L’Auteur a fait tout ce qu’il a pu pour couvrir le mauvais de la Vie de Molière ; mais comme il aime la vérité, il nous fait pourtant entendre partout, mais surtout par la conversation de Molière avec Rohaut, que celui-là avait une femme qui se conduisait en Comédienne peu scrupuleuse sur le chapitre de la vertu. […] La conversation de Molière avec Bernier me paraît fort plate ; et Baron, qui est le cheval de bataille de l’Auteur, m’y semble fort mal amené, et y faire un personnage impertinent. […] Je doute que la conversation de Chapelle avec Molière sur les Ouvrages de celui-ci soit véritable. Est-il naturel que celui-là rompe en visière à un ancien ami aussi fortement qu’il fait dans cette conversation ?
Cette conversation qu’on feint d’achever avec quelqu’un du dedans les rend moins monotones, leur donne un air de vraisemblance, les raccourcit en quelque façon de tout ce que l’acteur est censé dire à un autre, & nous rend plus chaudement compte de ce qui se passe derriere la toile. […] Dans le Babillard, comédie en un acte, en vers, de Boissy, Léandre impatiente par son caquet six femmes auxquelles il ne donne pas le temps de placer un seul mot dans la conversation. […] Tel critique la conversation qui se lie entre Sosie & sa lanterne, qui, peut-être sans s’en vanter, a raisonné plus d’une fois avec son chevet, quelque autre meuble de son appartement, son chien, ou son cheval.
Il fut donc reçu aux études et aux conversations que Gassendi conduisait avec les personnes que je viens de nommer. […] C’était une question souvent agitée dans les conversations, savoir si Molière a maltraité les Médecins par humeur, ou par ressentiment. […] Il demanda à sa Troupe, plus par conversation que par intérêt, ce qu’elle lui donnerait, s’il faisait renaître cette pièce. […] Après les premiers compliments d’amitié, celui-là commença la conversation par la relation. […] Bernier vit bien que Baron était un enfant gâté ; il mit la conversation sur son chapitre.
Il fut donc reçu aux études & aux conversations que Gassendi conduisoit avec les personnes que je viens de nommer. […] Grimarest lui prête dans la conversation entre le Philosophe Rohaut & Moliere. […] Il demanda à sa Troupe, plus par conversation que par interêt, ce qu’elle lui donneroit, s’il faisoit renaître cette Piece. […] Après les premiers complimens d’amitié, celui-là commença la conversation par la relation. […] Bernier vit bien que Baron étoit un enfant gâté ; il mit la conversation sur son chapitre.
Lucinde est éprise de Moncade ; on cherche à lui persuader que son amant est un perfide : pour le lui prouver, on dit à Moncade qu’une belle dame est charmée de son mérite, qu’il aura une conversation secrete avec elle, s’il veut se laisser conduire dans son appartement avec les yeux bandés ; il y consent, & assigne le lieu où on le trouvera. […] On me dira qu’il y a des scenes de pure conversation qui ne sont pas animées par des situations, pas même par des moyens propres à en faire naître : je sais que nous n’en manquons pas, sur-tout dans d’Ancourt ; mais de pareilles scenes n’ont pas contribué à illustrer notre théâtre, il ne devroit pas y en avoir.
En parlant de « son habituelle paresse à soutenir la conversation, » il dit vrai, et la notice de 1682 complète le renseignement en nous apprenant, ce dont nous nous serions bien un peu doutés, qu’il causait très agréablement quand il le voulait, mais qu’il se taisait à l’ordinaire, car il n’aimait causer qu’avec ceux qui lui plaisaient. Bien avant, Chappuzeau l’avait montré « d’une conversation si douce et si aisée, que les premiers de la cour et de la ville étaient ravis de l’entendre. » De fait, celui qui, dans le Misanthrope, définit l’amitié avec une conviction si sérieuse et si ferme, eut beaucoup d’amis, et qui comptent parmi les personnes les plus illustres, ou les plus dignes d’estime de son temps. […] Molière, lui, « était né avec les dernières dispositions à la tendresse, » comme il le dit dans la fameuse conversation d’Auteuil. […] L’hypocondriaque professe à l’égard de la médecine tantôt une confiance exagérée, tantôt un scepticisme absolu ; assez souvent, il commence par celle-là pour finir par celui-ci ; mais, sceptique ou confiant, il s’occupe beaucoup de médecine, fit avec passion des ouvrages médicaux, recherche la conversation des médecins. […] Écoutez ce bout de conversation entre Filippopoli et sa directrice : « Tu es un comique, lui dit celle-ci, tu es même plus comique que tu ne le crois, mon garçon ; je ne sais pas pourquoi tu as la rage de vouloir jouer la tragédie. — Je sais ce que je peux faire, répond l’autre ; j’ai la larme !
Il fut donc reçu aux études et aux conversations que Gassendi conduisait avec les personnes que je viens de nommer. […] Il demanda à sa troupe, plus par conversation que par intérêt, ce qu’elle lui donnerait, s’il faisait renaître cette pièce. […] La conversation suivante, avec Chapelle, est extraite de la Fameuse Comédienne, ou histoire de la Guérin, auparavant femme de Molière. Cette conversation complète cette partie des Mémoires ; et nous croyons devoir l’y insérer, en avertissant toutefois qu’elle n’appartient pas à l’ouvrage de Grimarest. […] Cette conversation de Molière et l’histoire du Tartuffe de Chapelle sont d’une absurdité inconcevable.
Le même jour le jeune homme vint voir le Pere, qui, après une longue conversation, lui fit une très grave censure sur les prétendues persécutions qu’il faisoit à la Dame. […] Elle retourne voir le même Pere, & commence sa conversation par les larmes. […] Trapolin est malheureusement à la porte du logis ; l’Ecolier lie conversation avec lui, & fait des compliments très galants qui s’adressent à Isabelle.
De la conversation qu’eut Sancho Pança avec Thérese Pança sa femme, &c. […] Vous vous fourrez toujours dans la conversation.
Le grand Condé* exigeait de lui qu’il le vînt voir souvent, et disait qu’il trouvait toujours à apprendre dans sa conversation.
Nous voyons en quatrième lieu les nouvelles combinaisons de personnes y produire cette jouissance nouvelle si féconde en autres jouissances, si féconde surtout en talents et en vertus, cette jouissance enviée à la France par foules les nations civilisées, celle de la conversation.
La gaieté répandue dans ses Comédies n’étoit point dans sa conversation.
Permettez-moi donc de rire un peu de la conversation que nous venons d’avoir ensemble. […] Je ne trouve rien de risible dans notre conversation.
Et si dans ces derniers temps il s’est glissé une espèce de rusticité dans les conversations, en appelant sèchement par leur nom ceux à qui l’on doit de l’estime ou du respect, doit-on trouver mauvais que dans l’impression je me sois écarté de cette rusticité ? […] Et si je me fais bien entendre au propre ou au figuré ; de manière que je conserve les caractères, et que j’évite le languissant, le bas, et le superflu, je m’embarrasse peu que l’on me reproche la singularité : Car je déclare à mon Censeur que je ne suis nullement scrupuleux, et que s’il se présente un terme expressif, qui m’en épargne plusieurs, je l’emploie avec assurance, quand il a passé dans les conversations des personnes qui parlent bien. […] La conversation de Bernier avec Molière est plate. […] Lorsque Molière venait, le Prince congédiait ceux qui étaient avec lui, et il était des trois et quatre heures avec Molière ; et l’on a entendu ce grand Prince en sortant de ces conversations, dire publiquement, je ne m’ennuie jamais avec Molière, c’est un homme qui fournit de tout, son érudition et son jugement ne s’épuisent jamais .
Ce début n’est pas mal ; & contre le prochain La conversation prend un assez bon train. […] Lorsqu’elle vient me voir je souffre le martyre, Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire ; Et la stérilité de son expression Fait mourir à tout coup la conversation. […] Depuis que dans la tête il s’est mis d’être habile, Rien ne touche son goût, tant il est difficile : Il veut voir des défauts à tout ce qu’on écrit, Et pense que louer n’est pas d’un bel esprit ; Que c’est être savant que trouver à redire ; Qu’il n’appartient qu’aux sots d’admirer & de rire, Et qu’en n’approuvant rien des ouvrages du temps, Il se met au-dessus de tous les autres gens : Aux conversations même il trouve à reprendre ; Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre, Et les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit.
Le roi se contente de cette espérance flatteuse ; et, donnant un autre cours à la conversation, il invite Arlequin à lui conter quelque jolie histoire. […] Don Juan et son écuyer se présentent au moment où la fête se prépare ; ils se mêlent à la conversation, à la danse.
Les causes déterminantes, comme nous le verrons dans les événements de cette année, 1680 et des précédentes, qui été l’inconstance du roi, la lassitude des continuelles avanies qu’elle lui attirait, et surtout la douceur, la raison pleine de charmes, le vif intérêt qu’il trouvait dans la conversation de madame de Maintenon, son inclination pour elle, le désir de se fixer à la possession du noble cœur qu’il lui avait reconnu. […] « Ce jeudi soir 1676, Madame de Montespan et moi avons eu une conversation fort vive.
Ce « genre » de style est assez difficile à définir sans doute, mais on peut dire néanmoins qu’il paraît être essentiellement abréviatif, qu’il est plein de tournures elliptiques, imitées de la liberté de la conversation. […] Ajoutons encore que comme naturaliste, et pour donner plus d’exactitude encore et de vie à ses dialogues, il emprunte des mots au vocabulaire de la plus familière conversation, et au besoin il en invente, sur le même modèle. […] C’est qu’il faut des temps d’arrêt dans la conversation ; la parole ne suit pas immédiatement la pensée ; un style non seulement concis et ramassé, mais trop dense, fatiguerait promptement l’interlocuteur. […] Elles rapprochent encore le discours de l’allure de la conversation. […] Cependant, par une conséquence naturelle, plus le vers de Molière se rapproche ainsi de la conversation et de la vie commune, plus aussi il devient « prosaïque ».
Lorsque tous les deux l’ont assuré que Virginia est venue ouvrir la porte à Fabio qui est entré et qui est resté trois heures avec elle et en est sorti après, conduit par elle-même, Flaminio leur dit qu’ils en ont menti tous les deux, qu’il a passé la nuit tout entière en conversation avec Virginia, qui est venue lui parlera la fenêtre grillée à côté de la grande porte de la maison ; qu’elle ne l’a pas quitté un moment, toujours déclamant contre Fabio qui la déshonore si indignement. […] Lelio remercie Tebaldo de la bonne nouvelle qu’il lui donne et lui demande le détail de la conversation qu’il a eue avec Ricciardo. […] M. de Molière fit un prologue en marquis ridicule qui voulait être sur le théâtre, malgré les gardes, et eut une conversation risible avec une actrice, qui fit la marquise ridicule, placée au milieu de l’assemblée. » Ainsi, non seulement les deux troupes qui se partagèrent la salle du Petit-Bourbon, à l’époque où Molière revint s’installer à Paris, avaient dans leur répertoire les mêmes œuvres, mais encore la méthode artistique des uns était fréquemment employée par les autres.
On se base généralement, pour affirmer qu’il en souffrait au plus haut point, sur une conversation avec Chapelle que nous a rapportée tout au long quelqu’un qui n’y était pas présent, l’auteur inconnu d’un pamphlet odieux, la Fameuse comédienne. […] la conversation même avec Chapelle, à supposer qu’elle soit tirée, comme le croit M. Fournier, de quelque lettre originale tombée par hasard aux mains du libelliste, cette conversation, comment se termine-elle ? […] Il a lu à l’appui de la thèse contraire la fameuse conversation avec Chapelle à laquelle j’ai fait allusion. Je répète que cette conversation figure dans un affreux libelle qui porte contre Molière des accusations honteuses.
La conversation de Valere avec Ascagne déguisée en homme, celle des deux vieillards qui se demandent réciproquement pardon, sans oser s’éclaircir du sujet de leur inquiétude, la situation de Lucile accusée en présence de son pere, & le stratagême d’Eraste pour tirer la vérité de son valet, sont des traits également ingénieux & plaisans. […] La passion du bel esprit, ou plûtôt l’abus qu’on en fait, espéce de maladie contagieuse, étoit alors à la mode ; le stile empoulé & guindé des romans, que les femmes admiroient par les mêmes côtés, qui depuis ont décrédité ces ouvrages, avoit passé dans les conversations ; enfin le vice d’affectation répandu dans le langage, & même dans les pensées, s’étendoit jusques dans la parure, & dans le commerce de la vie ordinaire. […] Il sçut, par le tableau de ce qui se passa dans les cercles de Paris, tandis que l’école des femmes en faisoit l’entretien, tracer une image fidéle d’une des parties de la vie civile, en copiant le langage & le caractére des conversations ordinaires des personnes du monde. […] Le succès des vers libres à rimes croisées, que Moliere a employés dans Amphitrion, a pû faire penser que ce genre de poësie étoit le plus propre à la comédie, parce qu’en s’éloignant du ton soutenu des vers alexandrins, il approche davantage du stile aisé de la conversation ; cependant l’ancien usage a prévalu sur le théatre. […] Le grand Condé éxigeoit de Moliere de fréquentes visites, & avouoit que sa conversation lui apprenoit toujours quelque chose de nouveau.
Deux autres qualités annonçaient la comédie : une conversation de bonne compagnie, d’honnêtes gens, comme on disait alors ; et l’absence des trivialités le plus souvent cyniques, dont les auteurs relevaient leurs compositions insipides. […] Situations, caractères, peintures du temps, langage de la conversation, toutes ces parties de la comédie sont dans le Menteur, les unes esquissées, les autres déjà en perfection. […] Enfin, à un langage qui n’appartient pas en propre aux personnages, qui vise au trait, et que gâtait un reste de pointes imitées de l’italien, il fallait substituer la conversation de gens exprimant naïvement leurs sentiments et leurs pensées, et n’ayant d’esprit que le leur ; il fallait, en un mot, plus observer qu’imaginer, plus trouver qu’inventer, et recevoir des mains de la société elle-même les originaux qu’elle offrait au pinceau du peintre. […] Rien n’est plus écrit de génie dans notre langue que cette conversation des Sganarelle et des Gorgibus, que rendent si efficace tant d’excellentes sentences de ménage, et si piquante ces locutions parisiennes où le bon sens de Malherbe reconnaissait le vrai français. […] Emportés par une action, ils n’ont pas le temps de s’écouter parler ; ils ne parlent que pour attaquer ou se défendre ; et ce feu d’esprit de la conversation oisive, où l’on n’a d’autre objet que de plaire en pariant, et de laisser à l’interlocuteur quelque impression de son mérite, n’est pas plus d’usage dans cette comédie que dans la vie dont elle est l’image.
La conversation tomba insensiblement, vers les trois heures du matin.
Le premier, fin, adroit, veut s’insinuer dans le cœur de l’autre, & s’en emparer : le second s’apperçoit de son dessein ; il a le plus grand intérêt à le démasquer : est-il naturel que leur conversation soit coupée, qu’ils s’interrompent mutuellement par des questions & des répliques précipitées ? […] N’est-il pas ridicule, par exemple, que, dans les Folies amoureuses, Crispin interrompe, par des quolibets, la conversation de deux amants qui ne se sont pas vus depuis très long-temps, & qui par conséquent ont cent choses intéressantes à se dire ?
Il est, ce me semble, curieux de savoir comment l’autorité de la société polie, la considération qu’elle donnait aux personnes qu’elle distinguait, celle qu’elle en recevait, celle qu’y sut acquérir madame de Maintenon, parvinrent, à l’aide des agréments personnels et par la conversation de cette femme célèbre, à opérer un changement total dans les mœurs de la cour ; changement qui eut été trop heureux si l’ambition des ministres n’eut jeté l’esprit du roi dans une extrémité opposée ; je veux dire dans l’aveugle dévotion. […] Voilà ce qui donna du charme à sa beauté, de la grâce et de la vie à son esprit éminemment sage et éclairé, et une puissance infinie à sa conversation.
Il a accrédité les unes, qui ont dû précisément à la moquerie qu’il en faisait de s’insinuer dans la conversation ordinaire ; les autres ont passé à l’état d’antiquailles. […] Tout se passe en conversations, et ce don Juan n’est hardi qu’en paroles, devant son domestique. […] mais de ce qui faisait le fond de toutes les conversations en ce temps-là, l’amour ! […] dame, alors, il ne vous reste plus qu’à replier les voiles, à vous retirer dans les lieux communs de la conversation générale, et à prendre congé en saluant. […] Elle l’interrompt à tous coups, pour le rappeler à l’objet de la conversation.
lisons la scene IX, acte III du Bourgeois Gentilhomme : l’Auteur a non seulement imité les caprices que sa femme lui faisoit essuyer, les brouilleries, les tendres dépits, les raccommodements qui s’ensuivoient ; il y copie la taille, la façon de parler, la conversation, les manieres, les traits d’une épouse qu’il adora toujours, & qui, par des infidélités redoublées, sembla s’étudier à prouver que le génie n’est pas le mérite le plus estimé des femmes, ou du moins le plus propre à les fixer. […] Sa conversation.... […] Sa conversation est charmante !
Puis ils font quelque temps conversation ensemble sans craindre que le dîner se refroidisse (no fear lest dinner cool). […] Mais le Chevalier prit la défense de Boileau, et il se mit à réciter avec admiration la belle épitaphe d’Arnaud, et la conversation spirituelle, charmante et si pleine de bonhomie, de Pyrrhus avec Cinéas : ce qui me fit plaisir ; car, au fond, j’aime Boileau, et je trouve puéril l’acharnement de nos romantiques contre cet honnête homme. […] Il garde volontiers le silence, et sa conversation est systématiquement assez banale, parce qu’il évite avec soin le choc des idées, et ne laisse paraître sur aucune grande question le fond de sa pensée. […] La même situation cinq ou six fois renouvelée est toute L’École des femmes ; une douzaine de conversations composent Le Misanthrope ; ces pièces sont faites de rien ; elles se trouvent au large dans l’enceinte d’une chambre et d’une journée, avec une tapisserie et quatre fauteuils416. […] La conversation en France est un art véritable, et cet art né au dix-septième siècle avec la formation de la société polie, après avoir brillé quelque temps de cette belle simplicité par laquelle tous les arts commencent, en était déjà à sa période d’affectation et de décadence.
Quelle sera leur conversation ? […] C’est une des causes qui ont banni de chez nous l’art charmant de la conversation, où l’esprit français fut longtemps sans égal. […] Accoutumez-la à l’application, au travail domestique, aux détails du ménage, afin qu’elle soit en état d’élever des enfants avec autorité et prudence dans la crainte de Dieu. » Ailleurs il développe sa pensée dans un passage que je rapporterai tout entier parce qu’il prête une force singulière aux observations que j’ai présentées plus haut : « Si une fille doit vivre à la campagne, de bonne heure tournez son esprit aux occupations qu’elle y doit avoir, et ne lui laissez point goûter les amusements de la ville… Si elle est d’une condition médiocre de la ville, ne lui faites point voir des gens de la cour : ce commerce ne servirait qu’à lui faire prendre un air ridicule et disproportionné… Formez son esprit pour les choses qu’elle doit faire toute sa vie ; apprenez-lui l’économie d’une maison bourgeoise, les soins qu’il faut avoir pour les revenus de la campagne, pour les rentes et pour les maisons qui sont les revenus de la ville… et enfin le détail des autres occupations d’affaires ou de commerce dans lequel vous prévoyez qu’elle devra entrer, quand elle sera mariée. » Ces occupations, c’est le vrai rôle et la dignité de la femme ; car, selon le même Fénelon « il faut un génie bien plus élevé et plus étendu pour s’instruire de tous les arts qui ont rapport à l’économie… que pour jouer, discourir sur des modes, et s’exercer à de petites gentillesses de conversation. » C’est aussi son vrai bonheur, et je ne vois pas sans regret que beaucoup de femmes soient devenues par leur faute, comme des étrangères dans leur famille, ignorantes des affaires du mari, qu’elles ne connaissent souvent que par leur ruine, une sorte d’objet de luxe qu’il entretient à grands frais, et qu’il montre, mais auquel il ne tient que par vanité. […] Elle s’associera à ses projets, le ranimera, s’il le faut, par des conversations sérieuses, lui ouvrira des chemins pour sortir d’embarras.
La Fontaine fut reçu dans sa société, Ce fut le genre de conversation à laquelle elle se plaisait qui inspira au jeune poète ces contes auxquels on reproche une liberté plus que gaie.