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133. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il lui laisse épouser cette jeune Dorimène, si galante et si bien parée, fille du seigneur Alcantor et sœur d’un certain M.  […] Il va donc avertir l’homme d’affaires de la maison, le bretteur d’office, ce certain Alcidas qui se mêle de tirer l’épée, ce même Alcidas dont l’abbé Prévost a fait plus tard le frère de Manon Lescaut, protégeant de son épée les vices de sa sœur dont il profite et qu’il exploite. […] Seulement on comprend fort bien que Sganarelle, ce brave homme qui ne s’est jamais mêlé de tenir une épée, aime encore mieux se marier avec la sœur que de se battre avec le frère, mais le chevalier de Grammont, surpris à Douvres par les frères de mademoiselle Hamilton, au moment où il allait passer en France, et retournant en Angleterre pour accomplir à la pointe de l’épée un mariage qu’il fuyait, me paraît un peu plus ridicule que ce bon Sganarelle. […] Henriette d’Angleterre a passé, de cette comédie amoureuse, dans une oraison funèbre de Bossuet où elle jouait un rôle touchant et terrible ; mademoiselle de La Vallière est devenue en peu de jours de ces tendresses folles : sœur Louise de la Miséricorde. […] Allons, ouvrons la porte aux enfants ; entourons de miel les bords de la coupe, mouchetons le poignard, modérons la clarté du lustre, que tout ceci se passe en famille, que le père, les frères, les sœurs, les amis, les coreligionnaires soient seuls admis dans ce temple auguste ; que la mère d’actrice, ce type éternel de l’enthousiasme à volonté, fasse entendre tout à l’aise ses sanglots et son gros rire ; et toi, critique, ma mie, tu n’as rien à voir dans ces scènes d’intérieur, va te promener.

134. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Loiseleur, ce nom-là n’est qu’un sobriquet, le pseudonyme de la toute jeune Armande, la soi-disant sœur de Madeleine, plus probablement sa fille, née de quelque caprice que la dame tenait à cacher. […] Mais dans l’ensemble, le corps était singulièrement corruptible, sinon corrompu ; et bien que Boileau en ait fort adouci les traits, les sanglantes satires de Rabelais et de d’Aubigné contre les Chats-fourrés et les Grippeminauds, n’avaient guère perdu de leur vérité cruelle. — Achetant leurs charges, se les transmettant de père en fils ; formant dans l’État un état tout nourri d’abus gothiques et de traditions romaines, parfaitement étrangères au génie de la nation ; ayant par conséquent toute nouveauté en horreur et tout mouvement en détestation ; s’arrogeant vis-à-vis du pouvoir un droit de remontrance qu’ils n’exerçaient d’ailleurs, fort prudemment, que quand le pouvoir était faible ; alliés politiquement à leur bonne sœur l’Église, afin de partager, eux, gardiens des lois humaines, l’inviolabilité que confère aux prêtres la loi divine, de confondre ainsi deux choses distinctes, et de gouverner, eux aussi, en se rendant sacrés ; — voilà en quelques lignes les magistrats comme je les vois, les magistrats du temps de Molière, je le répète ; car, ainsi qu’on sait, nous avons changé tout cela.

135. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Il sent toutefois que sa chère sœur a besoin d’être rassurée. […] Cela rappella ce personnage en robe noire qui, pris, il y a quelques années, flagrante delicto, dans un compartiment de première classe, avec une pénitente à lui, crut s’en tirer en s’écriant : « C’est ma sœur ! 

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