— Parce que l’excès même de sa vertu puritaine ne tend à rien moins qu’à rendre la société impossible !
La douleur et les tendres protestations de cette jeune femme ne le touchent point, mais ce pervers est sensible à une circonstance qui blesse sa vanité : « Est-elle folle, dit-il, de n’avoir pas changé d’habit et de venir en ce lieu-ci avec son équipage de campagne ! […] En premier lieu, pour peindre l’absorption du père de Psyché par la douleur que lui cause l’arrêt des Dieux qui ravit sa fille à son affection : « Mon juste désespoir ne saurait se contraindre (dit-il), Je veux, je veux garder ma douleur à jamais ; je veux sentir toujours la perte que je fais ; de la rigueur du ciel, je veux toujours me plaindre ; je veux jusqu’au trépas incessamment pleurer ce que tout l’univers ne peut me réparer. » Ces vers admirables, qui par leur expression sentimentale peuvent rivaliser avec les plus beaux de Corneille et de Racine, font naturellement penser à la répétition ; employée par Virgile pour peindre l’absorption d’Orphée par le souvenir d’Euridice, dans ces vers si suaves et si tendres : Te dulcis conjux, te solo in littore secum te veniente die, le descendente canebat.
Du reste, entre Orgon qui tend sa jambe sur un tabouret et Dorine qui lui défait ses guêtres devant le feu, la scène se joue plus aisément. […] Moi qui l’ai fait régner dès longtemps dans mon âme Sa qualité, son bien, ses serments et ses pleurs, Son langage flatteur et ses feintes douleurs, Ma jeunesse crédule et mon âme trop tendre, Ma folle vanité trop aisée à surprendre, Enfin tout ce que peut d’ennemis assembler La rigueur d’un destin qui voulait m’accabler, Favorisa si bien les efforts de ce traître, Que je ne puis l’haïr, quelqu’ingrat qu’il puisse être, Qu’il obtînt… mais, hélas !