Quelle bonne satire du raffinement d’esprit substitué à la nature du cœur, que cette Orante et cette Climène des Fâcheux, qui s’appliquent sérieusement à discuter, en beau langage, s’il faut qu’un amant soit jaloux ou point jaloux288 ! […] Boileau, Satire X, v. 447. […] Boileau, Satire X, v. 425. — Boileau, qui n’acheva cette satire qu’en 1693, emprunta plus d’un trait à Molière, particulièrement en ce qui concerne la précieuse : Mais qui vient sur ses pas ?
Je n’irai point toutefois jusqu’à la satire, et tout ce que je dirai sera tant soit peu plus à sa gloire qu’à son désavantage. […] « Après le succès de ces deux pièces, son théâtre commença à se trouver continuellement rempli de gens de qualité, non pas tant pour le divertissement qu’ils y prenaient (car l’on n’y jouait que de vieilles pièces), que parce que le monde ayant pris habitude d’y aller, ceux qui aimaient la compagnie, et qui aimaient à se faire voir, y trouvaient amplement de quoi se contenter : ainsi l’on y venait par coutume, et sans dessein d’écouter la comédie, et sans savoir ce qu’on y jouait. » « [*]Pendant cela notre auteur fit réflexion sur ce qui se passait dans le monde, et surtout parmi les gens de qualité, pour en reconnaître les défauts : mais comme il n’était encore ni assez hardi pour entreprendre une satire, ni assez capable pour en venir à bout, il eut recours aux Italiens ses bons amis, et accommoda les Précieuses au théâtre français, qui avaient été jouées sur le leur, et qui leur avaient été données par un abbé des plus galants*. Il les habilla admirablement bien à la française : et la réussite qu’elles eurent lui fit connaître qu’on aimait la satire et la bagatelle. […] Quinault, lorsque ce dernier travaillait dans le genre lyrique, qu’en des termes qui exprimaient plus la satire que la louange. […] Somaize est auteur non seulement de la pièce dont nous rendons compte ici, mais encore de deux autres, dont nous parlerons à la fin de cet article, et d’un dictionnaire en deux volumes in-8°, intitulé : Le Dictionnaire des précieuses, où il y a beaucoup de satires sur les personnes de son temps.
» Toutefois il paraît que la facilité de madame de Sévigné était contraire à l’usage, puisque Bussy-Rabutin ajoute encore ce trait de satire : « Il n’y a guère que l’usage qui la pourrait contraindre ; mais elle ne balance pas à le choquer plutôt que les hommes 29. » Il paraît que Voiture, après avoir reçu de Julie une leçon de réserve, se crut en droit d’en donner de semblables à d’autres. […] Sans parler d’une multitude de vers répandus dans les odes d’Horace et dans les satires, comme celui-ci : Nam fuit ante Helenam cunnus teterrima belli Causa, le chant séculaire (carmen seculare), ouvrage solennel, hymne national, renferme des expressions dont la propriété et la spécialité, relevées pour les Romains par les sentiments d’un patriotisme religieux, seraient pour nous insupportables.