/ 191
111. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Quelques-uns sont redits plusieurs fois de suite par un même personnage ; et leur effet, loin qu’il s’affaiblisse par la répétition, ne fait que s’en accroître : c’est le triomphe de la vérité bien saisie par le poète et bien sentie par le spectateur. […] Quelquefois, un acteur, dans un froid monologue, disait longuement tout ce dont il fallait que le spectateur fut instruit ; plus souvent, un personnage étranger à la pièce, s’adressant au spectateur même, l’informait exactement de tout ce qu’il allait voir. […] La leçon qu’il reçoit n’est pas pour lui-même : elle est pour le spectateur, qui seul en peut profiter. […] Molière, pour varier les plaisirs des spectateurs, composait à la hâte de petites pièces bouffonnes, qui étaient jouées à l’improvisade, comme les farces italiennes, dont elles n’étaient souvent qu’une imitation. […] Ils étaient venus, plus disposés à la pitié qu’à l’envie, juger le début de cette troupe de province : ils ne durent pas être aussi satisfaits que le reste des spectateurs.

112. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Elle fut reçue avec de grands applaudissements par une partie des spectateurs, et excita de la rumeur dans l’autre.

113. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Aussi peut-on dire qu’il se soucioit peu d’Aristote et des autres maîtres, pourvû qu’il suivît le goût de ses spectateurs qu’il reconnoissoit pour ses uniques juges. […] Il étoit plein de sentimens pathétiques, et quelquefois jusqu’à faire perdre la respiration aux spectateurs. […] Paris en jugea moins favorablement ; il la vit132 séparée des ornemens qui l’avoient embellie à la Cour, et, comme le spectateur n’étoit ni au même point de vûe, ni dans la situation vive et agréable où s’étoient trouvés ceux pour qui elle étoit destinée, on ne tint compte à l’Auteur que de la finesse avec laquelle il dévelope quelques sentimens du cœur, et de l’art qu’il employe pour peindre l’amour propre et la vanité des femmes. » Cette piece fut donnée à Paris au mois de novembre suivant, et fut jouée 24 fois133 de suite ; la recette monta à 15,2oo livres. […] C’est alors que, par la vérité des sentimens, par l’intelligence des expressions et par toutes les finesses de l’art, il séduisoit les spectateurs au point qu’ils ne distinguoient plus le personnage représenté d’avec le comédien qui le représentait152 ; aussi se chargeoit-il toujours des rôles les plus longs et les plus difficiles.

/ 191