Je ne quitterai point mes pratiques d’amour ; J’aurai soin seulement d’éviter le grand jour, Et saurai, ne voyant en public que des prudes, Garder à petit bruit mes douces habitudes.
Eh bien, me dit cette infame Margiste, mon cœur s’est vaincu, mon devoir est de m’immoler ; mon zele, mes serments, l’amour de mes anciens maîtres, tout me crie d’étouffer pour vous la voix de la nature.
Cette vive amitié, qui t’outrage & te blesse, Trouvera dans ton ame un retour éternel : Apprends que toute ma tendresse N’est que de l’amour paternel. […] Apprenez que le capitaine de ce vaisseau, touché de ma fortune, prit amitié pour moi, qu’il me fit élever comme son propre fils, & que les armes furent mon emploi dès que je m’en trouvai capable ; que j’ai su depuis peu que mon pere n’étoit point mort, comme je l’avois toujours cru ; que, passant ici pour l’aller chercher, une aventure par le ciel concertée me fit voir la charmante Elise ; que cette vue me rendit esclave de ses beautés, & que la violence de mon amour, & la sévérité de son pere, me firent prendre la résolution de m’introduire dans son logis, & d’envoyer un autre à la quête de mes parents.
C’est le caprice & l’amour de la nouveauté qui conduit la multitude, & non le bon goût. […] Vous n’y avez vu ni mouvements lascifs, ni amour impudique, ni supposition de jeune homme, ni argent frauduleusement détourné, ni fils de famille, qui, à l’insu de son pere, affranchit la jeune esclave qu’il aime.
Quels sont ses principes sur la religion, la famille et l’amour, quand il peint ses hypocrites, ses pères, ses coquettes ? […] Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré et par ses traits les plus vifs pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. » Fénelon, Lettre à l’Académie-françoise, VII. — C’est son amour absolu du vrai qui a fait dire à Boileau : C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son art eût remporté le prix, Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n’eut point fait souvent grimacer ses figures.
Celui-ci, habile, expérimenté, fertile en ressources, voit sans cesse échouer ou plutôt tourner contre lui-même les moyens qu’il imagine pour faire cesser les accointances d’une jeune innocente et d’un jeune éventé 4, dont l’une ne lui cache rien par simplicité, et dont l’autre lui confie tout par étourderie, mais que la fortune, d’intelligence avec l’amour, semble protéger, en dépit de leur indiscrétion, contre tous les desseins d’un ennemi vigilant et bien averti : cette suite de confidences forme donc véritablement une suite de situations dramatiques, dont l’effet serait à peine égalé par tout ce que les jeux et les coups de théâtre peuvent avoir de plus vif et de plus frappant. […] Le ridicule d’Arnolphe ne tient pas, comme celui de tous les tuteurs du théâtre, au contraste de son âge et de ses prétentions en amour ; son tort n’est pas d’aimer une fille de seize ou dix-sept ans, et de vouloir en être aimé son véritable travers est de croire qu’une femme d’esprit est nécessairement une femme infidèle, et que la stupidité est la meilleure caution de la vertu. […] Il fallait qu’Agnès, échappant à la passion tyrannique d’Arnolphe, devînt la récompense d’un autre amour, et que, par conséquent, elle fût digne, à tous égards, de l’affection d’un galant homme. […] On peut dire que, dans la vaste galerie où Molière a peint les folies humaines, la scène du Mariage forcé, et celle de L’Amour médecin, sont deux pendants admirables, où se trouve retracée l’histoire entière des demandeurs et des donneurs de conseils.
que votre amour en vrai tyran agit, Et qu’en un trouble étrange il me jette l’esprit !
Ce détail, attesté par l’auteur des Observations sur Don Juan, qui avait assisté à la première représentation, se retrouve seulement dans les éditions de Hollande et donne seul son sens à la scène et au mot célèbre : « Va, je te le donne pour l’amour de l’humanité. » Cette scène n’avait évidemment dans la pensée de Molière aucune intention irréligieuse. […] Cette tentative se renouvelle jusqu’à trois fois, et c’est don Juan qui cède ; mais en cédant, il se dédommage et se venge par le mot célèbre : « Va, je te le donne pour l’amour de l’humanité », c’est-à-dire non par amour de ce Dieu auquel tu crois, mais uniquement parce que tu es homme et que j’ai pitié de toi. […] Philinte, c’est l’homme du monde enjoué, aimable, complaisant, cherchant à faire plaisir à tout le monde, non point égoïste, comme on l’a dit, car il a pour Alceste une vraie amitié et ne manque même pas de générosité, puisqu’il est tout prêt à lui sacrifier l’amour d’Éliante, mais n’aimant pas le bruit et les affaires, et passant par-dessus la sincérité pour sauver sa bonne humeur et son repos. […] Il accepte le monde où il vit, comme Philinte accepte le sien ; mais ici, ce n’est plus cet enjouement naturel et aimable d’un homme bien né, « qui prend tout doucement les hommes comme ils sont », c’est l’ironie sarcastique et froide de l’homme désenchanté qui a vu le fond de tout et qui vit avec le vice, quoique ayant encore au fond du cœur l’amour du bien.
Bientôt l’amour, fertile en tendres sentiments. […] Le rôle de la Vierge est traité avec un soin infini : c’est déjà ce type pur, cette idéalisation de l’amour maternel, dont les peintres nous laisseront tant de vives images; Quand elle retrouve Jésus après la discussion au Temple avec les Docteurs : O mon doux enfant gracieux, lui dit-elle en l’embrassant, Fils de toute douceur parfait, Mon cher fils, que nous as-tu fait? […] Elle prend part à toutes les péripéties du drame et, quand approche le moment fatal, on la voit chercher à détourner Jésus de sa résolution, puis s’évanouir au récit des dangers qu’il court, et enfin, dans toute la dernière phase du cruel procès, elle est là, suivant partout son fils, le contemplant avec deuil et amour, jusqu’à la consommation du sacrifice.
La cruelle langueur dont j’ai pensé mourir, Qu’aucun art ne pouvoit connoître ni guérir, L’amour en étoit seul l’origine secrete ; Et de lui dépendoit ma guérison parfaite.
Elles n’en étaient pas moins l’opposé des comtesse de Soissons, des princesse Colonna, des duchesse de Mazarin, des comtesse d’Olonne, des maréchale de la Ferté, et autres héroïnes célébrées par Bussy-Rabutin dans ses Amours des Gaules.
Il est vrai qu’en même temps on jouait La Nouvelle tragi-comique du capitaine Lasphrise (1597), l’immense pastorale des Chastes et loyales amours de Théagène et Chariclée, de Hardy (1601), la Lucelle de Le Jars, en prose, ou de Du Hamel, en vers (1604), ou encore la tragi-comédie de Bradamante, par Robert Garnier, qui datait de 1582, mais dont la vogue était bien loin d’être épuisée, puisqu’elle ne l’était pas encore au temps de Scarron.
Son maître est retenu par l’amour auprès d’une maîtresse qu’il adore ; pendant ce temps là son régiment est commandé pour aller à l’ennemi ; il apprend cette nouvelle, craint avec juste raison d’être déshonoré, & veut se tuer : Arlequin le transporte en un clin d’œil au milieu du camp, où l’on murmuroit déja de son absence.
L’Amour Médecin donne lieu a l’Auteur de remarquer que c’est le premier Ouvrage dans lequel Moliere ait joué les Médecins.
Pendant l’année 1622, Giovanni-Battista Andreini fit représenter et imprimer à Paris cinq pièces de sa façon : La Sultana, L’Amor nello specchio (l’Amour au miroir), La Ferinda, Li Due Leli simili, La Centaura.
L’Amphitryon de Molière On a dit que Molière, en écrivant Amphitryon, avait voulu peindre les amours de Louis XIV et de Mme de Montespan.
L’amour, dit Voltaire, faisait et défaisait les partis.
Elle fait le voyage à cause de lui, point du tout pour l’amour d’elle. » (Ceci peut se rapporter au voyage de Tournay de 1673, ou à celui de Barèges de 1675), « Elle rend compte à l’un et point à l’autre.
Ce n’est pas tout ; nous voyons plus clairement encore, que Jupiter, le tout-puissant, reprend la figure d’Amphitrion pour goûter avec Alcmene les plaisirs qui suivent un raccommodement, & qu’ils quittent la scene pour aller signer la paix dans les bras de l’Amour. […] Il n’est ni vin ni temps qui puisse être fatal A remplir le devoir de l’amour conjugal ; Et les médecins sont des bêtes.
Qu’on ne s’imagine pas non plus que Molière prétende, comme le bonhomme Chrysale, réduire le savoir des femmes À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse ; seulement il ne veut pas qu’elles poussent l’amour du grec jusqu’à embrasser des pédants, et surtout à leur donner leurs filles en mariage. […] L’illusion qui le domine et qui l’inspire si heureusement ne tient pas seulement à l’imagination, mais à la sensibilité : car dans sa longue familiarité avec les animaux, il s’est pris pour eux, comme pour la nature, d’un amour véritable ; il les porte dans son cœur, il plaide leur cause avec éloquence, et dans l’occasion il s’arme de leurs vertus contre les vices de l’humanité.
C’est un fait constant que l’on n’a point mis sur son compte d’autres amours que le penchant qu’il eut pour la Bejart qui n’étoit rien moins que belle ; & il est aussi vraisemblable que l’habitude de se voir ensemble dans les representations forma leur liaison, que de dire que ce fut l’amour qui lui fit faire la Comedie. […] Moliere avoit passé des amusemens que l’on se fait avec un enfant, à l’amour le plus violent qu’une maîtresse puisse inspirer. […] Il s’empressa fort à la faire revenir, en la conjurant de considerer que l’amour seul avoit causé son emportement & qu’elle pouvoit juger du pouvoir qu’elle avoit sur son esprit, puisque malgré tous les sujets qu’il avoit de se plaindre d’elle, il étoit prêt de lui pardonner pourvû qu’elle eût une conduite plus reservée. […] Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui repondit Moliere, & vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être Poëte pour aimer de cette maniere, mais pour moi je crois qu’il n’y a qu’une sorte d’amour & que les gens qui n’ont point senti de semblables delicatesses, n’ont jamais aimé veritablement.....
En amour, il est permis d’être lâche. […] Jamais plus la tragédie ne s’éveillera tout à fait, — à moins que, par un miracle ardemment souhaité, la tragédie ne s’éveille un jour moderne, française, chrétienne, priant du blasphémant le vrai Dieu cherchant son amour et sa haine, trouvant son héroïsme et ses fureurs, toute sa passion, toute sa fièvre dans les entrailles de notre histoire.
Et dans le premier acte, Alceste ne dit-il pas comme Mégabaste : « L’amour que je sens pour cette jeune veuve Ne ferme point mes yeux aux défauts qu’on lui treuve, Et je suis, quelque ardeur qu’elle m’ait pu donner, Le premier à les voir, comme à les condamner. […] Il la magnétise du souffle et du geste, et quand il arrive à lui expliquer tous les avantages du commerce secret qu’il lui propose, mystère assuré, silence absolu, rien à craindre du côté de son mari, rien à craindre du côté du public : « Et c’est en nous qu’on trouve, acceptant notre cœur, « De l’amour sans scandale et du plaisir sans peur. » pour faire le marché conclu, il en applique aussitôt les arrhes sur l’épaule d’Elmire, disons les choses plus nettement : il lui donne un baiser sur l’épaule. […] Depuis environ 15 ans, plus ou moins, les adorateurs de reliques ou sacrées ou profanes, il y en a dans les deux camps, ont pu voir, les uns avec indignation les autres avec amour, au Musée de Cluny, un fragment de maxillaire monté, avec soin et piété, sur une armature en argent. […] C’était un recueil de quelques comédies : L’Amour médecin, Les Précieuses ridicules, et Sganarelle, ou le Cocu imaginaire. […] Le frontispice gravé, qui compte dans les 5 feuillets préliminaires de la première partie du volume, représente une Cour d’amour, parmi laquelle l’Amour vise les cœurs à coups de flèches ; au premier plan, un jeune homme, qui pourrait bien être l’auteur lui-même, vient à la rencontre d’une dame qui s’avance les yeux baissés.
N’est-il pas vrai, mon pere, que vous voulez que Madame le garde pour l’amour de vous ?
Le 19, elle écrit à d’Aubigné une lettre qui respire la reconnaissance, l’amour pour le roi, et le sentiment de la faveur toute particulière à laquelle d’Aubigné doit cette place.
Supposons-la perdue pour le roi dans une vaine galanterie, comme la précédente ; perdue pour madame de Montespan, dans les tourments d’une ambition réprimée et dans les fureurs d’une jalousie sans amour.
Nous planterons autour de la maison isolée quelques arbres, comme il en croit à la place Royale, de ces petits, de ces merveilleux arbres, qui raconteraient aux vieillards de la rue du Pas-de-la-Mule les amours de Bussy-Rabutin, si les vieillards de la rue du Pas-de-la-Mule parlaient.
On ne badine pas avec l’amour, acte I, scène i.
Elle est surprise de revoir si-tôt son époux : elle croit qu’il n’a feint de vouloir partir avec tant d’empressement, que pour éprouver la vivacité de son amour. […] Ainsi parloient Despréaux & Madame Dacier, tous les deux aveuglés par leur amour pour l’antiquité.
Molière avait passé, des amusements que l’on se fait avec un enfant, à l’amour le plus violent qu’une maîtresse puisse inspirer ; mais il savait que la mère avait d’autres vues qu’il aurait de la peine à déranger. […] Vous me direz, sans doute, qu’il faut être fou pour aimer de cette manière ; mais, pour moi, je crois qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, et que les gens qui n’ont point senti de semblable délicatesse n’ont jamais aimé véritablement. […] (V.) — Il débuta du vivant de Molière, en 1670, par le rôle d’Antiochus dans la Bérénice de Corneille, et en 1671, par le rôle de l’Amour dans Psyché. […] Item, mains différents amours, Affublés de sombres atours, Qui pour le pas semblaient se battre. […] Ce ne fut qu’après les aventures dont nous parlerons dans la suite, et une absence de plusieurs années, que Baron remplit le rôle de l’Amour.
Cette parodie d’une formule de la liturgie catholique ( in nomine Hippocratis benedictam ) égale, ce me semble, si elle ne surpasse, le fameux « je te le donne par l’amour de l’humanité » de la scène du pauvre.