Toutes les sortes d’amour lui portent bonheur ; il les exprime avec une vérité suprême, soit en de petites scènes où l’action se pose un moment, mais qui ne tiennent à l’intrigue que par un fil léger, ou dans des pièces entières, inspirées de lai seul. […] Les voluptueux sont tristes, et l’on sait avec quelle sincérité douloureuse leur poète favori, Lucrèce, exprime l’amertume qui se dégage des plaisirs. […] Jamais un médecin n’a parlé ni ne parlera de la sorte ; c’est Molière lui-même qui exprime sa propre pensée avec insistance, avec acharnement, car la tirade est très longue et je n’en donne que l’essentiel. […] Au moment où Molière s’exprime de la sorte, il est très malheureux et commence une longue plainte sur ses souffrances domestiques ; on ne s’étonne donc pas que son métier lui apparaisse sous des couleurs très sombres. […] Or, s’il faut du naturel dans la tragédie, il n’y saurait suffire ; très souvent, les sentimens qu’elle exprime sont héroïques, grandioses, surhumains, c’est-à-dire tout autre chose que simples ; jouer simplement un tragique comme Corneille ou Rotrou, c’est le trahir.
Non content d’opposer aux habitudes des femmes du temps les mœurs trop simples des femmes du bon vieux temps 310 ; non content de mettre en action les ridicules d’une académie précieuse pendant un acte entier qu’ils remplissent uniquement311, Molière voulut faire briller l’exemple à côté de la critique, et exprimer ce que doit être la femme du monde dans une société polie. […] C’est une vérité morale de premier ordre, et qui ne se peut mieux exprimer, que l’ignorance n’est pas la vertu. […] En somme, la juste appréciation de l’École des Femmes est celle qu’exprimait Boileau dans les Stances qu’il envoyait à Molière pour ses étrennes de 1663, quatre jours après la première représentation336 : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage ; Sa charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité.
[95, p. 139-140] Voici comme Piron* s’exprime sur le Misanthrope : « Un chasseur qui se trouve en automne, au lever d’une belle aurore, dans une plaine ou dans une forêt, fertiles en gibier, ne se sent pas le cœur plus réjoui que dût l’être l’esprit de Molière, quand, après avoir fait le plan du Misanthrope, il entra dans ce champ vaste où tous les ridicules du monde venaient se présenter en foule et comme d’eux-mêmes, aux traits qu’il savait si bien lancer.
Quand un tel juge exprime des scrupules sur Molière, c’est une raison de réfléchir. […] Même justesse dans le choix des expressions destinées à exprimer une condition ou un caractère. […] Voici la nuance que je veux exprimer sur Henriette : on peut faire avec elle un mariage bon ; on ne peut en faire un délicieux ; ce n’est ni une marguerite, ni une violette. […] Vous la trouvez exprimée dans le rôle de Chrysale de L’École des femmes. […] Cette morale de la pièce, grande et élevée, je la trouve exprimée à plus d’un endroit.
Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion ; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour ce qu’elle a d’aimable : n’est-ce pas là le dernier point de la folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connaître ma faiblesse, sans en pouvoir triompher ? […] Il appartient aux hommes de notre époque de considérer le misantrope sous un nouvel aspect; je vais, tout en combattant le jugement de Rousseau, exprimer mon opinion personnelle sur le but moral de ce drame.
Mais l’Art poétique fait mes délices, et la belle nature exprimée avec tant de fidélité, de force et de grâce, me distrait un peu et me console de celle d’ici… » Ainsi voyageait notre homme de goût. […] Dans un corps de garde c’est ainsi qu’on parle, mais non pas sur le théâtre, devant les premières personnes d’une nation qui s’expriment noblement, et devant qui il faut s’exprimer de même338. […] Elle existe ; mais c’est à peine si les développements les plus délicats, les plus nuancés, parviennent à en exprimer l’inexprimable variété, bien loin qu’un mot puisse y suffire. […] Quel air de fête dans la nature, et comme ces bonnes gens, emportés par le tourbillon de la danse et tombant au milieu des éclats de rire, expriment bien leur bonheur de vivre ! […] Il ose se permettre des propos sensés, mais il a soin de les faire excuser par la grâce parfaite de ses manières, de son ton ; il produit la raison, mais il la voile avec autant de scrupule que la pudeur en a pour exprimer une idée libre.
Abandonnés à leur propre jugement, tant que le monarque n’avait pas exprimé le sien, ils purent être offensés d’une comédie où un homme de leur sorte, un comte ayant ses entrées chez le Roi, faisait le personnage d’un vil escroc ; et, il faut le dire, le dépit assez légitime que leur pouvait causer cette espèce d’attaque, trouvait quelque madère à se venger dans la farce outrée et peu amusante qui termine et gâte la pièce. […] Ce qui se passait dans les mystères ne pouvait être divulgué sans crime : c’est par là que l’auteur de la dissertation explique ce silence absolu, difficile à exprimer autrement, que jusqu’au siècle d’Apulée, les écrivains, surtout les poètes de la Grèce et de Rome, ont gardé sur les aventures si poétiques de Psyché. […] L’auteur de Cinna fit, à l’âge de soixante-cinq ans, cette déclaration de l’Amour à Psyché, qui passe encore pour être un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre. » Fontenelle convient, avec tout le monde, que jamais Corneille n’exprima avec autant de douceur les doux emportements de l’amour ; mais, ne laissant échapper aucune occasion de témoigner sa haine contre Racine, il prend le parti de ravaler un genre de sentiments que ce poète excellait à rendre, afin de le déprimer lui-même, et il prétend que, si Corneille réussit une fois dans ce genre qui n’était pas le sien, et qu’il dédaignait, c’est qu’ étant à l’ombre du nom d’autrui, il s’abandonna à un excès de tendresse dont il n’aurait pas voulu déshonorer son nom . […] » Je n’entrerai point dans la discussion du passage entier ; je n’examinerai point si Boileau, dans ces mêmes vers où il paie un juste tribut de louange à Molière, n’exprime pas, avec trop de sévérité, avec trop peu de précision surtout, un blâme qu’il avait le droit de prononcer.
Le style de Plaute, plus simple, moins recherché que celui de Térence, lui sert à exprimer les idées du bourgeois. […] La soubrette du Tartufe a bien autant d’esprit ; elle s’exprime avec bien plus de force & d’énergie ; elle dit naturellement de belles choses, sans que son ton jure jamais avec son état & son éducation. […] Une femme veut que sa servante s’exprime congrument.
On arrive à tirer de son théâtre des préceptes, exprimés avec une délicatesse et une fermeté supérieures, sur les devoirs de l’homme et de la femme envers eux-mêmes, sur leurs devoirs réciproques quand ils s’aiment et s’unissent, sur leurs devoirs envers les semblables, envers la patrie, envers Dieu : en sorte que la morale de Molière aura exprimé ce que doit être un homme, un époux, un citoyen, même un chrétien710 ; et elle n’aura nulle part laissé entrevoir ce que doit être un père. […] « On trouve dans les fragments de Ménandre et des comiques de son école beaucoup de sentences qui expriment la tendresse, et j’allais presque dire la faiblesse, que le père doit avoir pour son fils : Un bon père, dit Ménandre (Sentences des anciens comiques grecs, édit.
Voltaire s’exprime ainsi sur Cottin : Non moins plat poète (que Chapelain), et, de plus, plat prédicateur, mais homme de lettres et aimable dans la société. […] Quand elle considérait un objet, elle en voyait le fort et le faible, et l’exprimait en des termes vils et concis, comme les habiles dessinateurs, qui, en trois ou quatre coups de crayon, ont voir toute la perfection d’une figure. » (Mém. de litt., t.
Le comte de Modène, ainsi débarrassé d’une famille qui lui était devenue presqu’étrangère, s’occupa principalement de son fils, jeune homme plein d’esprit et de mérite, dont on admirait la facilité à s’exprimer, mais qui malheureusement mourut fort jeune12. […] C’est ainsi que s’exprime le Dictionnaire universel, à l’article Gaston.
Oratio se plaint de sa mauvaise fortune et maudit la présence de ces comédiens dont vient tout le mal ; il s’exprime surtout en termes injurieux à l’égard de Vittoria qui lui a joué ce méchant tour. […] Pedrolino persuade à Pantalon que la comédienne est amoureuse de lui ; Pantalon, flatté, exprime l’intention de lui faire un présent.
« Les anciens employoient un seul & même terme pour exprimer ce que nous entendons par mœurs & caracteres ; c’est de quoi on peut se convaincre en lisant les poétiques d’Aristote & d’Horace, & même les caracteres de Théophraste : en effet, bien que ce traité porte dans la langue originale le titre de caracteres, l’Auteur n’a point employé ce terme dans l’ouvrage même ; il se sert d’un mot qui semble mieux répondre à celui de mœurs en françois ».
Sur un désir qu’exprime Mme de Calvimont, sa maîtresse, Daniel de Cosnac, gentilhomme de la Chambre, appelle au château la troupe de Molière. […] C’est elle, puisqu’il l’a chargée de démasquer Tartufe, qu’il eût également chargée d’exprimer son respect pour les sentiments dont le langage de Tartufe n’est qu’une parodie sacrilège, — et non pas Cléante, qui ne tient pas à l’action, qui ne parle qu’à la cantonade, qu’on pourrait ôter de la pièce sans qu’il y parût. […] Dès 1689, La Bruyère disait : «Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon et d’écrire purement » ; en 1697, Bayle ne s’exprimait pas autrement dans l’article Poquelin de son grand Dictionnaire : « Il avait une facilité incroyable à faire des vers. […] Les mots en sont pleins, ironiques, un peu lourds ; l’allure en est habituellement ironique ou moqueuse ; la métaphore y rapetisse, elle y rabaisse, elle y ridiculise volontiers ce qu’elle exprime. […] Si, pour l’exprimer, nous commençons par la décomposer, et qu’ensuite nous la recomposions au moyen du langage, nous en avons fait l’analyse ; et c’est le style écrit.
Le désintéressement de l’amour de Dieu, qu’il faut aimer par-dessus toute chose751, est exprimé eu action par le Pauvre qui « prie le ciel tout le jour, et qui est bien mal reconnu de ses soins, dit don Juan, puisqu’il est dans la plus grande nécessité du monde, et que, le plus souvent, il n’a pas un morceau depain à mettre sous les dents. » Pourtant, entre un louis d’or et un péché, il n’hésite pas ; et malgré le diable qui le tente et Sganarelle qui l’encourage, « il aime mieux mourir de faim752. » L’amour du prochain, qu’il faut aimer comme soi-même pour l’amour de Dieu753, quand a-t-il été pratiqué d’une manière plus touchante que par done Elvire, qui, trahie de la façon la plus injurieuse par un amant aimé, revient trouver ce scélérat, ce perfide, qu’elle a menacé de « la colère d’une femme offensée754, » pour adresser à ce cœur de tigre les paroles qui tirent des larmes à Sganarelle : « Je ne viens point ici pleine de ce courroux que j’ai tantôt fait éclater ; et vous me voyez bien changée de ce que j’étois ce matin. […] Quant à la sublime humilité du repentir, aux trésors de la miséricorde divine, avec quelle grandeur et quelle douceur ces choses sont encore exprimées par done Elvire à don Juan : « Je sais tous les dérèglements de votre vie ; et ce même ciel, qui m’a touché le cœur et fait jeter les yeux sur les égarements de ma conduite, m’a inspiré de vous venir trouver758, et de vous dire de sa part que vos offenses ont épuisé sa miséricorde, que sa colère redoutable est prête de tomber sur vous, qu’il est en vous de l’éviter par un prompt repentir, et que, peut-être, vous n’avez pas encore un jour à vous pouvoir soustraire au plus grand de tous les malheurs. […] Doué d’un bon sens solide, il a mieux jugé les cas très-délicats que présente la pratique de cette loi, et mieux exprimé comment elle doit être respectée jusque dans ses moindres prescriptions.
Sans doute il faut savoir gré à Molière de faire parler Alceste avec tant de chaleur et d’éloquence contre la brigue et l’imposture, et de mettre dans sa bouche de si nobles sentiments si noblement exprimés : Je veux qu’on soit sincère et qu’en homme de cœur On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur… Ce me sont de mortelles blessures De voir qu’avec le vice on garde des mesures. […] Est-ce le sentiment de Molière sur la physique de Descartes, qu’exprime Bélise ?
Il y a des endroits qui sont inimitables et qui sont si bien exprimés que je manque de termes assez forts et assez significatifs pour vous les bien faire con cevoir. Il n’y a personne au monde qui les pût si bien exprimer, à moins qu’il n’eût son génie, quand il serait un Siècle à les tourner.
[56, p. 89-93] L’abbé Batteux235, dans ses principes de littérature, s’exprime ainsi sur Molière : « Molière tâcha de réunir les caractères de Térence* et de Plaute*, et il y a réussi en beaucoup d’endroits.
Les auteurs de la préface des œuvres de Molière de 1682 s’expriment ainsi : « Il (Molière) vint à Lyon en 1653, et ce fut là qu’il exposa au public sa première comédie : c’est celle de L’Étourdi. […] Il cherche, pour les mettre en face l’un de l’autre dans des rôles hostiles, ceux qui précisément ne s’aiment point ; et il tâche d’obtenir une semblable harmonie lorsqu’il s’agit d’exprimer des sentiments plus doux. […] Elles ont presque toujours l’avantage d’exprimer quelque idée vraie, quelque fait réel, sous une forme saisissante et qui se grave dans la mémoire. […] C’est par cette secrète et intime souffrance qu’il entrait sans doute dans le personnage d’Arnolphe et qu’il exprimait, comme s’il les tirait de son propre cœur, ces angoisses divertissantes et ces larmes qui font rire. […] Les spectateurs s’en divertirent beaucoup et la trouvèrent fort à leur gré : ainsi s’exprime le gazetier Loret.
Molière avait cependant frayé cette bonne route, et, dans le passage de La Critique de l’Ecole des Femmes que nous avons choisi pour épigraphe, il exprime par l’organe de Dorante son propre sentiment sur le genre de talent et la mission des poêles comiques. […] Quels nobles sentiments l’auteur a prêtés à son métromane, et dans quel magnifique langage il les lui fait exprimer ! […] Malgré la supériorité de son talent, malgré sa rare intelligence, jamais il ne fut, si l’on peut s’exprimer ainsi, jamais il ne fut extérieurement le Misanthrope. […] Ainsi, pour en donner une juste idée, il ne faudrait pas, à l’exemple de beaucoup de comédiens, débiter certains passages du rôle avec cet accent tendre et véhément que d’ordinaire on emploie au théâtre pour exprimer les élans d’un amour honnête. […] et dit à Tartuffe : Ne me retenez pas, Tartuffe en ce moment, loin de faire mine de le retenir, reste immobile sur le devant de la scène, et par sa physionomie exprime le plaisir qu’il aurait à voir Orgon exécuter son projet.
Si elles n’assurent pas toujours des jouissances, il semble qu’elles les représentent, et que le mot qui les exprime est l’abrégé de toutes. […] J’ai mis la mienne à une grande épreuve en conférant les unes avec les autres toutes les lettres des deux éditions, les dates et le texte de chacune, et surtout en conférant toutes les dates exprimées avec les faits certains, et en tirant ensuite des faits certains la connaissance des dates omises.
Sans examiner si les disgrâces des maris sont plus rares ou plus communes qu’elles ne l’étaient autrefois, on peut douter que cet éternel sujet des plaisanteries de nos vieux comiques fût aussi bien reçu aujourd’hui sur la scène, qu’il l’était alors ; et ce qu’il y a de certain, c’est que, dans le langage décent, il n’y a plus de terme pour exprimer ce que Sganarelle croyait être. […] Le mélange d’héroïque et de comique, fidèlement exprimé par ce titre, n’est, dans l’ouvrage, que la confusion de deux genres inconciliables selon notre système dramatique. […] On ne peut que souscrire, en général, à ce jugement si bien exprimé.
. — Il y a surtout un renversement complet dans l’ordre des deux scènes des avocats et des apothicaires — Pourceaugnac s’exprime tout le temps en Italien ; — il chante un air sentimental. […] Auger, dans les notes de son édition, fait une observation fort juste; il dit : Sbrigani avertit Pourceaugnac que les avocats ne peuvent s’exprimer sans chanter, mais rien ne vient avertir qu’ils connaissent d’avance la question dont il s’agit : « Molière se gène si peu avec son personnage, ou, si l’on veut, avec son public, qu’il ne prend pas môme la peine de lier la scène qui finit à la scène qui va commencer, en faisant expliquer aux avocats, soit par Sbrigani, soit par Pourceaugnac, le cas sur lequel celui-ci veut les consulter. […] Après avoir parlé du talent merveilleux de Molière et de la hâte apportée par lui à son travail, l’auteur de la Relation s’exprime ainsi à propos de la Bergerie-Bachique mêlée à Georges Dandin, « Il semble que ce soit deux comédies que l’on joue en mesme temps, dont l’une soit en prose et l’autre en vers; elles sont pourtant si bien unies à un mesme sujet qu’elles ne font qu’une mesme pièce et ne représentent qu’une seule action. » Il y avait donc ici fusion complète des deux œuvres ; l’ouverture était faite par quatre bergers, et quatre autres, jouant de la flûte, faisaient une danse « où ils obligent d’entrer avec eux un riche païsan qu’ils rencontrent, et qui, mal satisfait de son mariage, n’a l’esprit remply que de fâcheuses pensées : aussi l’on voit qu’il se relire bientôt de leur compagnie, où il n’a demeuré que par contrainte. » Evidemment, ici, Georges Dandin était en scène.
L’un d’eux exprime devant Isidore, dans un couplet, l’amour de l’amant François, & le désespoir où il est de ne pouvoir déclarer sa tendresse : D’un cœur ardent, en tous lieux Un amant suit une belle ; Mais d’un jaloux odieux La vigilance éternelle Fait qu’il ne peut, que des yeux, S’entretenir avec elle.
Mais en général il me paraît jusque dans sa Prose ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions.
» Un Savant qui entendroit mon étranger, auroit pitié de son ignorance, & lui expliqueroit en beaux termes ce que c’est que la joie, & quels sont les différents effets qu’elle peut produire : il lui démontreroit, après plusieurs doctes distinctions, qu’elle s’exprime également par les ris & par les larmes ; mais que les ris étant devenus roturiers, une joie larmoyante a, sans contredit, un air bien plus distingué. Alors mon homme, aidé du simple sens commun, pourroit lui répondre, je pense : « Puisque la satisfaction du cœur a deux façons de s’exprimer, gardez votre joie pleureuse pour les pieces que je viens voir avec l’intention d’y pleurer ; mais lorsque, sur la foi de votre affiche, je vous donne de l’argent pour rire, régalez-moi, je vous prie, d’un plaisir qui soit gai, & qui ne ressemble pas si fort au chagrin ».
S’il avait d’autres idées que celles qui y percent, c’est une question obscure d’abord, puisque pour l’éclairer on est réduit à des hypothèses, et ensuite peu intéressante, puisque ses idées cachées n’ont pu avoir l’influence de celles qu’il a exprimées. […] Mais enfin, quelle influence définitive sur l’esprit du spectateur doivent exercer ces contrastes, et quel est, dans l’esprit de l’auteur, ce milieu parfait qu’il a la prudence de ne jamais exprimer ?
Ce mot proscrit n’exprimait pas autre chose que le fait qui est traduit dans la langue courante par celui de virginité. […] Il éveille dans l’esprit des images qui sont en désaccord complet avec l’idée que l’on se fait de la chose qu’il exprime. […] Le premier point est que l’idée, exprimée par la scène, soit générale, et trouve, dans la vie réelle, de nombreuses applications. […] La colère naïve de ces deux filles envieuses, l’amer ressentiment de leur déconvenue, sont exprimés avec un naturel exquis. […] Elle le dit d’abord du ton d’un homme qui exprime une idée probable, puis d’un ton plus convaincu, puis d’une voix tout à fait assurée.
Vous vous êtes réglé sur de méchants modèles, Et vos expressions ne sont point naturelles… Et le misanthrope condamne chaque expression tour à tour ; il n’en épargne aucune et, pour protester contre toute affectation, toute recherche, il se met à chanter : Si le roi m’avait donné Paris, sa grand’ville…, etc… Aussitôt le public d’applaudir à cette mâle simplicité, d’approuver Alceste et Molière, qui s’exprime, croit-on, par la bouche d’Alceste ! […] Ceux qui se sont efforcés systématiquement de représenter Molière comme le défenseur immoral de l’instinct contre la vertu semblent oublier cette scène touchante de L’École des maris où la jeune fille exprime sa tendresse pour un vieillard. […] C’est par leur bouche qu’il exprimera sa pensée en toute occasion.
Et quelle joie de reconnaître dans le pays tout entier cette intelligence du bon goût, cette sympathique admiration qu’elle avait eu l’honneur d’exprimer la première. […] Quand vos fonctions vous le permettent, M. le Préfet, vous venez assister à nos représentations, vous applaudisses aux chefs d’œuvre de notre scène ; le vœu que j’exprime doit être compris par vous, et j’espère que vous l’estimerez digne de votre attention. […] Vous exprimez, à cette occasion, le désir de voir s’élever à Molière un monument que sa ville natale s’étonne de ne pas encore posséder, et vous pensez que l’on pourrait d’autant mieux profiter de la circonstance que c’est précisément en face de la fontaine projetée, dans la maison Hulot, que ce grand homme a rendu le dernier soupir.