On peut dire que jamais homme n’a mieux su que lui remplir le précepte, qui veut que la Comédie instruise en divertissant. Lorsqu’il a raillé les hommes sur leurs défauts, il leur a appris à s’en corriger, et nous verrions peut-être encore aujourd’hui régner les mêmes sottises qu’il a condamnées, si les portraits qu’il a fait d’après nature, n’avaient été autant de miroirs dans lesquels ceux qu’il a joués se sont reconnus. […] Ainsi il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant, et exerçant toutes les qualités d’un parfaitement honnête homme. […] Jamais homme n’a si bien entré que lui dans ce qui fait le jeu naïf du Théâtre. […] Tout le monde a regretté un homme si rare, et le regrette encore tous les jours ; mais particulièrement les personnes qui ont du bon goût et de la délicatesse.
Laissons les compliments aux hommes, Ils en sont les dupes toujours. […] Est-il homme à la Cour Qui de la tête aux pieds porte meilleure mine, Une jambe mieux faite, une taille plus fine ? […] Savez-vous bien, Monsieur le fat, que je suis homme à vous rosser vous-même ? […] Bélise croit tous les hommes épris de ses charmes. […] Est-il possible qu’un homme d’esprit ait pu se déterminer à répéter, à retourner dans quatre pieces différentes, un dénouement pris chez un autre Auteur ?
L’amour, entre l’homme et la femme accomplis tels que les veut Molière, sera un beau sentiment, qui, sans les amollir, leur donnera encore plus de valeur et de charme. […] La triste erreur des littérateurs bohèmes, et quelques-uns ont eu assez de talent et de douleurs pour mériter cette mention, consiste à s’imaginer qu’ils deviendront de grands hommes parce qu’ils imitent les écarts de mœurs de quelques grands hommes. […] Ce bon sens lui apprit à voir l’amour en philosophe, comme une des facultés naturelles de l’homme, bonne quand il ne la laisse pas parler plus haut que la raison, belle jusqu’au sublime dans les âmes qui, par nature et par volonté, sont belles et élevées. […] Oui, la source de l’amour est belle, pure, sublime : mais l’amoureux est homme ; et, pour aimer, il n’en est pas moins aux prises avec toutes sortes de misères : il est jeune, il est jaloux, il est fou, il est sans courage et sans conduite, il est susceptible et déraisonnable, il manque de dignité, même d’honneur. […] Il apprend aux hommes mûrs que, s’ils sont dédaignés ou trompés par les femmes, c’est moins pour leur âge que pour leurs travers ; et l’exemple d’Ariste, dans l’École des Maris, montre qu’à tout âge une âme douce et noble est aimable.
Vous avez raison, dit Molière à son ami ; mais je sais un moyen sûr de me concilier l’homme dont vous me parlez ; j’irai lui dire ma pièce. […] L’homme en question se trouva si honoré de ce compliment, que, toutes affaires cessantes, il donna parole pour le lendemain ; et il courut tout Paris pour tirer vanité de la lecture de cette pièce. […] Molière trouva de nombreuse assemblée, et mon homme qui présidait.
Moncade, homme de Cour, & Marquis très ruiné, doit cent mille livres à Madame Abraham, veuve d’un banquier, très riche, & qui n’a qu’une fille nommée Benjamine. […] Mathieu, frere de Madame Abraham, homme de très bon sens & fort riche, entend parler du mariage extravagant que sa sœur va faire, accourt, lave la tête à Madame Abraham, à Benjamine, promet à Damis de le protéger, & se propose de relancer comme il faut M. le Marquis. […] En vérité, vous êtes un terrible homme, un homme étrange, un homme éternel, une furie attachée à mes pas ! […] vous êtes un homme charmant, adorable ! […] Leuson dit à Béverley de se méfier de Stukéli ; mais Béverley s’offense des soupçons qu’on a de son meilleur ami, dit-il, d’un homme qui s’est ruiné pour lui.
l’homme au sac. . . . […] Je défends, comme je dois, un homme d’honneur qu’on offense. […] On sera sans doute bien aise de voir lutter ces grands hommes. […] Cet homme qui nous a empêtrés de cette... […] D’abord mon homme se faisoit tenir à quatre.
Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais menages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit (C) cela par expérience autant qu’homme du monde. […] Chapelle, qui le croyoit être au dessus de ces sortes de choses, se railla de ce qu’un homme comme lui, qui sçavoit si bien peindre le foible des autres hommes, tomboit dans celui qu’il blâmoit tous les jours, & lui fit voir que le plus ridicule de tous étoit d’aimer une personne qui ne répond pas à la tendresse qu’on a pour elle. […] Moliere qui avoit écouté son ami avec assez de tranquillité, l’interrompit pour lui demander s’il n’avoit jamais été amoureux : ouï, lui répondit Chapelle, je l’ai été comme un homme de bon sens doit l’être, mais je ne me serois pas fait une si grande peine pour une chose que mon honneur m’auroit conseillé de faire, & je rougis pour vous de vous trouver si incertain. […] Pour vous répondre donc sur la connoissance parfaite que vous dites que j’ai du cœur de l’homme, par les portraits que j’en expose tous les jours au public, je demeurerai d’accord que je me suis étudié autant que j’ai pu à connoître leur foible ; mais si ma science m’a appris qu’on pouvoit fuir le peril, mon experience ne m’a que trop fait voir, qu’il étoit impossible de l’éviter, j’en juge tous les jours par moi-même. […] On y voit prevenant amas , autre terme barbare ; car le mot prevenant n’est en usage qu’au figuré, & ne signifie pas un homme qui est passé devant d’autres.
Je demande d’abord : Est-il naturel que de deux hommes qui parlent ensemble, l’un puisse dire quelque chose tout bas sans être entendu de l’autre ? […] Cet homme-ci me feroit supplicier publiquement. […] Ils doivent sur-tout être extrêmement courts : & pour lors, maniés par un homme ingénieux, ils peuvent devenir une source très féconde du comique le plus plaisant. […] J’ai souvent vu faire dans la société de petits aparté qui m’ont paru beaucoup plus piquants encore : c’est lorsqu’un homme fait à haute voix des compliments à un autre, & qu’il lui dit tout bas des mots piquants. […] La petite, très raisonnable, auroit peut-être été fidelle à l’homme aux leçons & à l’homme au carrosse ; mais en conscience la chose n’étoit pas faisable.
« Une farce ou petite piece de scenes détachées est une fable dont les scenes n’ont aucune liaison entre elles, & dont l’action ne consiste que dans la démarche de plusieurs personnages qui par des motifs différents ou opposés viennent successivement ou plusieurs ensemble entretenir de leurs intérêts un homme ou une Divinité. « Ces farces ou ces petites pieces n’ont & ne peuvent même avoir ni action, ni intrigue, ni dénouement, car elles finissent d’ordinaire avec l’audience de l’homme ou du Dieu consulté, soit qu’il ne leur plaise plus de la continuer, ou que personne ne se présente plus pour la demander ; & pour finir ces prétendues pieces d’une maniere enjouée, on y ajoute le plus souvent un ballet composé des personnages qui ont paru sur la scene. […] & quel homme la tient ? […] L’homme dont vous parlez, loin qu’il puisse me plaire, Est un homme fâcheux, dont j’ai su me défaire. […] Une petite bagatelle à scenes détachées peut échapper à un homme d’esprit, même à un homme de génie ; il la donne alors sans prétention ; c’est un enfant perdu qu’il livre au caprice du public : s’il fait plusieurs actes, l’ouvrage acquiert pour lors une certaine consistance qui le fait juger avec sévérité.
A quel homme ai-je affaire ? […] Il n’en est pas de même de la piece que Regnard a imitée, le Chevalier Joueur, comédie en cinq actes, & en prose, de Dufresny : il y a une Comtesse & un Marquis si bien liés au caractere principal, qu’on ne peut les retrancher sans perdre en même temps tout ce qui caractérise le plus un homme possédé du démon du jeu. […] Il a pris la banque de la bassette pour se faire des amis : par politesse il oublie les cartes des dames, & il paie les hommes deux fois pour éviter les querelles. […] Je le crois : vous êtes homme sage, vous, & je vous empêcherai bien d’être tenté. […] Lorsque le désespoir aveugle nos esprits, En vain de la raison le flambeau nous éclaire : L’homme prudent échoue où l’heureux téméraire Voit ses vœux insensés par le sort accomplis73.
Le salon ou cabinet, devenu si fameux par la réunion des hommes célèbres et des femmes illustres du temps, était au rez-de-chaussée. […] Tout cela est nécessaire chez un peuple où les mœurs ont admis les femmes dans la société en parfaite parité avec les hommes. […] Les femmes vivant séparées des hommes ont leurs conversations sans doute : c’est pour ces conversai ions qu’ont été inventés les mois de caquetage, de cailletage, de commérage. Les hommes formant des sociétés séparées de celles des femmes ont leurs conversations aussi : ce sont généralement des dissertations philosophiques chez les Allemands, des discussions politiques, économiques et commerciales chez les Anglais. […] Entre les hommes célèbres qui fréquentèrent ses cercles, était Ogier de Gombault, que Marie de Médicis recevait aussi dans les siens, et à qui elle faisait une pension de 1 200 écus : il était âgé de vingt-six ans.
« Moliere, dit M. de Voltaire, pour ne pas heurter de front le sentiment des Critiques, & sachant qu’il faut ménager les hommes quand ils ont tort, donna au public le temps de revenir. […] Je te défie d’attendrir, du côté de l’argent, l’homme dont il est question : il est Turc là-dessus, mais d’une turquerie à désespérer tout le monde ; & l’on pourroit crever, qu’il n’en branleroit pas. […] Un homme vraiment poëte peut dialoguer aussi vivement en vers qu’en prose ; témoins les vers suivants : LE DÉPIT AMOUREUX. […] Un homme habile peut faire des vers propres à une farce, & de la prose digne d’une grande piece. […] Indépendamment de cela, il est impossible qu’un homme fasse sa premiere piece d’un seul jet : il y trouvera toujours quelque chose à corriger, sur-tout pendant les répétitions.
Il eut des ennemis cruels, surtout les mauvais auteurs du temps, leurs protecteurs et leurs cabales, ils suscitèrent contre lui les dévots119, on lui imputa des livres scandaleux ; on l’accusa d’avoir joué des hommes puissants, tandis qu’il n’avait joué que les vices en général, et il eut succombé sous ces accusations, si ce même roi, qui encouragea et soutint Racine et Despréaux, n’eut pas aussi protégé Molière. […] Il faisait de son bien un usage noble et sage ; il recevait chez lui des hommes de la meilleure compagnie, les Chapelles*, les Jonsac, les Desbarreaux, et qui joignirent la volupté à la philosophie. […] Il éleva et il forma un autre homme, qui par la supériorité de ses talent, et par les dons singuliers qu’il avait reçus de la nature, a mérité d’être connu de la postérité, c’était le comédien Baron* qui a été l’unique dans la tragédie et la comédie. […] 133 Peinture fidèle du ridicule commun à tous les hommes, dans tous les états. […] C’était, dit Voltaire, l’ouvrage d’un sage qui écrivit pour les hommes éclairés, et il fallut que le sage se déguisât en farceur pour à la multitude ».
Je ne parle pas de la différence du mérite : celle-là est énorme ; mais la gloire de Molière n’a pas besoin qu’on lui offre en sacrifice l’obscur Donneau, qui du moins, par l’admiration dont il se montre pénétré pour ce grand homme, fait regretter qu’il n’ait pas été plus digne de l’imiter. […] C’est donc simplement un badinage ; mais c’est celui d’un homme supérieur. […] « Tout cela, dit La Fontaine, fait place à la comédie, dont le sujet est un homme arrêté par toutes sortes de gens, sur le point d’aller à une assignation amoureuse. » C’est un ouvrage de Molière. […] De la façon que son nom court, Il doit être par-delà Rome : J’en suis ravi, car c’est mon homme. […] Elles fondent leur incrédulité sur ce qu’il existait une amitié sincère entre ces deux hommes célèbres, et que Chapelle s’est montré l’admirateur de Molière jusqu’à lui donner, dans une lettre qu’il lui écrivait, le nom de grand homme, titre que reçoivent rarement de leur vivant ceux qui en sont jugés le plus dignes après leur mort.
Je ne sai si les Italiens trouvent à leur goût les Comédies de Moliere traduites en leur langue par un homme de leur Nation transplanté en Allemagnek. […] Chapelle, qui le croyoit être au dessus de ces sortes de choses, se railla de ce qu’un homme comme lui, qui sçavoit si bien peindre le foible des autres hommes, tomboit dans celui qu’il blâmoit tous les jours, & lui fit voir que le plus ridicule de tous étoit d’aimer une personne qui ne répond pas à la tendresse qu’on a pour elle. […] On y voit prevenant amas ; autre terme barbare : car le mot prevenant n’est en usage qu’au figuré, & ne signifie pas un homme qui a passé devant d’autres. […] ] Moliere est l’un des Hommes illustres dont Mr. […] Perrault, Hommes illustres, pag.
Arnolphe, dans la pensée de Molière, est un homme très digne d’estime, très digne d’affection, dont le seul travers est d’oublier son âge et de croire qu’une fille de seize ans peut aimer un homme de quarante ans. […] On s’attend à trouver dans l’homme aux rubans verts autant de raillerie que d’indignation, et chez le comédien l’indignation domine trop souvent la raillerie. […] La coquetterie arrivée à ce point ne mérite pas seulement la colère de l’homme déçu dans son espérance, mais le mépris de tous les honnêtes gens. […] Soyons de bonne foi : un homme qui voit sa femme prodiguer les avances pour encourager une passion adultère peut-il être bien sûr de sa vertu ? […] Je me résignerais à le penser, si je n’avais vu mon étonnement et mon dépit partagés par des hommes éclairés dont le savoir me rassure.
Les caracteres de tous les temps sont préferables aux autres pour deux raisons : la premiere, parceque si l’Auteur réussit à les peindre comme il faut, sa gloire est plus durable ; il n’est pas douteux que le spectateur ne prenne plus de plaisir à voir jouer sur le théâtre des travers, des ridicules ou des vices qui le frappent tous les jours dans la société, que s’il ne les connoissoit que par tradition : de telles pieces bien faites réunissent le double avantage de frapper toujours les connoisseurs & le commun des hommes : elles ont sans cesse les graces de la nouveauté60. […] Sur tout ce qu’à jouer il est de personnages, Celui d’homme de bien a de grands avantages. […] combien j’en connois qui, par ce stratagême, Après avoir vécu dans un désordre extrême, S’armant du bouclier de la Religion, Ont r’habillé sans bruit leur dépravation, Et pris droit, au milieu de tout ce que nous sommes, D’être, sous ce manteau, les plus méchants des hommes ! […] C’est ainsi que l’on peut, dans le siecle où nous sommes, Profiter sagement des foiblesses des hommes, Et qu’un esprit bien fait, s’il craint les mécontents, Se doit accommoder aux vices de son temps.
Le Baron ou l’Homme du jour est-il plus décidé que moi ? […] La Vérité dit à Mercure qu’elle ne veut plus rester dans cette solitude depuis qu’elle est instruite des désordres où les hommes sont livrés ; qu’elle veut encore se présenter à leurs yeux pour tâcher de les ramener. […] Il lui débite beaucoup d’impertinences que son nom & son caractere autorisent, & après différents projets qu’il lui communique sur la parure des femmes & sur celle des hommes, il lui parle de cinq brochures qui portent les titres suivants : Traité des riens, avec une Dissertation sur la babiole, dédié aux Dames. […] La Toilette des hommes, revue, corrigée & augmentée des trois quarts, & qui n’est pas moins curieuse que celle des Dames. […] Il veut acheter des almanachs, des curedents, des étuis pour un de ses anciens amis qui est fort pauvre, & qui ne lui est bon à rien ; mais il cherche un superbe cabinet de la Chine pour un homme nouvellement en faveur, sur la protection duquel il compte beaucoup.
On n’y parloit que de l’homme rare qui avoit eu dans un même jour le bonheur d’exposer sa vie pour son ami, & le courage de lui sacrifier sa passion, sa fortune, & sa liberté. « Je voulus connoître cet homme, je le connus, & je le trouvai tel qu’on me l’avoit dépeint, sombre & mélancolique. […] « En cet endroit, d’Orval, détournant son visage & cachant ses larmes, me dit du ton d’un homme qui contraignoit sa douleur : La piece est faite : mais celui qui l’a commandée n’est plus. . . . . . . […] D’Orval veut savoir la cause de son combat ; Clairville se fait prier, & dit enfin qu’il s’est battu contre deux hommes, dont l’un disoit que Constance aimoit d’Orval, & l’autre que d’Orval étoit amoureux de Rosalie. […] Y a-t-il un homme du caractere sombre & farouche de d’Orval ?
Dom Juan voit dans le lointain trois hommes qui en attaquent un seul ; il vole à son secours. Sganarelle reste seul sur le théâtre, & dit : Voilà l’humeur de l’homme ! […] Un homme attaqué par trois autres ! […] Laisser le théâtre vuide est une grande maladresse de la part d’un Auteur ; & s’il est plus mal de blesser l’esprit que les yeux, du moins la faute est-elle beaucoup moins dangereuse : elle ne peut être critiquée que par la réflexion, ou par un petit nombre de connoisseurs ; l’autre frappe sur-le-champ l’habile homme & l’ignorant, la femme instruite ou celle qui ne sait faire que des nœuds, l’orchestre même, qui, accoutumé à partir lorsqu’il ne voit plus d’acteur sur la scene, a souvent partagé un acte par une ariette, & fait en musique la critique la plus sanglante. […] Il s’est peint dans cette épitaphe, qui n’est pas merveilleuse : J’ai vécu l’homme le moins fin Qui fût dans la machine ronde, Et je suis mort la dupe enfin De la dupe de tout le monde.
Je crois bien pour ma part qu’Orgon est homme de qualité et qu’il a son carrosse comme Valère ; mais ce n’est pas encore là le point qui me touche. […] Tartuffe est comme un homme qui se noyait et qui trouve pied tout à coup. […] Notre homme, sur la foi de Voltaire, croyait que Poquelin le père avait été fripier, et il honorait la corporation dans la personne de Molière. […] Le 2 septembre 1574 « Honorable homme Pierre Le Bel marchant apoticaire demeurant à Amiens “fils du précédent” confessé avoir reçu de honorable homme Martin Morot marchand a tapissier bourgeois de Paris la somme de huit vingt livres tournois sur une maison assise à Paris en la rue St. […] Je ne manque pas de parcourir tous les ans quelques-unes de ses pièces pour rester toujours en rapport avec cet homme extraordinaire.
Dans ce beau drame de la coquetterie aux prises avec l’honneur d’un galant homme, Célimène est seule, sans autre défense que son esprit, sans autre protection que sa beauté. […] Dans ce grand xviie siècle, où tout était à sa place, les hommes et les choses, comment se fait-il qu’Alceste seul ne soit pas à la sienne ? […] Il avait tant de hâte d’arriver au but, qu’il l’outrepassait, alors notre homme, comprenant sa faute, s’impatiente outre mesure. […] Il prend un air malheureux qui fait peine à voir ; il se trouble, il hésite, il est prêt à vous dire en frappant du pied, comme cet amateur homme d’esprit qui, jouant le rôle d’Alceste, prit la fuite au beau milieu du rôle en s’écriant : — Ce n’est pas ça ! […] Mais si quelques gens de cœur n’avaient pas été, pour ainsi dire, les gardes de mademoiselle Mars, il y a longtemps que le Théâtre-Français l’eût perdue : et comptez donc combien de grands hommes, combien de grands drames qui n’auraient pas vu le jour !
Mais Anselme n’étoit pas homme à s’en tenir là, & sa destinée ne le vouloit pas. […] La scene la plus tragique se prépare ; mais Lothaire apprend que l’homme qu’il a vu sortir est l’amant de Léonelle. […] Il est donc un fou, ou tout au moins un homme ridicule. […] Veut-on encore que Damon soit un homme intéressant ? […] Michault, homme riche, avec lequel il ne déboursera rien.
Il y réussit assez pour devenir un homme de bonne compagnie, et ses agréments le firent rechercher à la cour. […] Il avait beaucoup d’esprit, du talent naturel, et ce qui doit encore recommander davantage sa mémoire aux gens de lettres, peu d’hommes leur ont fait plus d’honneur par la noblesse des sentiments et des procédés. […] Ce jugement, encore plus étrange que le succès, puisqu’un homme de l’art doit s’y connaître mieux que les autres, ne servit qu’à offenser Racine, et ne sauva pas Germanicus de l’oubli; mais Boursault fut plus heureux dans la comédie. […] Elle n’est pas mal faite ; mais il ne faut pas mettre sur le théâtre un homme qui peut en sortant être mené au gibet. […] Ce Sénèque, monsieur, est un excellent homme.
Il n’en aurait nul besoin, il ne faudrait ni fable, ni fiction, il suffirait d’un style droit, pur et naturel. » Quoiqu’elle n’ait rien dit de trop ici, il faut pourtant remarquer que homme à qui elle écrivait lui avait témoigné l’ambition d’être l’historien du roi. […] Elle appréciait ces hommes illustres, elle les aimait, elle avait quelque chose de leur talent, beaucoup de la sagesse de leur esprit, un goût aussi pur en littérature, seulement plus délicat en tout ce qui touchait à la décence et peut-être à la morale. […] Elle a jugé comme la postérité, tous les hommes de son siècle. […] Cette porte leur est fermée, et la mienne aussi… C’est le sentiment que j’aurai toujours pour un homme qui condamne le beau feu de Benserade, et qui ne connaît pas les charmes des fables de La Fontaine. Il n’y a qu’à prier Dieu pour un tel homme, et à souhaiter de n’avoir point de commerce avec lui. » On peut s’étonner de voir le beau feu de Benserade placé si près des charmes de La Fontaine.
Si les modernes méritent des louanges à raison des distinctions qu’ils ont faites, nous allons ne pas tarir sur leur éloge, puisqu’ils ont encore distingué des caracteres ou des mœurs, les vices du cœur, les vices de l’esprit, la coutume d’une nation, les travers, les foiblesses, les ridicules de l’homme. […] Celui qui aura tracé un portrait des travers, des ridicules, des foiblesses, des vices du cœur ou de l’esprit d’un homme, nous aura peint nécessairement le caractere de cet homme, du moins en partie.
L’ombre du grand homme, qu’un poète jeune et de bonne espérance a évoquée ingénieusement ce soir-là, aurait pu se montrer fière et reconnaissante de ce nouvel hommage, préférable peut-être même au premier ; car, si les statues publiques sont la digne et seule récompense à offrir à la mémoire des grands généraux et des grands citoyens, nous n’imaginons pour les poètes et pour les artistes aucun hommage plus désirable et plus flatteur que le culte intelligent de leurs ouvrages. […] Au premier plan, un riche et insolent libertin qui veut se donner, pour son argent, le passe-temps d’entendre un pauvre homme blasphémer ; d’une autre part, un valet intéressé qui engage l’homme en guenilles à gagner, à si bon marché, un beau louis d’or : « Va, va, jure un peu ; » puis un honnête mendiant qui, ayant au cœur la crainte de Dieu et le sentiment de sa dignité qu’on insulte, répond, sans déclamation, sans hésitation, simplement, fermement : « Non, monsieur, j’aime mieux mourir de faim. » Que fait alors le libertin ? […] Don Juan n’est pas un type, ce que nous appelons un caractère ; ce n’est pas le Libertin, c’est un libertin ; ce n’est pas l’Athée, mais un athée ; c’est un homme livré à tous les souffles de la mobilité humaine ; ce n’est pas un rôle conséquent et logique ; plus on l’étudie de près, et moins on peut concilier tant de contrastes. […] Louis XIV aurait bien dû sommer ce savant homme de produire quelques extraits de ces pièces du ve siècle. […] Pour éviter les clameurs qu’avait suscitées la comédie de Molière, cet homme de ressource ne trouva rien de mieux que de supposer païens tous ses personnages.
Dans l’art de juger l’homme et de le définir D’avance ton génie a vaincu l’avenir. […] Méconnu de son siècle, un grand homme souvent N’expia que trop cher le tort d’être vivant. […] Des mains d’un riche avare enlève sa cassette, Ou, vengeant les saints droits de la société, Écrase Don Juan sous son impiété, Et démasque cet homme au regard faux et louche, Qui, l’enfer dans le cœur et le ciel dans la bouche, Cachant ses noirs projets sous un manteau chrétien, Trompait tous les regards, tous, excepté le tien. […] Grâce à toi le bouffon est presque le sublime, Et l’homme entier respire en ces cadres légers, De ton malin pinceau caprices passagers, Comme en ces grands tableaux pleins d’images si vives, Des mœurs de ton époque admirables archives.
Ne nous bornons pas à prouver par-là que le plus petit caractere peut jouer un rôle dans les mains d’un habile homme ; tâchons d’indiquer le moyen d’en faire un bon usage, & de les placer dans leur jour le plus favorable. […] L’homme qui l’entretient de ses chevaux, de ses bonnes fortunes, de sa caleche ; celui qui le consulte sur l’air & les pas d’un ballet qu’il vient de composer ; Alcandre qui le prie de lui servir de second, & de porter un cartel pour lui à son ennemi ; Alcippe qui lui raconte ses malheurs dans une partie de piquet ; Oronte & Climene qui le prient de décider si un amant jaloux est préférable à celui qui ne l’est point ; le Chasseur qui lui fait part d’une chasse malheureuse ; l’Homme aux projets, qui veut enrichir la France en l’entourant de ports de mer ; le Savant, qui sollicite la charge de Contrôleur, Intendant, Correcteur, Reviseur & Restaurateur général des enseignes de Paris ; enfin, les divers caracteres de ces fâcheux devant également impatienter Ergaste en l’arrêtant, aucun d’eux ne devoit écraser les autres par une force trop supérieure. […] Bobinet est un pédant de Précepteur qui ne sait point parler naturellement comme le reste des hommes, & qui ne voit rien au-delà de ses Auteurs classiques.
imprimée depuis quelques jours, chez Prault fils, débute par cette judicieuse réflexion : « Le goût de bien des Lecteurs pour les choses frivoles, & l’envie de faire un Volume de ce qui ne devroit remplir que peu de pages, sont cause que l’Histoire des Hommes célebres est presque toujours gâtée par des détails inutiles, & des contes populaires aussi faux qu’insipides : on y ajoute souvent des critiques injustes de leurs Ouvrages ». […] Elle fait allusion au refus qu’on fit d’enterrer un Homme qui avoit tant contribué à polir la Nation & à former le bon goût. […] Ce misérable Ecrivain fit une Préface, dont je vais rapporter quelques morceaux, pour faire voir que les plus grands hommes sont exposés depuis long-tems à la fureur des plus ridicules barbouilleurs de papier. […] Mais qu’attendre d’un homme qui tire toute sa gloire des Mémoires de Gilles Gurgeo, qu’il a achetés de sa Veuve, & dont il s’adopte tous les Ouvrages » ?