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80. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Si, comme je l’ai dit, il est contraint, pour vivre, à s’unir avec la fille d’un roturier, il croira que son alliance vaut les biens que sa future doit lui apporter, & loin de dérober à tous les yeux son pere, parcequ’il a un mauvais habit, il le croira assez paré de ses titres, sur-tout pour paroître devant de petits bourgeois. […] Il vaut mieux sans contredit n’en pas mettre, que de l’animer par le secours de personnages subalternes, comme dans le Dissipateur, dans le Philosophe marié, le Glorieux, &c. ou par des traits qui n’appartiennent pas du tout au caractere annoncé : mais lorsqu’on aura l’art de faire naître toutes les scenes, tous les incidents, toutes les situations du caractere promis par le titre, qu’on ne craigne point de trop compliquer une action ; ce seroit craindre de mettre trop de beautés dans un ouvrage.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Madame Béverley la rassure sur ce dernier article, & regrette peu son ancienne fortune pourvu que le Ciel lui conserve son époux : rien ne lui manque dans sa maison quand elle y voit Béverley ; & son fils, obligé de valoir, en vaudra mieux.

82. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

On ne demande pas que les filles apprennent le latin, ainsi que le permet Fénelon, ni qu’elles lisent Saint Augustin dans le texte comme madame de Sévigné ; mais on voudrait que les écrivains de génie eussent une place sur leur étagère à côté des partitions des maîtres, et que le piano fît taire quelquefois ses gammes pour laisser entendre les voix harmonieuses qui s’échappent des œuvres des grands poètes Cependant l’ignorance, même complète, vaudrait mieux que la pédanterie d’Armande. […] Nous devons l’estimer, parce que nous valons pour la plupart moins que lui ; mais nous aurions grand tort de le regarder comme l’idéal de l’homme vertueux. […] Sganarelle ne croyait même pas qu’il y en eût de supportable : « Les femmes en un mot ne valent pas le diable. » Aussi est-il résolu à ne pas se marier. […] C’est sa qualité dominante ; elle la tient de Chrysale, car, si, au jugement de sa femme, il a l’esprit formé d’atomes trop bourgeois, Chrysale n’est pourtant point un sot ; il estime les gens pour ce qu’ils valent, non pour ce qu’ils ont.

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