c’est le mot de Vadius, qui, après avoir parlé comme un sage sur la manie de lire ses vers, met gravement la main à la poche, en tire le cahier qui probablement ne le quitte jamais : voici de petits vers. C’est un de ces endroits où l’acclamation est universelle; j’ai vu des spectateurs saisis d’une surprise réelle; ils avaient pris Vadius pour le sage de la pièce. […] C’est ici que le caractère se montre, et que le sage commence à extravaguer. […] Molière pensait que la comédie doit peindre l’homme; il a cru que si jamais elle pouvait nous présenter un tableau instructif, c’était en nous montrant combien le sage même peut avoir de faiblesse dans l’âme, de défauts dans l’humeur et de travers dans l’esprit; enfin, pour me servir des expressions mêmes du Misanthrope. Que c’est à tort que sages on nous nomme, Et que dans tous les cœurs il est toujours de l’homme.
Il a un ami sage et sincère, dont il se défie, et une maîtresse dont il est tendrement aimé, sur laquelle il ne daigne pas jeter les yeux ; au contraire, il a mis toute sa confiance dans un faux ami, qui est le plus indigne homme qui respire, et il a donné son cœur à la plus coquette et à la plus perfide de toutes les femmes. […] Fouquet, dont l’illustre mémoire, Vivra toujours dans notre histoire, Fouquet, l’amour des beaux esprits, Et dont un roman1 de grand prix, Dépeint le mérite sublime, Sous le nom du grand Cléonime ; Ce sage donc, ce libéral, Du roi procureur général, Et plein de hautes connaissances, Touchant l’État et les finances, Lundi dernier2 traita la Cour, En son délicieux séjour. […] Tous ceux qui bien les écoutèrent, Jusques au Ciel les exaltèrent : Leur sage auteur, c’est Pellisson, Des Muses le vrai nourrisson, Que non seulement on estime, Par sa noble et savante rime, Mais pour plusieurs vertus qu’en lui, Chacun reconnaît aujourd’hui, Et surtout étant le modèle, D’un ami solide et fidèle. […] C’est ainsi que cet homme sage, Que cet illustre personnage, Capable du plus haut emploi, Festoya son maître et son roi ; N’épargnant ni soin ni dépense, Pour montrer sa magnificence, Et j’ai su de quelques amis, Que si le bref temps eût permis, D’achever maint sublime ouvrage, Il en eût bien fait davantage. […] Cette première démarche est une preuve du génie de Molière, puisque par elle il répare le désordre qui règne dans tout le cours de l’action, et que par ce seul changement il la rend vraisemblable, et lui donne une conduite sage et régulière.
La jeune Dorisée a de l’esprit sans affectation ; elle est sage sans étourderie ; elle sait railler sans mordre ; elle est prudente, réservée, sans afficher l’austérité : aussi tous ceux qui la voient sont-ils d’abord épris de ses charmes : ils lui adressent leurs vœux ; mais peu sont dignes de lui plaire : le plus grand nombre est bientôt congédié.