/ 139
29. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Nous aurons occasion de revenir sur cette maxime, quand nous serons au temps de Molière, de Racine et des grands hommes qui ont illustré le siècle de Louis XIV. Ici il suffit d’observer qu’il y eut à la cour d’Anne d’Autriche plus de galanterie que de bel esprit, et plus d’intrigues d’amour que d’intrigues littéraires ; et enfin qu’à l’époque dont nous parions, la galanterie des Amadis, qu’on appela très improprement chevaleresque, était fort en désarroi depuis le Don Quichotte qui avait paru au commencement du siècle.

30. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

On était tout bonnement le fils de son père et point l’enfant du siècle. […] Un siècle plus tôt, Molière se fut appelé Rabelais, un siècle plus tard, Voltaire ; alors il eut été un réformateur, parce qu’il eût vécu dans un temps de réforme et de combat ; au xviie siècle, dans un temps où l’organisation sociale semblait achevée et quasi parfaite, il fut Molière, le contemplateur ; rien de plus. […] La langue même, soit dit en passant, s’en est un peu ressentie : elle n’a point la saveur de celle de l’École des Femmes, ni la liberté de celle de Tartuffe ; elle a subi cette espèce de raréfaction que la langue subit dans les hautes sphères ; on y sent de la raideur du grand siècle. […] Le sonnet d’Oronte est dans un goût précieux qui fut fort à la mode pendant plus d’un siècle : les Espagnols n’écrivaient pas autrement, les Italiens raffolaient de ce bel esprit, et vous savez si Shakespeare en est plein. […] Henri IV troquant Paris contre Jeanneton, et Jean ou Jeannot préférant sa mie, ô gué, il faut être Alceste pour proposer cela comme modèle au siècle de Racine et de Corneille, et voir là le langage de la passion toute pure.

31. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Jourdain, n’était pas plus vil ; il était aussi plaisant, et il ne devait pas scandaliser davantage un siècle dont l’ami de Matta continuait à faire les délices. […] Lulli, justement décrié pour ses mœurs infâmes, ne méritait d’entrer dans aucune compagnie honorable ; et, suivant les idées du siècle, il venait peut-être de s’en rendre plus indigne encore, en montant comme farceur sur un théâtre. […] Orgon et Harpagon, les Gorgibus et les Sganarelles, tous les pères, en un mot, même ceux qui ne sont pas ridicules ou vicieux, ont, par rapport à leurs enfants, une certaine grossièreté de pensées, de discours et de manières, qui semble appartenir à un autre siècle. […] Ce qui se passait dans les mystères ne pouvait être divulgué sans crime : c’est par là que l’auteur de la dissertation explique ce silence absolu, difficile à exprimer autrement, que jusqu’au siècle d’Apulée, les écrivains, surtout les poètes de la Grèce et de Rome, ont gardé sur les aventures si poétiques de Psyché. […] Deux siècles après, la France a, pour ainsi dire, répondu au signal donné par l’Italie.

/ 139