsqu’il conçut l’idée de mettre sur la scène un misanthrope, devait être plus porté à la mélancolie qu’à la gaieté, et voir surtout le côté triste des choses humaines; mais ses plaintes amères contre l’humanité, qu’il a mises dans la bouche de son héros, ne sont pas pour cela l’expression vraie de :ses sentiments personnels, une diatribe sociale derrière laquelle se cache l’auteur20 Non, Molière n’est pas Alceste tout entier; car, si parfois il semble s’être identifié avec son personnage, souvent ; aussi il l’abandonne : on en voit ,1a preuve dans les avertissements et les leçons qu’il lui fait donner par ceux qui l’entourent ; tel est en particulier le rôle de Philinte. […] Écoutez les deux, interlocuteurs mis en scène pour éclairer un public toujours trop avide d’allusions : « — Juge-nous, un peu sur une gageure que nous avons, faite. […] L’année suivante, Armande Béjart devait être sa femme, et bientôt après, Molière mettait dans la bouche de la Climène des Fâcheux une vigoureuse apologie du jaloux, nous rendant ainsi les confidents des premiers tourments de son cœur. […] Mais Molière avait son original, il voulut le mettre sur le théâtre. » (Grimarest, Vie de Molière.
Ces réflexions trop sérieuses ayant mis le poète de mauvaise humeur : « Ho ! […] Molière se mit à rire de cette saillie, et l’employa ensuite fort à propos.
On le suivra avec plaisir au milieu de la société, où il épie les ridicules pour les mettre en scène, et on le verra avec peine, dans l’intérieur de sa maison, tourmenté par une femme acariâtre et galante en même temps, qui jeta le dégoût et l’amertume sur ses jours, et les abrégea. […] Élève d’un célèbre philosophe (Gassendi*), il mit ses leçons en pratique ; profond dans la connaissance du cœur humain, il en développa les ressorts avec une sagacité étonnante ; bon et humain, il sema ses bienfaits sans ostentation, et n’en chercha de récompense que dans son cœur.
[46, p. 78-80] Les situations comiques sont les moments de l’action qui mettent plus en évidence l’adresse des fripons, la sottise des dupes, le faible, les travers, le ridicule enfin du personnage qu’on veut jouer. […] Pour exemple nous citerons la ruse qu’emploie la femme de Georges Dandin, lorsqu’elle fait semblant de se tuer, et qu’elle réussit, par la frayeur qu’elle lui cause, à le mettre dehors et à rentrer chez elle.
Mis à côté de Lacroix, d’un Auteur Anglois, de celui des Mille & une Nuits, de Moliere, d’Aristophane, &c. […] Le reste de la piece n’est que le sujet même mis en dialogue : on a cru devoir conserver jusqu’aux expressions, qui dans l’original sont en effet aussi plaisantes qu’elles puissent l’être ». […] Cidalise cherche une préface pour mettre à la tête de son ouvrage, essaie plusieurs tournures, brusque son Secrétaire à mesure qu’elle est mécontente d’elle-même, & s’arrête à cette idée : Jeune homme, prends & lis. […] Il te met dans la foule ainsi qu’un misérable : Il croit que c’est assez d’un coup pour t’accabler, Et ne t’a jamais fait l’honneur de redoubler. […] Permettez-moi tous deux de vous mettre d’accord.
Qu’elle apporte, par ses charmes et son esprit, cet élément de grâce et d’agrément que l’homme tout seul ne peut mettre dans la vie commune380. […] Ici Molière est plus sévère que le monde : est-ce pour avoir été trompé lui-même, et par une amertume personnelle, qu’il a mis Célimène sur la scène388 ? […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé ! […] De même, dans le Tartuffe, il est fâcheux de mettre tant de bon sens et de vertu dans une égrillarde comme Dorine : elle a trop de finesse, de délicatesse, d’autorité dans la maison, pour être en même temps une fille suivante un peu trop forte en gueule et capable de la gaillardise de toute la peau 412. […] Toutefois, en admirant celte puissance d’esprit, cette justesse de sens, cette délicatesse de cœur, cette hauteur de vue qui rendent immortelles les peintures de femmes faites par Molière, le moraliste mettra quelque restriction aux louanges que l’enthousiasme l’entraînerait à donner.
Molière faisait Sancho ; et comme il devait paraître sur le théâtre monté sur un âne, il se mit dans la coulisse pour être prêt à entrer dans le moment que la scène le demanderait. […] Cette Laforest était sa servante ; elle était dans la coulisse opposée, d’où elle ne pouvait passer à travers le théâtre pour arrêter l’âne ; et elle riait de tout son cœur de voir son maître renversé sur le derrière de cet animal, tant il mettait de force à tirer son licou pour le retenir.
Un matin qu’il chassait à Chambord, il mit un de ses bas à l’envers. […] Aussitôt ce valet le prend par le haut, et en dépouillant la jambe de son maître, met ce bas à l’endroit : mais comptant ce changement pour rien, il enfonce son bras dedans, le retourne pour chercher l’endroit, et l’envers revenu dessus, il rechausse Molière.