. — Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui répondit Molière, et vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même. […] Comment faire pour saisir la véritable figure de ce Protée ? […] Trompée par Jupiter, qui a pris la figure d’Amphytrion, son époux, elle est devenue un personnage bien délicat à introduire sur la scène. […] Au XVIIe siècle, l’honnête homme devait avoir passé par l’école de la bonne société: tous les travers qui font sotte figure lui étaient rigoureusement interdits. […] Mais ce n’en est pas moins une grande figure morale.
Il n’est pas de galerie privée un peu notable, où ne figure quelque tableau ainsi dénommé, toujours authentique, à en croire le propriétaire, et très supérieur comme ressemblance à tous les portraits connus. […] Perrin, on pourrait joindre à ces deux toiles, qui sont des œuvres d’art de premier ordre, une estampe grossière, signée Simonin, dont la Bibliothèque nationale possède le seul exemplaire connu ; le Molière compris dans un tableau anonyme, assez ordinaire, peint en 1670 et représentant les Farceurs français et italiens depuis soixante ans, qui appartient aussi à la Comédie-Française ; et les figures très médiocres dessinées par Brissart et Sauvé pour l’édition de Molière publiée en 1682. […] La tête est droite, la figure énergique, les yeux pleins de flamme : aussi peut-on conjecturer que cette toile a été peinte lorsqu’il était encore dans sa pleine vigueur, entre 1660 et 1665. […] Il a allongé la figure, agrandi et rapproché les yeux, aminci le nez, allégé les lèvres, abaissé les épaules ; tout en conservant la force accentuée des traits, il les a poussés de parti-pris à la distinction et à la finesse. […] On aime à trouver ainsi l’auteur du Misanthrope dans ce cortège de nobles esprits qui font à distance si belle figure autour du grand Condé.
D’après les bruits qui avaient couru, on se figure la position délicate de l’orateur et l’attention maligne de l’auditoire. […] Cette vue anima la figure béate d’un de ces dévots qui, choisissant les plus belles truffes, dit au nonce en les lui montrant : Tartufoli, signor nunzio, tartufoli. […] Comme, chez les anciens, la tragédie et la comédie se jouaient sous le masque, il est probable que la facilité de donner à deux acteurs la même figure leur a suggéré l’idée de ces intrigues dramatiques qui se fondent sur la ressemblance de deux personnages.
Molière n’a trouvé que dans son génie le type de cette figure extraordinaire. […] On répéta beaucoup dans le temps ce mot d’une femme à Molière, qui l’avait priée, disait-on, de lui faire connaître son sentiment sur la pièce : Votre figure baisse la tête, et moi, je la secoue.
Toutefois Marivaux, comme Regnard et Beaumarchais, figure dans cette maison après Molière, Racine et Corneille. […] Paul Mounet tout seul fait figure de tragédien : il ne fait guère davantage.
Véritablement je me figure Molière, poussé à bout par sa troupe avide, et se mettant à l’œuvre tout exprès pour faire une pièce où l’intérêt l’emporte sur tout le reste. […] Sganarelle est tout aussi bien le pendant inévitable de Don Juan, que Sancho Pança est l’indispensable compagnon du chevalier de la triste figure. […] Dans l’une et dans l’autre comédie, un poète immense vous montre la même figure blafarde qui passe et qui repasse incessamment, comme un grain de sable qui tomberait dans l’œil de l’âme, pour troubler la vision. […] Il y a dans ce Plutus un chœur… L’ami Proudhon, ce terrible et inintelligent fantôme qui a fait tant de mal, cet innovateur abominable d’un paradoxe plein d’embûches, ce destructeur de nos plus chères libertés, ce mal venu qui a fait reculer trente-deux millions d’hommes, le mauvais citoyen que l’exécration publique ne saurait châtier, d’un châtiment trop honteux, cet énergumène imbécile qui se figure que le bonheur du genre humain peut sortir d’une déclamation, comme sort la tempête de l’outre d’Éole, ne sera pas fâché de lire ce chœur d’Aristophane où la venue du communisme était prédite, il y a tantôt trois mille ans. […] Au premier abord, et quand on se souvient de ce mot : politesse, et de cet autre mot : urbanité, qui ont été le fond de cette langue française, « dont les moindres syllabes nous sont chères, disait un académicien, parce qu’elles nous servent à glorifier le Roi », on se figure que, plus tard, après Richelieu et Mazarin, les ballets dansés par Louis XIV ont perdu quelque peu de leur entrain et de leur gaieté, pour ne pas dire pis.
Là ce Génie ailé semble, du haut des cieux, Déposant sur ta tête une double couronne, Sacrer la royauté que l’univers le donne ; Ici, cette fontaine, en jets toujours nouveaux Épanchant le bienfait de ses limpides eaux, Figure ta pensée abondante et profonde.
Je suis Jupiter ; je prends la figure d’Amphitrion quand il me plaît, paroissant ainsi par rapport à vous, afin de continuer cette comédie ; & par rapport à Alcmene, afin qu’elle soit reconnue innocente57.
La grande figure de Molière reparaîtra plus brillante. […] Je ne parle pas de sa prestance et de sa figure ; ce sont là assurément des qualités nécessaires au rôle. […] Pour elle, elle a de l’esprit, aime les beaux ajustements et fait figure parmi tout ce monde. […] Plus j’examine le vers de Molière, moins je me figure qu’il lui ait donné le sens qu’on lui prête. […] Le comique de la situation, c’est que les deux frères étant semblables de figure et de voix, sont très différents, au contraire, par tout le reste.
Qu’on se figure, au sortir des Jodelet de Scarron, quel charme dut avoir Mascarille ! […] Il trouve les docteurs Marphurius et Pancrace enflammés de colère, hébétés de systèmes, prêts à se déchirer pour des mots ; et l’un d’eux, au lieu de l’écouter, lui soutient qu’il faut dire, non pas la forme, mais la figure d’un chapeau. […] Sa figure, son jeu, sa voix entrecoupée, sa toux même, dans les rôles de vieillard, ne se pouvaient oublier. […] Il se montra devant toute la cour, abattu, pâle, entouré de démons, de magiciens chantants et dansants, et se servit, pour exciter le rire, de sa propre figure amaigrie par les travaux, les chagrins et la maladie. […] Il avait écrit pour lui, pour sa figure amaigrie, le rôle du Limousin, que les médecins, rien qu’à le voir, jugent atteint d’une mélancolie hypocondriaque.
Ces vers si souvent cités : C’est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix, Si, moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin, auraient quelque fondement si Molière eût mêlé dans ses chefs-d’œuvre le bouffon au comique noble ; mais ne l’ayant point fait, on ne voit pas par quelle sorte de contagion Les Fourberies de Scapin, George Dandin ou La Comtesse d’Escarbagnas pourraient aller corrompre la beauté dans les pièces où elle se trouve sans alliage et enlever ainsi à Molière la palme qu’aucun poète comique n’osera lui disputer. […] Là se trouve le secret principal du style de La Fontaine ; tout y est en tableaux et en figures.
C’est dans Le Mariage forcé que se trouve la fameuse dissertation sur la forme et la figure du chapeau : on ne pouvait mieux tourner en ridicule les subtilités de l’école. […] Il était de moyenne taille, la figure pleine, mais extrêmement pâle. […] Molière représenta au roi que, la pièce devant être jouée dans peu de jours, il était impossible qu’une autre personne put apprendre ce rôle dans un temps si court ; de sorte que mademoiselle Beauval le joua, et le joua si parfaitement, qu’après la pièce, le roi dit à Molière : « Je reçois votre actrice. » Cependant il parut toujours mécontent de la figure et de la voix de cette comédienne. […] Sa taille était avantageuse et bien prise ; sa figure avait ce caractère de beauté mâle qui convient à l’homme : elle prenait un air imposant et fier, tendre et passionné, selon les différents personnages qu’il avait à représenter ; sa voix était sonore, juste et flexible ; sa prononciation facile, nette et d’une grande précision ; ses tons énergiques et variés ; ses inflexions ajoutaient souvent au sens des vers qu’il récitait : on leur trouvait dans sa bouche des beautés qu’ils perdaient quelquefois à la lecture ; son silence, ses regards, les diverses passions qui se succédaient sur son visage, ses attitudes, ses gestes ménagés avec art, complétaient l’effet infaillible de son débit puisé dans les entrailles de la nature.
D’autre part, et cela pouvait tenter le poëte comique, malgré les efforts de Patru, de ceux qui, comme Gilet et Erard, prenaient à tâche de marcher sur ses traces, le barreau, trop fidèle à de vieilles habitudes, n’avait pas encore renoncé à ces formes surannées de style, à ce flot d’inutiles citations, à ces figures de mauvais goût, dont l’éloquence judiciaire du temps ne nous offre que trop d’exemples.
Dans tous les actes où il figure comme acteur de l’Illustre Théâtre, il signe Denis Beys ou D. […] Dans la première partie, il figure le poète qui, avec le peintre et l’alchimiste, sont mis en opposition, en incompatibilité avec l’Argent. […] Il n’y avait pas bien longtemps encore que le Lorrain Jacques Callot recueillait sur les grands chemins sa longue et bizarre série de figures caricaturales. […] Quelques difficultés et quelques embarras qu’elle ait pu éprouver d’abord, on la voit, après 1653, faire bonne figure aux états et partout. […] Jugez de l’importance du personnage sur cette figure. » Tel parut Mascarille, type caricatural des damerets infatués d’eux-mêmes, beaux esprits bavards et impertinents.
Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui répondit Moliere, & vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même. […] C’est par là que Moliere illustrant ses écrits Peut-être de son Art eût remporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon, l’agreable & le fin, Et sans honte à Terence allié Tabarin.
L’ironie de Socrate, si bien conservée dans les Dialogues de Platon, cette adresse captieuse avec laquelle il dérobait l’aveu naïf d’un travers, était une figure vraiment théâtrale ; et dans ce sens le Sage de la Grèce était le Poète comique des honnêtes gens, Aristophane n’était que le bouffon du Peuple. […] Mais si Molière a renforcé les traits de ses figures, jamais il n’a peint à faux ni la nature, ni la société.
Des travestissements et des aventures nocturnes sont le fond du sujet ; l’intrigue est aussi compliquée que romanesque ; et, des deux valets, l’un, par ses bouffonneries, rappelle le gracioso qui figure d’obligation dans tous les drames composés par-delà les Pyrénées.
Il est vrai que sa figure est charmante !
Au genre purement poétique appartient le comique arbitraire45, j’entends par là les inventions gaies qui procèdent de l’imagination libre du poète, les situations impossibles, les figures fantastiques et surtout les fous de cour46, avec leur sottise et leur esprit, leurs excentricités et leur sagesse, l’insignifiance de leur action dramatique et l’audace sensée de leurs paroles. […] J’arracherai le voile qui cache aux Français la vraie figure de leur poète favori, non pour faire tomber tout leur enthousiasme, mais pour l’éclairer et l’épurer, et s’ils continuent à appeler Molière le plus grand des poètes comiques, messieurs, sachons être indulgents pour une nation spirituelle qui ne connaît pas la véritable valeur des mots, parce que le ciel lui a envié l’esprit philosophique, je veux dire ce besoin de logique et de définitions qui est le commencement de la sagesse. […] Seulement, ils regardent ces fautes comme si légères, que, loin d’en faire à Molière l’objet d’un reproche sérieux, ils l’excusent, ils le louent presque d’avoir négligé l’intrigue au profit des caractères, à peu près comme si on approuvait un peintre de s’être affranchi, dans ses tableaux, du soin de composer et de grouper toutes les figures avec art, afin de pouvoir concentrer son étude sur la ressemblance de chacune d’elles avec son modèle. […] Le poète nous présente, il est vrai, tout ce qu’il y a de plus extraordinaire ou même de plus incroyable ; il se permet souvent, dès l’entrée, une grande invraisemblance, telle que la parfaite conformité de deux figures ; mais il faut que tous les incidents qui dérivent de cette première donnée, en paraissent la suite nécessaire.
Peut-être de son art eût remporté le prix, Si moins ami du Peuple en ses doctes Peintures Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures ; Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire !
Se figure-t-on que M.
Molière jouait le rôle de Mascarille ; il se servit d’un masque aux premières représentations ; mais ensuite il le quitta, persuadé avec raison que sa figure, dont le jeu était singulièrement comique, valait mieux, pour exciter le rire, que l’immobilité du masque le plus grotesque. […] Lui-même a-t-il imposé ce titre d’une manière tout à fait exacte, lorsqu’il a nommé École des maris, une pièce où nul mari ne figure, et qui serait presque aussi bien appelée l’École des parents, ou des instituteurs, puisque la principale moralité qu’on en doive tirer, c’est qu’il ne faut point user envers la jeunesse d’une sévérité excessive, si l’on ne veut lui inspirer une juste aversion pour soi, et en même temps un goût plus vif des choses même qu’on lui interdit ?
Les nombreux personnages qui concourent à l’action de la pièce, ou dont les portraits seulement sont encadrés dans le dialogue, offrirent aux yeux des attitudes si naturelles, des formes si bien senties, des traits si bien modelés, qu’on voulut voir des individus peints avec ressemblance, où il n’y avait que des espèces représentées avec vérité, et qu’on chercha partout, à la cour comme à la ville, les originaux dont Molière avait pris les figures à leur insu pour les transporter et les distribuer dans sa composition. […] De tous ces noms inscrits par la malignité contemporaine au bas des portraits placés dans Le Misanthrope comme en une vaste galerie, quelques-uns nous ont été conservés par la tradition ; mais ou ils vont mal aux figures, ou ils sont trop peu connus pour intéresser notre curiosité.
Toutes ces scenes sont excellentes pour faire briller la figure de l’actrice qui joue le rôle de Toinette. […] Devenus plus grands, nous remplissons nos cahiers de desseins informes où nous prétendons représenter la lune, le soleil, une fleur, la figure d’un de nos camarades.
Au contraire, à coté de ces figures si saisissantes et si pathétiques, ses héros ont bien peu de physionomie : qu’est-ce que Pyrrhus auprès d’Hermione, Bajazet auprès de Roxane, Hippolyte auprès de Phèdre ? […] Ce qu’il importe de remarquer dans cette liste, c’est que, parmi les écrivains célèbres du temps, il n’en est aucun dont la munificence royale ait encouragé les débuts, à l’exception de Racine, qui y figure pour 800 livres ; il n’avait produit alors que quelques vers de circonstance.
En parcourant des yeux ce léger crayon, fruit de la circonstance et d’un heureux accès d’humeur satirique contre d’injustes censeurs, on est frappé du nombre de figures originales que Molière a placées depuis dans ses plus importants ouvrages, en leur donnant, à la vérité, le développement et le coloris qu’elles ne pouvaient avoir dans une simple esquisse. […] Il était de moyenne taille, d’une assez belle figure, mais extrêmement pâle. […] Ce n’est pas non plus de la bouffonnerie sans agrément, ni même sans utilité, que cette autre scène où Pancrace, furieux qu’on ait osé, à propos de chapeau, prendre la forme pour la figure, expose naïvement à la risée publique les inintelligibles absurdités du moderne péripatétisme, dont beaucoup d’esprits étaient encore infatués au point que l’Université songeait à solliciter un arrêt contre ceux qui enseigneraient une doctrine contraire à celle d’Aristote, et que, plusieurs années après Le Mariage forcé, le pédantisme aurait remporté cette victoire sur la raison, sans l’Arrêt burlesque, de Boileau, à qui il fut donné d’achever l’ouvrage commencé par Molière.
Enfin, puisqu’avec toi je puis trancher le mot, Je faisois justement la figure d’un sot.
N’êtes-vous pas épouvanté de la figure monstrueuse qu’il lui donne ?
Il repose depuis une époque indéterminée sur les rayons de la Bibliothèque Royale, et, qui mieux est, figure depuis vingt-cinq ans au moins sur le catalogue, à l’article si souvent feuilleté de J.
Le Zanni est celui qui figure dans le groupe des Trois Comédiens de Callot.
Elle figure à peine dans les canevas des Gelosi.