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81. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Quel peut en être le sens ? […] C’est dans ce sens seulement que Socrate a pu dire qu’« un vrai poète tragique est en même temps poète comique, » et, si cette proposition reste contestable, puisque après tout la connaissance et l’art, savoir et pouvoir, sont deux choses très différentes, elle indique du moins à la critique un procédé infaillible. […] Percé du coup mortel dont vous m’assassinez, Mes sens par la raison ne sont plus gouvernés ; Je cède aux mouvements d’une juste colère, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire102 ! […] Folie aimable et pleine de sens. […] Folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit fantastique si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, qui, bien qu’elle aille quelque fois jusqu’à une sorte de délire, ne cesse jamais d’être légère et inoffensive.

82.

Jules Christophe a porté ce toast : « Au Bon Sens génial, au grand Rire cruel Qui vient de Rabelais et de Pantagruel. […] Ce garçon avait été nourri jeune chez le père de M. d’Ablancourt ; et comme ils étaient à peu près du même âge, le valet vivait fort familièrement avec son maître, qui quelquefois même était obligé de châtier ses insolences : mais du reste il avait des naïvetés non pareilles et faisait toutes ses sottises de tout son sens. […] Thym avait très bien rendu l’idée de libertin et de libertinage dans la scène de Cléante et d’Orgon au premier acte, il n’aurait pas dû, à propos de Valère (acte II, scène ii), donner à ces mots leur sens moderne et faire soupçonner l’amant de Marianne de courir les filles. […] Le sens, aujourd’hui bien fixé, de ce vers est celui qu’ont indiqué MM.  […] Or, dans les vers du Misanthrope, l’opposition de sens est complète, qu’on donne au mot cabinet une signification restreinte ou étendue.

83. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Tous les mouvements, tous les traits saillants du dialogue sont indiqués avec justesse, le sens est rendu fidèlement, et le texte même est souvent cité avec une telle littéralité qu’il semblerait que l’auteur, quand il y a manqué, l’a fait plutôt à dessein qu’involontairement. […] Je ne me sens pas le droit d’approuver leurs motifs ; mais il était de mon devoir de les exposer, et je l’ai fait en bravant le danger d’attirer sur moi le même reproche d’hypocrisie qu’ils ont attiré sur eux. […] Sosie même, Sosie, malgré la bassesse de sa condition et la grossièreté de ses mœurs, comprend cette délicatesse de son maître ; car, lorsqu’un sot et indiscret ami, ébloui de la majesté du dieu et de la magnificence de ses promesses, ouvre la bouche pour complimenter Amphitryon, il la lui ferme par ces paroles pleines de sens et de comique, qui méritent de devenir la règle éternelle des bienséances en toute aventure pareille : … Coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.

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